DHQ
DHQ (Dictionnaire des Homicides commis au Québec)
Texte et recherche: Eric Veillette
1608-1900
1608, mai-juin – homme non identifié
Homicide argumentatif – canon et armes à feu
Tadoussac – 1 SC
Martin Darache, responsable des coups tirés.
Le 3 juin, alors que Samuel de
Champlain arrive devant Tadoussac, Gravé Du Pont, un de ses hommes débarqué plus
tôt sur le continent, lui raconte être tombé sur un navire basque venu s’adonner
à de la contrebande de fourrures. Le capitaine de ce navire, Martin Darache, a cautionné
un tir de canon et des coups de mousquets, blessant Gravé et trois de ses
hommes. Par la suite, l’un d’eux a succombé à ses blessures. Vraisemblablement,
cet homme est devenu la victime du tout premier homicide à avoir été commis sur
le sol de la nouvelle colonie qui allait plus tard devenir la province de
Québec.
1608, juillet – Jean Duval
Homicide cautionné par un groupe – par pendaison
Québec - ? SC
Samuel de Champlain et al., aucune conséquence judiciaire connue.
Peu après l’arrivée de Samuel de
Champlain, le 3 juillet 1608, à l’endroit qui deviendra la Ville de Québec, certains
de ses hommes ont élaboré un complot dans le but de l’assassiner. Antoine Natel
a révélé ce qu’il savait et le principal comploteur, Jean Duval, a été démasqué.
Duval souhaitait tuer Champlain afin de livrer Québec aux Basques ou aux
Espagnols, ce qui lui aurait permis de faire fortune. L’historien Jacques
Lacoursière a écrit que Duval a subi un procès. Sans la présence d’un véritable
système judiciaire le DHQ considère que Duval a été victime d’un homicide et
non d’une sentence approuvée par un tribunal. Malgré tout, la pendaison de Jean
Duval est considérée comme la première exécution réalisée sur le sol de la
Nouvelle-France.
Selon l’historien
Marcel Trudel : « Champlain
réunit en conseil François Gravé Du Pont, Testu, le chirurgien
Bonnerme, qu’on avait un moment soupçonné et les préposés à la navigation. On
fit le procès des complices, qui furent condamnés à la pendaison. Duval fut
exécuté immédiatement pour faire un exemple, et sa tête fut mise au bout d’une
pique à l’endroit le plus éminent du fort ; les trois autres furent
renvoyés à Du Gua de Monts en France « pour leur être fait plus ample
justice ». » Natel est mort de la dysenterie en novembre et Bonnerme
au printemps de 1609, probablement du scorbut.[1]
1625, fin mai – Nicolas Viel; et Ahuntsic
Homicide cautionné par un groupe –
Secteur de la rivière des Prairies, région de Montréal – 2
SC
Non élucidé.
Le père Nicolas est parti en
direction de Québec en compagnie de quelques amérindiens. Au dernier saut de la
rivière des Prairies, il a été attaqué par trois de ses accompagnateurs alors
qu’il se trouvait à bord d’un canot. Un jeune homme répondant au nom de
Ahuntsic a également été tué. Le corps de Viel a été repêché le 25 juin 1625 à
Sault-au-Récollet.[2]
1642, 29 septembre – René Goupil
Homicide cautionné par un groupe – tomahawk – torture
Région de Lanoraie – 2 SC
Non élucidé.
Le missionnaire René Goupil a été
enlevé par des Iroquois alors qu’il se promenait en canot en compagnie de
Guillaume Couture et Isaac Jogues. Goupil a été capturé avant d’être amené dans
la région de Lanoraie et torturé. Pendant sa captivité, il aurait enseigné le
signe de croix aux jeunes amérindiens avant d’être finalement tué d’un coup de
tomahawk à la tête.
1646, 18-19 octobre – Isaac Jogues; et Jean de La
Lande
Homicide cautionné par un groupe/extrémiste religieux
? - ? SC
Non élucidé.
C’est le supérieur des Jésuites
de Québec qui donne à Jogues la mission de se rendre au pays des Iroquois afin
d’y cultiver la paix. Pour ce faire, il est accompagné de Jean de La Lande. Le
24 septembre, Jogues, La Lande et quelques Hurons quittent Québec. Lorsqu’ils
arrivent près de Trois-Rivières, tous les Hurons, sauf un, rebroussent chemin. Leur
crainte s’avéra être justifié. Dès que les deux missionnaires arrivent chez les
Iroquois, ils sont immédiatement traités en ennemis. Jogue est tué le 18 ou le
19 octobre. Selon Léon Pouliot, « ils sont tués en haine de la foi. »[3]
1648, 4 juillet – Antoine Daniel
Homicide cautionné par un groupe/extrémiste religieux
? - ? SC
Non élucidé.
Les 3 et 4 juillet 1648,
profitant de l’absence des Hurons qui s’étaient absentés pour la traite, les
Iroquois attaquent les villages de Saint-Joseph et de Saint-Michel. En plus de
faire 700 prisonniers, ils en profitent pour se débarrasser du père Antoine Daniel.
1649, 16 mars – Jean de Brébeuf; et Gabriel
Lalement
Homicide extrémiste religieux[4]
– torture – arme blanche – surpuissance
Saint-Ignace - ? SC
Non élucidé.
Le 16 mars, les bourgs de
Saint-Ignace et de Saint-Louis ont été attaqués par une bande d’Iroquois
estimée à 1 000 individus. L’histoire raconte que les pères Brébeuf et
Lalement ont eu l’occasion de s’enfuir mais ils ont plutôt pris la décision de
rester. Ils ont d’abord été faits prisonniers et amenés à Saint-Ignace. C’est
là que Brébeuf a subi, dit-on, les pires tortures de toutes les annales de la
chrétienté. On l’a attaché à un poteau, frappé à coups de bâtons, ébouillanté, et
ridiculisé. On lui a même coupé les lèvres pour qu’il cesse de parler de Dieu
pendant son supplice. Finalement, il a été brûlé vif et lacéré de coups de
couteau. Pour en finir, on l’a scalpé avant de lui arracher le coeur.
On ignore si Lalement a eu
connaissance des souffrances infligées à Brébeuf, mais ce qui est sûr c’est qu’il
a lui aussi été victime des Iroquois.
1649, 7 décembre – Charles Garnier
Homicide cautionné par un groupe – arme à feu et arme blanche
Mission Saint-Jean – 1 SC
Non élucidé.
Le prêtre jésuite Garnier a été tué
lors de la destruction de la Huronie, plus précisément pendant l’assaut du
village de Saint-Jean. Quand on l’a retrouvé, près de la chapelle, son corps
portait les marques de deux balles et deux coups de hache.
1649, 8 décembre – Noël Chabanel
Homicide extrémiste individuel à motivation religieuse
Mission Saint-Jean - ? SC
Non élucidé. Louis Honarreennha, Huron apostat, a avoué le crime.
Le prêtre jésuite Noël Chabanel se
trouvait à la mission Saint-Jean parmi les Pétuns[5]
lorsqu’il a reçu l’ordre de se rendre à l’Île Saint-Joseph. Il est parti le 7
décembre, le jour même où Garnier était assassiné. Le lendemain, Chabanel était
tué à son tour par un Huron apostat. On ignorait alors le motif du crime. Trois
ans plus tard, le père Ragueneau a rapporté les aveux du meurtrier, Louis
Honarreennha. Ce dernier a déclaré avoir éliminé Chabanel « en haine de la
foi. » Il ne semble pas y avoir eu de suites à cet aveu.
1662 – Antoine dit Larose (Laroze)
Homicide à motif indéterminé
? - ? SC
Non élucidé.
Larose était un soldat dont le
nom apparaît en 1662 sur des documents du Conseil souverain parce que Maurice
Poulain (Poulin), sieur de la Fontaine et procureur fiscal, a demandé à obtenir
les biens du défunt, que l’on croyait avoir été tué par des Iroquois. Il semble
que personne n’ait jamais comparu pour ce crime. Toutefois, Poulin a obtenu ce
qui restait des biens du disparu : 98 livres, 17 sols.[6]
1663 – Jacques Gourdeau de Beaulieu; et son valet
Homicide domestique – double meurtre – mise en scène
Île d’Orléans, région de Québec – 1 SC
Nicholas Duval, l’un des valets de Gourdeau, condamné à mort, fusillé.
On connaît bien peu de choses
quant à ce double meurtre, sinon que « Le notaire Jacques Gourdeau de
Beaulieu et son valet sont assassinés dans le manoir seigneurial de l’île
d’Orléans par un autre valet, Nicholas Duval, qui sera condamné à avoir les
mains coupes [sic] et à être pendu, puis brûlé sur la place publique le 8 juin
1663. »[7]
Selon Boyer, le meurtre de
Gourdeau de Beaulieu a été le premier commis en Nouvelle-France, « outre
ceux entre Français et Indiens. » Duval aurait également mis le feu à la
maison après avoir commis son double meurtre. Par le fait même, il serait le
premier tueur à avoir mis en scène son crime. Toujours selon Boyer, Duval a été
condamné à être pendu mais le gouverneur d’Avaugour s’est contenté de le
fusiller à la potence « après avoir été secoué par le bourreau. La
condamnation comportait les peines infamantes supplémentaires à la pendaison
parce que le meurtre d’un maître par son domestique, tout comme celui d’un mari
par sa femme, équivalait à un parricide. »
1666, juillet – M. de Chazy; et le capitaine de
Traversy
Homicide argumentatif –
Fort Sainte-Anne, près du Lac Champlain - ? SC
Agariata, chef Mohawk, pendu.
Selon le moteur de recherche
Advitam de BAnQ, sept officiers du régiment Carignan ont croisé des guerriers
agniers près du Fort Sainte-Anne, près du lac Champlain. Parmi eux se
trouvaient Louis de Canchy de Lerole et M. de Chazy, neveu de Tracy. Au cours
d’une soudaine dispute, Agariata a tué Chazy. Un certain capitaine de Traversy
aurait aussi été tué. Les autres ont pris la fuite. « Le chef mohawk
Agariata, est pendu à Québec pour le meurtre d’un certain Chasy et incendie
criminel. »[8]
Agariata se serait vanté d’avoir tué M. de Chazy, ce qui expliquerait peut-être
pourquoi il a été facile de l’identifier. Pour éviter la guerre, les Agniers
auraient envoyé 40 guerriers pour livrer Agariata, qui a été ensuite pendu par
les Français.[9]
1668 – Nicolas Bernard
Homicide à motif indéterminé –
? - ? SC
Jacques Bigeon, son voisin, condamné à mort.
Selon
Boyer, Bigeon a été le premier criminel en Nouvelle-France à avoir été soumis
« à la question », c’est-à-dire la torture. Son appel a été rejeté
par le Conseil Souverain en 1668. Il avait assassiné son voisin, Nicolas
Bernard.
1668 – six Onneyouts
Profit commercial – objet contondant – mise en scène – tuerie de masse
Île-des-Moulins – 2 SC
Étienne Banchaud, marchand, et trois complices, condamnés.
Au cours de l’hiver 1668-69, un
groupe de six Onneyouts[10]
était de passage dans la région de Ville-Marie (Montréal). Le groupe était
composé « de trois hommes, d’une femme et de ses deux enfants, dont le
plus âgé pouvait avoir 18 ou 20 ans et le plus jeune, 7 ou 8 ans. Selon leurs
coutumes, les Onneyouts se déplaçaient en petits groupes en suivant le gibier.
Comme le secteur est maintenant fréquenté par les Français, notamment ceux de
Ville-Marie, les Amérindiens ont l’habitude de voir des Blancs dans les
environs. Un bon jour, quatre colons qui avaient établi leurs quartiers de
chasse dans le secteur décident de rendre visite aux Onneyouts. Le traité de
paix signé en 1667 avec les nations iroquoises permettait d’établir à nouveau
le « dialogue » entre les deux peuples. Au cours de la visite, les
colons remarquèrent que les Onneyouts possédaient une cinquantaine de peaux
d’orignaux et quelques peaux de castors. La valeur marchande de ces peaux fit
l’objet de leur convoitise. »[11]
Plus tard, les quatre colons sont
revenus afin de passer la soirée avec les Onneyouts. Ils les ont fait boire avant
de profiter de leur état d’ivresse pour les assommer, incluant les enfants. Une
fois le crime commis, les colons sont repartis avec les fourrures.
« Réalisant du coup que leur crime était passible de terribles châtiments,
nos colons décident de faire disparaître les corps des Onneyouts, lesquels
étaient couverts de sang et « défigurés par l’ivresse et les spasmes de l’agonie ».
Ainsi, les quatre assassins placent les corps dans un canot au-dessus duquel
ils fixent des traverses de bois pour y retenir les corps, puis ils conduisent
le canot non loin de là des rapides (aujourd’hui le site de l’Île-des-Moulins),
où ils coulent à fond l’embarcation sous le poids d’un vieil arbre […]. »[12]
Malgré ces efforts de mise en
scène, les corps ont été retrouvés et une plainte a été déposée contre Banchaud
et ses trois complices. « Le 14 septembre 1669, Charles-Joseph
d’Ailleboust des Muceaux, juge civil et criminel de Montréal, rend son verdict
et condamne Étienne Banchaud et ses trois complices à la potence, châtiment
réservé aux criminels en Nouvelle-France. » Selon La Mémoire du Québec,
trois des assassins auraient été fusillés à Montréal.
1669, mai – Daniel Le Maire dit Desroches
Homicide argumentatif – duel
? - ? SC
François Blanche dit Langevin, condamné à mort.
C’est au cours d’un duel que Daniel
Le Maire a été tué par François Blanche dit Langevin. Les deux hommes faisaient
partie de la garnison des Trois-Rivières. Blanche a été interrogé le 30 mai et confronté
aux témoins le 13 juin. Il a été reconnu coupable et condamné à être pendu. La
sentence prévoyait qu’on devait également lui trancher le poing droit, en plus
de l’attacher à un poteau situé sur le Cap-aux-Diamants, à Québec. Ses biens
devaient être saisis par le Roi. Il aurait été pendu le 8 juillet 1669 à 15h00.[13]
1669, 20 mai – Simon Galbrun; et un enfant
nouveau-né
Meurtre par passion et néonaticide
Montréal - ? SC
Françoise Duverger (ou Duberger), sa femme, pendue en 1671.
« Simon Galbrun est
assassiné à Ville-Marie [Montréal]; son épouse reconnue coupable de complicité
de meurtre est pendue. »[14]
Sa femme, Françoise Duverger (ou Duberger) a été pendue le 17 novembre 1671 à
Québec, à la fois pour ce meurtre « et pour avoir tué son enfant né le
lendemain de son second mariage, le 29 juin 1671 […] »[15]
Ces informations expliquent pourquoi nous avons deux catégories de motivation
pour ce dossier.
Selon des documents préservés à
BAnQ, Françoise Duverger était la femme de Jean Boulin dit Léveillé et elle a
été condamnée pour avoir dissimulé sa grossesse. En fait, elle aurait consommé certains
médicaments pour tenter d’avorter mais tout indique que son plan n’a pas
fonctionné puisqu’elle a finalement tué son bébé dès sa venue au monde.
Ce dossier est particulier car il
représente le premier cas de néonaticide répertorié par le DHQ et aussi le
premier cas de meurtre par passion. En effet, elle aurait donné son
consentement pour que son premier mari, Simon Galbrun, soit éliminé. Galbrun
aurait été assassiné dans un guet-apens planifié par un certain Laliberté.
Elle a donc été condamnée à mort
par le Conseil Souverain le 7 septembre 1671. Après son exécution, ses biens
devaient être confiés au Roi, à l’Hôtel-Dieu de Montréal et au Conseil
souverain. On a d’abord vérifié qu’elle n’était pas enceinte, dans quel cas un
sursis lui aurait été accordé, mais comme elle ne l’était pas on a pu procéder
à son exécution.[16]
1670, septembre – personne non identifiée
Homicide à motif indéterminé –
Trois-Rivières - ? SC
Paul Guyon dit LaTremblade (ou La Tremble), accusé de meurtre, ...
Latremblade était un soldat du
régiment Carignan-Salières, arrivé à Québec en 1665. Il serait décédé en 1694 à
l’Hôtel-Dieu de Québec. Selon le registre des jugements du Conseil souverain,
il a été mis en accusation pour meurtre le 29 septembre 1670. On ignore
cependant le dénouement de cette affaire.
1672 – Julien LaTouche, 30 ans
Meurtre par vengeance – objet contondant (bêche) – Mise en scène
Trois-Rivières – 2 SC
Jacques Bertault et Gillette Banne, les beaux-parents de la victime, pendus.
Selon une version de l’affaire, Julien
LaTouche aurait été tué par empoisonnement en 1672. Jacques Bertault et
Gillette Banne, sa femme, ont été pendus à Trois-Rivières pour ce meurtre. Leur
fille a été forcé d’assister à la double exécution de ses parents.[17]
Le corps de Bertault devait, après son exécution, être fixé à une roue pour
ensuite être exposé à Cap-aux-Diamants.
D’après des documents préservés à
BAnQ, la victime était le gendre des assassins. LaTouche était marié à leur
fille, Isabelle Bertault, 13 ans. Selon Boyer, Isabelle n’avait que 12 ans
lorsqu’elle « avait épousé contre son gré LaTouche, qui en avait trente.
LaTouche n’arrivait pas à faire fructifier les terres qu’il avait louées aux
Trois-Rivières et son beau-père, Bertault, devait souvent combler les
ressources qui manquaient au ménage en envoyant des vivres chez sa fille ou en
allant la chercher pour manger chez lui. De plus, LaTouche buvait et battait sa
femme qui lui aurait dit : « Je voudrais que tu fusses crevé. » »[18]
Le procès a permis de mettre en
lumière que Bertault et sa femme ont utilisé une bêche pour tuer leur gendre,
alors que leur fille les aurait aidés à traîner le corps jusqu’à la rivière.
Les parents Bertault ont été condamnés à une mort horrible. Isabelle n’a pas
été condamné à mort, mais en échange on l’a obligé à assister à la double
exécution de ses parents. Boyer ajoute que « Isabelle eut un enfant
quelques semaines après le meurtre de son mari, elle se maria de nouveau, et,
devenue veuve une seconde fois en 1687, elle épousa un troisième mari au bout
de quatre mois. De ces deux derniers maris elle eut plusieurs enfants. »
1673 – Herme
Profit personnel –
? - ? SC
Charles Alexis dit Desessards, compganon de trappe, reconnu coupable, évadé
et sentence exécutée en effigie.
Desessards a été reconnu coupable
pour avoir tué son compagnon de voyage, le trappeur Herme, afin de lui voler
ses fourrures. Le 6 mars 1673, il a été condamné à avoir les bras et les jambes
broyées avant d’être étranglé et laissé sur une roue. Il devait également payer
une amende de 200 livres. Toutefois, Desessards s’est évadé de la prison de
Québec après le verdict et le Conseil souverain a alors ordonné que son
exécution soit faite en effigie. Rien n’indique que Desessards ait été repris
par la justice.
1675, 17 décembre – Gabriel Hervé
Homicide à motif indéterminé – Mise en scène
Île Saint-Laurent - ? SC
Simon Duverger, son voisin, condamné, évadé, et sentence exécutée par
effigie.
Gabriel Hervé a été assassiné
vers le 17 décembre par son voisin Simon Duverger, sur l’Île Saint-Laurent. Son
corps a été retrouvé enterré dans la neige quelques jours plus tard. On l’a inhumé
le 29 décembre. Duverger, considéré comme un volontaire et un vagabond, a été
arrêté. Une semaine plus tard, il est parvenu à s’évader de la prison de
Québec. Son absence n’a pas empêché la justice coloniale de le condamner. Il
semble d’ailleurs qu’il n’ait jamais été retrouvé. Sa peine de mort a donc été
exécutée par effigie[19].
Par ailleurs, le concierge de la prison, François Genaple, a été condamné à une
amende.[20]
1678, février – femme de Mathieu Ourakoui (huron)
Homicide argumentatif – arme blanche (épée)
Beauport – 1 SC
Robert Leclerc dit Desrosiers, condamné à une amende et banni pour 5 ans.
Selon la transcription des
documents réalisée par le paléographe Guy Perron[21],
Desrosiers buvait en compagnie de Ourakoui et de l’épouse de ce dernier à
Beauport lorsqu’une querelle a éclaté entre les deux hommes. La femme de
Ourakoui aurait pris l’épée du soldat mais celui-ci a réussi à la désarmer en
lui coupant les doigts d’une main. Au cours de la lutte qui a suivie, Desrosiers
a fini par la poignarder au ventre. La femme, qui n’a jamais été identifiée par
son nom, est décédée quelques jours plus tard en donnant naissance à un bébé
mort-né qui portait la trace du coup d’épée.[22]
Desrosiers a été arrêté le 27
février 1678, alors qu’on a interrogé Ourakoui le 2 avril. On a jugé qu’il n’y
avait aucune préméditation. La sentence a été prononcée le 18 avril :
Desrosiers a été condamné à une heure de carcan, dans la basse-ville de Québec.
Il devait aussi payer 10 livres au roi et 60 livres aux enfants Ourakoui. Il a
également été banni de Québec pour une période de 5 ans.
1678 – Le Breton
Homicide à motif indéterminé – par noyade
? - ? SC
Jean Brière dit Périgourdin, condamné à mort.
Selon ce
qu’on a pu apprendre, le matelot Périgourdin se serait approché de Le Breton en
blasphémant, avant de le frapper d’un coup de poing à la tête. Il l’a ensuite
jeté à l’eau, ce qui a causé une mort par noyade. On ignore tout de la suite du
dossier.
1679, 23 octobre – Jeanne Couc, 20 ans
Homicide argumentatif –
Trois-Rivières - ? SC
Jean Rattier dit Dubuisson, 32 ans, condamné à mort et gracié.
C’est au cours d’une bagarre que
Jeanne Couc a été mortellement blessée. Elle a été inhumée dans le cimetière de
Trois-Rivières. « Un procès fut intenté, qui s’instruisit devant le
lieutenant général de la juridiction des Trois-Rivières, Gilles Bovinet, et le
31 du même mois, une sentence fut rendue contre le meurtrier, Jean Rattier dit
Dubuisson, 32 ans. Le coupable devait être conduit à Saint-François, au lieu
que le seigneur de cette seigneurie désignerait pour place publique, et là
attaché à une potence pour y être pendu et étranglé, et y demeurer exposé
pendant vingt-quatre heures. En outre, il devait payer quatre-vingt livres
d’amende au roi, deux cents livres à Pierre Couc, et les dépenses. Avant d’être
livré à l’exécuteur, on devait le soumettre à la « question » [torture]
pour avoir révélation des auteurs et des complices de la mort de Jeanne
Couc. »[23]
Rattier a fait appel du jugement.
Cette fois, quatre hommes – Crevier, Gilbert, Dupuis et Julien – ont été
accusés de complicité. « Le procès dura plus d’un an. Le jugement fut
rendu par le Conseil le 31 décembre 1680. Rattier, reconnu coupable d’avoir tué
Jeanne Couc, fut condamné à être pendu, sur la place du marché de la basse
ville de Québec, et en outre à payer trois cents livres d’intérêts civiles à
Couc, cent livres d’amende au roi et les dépenses de deux procès. Mais, comme
il n’y avait pas alors d’exécuteur public, il eut la vie sauve à condition d’en
accepter lui-même la charge. Il s’établit à Québec, sur la Grande-Allée.
C’était la troisième fois depuis le début de la colonie qu’un condamné à mort
était gracié de cette façon. »[24]
1681 – Georges Tasset (Tassel)
Homicide à motif indéterminé –
? - ? SC
Louis Martin, reconnu coupable et condamné à 9 ans de travaux pour un
habitant.
Nous ignorons les circonstances
entourant le décès de Georges Tasset, mais on sait que Louis Martin a été reconnu
coupable de ce meurtre. On l’a condamné à servir un habitant durant 9 ans, à
payer 50 livres pour des prières destinée au repos de l’âme de sa victime et à débourser
150 livres pour couvrir les frais du procès.
1684, 14 mai – personne non identifiée
Homicide à motif indéterminé –
? - ? SC
Marie Quequejeu, 37 ans, et son gendre Pierre Doré, exécutés.
Parmi les Filles du Roi,
contrairement à certaines rumeurs populaires persistantes, seulement cinq d’entre
elles ont connu des problèmes avec la justice, que ce soit pour adultère,
prostitution ou débauche. Une seule, cependant, a été impliquée dans une
affaire d’homicide. Marie Quequejeu, veuve de Pierre Rivaut, a commis un
meurtre dont nous ignorons les circonstances. Le 14 mai 1684, elle a été
exécutée en même temps que son gendre, Pierre Doret, un coureur des bois.
1684, 10 juillet – Antoine Roy dit Desjardins, 49
ans
Homicide conflictuel – Arme à feu
Lachine, Île de Montréal - ? SC
Julien Talua dit Vendamont, 41 ans, condamné à mort; Anne Major, bannie.
C’est à
Lachine, le 10 juillet 1684, qu’on a inhumé le corps d’Antoine Roy, soldat dans
du régiment de Carignan. Il avait aussi été tonnelier en 1681 à Batiscan. C’est
un conflit à propos d’une terre qui l’opposait à Julien Talua qui serait à
l’origine du drame. Au matin du 10 juillet, Talua s’est présenté à la maison du
juge Bransatt pour avouer qu’il venait de tuer Roy. Selon sa version, il s’est
mis en colère en voyant Roy dans le lit avec sa femme Anne Godeby, 43 ans[25], et
c’est alors qu’il l’aurait tué. Talua a également prétendu que cette liaison
durait depuis un certain temps. Selon les documents qui ont survécu, on
comprend que la mort a été causée par une arme à feu. Le 14 octobre, Julien
Talua dit Vendamont a été condamné à mort. Pour sa part, Anne a été reconnue
coupable d’adultère et bannie à tout jamais de l’île de Montréal.
1685, 3 décembre – Jean Aubuchon dit Lespérance
Homicide à motif indéterminé
Montréal – 1 SC
Non élucidé. Sa femme et son fils, ainsi qu’un certain Pillereault,
acquittés.
Le 3 décembre 1685, Jean Aubuchon
a été retrouvé assassiné dans son lit. L’homme était connu pour avoir possédé
une concession au Cap-de-la-Madeleine, avoir brassé des affaires – entre autres
avec le célèbre Dollard des Ormeaux – et aussi pour avoir été condamné pour
adultère. Sa femme, Marguerite Sédilot, 42 ans, et leur fils aîné de 24 ans, ont
aussitôt accusé Jacques Pillereault. Toutefois, la mère et son fils ont à leur
tour été accusés du meurtre.
Le 30 octobre 1686, tout le monde
a été acquitté par manque de preuve.[26] Peut-être
affecté par son incarcération, Jean Aubuchon fils en serait mort de chagrin le
18 septembre 1687. Deux ans plus tard, Pillereault continuait de réclamer de
l’argent à la veuve de Aubuchon afin de payer ses dépenses engendrées au cours
de son emprisonnement. Elle a fini par se remarier avec Pierre Lusseau. Quant à
Pillerault, il a fait plusieurs plaintes pour dédommagement, apparemment
victime du jugement de l’opinion publique. Selon Boyer, son nom disparaît des
registres du Conseil en 1692.
Exception faite des homicides
commis entre Français et Amérindiens, comme l’a souligné Boyer, le meurtre
d’Aubuchon est vraisemblablement le premier commis en Nouvelle-France qui n’ait
jamais été résolu.
1686 – Henri Petit
Homicide à motif indéterminé – arme à feu
? - ? SC
Jean Gaultier dit Larouche, condamné à mort, sentence commuée.
En 1686, le Conseil Souverain a
commué une sentence de mort parce que le meurtre commis par Larouche n’avait
pas été fait avec « malice »[27].
Larouche se serait servi du fusil de Jean Delquel dit La Brèche pour tirer le
coup mortel. Larouche a plutôt été condamné à verser une amende à la veuve et
aux héritiers, tandis que La Brèche a eu droit à une amende pour avoir laissé
son fusil sans surveillance.
1689, 5 août – environ 95 victimes[28]
Homicide cautionné par un groupe – Tuerie de masse
Lachine – 1 SC
Non élucidé.
Le 5 août 1689, des Iroquois[29]
attaquent sournoisement les habitants de Lachine, près de Montréal. Ils
profitent d’une température orageuse pour s’approcher discrètement. Sur un
total de 77 maisons, 56 sont détruites. On estime que 200 colons ont été
assassinés sur place et que 150 autres ont été enlevés et amenés par les
Iroquois. Plus tard, ces chiffres ont été revus à la baisse, entre autres par
des historiens. À l’époque, l’incident sème la peur chez les habitants, surtout
lorsqu’on ramène les orphelins à Montréal.[30] On
aurait même envisagé la possibilité de retourner tout le monde en France. Ce
massacre fait évidemment suite à des conflits entre Français et Iroquois qui
duraient depuis des années.
Le massacre de Lachine représente sans doute
l’une des rares tueries de masse à avoir été cautionnée par un groupe. On ne
peut évidemment qualifier l’incident de bataille, puisque les habitants de
Lachine ont été surpris et massacrés sans possibilité d’organiser une défense.
Si on s’en tient aux termes officiels, à savoir qu’on ne connait, semble-t-il,
aucun Iroquois qui ait été identifié ni condamné pour ce massacre, il faudrait
donc en déduire que ce triste incident demeure la plus imposante affaire de meurtre
non élucidé de l’histoire du Québec. Plus de trois siècles plus tard,
l’incident est devenu une question sensible et politique puisqu’on ne
l’enseigne plus dans les cours d’histoire.[31]
1690 – François Poignet dit Beauregard
Homicide à motif indéterminé -
Montréal – 1 SC
Jean Haudecoeur condamné au supplice de la roue.
Le 27 mai 1690, Jean Haudecoeur a
subi le supplice de la roue pour le meurtre de François Poignet dit Beauregard,
survenu dans la maison de ce dernier à Montréal. Beauregard était un marchand montréalais,
tandis que Haudecoeur habitait à Boucherville. Selon Boyer, le lieu de l’exécution
a été changé de Montréal vers Québec « vraisemblablement parce qu’il n’y
avait pas de bourreau à Montréal à cette époque. »[32]
1690 – Jean Dorbé dit Lepicard
Homicide à motif indéterminé –
? - ? SC
Guillaume le Gaigneur dit Bollecomte, reconnu coupable.
Lepicard était cordonnier. Il
semble que Bollecomte n’a pas été condamné à mort pour ce crime, mais plutôt à
servir le roi comme forçat durant 3 ans et à payer une amende. On ignore tout
des circonstances entourant le crime.
1692 - Desmarets
Homicide à motif indéterminé – arme blanche (couteau)
Champlain - ? SC
Jean Joubert, condamné à mort, cassation du verdict, …?
C’est en se
servant d’un couteau que Joubert, un habitant de la seigneurie de Champlain, a
tué Desmarets, valet du sieur de Lusignan. Le procès, qui s’est déroulé à
Trois-Rivières, a condamné Joubert à mort. En appel, le Conseil Souverain a
cependant cassé le verdict. On a donc obligé Joubert à rentrer à Champlain, où
il devait subir un autre procès devant Antoine Desrosiers, qui faisait office
de juge, et à la poursuite du procureur fiscal du seigneur, c’est-à-dire le
sieur Étienne Pézard-de-la-Touche. On ignore si ce procès a véritablement eu
lieu. Il en va de même à savoir ce qu’est advenu de l’accusé.[33]
1696 – Pierre Gendreau
Homicide à motif indéterminé – Mise en scène (incendie)
? - ? SC
Jean Denis, condamné à mort, évadé …
Jean Denis a été condamné à mort
pour le meurtre de Pierre Gendreau. Il aurait fait preuve de mise en scène en
incendiant la maison de sa victime. Selon Boyer, Jean l’Archevêque dit Granpré
et son domestique, Jacques Despatis, ont été accusés d’avoir aidé le coupable à
s’évader. Denis aurait même été conduit jusqu’à la Rivière du Loup puisqu’on
lui a procuré un canot et de la nourriture. Granpré et Despatis ont été
condamnés à 50 livres d’amende, mais on ignore ce qu’est devenu Jean Denis.
1702, 28 février – Lachaume
Meurtre par passion – arme blanche (épée) – mise en scène
Pierre Viau dit Larose, pendu; et Marie Couillaud dit Rocquebrune, condamnée
à mort, exécutée par effigie.
Le fermier Lachaume a été
assassiné en février 1702 mais son corps a été retrouvé seulement en juin. On
pense qu’il aurait reçu trois coups d’épée pendant son sommeil. Pierre Viau dit
Larose était le fils du notaire Mathieu Viau, soldat de la Compagnie de
Saint-Ours. Il semble avoir entretenu une liaison avec la femme de Lachaume,
Marie Couillaud dit Rocquebrune, puisque tous deux ont été accusés du meurtre
de Lachaume. Les deux amants l’ont assassiné pendant son sommeil. Tous deux ont
été condamnés à mort. Un sursis leur a toutefois été accordé, le temps
d’entendre un autre témoin, une jeune fille d’environ 12 ans. En octobre 1702,
Pierre Viau dit Larose a été torturé et pendu à Montréal. Quant à sa complice,
Marie Couillard semble avoir disparue puisque son exécution s’est effectuée par
effigie.
1705 – homme non identifié
Homicide argumentatif – arme blanche (épée)
Montréal - ? SC
Non élucidé. Sieur Rocbert, garde-magasinier du roi à Montréal, accusé et
relâché.
C’est à la suite d’une querelle
que Rocbert aurait tué un soldat d’un coup d’épée, mais on possède bien peu de
détails sur cette affaire. Grâce à la protection du marquis de Vaudreuil et
d’autres amis, il aurait échappé à la justice. Il ne semble subsister aucune
preuve qu’il ait été l’auteur de ce meurtre.
1706 – Jean Normand (Lenormand)
Homicide à motif indéterminé
Lacanardière, Québec - ? SC
Non élucidé.
Normand est mort assassiné en
1706 dans des circonstances inconnues. Sa dépouille a été inhumée le 25 juillet
1706 à Notre-Dame, Québec. Puisque nous ne connaissons aucune condamnation pour
ce crime, le DHQ considère qu’il s’agit d’une affaire non élucidée.
1708 – bébé de Marie-Barbe Dupont
Néonaticide
Québec - ? SC
Marie-Barbe Dupont, condamnée au carcan et bannie de Québec pour 3 ans.
Marie-Barbe
Dupont a porté sa cause en appel, mais elle a tout de même été condamnée au
carcan et à être bannie de la ville de Québec pour une période de 3 ans pour
avoir caché sa grossesse et son accouchement. Ce sont les termes qu’on a
longtemps utilisé pour parler de néonaticide.[34] Elle
avait d’abord été condamnée à mort. Exception faite de l’affaire impliquant
François Duverger, une quarantaine d’années auparavant (1669, 20 mai), il
s’agirait du plus ancien néonaticide simple répertorié par le DHQ.
1710 – Jacques Elie; et un de ses enfants
Profit personnel– arme blanche (hache)
Deschaillons – 1 SC
Nicolas, un Panis, condamné in abstentia et exécuté par effigie.
Le bourreau Jacques Elie en était
venu à être tellement dégoûté de son métier qu’il a planifié sa fuite hors de
la Nouvelle-France avec sa femme enceinte, Marie-Joseph, et ses deux enfants. Toutefois,
« personne n’avait le droit de quitter la colonie sans permission
officielle et Elie consulta un Panis du nom de Nicolas. Celui-ci était
recherché par les officiers de la justice pour une série de vols et il offrit
de conduire la famille Elie de façon clandestine par les bois jusqu’en
Nouvelle-Angleterre, moyennant la somme de 150 livres comptant et un habit
complet. Arrivé à la rivière Duchesne dans la seigneurie de Deschaillons, le
Panis tua Elie et un de ses enfants à coups de hache, mais la femme enceinte,
quoique gravement blessée, s’échappa avec le bébé de 14 mois et réussit à
regagner la ville de Québec. Le Panis Nicolas fut convaincu de meurtre in
absentia et condamné à être rompu vif. En son absence on décréta que le
châtiment soit exécuté par effigie en un tableau qui serait attaché à un poteau
de la place publique de la basse ville. »[35]
1714, 15 décembre – Louis-Hector de la Mollerie
Homicide argumentatif – arme blanche (épée)
Montréal – 1 SC
Jean d’Ailleboust d’Argenteuil, 20 ans, reconnu coupable, et pardonné.
D’Argenteuil a tué Louis-Hector
d’un seul coup d’épée parce que celui l’avait insulté. Il a été accusé du
meurtre mais a échappé à sa condamnation en prenant la fuite jusqu’en France.
Lorsqu’il a manifesté le désir de revenir au Canada, quatre ans plus tard, il a
fait jouer ses relations et obtenu un pardon.
1716, 28 septembre – 2 octobre – Charles Fustel, 23
ans
Homicide argumentatif – arme blanche (épée) – duel
Québec, rue Saint-Pierre – 1 SC
Jacques Maleray Delamoillerie, père de Louis-Hector de la Mollerie
tué deux ans plus tôt, condamné par contumace à être décapité.
Le 28 septembre 1716, au cours
d’une partie de billard, une dispute a éclaté entre le militaire Jacques
Maleray Delamoillerie et un jeune marchand du nom de Charles Fustel. On croit
que Fustel a été le premier à dégainer son épée, mais Delamoillerie a eu la
sagesse de sortir de l’auberge. Fustel l’a cependant suivi dehors pour
continuer de l’invectiver. Delamoillerie a finalement perdu son sang-froid et
l’a frappé d’un coup de poing à la tête. Fustel a donc de nouveau sorti son
épée et cette fois son adversaire a fait la même chose. Après quelques échanges
à l’épée, Fustel a été blessé de trois coups, dont un à la poitrine, et conduit
à l’Hôtel-Dieu de Québec. Il a succombé le 2 octobre.
Puisque Delamoillerie a pris la
fuite, on lui a fait un procès par contumace[36],
au terme duquel il a été déclaré coupable et condamné à la décapitation. Selon
l’historien André Lachance, la peine a été exécuté par effigie en 1718.[37]
1721, 12 septembre – Françoise Cailleteau, veuve de
Denys de La Vallière
Homicide conflictuel – objet contondant (assiette d’étain)
Rue de Buade, Québec – 1 SC
Catherine Charland, son ancienne cuisinière, pendue.
Le 12 septembre, Catherine,
furieuse que son ancienne maîtresse, Françoise Cailleteau, raconte à qui veut
l’entendre qu’elle l’avait volé avant de la congédier, se rend chez elle pour
régler la situation. La rencontre s’est envenimée et des gifles ont rapidement
été échangées. À un certain moment, Françoise a lancé à son ancienne servante une
assiette d’étain. L’objet a manqué sa cible, mais Catherine a récupéré
l’assiette pour la lancer à son tour, atteignant son ancienne maîtresse au
visage. Devant Françoise, qui s’est effondrée en perdant du sang depuis ses narines
et sa bouche, Catherine a pris la fuite.
Le soir, des citoyens inquiets de
constater que Françoise ne sortait pas de chez elle, ont enfoncé la porte pour
découvrir son corps. Selon l’historien André Lachance, la victime avait reçu un
coup à la joue et un autre derrière la tête, ce qui laisse à penser que son
assaillante aurait pu lui porter plus qu’un coup, et peut-être même utiliser
une autre arme que l’assiette. Quoi qu’il en soit, Catherine a avoué son crime
et elle a été pendue.
1723, 11 juillet – Caporal Jean dit Saint-Jean
Homicide argumentatif – objet contondant (pioche)
Montréal, île Jésus – 1 SC
Arnaud dit Léveillée, condamné à mort, …?
Arnaud dit Léveillé et le caporal
Jean dit Saint-Jean travaillaient ensemble sur la ferme du marquis de
Vaudreuil, dans l’île Jésus, lorsqu’une dispute a éclaté. Léveillé aurait demandé
à St-Jean d’aller lui chercher un seau d’eau afin de rafraîchir le mortier,
mais Saint-Jean lui a répliqué qu’il pouvait très bien y aller lui-même. Les
deux hommes se sont chamaillés au point de se retrouver tous les deux au sol.
Le combat s’est terminé lorsque Léveillée a assommé Saint-Jean d’un coup de
pioche.[38] Ce
dernier est décédé le 11 juillet 1723 à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu.[39]
Léveillé a été condamné à mort mais on ignore s’il a été exécuté.
1723, 20 juillet – Cazeau
Homicide argumentatif – arme blanche (épée)
Québec, rue Cul-de-Sac – 2 SC
Michel Duzeau, reconnu coupable de meurtre et exécuté en effigie.
En juillet 1723, alors que la
barque Notre-Dame de Bonsecours appareillait pour se rendre à Québec, le
contremaître Jean Vindeau a constaté que l’équipage manquait d’entrain. Plutôt
que d’obéir à son commandement, quelques-uns de ses hommes ont échangé un
regard avec Jean Cazeau, qui était considéré comme une mauvaise tête. L’instant
d’après, Cazeau et plusieurs autres matelots se sont jetés sur Vindeau pour le
rouer de coups.[40]
Michel Duzeau, capitaine en
second, qui jouissait d’une force physique supérieure à la moyenne, a alors
utilisé ses poings pour écarter les bagarreurs. Ainsi, il a réussi à libérer Vindeau.
Une fois la querelle terminée, Duzeau s’est éloigné en recommandant au
contremaître d’éviter d’utiliser la manière forte. Le navire a donc pu entamer
son trajet vers Québec.
Le 20 juillet, Duzeau s’est rendu
chez la veuve Duverger, qui tenait une auberge sur la rue Cul-de-Sac, à Québec.
Sur place, il est tombé sur Cazeau et un autre matelot du nom de Guillaume
Chameau. Immédiatement, l’officier leur a donné l’ordre de retourner au navire.
Les deux hommes, qui étaient en train de souper, n’avaient aucune envie de
quitter. Duzeau a donc la force pour les pousser vers la porte. Guin Fresnay,
un voisin de l’auberge, a vu sortir les deux matelots qui se plaignaient de
n’avoir pu terminer leur repas. Il a ensuite vu Duzeau leur crier de bien se
tenir. Sur ces mots, l’attitude des deux matelots s’est transformée. Devant
cette provocation, Duzeau s’est dirigé vers eux avec sa canne. Cazeau lui a
porté un premier coup de hart, tandis que Chameau l’a frappé avec un bâton. On
raconte que Duzeau s’est effondré en perdant la moitié de sa perruque, ce qui
ne l’a cependant pas empêché de sortir son épée afin de tenir ses adversaires
en respect. Malgré cette menace, Cazeau a foncé sur lui et la lame de Duzeau s’est
enfoncée dans sa poitrine. Cazeau est mort peu de temps après, dans les bras
d’un autre témoin de la scène.
Duzeau a été accusé de meurtre,
et Chameau d’agression. Les procès se sont déroulés en l’absence des deux
hommes. Chameau a été condamné par contumace à être battu et fustigé de verge
sur les épaules en plus d’être flétri par un fer chaud marqué d’une fleur de
lis sur l’épaule droite sur la place publique. Il devait aussi être banni pour
une période de 5 ans de la ville de Québec. Quant à Duzeau, il a été condamné à
mort par effigie. On perd ensuite sa trace.
1732 – Nouveau-né
Néonaticide
Québec - ? SC
Marianne Sigouin, sa mère, pendue.
Le 17 mai 1732, Marianne Sigouin a
été condamnée à mort pour avoir tué son enfant. Elle a été pendue et étranglée
dans la basse-ville de Québec. Son corps aurait ensuite été « jeté à la
voirie ». Selon les documents judiciaires préservés à BAnQ, elle aurait
tenté de cacher sa grossesse avant d’assassiner son nouveau-né. L’enfant a été
retrouvé « sur le port proche de la plate-forme. »
1732 – Nouveau-né
Néonaticide
Trois-Rivières - ? SC
Marie-Anne Gendron, sa mère, pendue en effigie.
Selon BAnQ, Marie-Anne Gendron a
tué son bébé avant de tenter de se suicider par pendaison. Elle a été condamnée
à mort pour son crime. Le jugement exigeait que la sentence soit exécutée à
Québec. Toutefois, on a aussi ordonné que soit affichée à Montréal,
Trois-Rivières et Québec « l’ordonnance du Roi Henri II du mois de février
1556 concernant les femmes et les filles qui cachent leur grossesse et
enfantement […] ». Selon Raymond Boyer, Marie-Anne a été pendue par
effigie, ce qui laisse croire que, finalement, elle n’aurait peut-être pas
survécu à son suicide.
1738, décembre – Charles Valin
Homicide cautionné par un groupe –
L’Ancienne-Lorette, région de Québec - ? SC
Jean-Baptiste Bourdin dit Montmartre, Camille Roger dit Lagarenne, Antoine
Foucher dit Lajeunesse et Jacques Albert dit Vadeboncoeur, Jacques Hervé dit
Lavolonté, et René Dussault dit Joyeux, accusés du meurtre, …
Charles Valin est mort lors d’une
bagarre impliquant neuf soldats de la garnison de Québec. « Les soldats,
semble-t-il, avaient voulu venger trois des leurs qui, quelques jours
auparavant, s’étaient querellés avec des habitants du village à propos du prix
d’un quartier de bœuf. »[41]
1746 – Jouéquin
Homicide à motif indéterminé
? - ? SC
Michel Charpentier, condamné par contumace.
Michel Charpentier a été condamné
par contumace pour le meurtre d’un dénommé Jouéquin. Puisqu’il était apparemment
introuvable, l’État s’est emparé de tous les biens de Charpentier, laissant
ainsi ses enfants et sa femme, Angélique Marsan, dans la rue. C’est seulement
après une requête judiciaire que la femme du meurtrier a pu retrouver ses biens
et reprendre un semblant de vie normale avec ses quatre enfants.
1746, 1er mars – Joseph Hus dit Millet
Homicide argumentatif – arme blanche (sabre)
Région de Sorel – 1 SC
Olivier-Hyacinthe Pressé, condamné à mort; et Pierre-François Rigault,
banni de la colonie. Après révision du procès, Pressé a été condamné aux
galères à perpétuité et Rigault absout.
Le 1er mars 1746, le notaire
Hyacinthe-Olivier Pressé de Trois-Rivières s’est rendu au chenal du Moine à
Sainte-Anne-de-Sorel pour régler une mésentente entre Louis Lavallée et Pierre
Plante dans la seigneurie de Saurel. Une fois le cas réglé, le groupe s'est
arrêté à l'auberge tenue par Jean Leroux dit Provençal. Sur place, ils ont
rencontré l'huissier Pierre-François Rigault qui avait aussi affaire à Sorel.
Après quelques verres, Pressé s’est mis à accuser Rigault de lui avoir caché
son chapeau. Pour calmer les esprits, Lavallée a invité les deux hommes à venir
manger chez lui. Rigault a refusé de laisser monter Pressé dans sa carriole,
forçant ce dernier à demander à Joseph Hus dit Millet de le conduire jusqu’à
Yamaska.
Alors que les deux voitures passaient
devant la maison de Pierre Deguire dit Desrosiers, la dispute a repris entre Rigault
et Pressé. Ce dernier a sauté hors de la voiture et s’est approché avec son sabre
à la main. En tentant de frapper Rigault, il a perdu l’équilibre. Rigault a
esquivé la lame avec sa main, déviant la pointe du sabre dans le ventre du
conducteur Joseph Hus dit Millet. On a ramené celui-ci à la maison de son père,
Marc-Antoine Hus, où il est décédé de sa blessure quelques heures plus tard.
Les deux bagarreurs, le notaire Olivier-Hyacinthe Pressé et l'huissier
Pierre-François Rigault, ont été accusés du meurtre de Joseph Hus. Trouvés
coupables, le procureur du roi à Trois-Rivières a condamné le notaire Pressé à
l'étranglement et à la pendaison, tandis que Pierre-François Rigault a été condamné
au bannissement de la colonie pour complicité de meurtre.
Après révision du procès, Pressé a
été condamné aux galères à perpétuité et à la confiscation de tous ses biens,
tandis que Rigault a été blanchi. Selon une autre source, les sentences
imposées par le Procureur de Trois-Rivières ont finalement été annulées.[42]
1746, 26-27 octobre – Jean-Baptiste Truchon
Meurtre par passion – Arme blanche (hache) et objet contondant (pelle à feu)
Mascouche – 1 SC
Marie-Josèphe Éthier, sa femme, condamnée à mort par contumace.
En 1746, Jean-Baptiste Truchon,
sa femme Marie-Josèphe Éthier et leurs enfants[43]
venaient de s’installer à Mascouche. À l’époque où ils habitaient à
l’Assomption, la femme de Truchon était tombée amoureuse d’un menuisier du nom
de Saint-Maurice. Ne supportant plus d’être loin de son amant, elle a tout
simplement planifié d’éliminer son mari. Une nuit, pendant qu’il dormait, elle
l’a assassiné à coups de hache et de pelle à feu.
Quelques jours plus tard, après
avoir pris la fuite avec son amant, Marie-Josèphe a raconté à deux inconnus les
détails de son crime. Malgré cela, elle a disparu, si bien qu’on lui a fait un
procès par contumace. Le 21 janvier 1747, on l’a condamné à avoir les deux
poings coupés avant d’être pendue et étranglée. L’exécution a été faite par
effigie. Marie-Josèphe Éthier et son amant n’ont jamais été retrouvés.
1748 – Nicolas Jacquin dit Philibert
Homicide argumentatif – arme blanche (épée)
Québec 1 SC
Pierre-Jean-Baptiste-François-Xavier Le Gardeur de Repentigny, condamné par
contumace.
C’est au sujet d’un billet de
logement qu’une dispute a éclaté entre Philibert et de Repentigny. Ce dernier était
officier des troupes de la marine, alors que sa victime était un bourgeois. De
Repentigny l’a donc tué d’un coup d’épée avant d’indemniser la veuve. Malgré cette
délicate attention, il a pris la fuite pour éviter la justice. Son procès s’est
fait par contumace, au terme duquel il a été condamné à mort. Selon ce que nous
dit Raymond Boyer, de Repentigny serait mort en 1776 alors qu’il était devenu
gouverneur de Mahé, aux Indes françaises.
1752, 6 juin – Jean Favre; et Marie Bastien
Profit personnel – arme à feu et arme blanche
Montréal – 1 SC
Jean-Baptiste Goyer dit Bélisle, leur voisin de 30 ans, exécuté.
Jean-Baptiste Goyer dit Bélisle a
été exécuté à Montréal pour avoir volé et assassiné Jean Favre, le jardinier du
verger Saint-Joseph, et sa femme, Marie Bastien. Goyer était menuisier et
l’époux d’Anne Descaries. Selon La Tribune, qui a relaté l’affaire en
1882, Favre avait la réputation d’être riche et de garder beaucoup d’argent
dans sa maison. Durant la nuit, Bélisle s’est introduit chez lui et l’a abattu d’un
coup de pistolet. Il l’a ensuite achevé à l’aide d’un couteau de chasse. Marie
Bastien a tenté de défendre son mari, mais ce courage lui a coûté la vie.
Bélisle a été condamné à être exécuté en public sur la place du marché.
Selon Boyer, cette cause est
connue sous le nom de Légende de la Croix Rouge « parce que la tombe de
Bélisle, à l’angle des rues Guy et Dorchester à Montréal, est marquée d’une
croix rouge. Elle existe encore aujourd’hui à la vue des passants ».[44]
1761, 7-8 mars – Charles Bélanger, 39 ans;
Angélique Monarque Bélanger, 34 ou 39 ans; Charles Bélanger, 11 ou 15 ans; et
Charlotte Bélanger, 11 ans
Homicide domestique/Familicide[45]
– armes blanches (couteau et hache) – mise en scène – surpuissance[46]
Île Jésus, dans le rang Saint-Elzéar – 1 SC
François Paul, leur homme engagé[47],
pendu.
Au cours de la nuit du 7 au 8
mars 1761, François Paul, homme engagé de la famille Bélanger du rang
Saint-Elzéar de l'île Jésus, a assassiné Charles Bélanger, 39 ans; sa femme,
Angélique, 34 ans; leurs fils, Charles, 11 ans; et une cousine, Charlotte
Bélanger, 11 ans. Le carnage a été découvert au matin par des voisins. Charles
Bélanger, qui n'était pas encore mort, a eu le temps de dénoncer Paul. Cette
preuve a été suffisante pour se lancer aux trousses de ce dernier, qui a été retrouvé
alors qu’il se cachait dans les bois environnants. Le suspect a aussitôt été conduit
à Ville-Marie où il a été jugé et pendu. Son cadavre a été encagé et exposé aux
vents durant un an en face de la maison où s’est produit le crime.
Selon Boyer, Paul était un ancien
soldat des armées françaises qui avait fini par se retrouver comme garçon de
ferme pour la famille Bélanger. Son motif aurait été le vol, puisqu’il voulait
s’emparer des économies de Bélanger. Il a donc profité de l’absence de Charles
Bélanger « pour égorger et démembrer son fils de 15 ans, Charles. Au cours
de la soirée l’épouse du cultivateur, Angélique Monarque, âgée de 39 ans, et sa
nièce Charlotte, âgée de 11 ans, sont rentrées à la maison et l’assassin s’est
débarrassé d’eux en les assommant et les poignardant. Lorsque le maître de la
maison est revenu, Paul lui a donné un coup de hache sur le crâne. » Le
croyant mort, le tueur a mis le feu à la maison avant prendre la fuite dans les
bois. Le brasier a alerté les voisins, ce qui a permis à ceux-ci de découvrir
Charles Bélanger avant qu’il ne meurt.
Il s’agit vraisemblablement du
premier familicide commis en sol québécois et aussi de la première cause de
meurtre instruite sous le régime britannique.[48]
1763, 27 janvier – Louis-Étienne Dodier, 28 ans
Homicide domestique par une conjointe/conflictuel[49]
– arme piquante (fourche)
Saint-Vallier – 1 SC
Marie-Josephte Corriveau, épouse de la victime, reconnue coupable et
exécutée.
Son premier mari étant mort le 25
avril 1760, en pleine tourmente de l’invasion anglaise, Marie-Josepthe
Corriveau s’est remariée le 20 juillet 1761 avec Louis Dodier.[50] Selon
les auteurs Ferland et Corriveau, le couple vivait dans une situation aisée
sans pour autant être dans le luxe. Toutefois, une rivalité s’est installée entre
Dodier et le père de sa femme, si bien que leurs disputes ont alimentés les
ragots. Selon les mêmes auteurs, le caractère violent de Joseph Corriveau était
bien connu, au point d’échanger des menaces sérieuses à l’endroit de son
gendre. « Une hache à la main, Corriveau se précipite sur Louis Dodier. Ce
dernier se retire mais revient aussitôt, armé d’un bâton, et déclare
« Frappe, mais manque pas ton coup parce que, si tu me manques, moi, je ne
te manquerai pas! » Le beau-père s’empare alors d’une houe et tente de
blesser son gendre, mais celui-ci esquive l’attaque et s’empare de l’instrument.
L’intervention d’un certain Labrecque met fin à la dispute. »
De plus, la violence conjugale engendrée
par le comportement de Dodier aurait fait fuir Marie-Josephte en décembre 1762.
« À la fin de janvier 1763, le père Corriveau se rend une fois de plus
auprès d’Abercrombie pour se plaindre de son gendre et, insatisfait de
l’attitude du major, se retire en marmottant que les choses finiront mal.
Prophétie ou menace? Le lendemain matin, le jeudi 27 janvier 1763, Louis Dodier
est retrouvé sans vie dans sa grange, baignant dans son sang, avec plusieurs
blessures à la tête. Il avait environ 28 ans. »[51]
Les soupçons se portent aussitôt
sur Joseph Corriveau, d’autant qu’on s’est empressé d’inhumer le corps. D’autre
part, les rumeurs ont fini par cibler la veuve. Selon un sergent qui a examiné le
corps, les blessures à la tête de Dodier étaient attribuables à un coup de
fourche. Le gouverneur James Murray « […] découvre quatre blessures à la
tête. La première, à proximité de la lèvre supérieure, s’enfonce dans la chair
et l’os de la mâchoire. La seconde est une plaie profonde juste sous l’œil,
profonde de quatre pouces. Les deux dernières ont fracassé le côté gauche du
crâne. La mâchoire inférieure est fracturée, bien que les coups ne soient pas
apparents. Fait troublant, les quatre plaies sont à égale distance (trois
pouces) l’une de l’autre. »
À la fin de février, on a procédé
à l’arrestation de Joseph Corriveau et de sa fille. Le procès a débuté le 29
mars 1763. Les deux accusés étaient défendus par Jean-Antoine Saillant, un
avocat qui, cependant, n’avait pas le droit de contre-interroger les témoins.
Contrairement aux lois sous le régime français, le système britannique amène la
présomption d’innocence, mais en cette période de transition, le père et sa
fille ont été jugés sous la loi militaire. Les deux accusés ont été condamnés.
Joseph Corriveau a fini par faire
une confession selon laquelle il prétendait s’être accusé pour protéger sa
fille. Un nouveau procès a donc eu lieu le 15 avril, et il semble qu’on ait
réussi à arracher des aveux à Marie-Josephte Corriveau. Le jour même, elle a
été reconnue coupable. Elle a été pendue le 18 avril. Son corps a ensuite été enfermé
dans une cage et exposé aux passants. Marie-Josephte Corriveau est devenue la source
de nombreuses légendes et produits de la culture. La cage dans laquelle son corps
a été exposé a été retrouvée au Massachusetts en 2011. On l’a rapatriée au
Québec avec l’aide de la Société d’histoire régionale de Lévis.
1765, 12 août – Thomas Walk
Homicide à motif indéterminée – arme à feu
Château-Richer, Québec – 2 SC
Non élucidé.
Le 12 août 1765, Thomas Walk a
été atteint d’un projectile d’arme à feu tiré par un inconnu. Ce meurtre s’est
produit dans la paroisse de Château-Richer, à Québec. Selon le rapport du
coroner, le projectile l’a heurté derrière l’oreille droite pour ressortir
au-dessus de son œil droit. Walk aurait survécu durant une heure avant de
rendre l’âme.[52]
Selon La gazette de Québec[53],
Walk avait séjourné 16 mois à Château-Richer dans la maison de Pierre Gravel.
On le disait déserteur et cinq hommes étaient à ses trousses. On a vu Walk
marcher devant deux hommes armés de fusils, l’un d’eux l’a mis en joue et lui a
tiré dans la tête. Un jeune homme aurait été témoin du crime. Les hommes armés ont
ensuite abandonné le corps de Walk dans une grange, où il s’est éteint une
heure plus tard. Le coroner a conclu qu’il s’agissait d’un meurtre commis
volontairement.[54]
1765, 5 novembre – William Lloyd
Homicide à motif indéterminé –
arme à feu
Québec, Porte
Saint-Louis – 1 SC
Non élucidé. Lieutenant Hugh D.
Hardin, responsable selon le coroner, …?
À la suite du meurtre de William
Lloyd, le coroner Werden a demandé qu’on appréhende le lieutenant Hugh D.
Hardin, du 28e Régiment. Ce dernier a été reconnu coupable responsable
du meurtre de Lloyd, qui faisait partie du 52e Régiment de Sa
Majesté. Selon le témoignage d’un soldat de 27 ans, il se trouvait à la porte
Saint-Louis lorsqu’il a vu les soldats Harrison et Hutchinson s’approcher en
supportant le corps d’un homme en uniforme (William Lloyd). Il a constaté que
la baïonnette de Lloyd n’était plus dans son fourreau. Selon un autre
militaire, commandant à la porte Saint-Louis, un coup de feu a été tiré vers
14h50 depuis un fusil à double canon. Lorsqu’il est sorti avec trois autres
hommes, ils ont découvert le corps de Lloyd.
On ignore cependant si des
poursuites judiciaires ont été entamées contre le prétendu tueur.
1766, 3 février – Fillette âgée de 3 semaines
Filicide
Québec,
Hôtel-Dieu – 1 SC
Marie Dupré, sa mère de 22 ans, tenue
criminellement responsable.
Selon l’enquête du coroner, qui
s’est tenue le 5 février 1766, c’est une dénommée Marie-Louise Parent[55] qui a découvert le corps d’un bébé en
ouvrant la porte principale de l’Hôtel-Dieu, vers 6h30 au matin du 3 février
1766. Sous le choc, elle a d’abord refermé la porte pour aller transmettre la
nouvelle à une supérieure. Ensemble, les deux femmes sont revenues trois
minutes plus tard pour voir l’enfant, qui gisait dans la neige. Le bébé de sexe
féminin était complètement gelé. Le corps a donc été confié à un servant du nom
de Louis Roberge.
L’enquête a permis de découvrir que
la mère de l’enfant se nommait Marie Dupré, âgée d’environ 22 ans. Au cours des
trois dernières années, elle aurait eu deux autres enfants avec un soldat du
nom de Hamilton. Quant à la fillette retrouvée morte le 3 février, et qui était
probablement un autre enfant de Hamilton, elle était née le 12 janvier 1766.
C’est une dispute entre la Marie Dupré et Hamilton qui a provoqué les choses,
car Hamilton venait de lui annoncer qu’il allait devoir partir au printemps
avec le 28e Régiment. Au soir du samedi 2 février, vers 19h00 ou
20h00, Ann Stewart, qui habitait près de l’Hôtel-Dieu, a entendu au loin le cri
d’un bébé. Marie Dupré a admis sous serment qu’elle était alors en train de
confier l’enfant à John Berry, un autre soldat du 28e Régiment, et à
qui elle avait demandé de se débarrasser de l’enfant devant l’Hôtel-Dieu,
espérant qu’on le trouverait rapidement. Lorsqu’il a été retrouvé le lendemain
matin, tout ce qui accompagnait le bébé était une carte sur laquelle on avait
écrit : « enfant pas baptisé ».
1766, 1er
mai – John Gagnon
Homicide par négligence criminelle
– arme à feu
Baie Saint-Paul –
1 SC
Amie, …?
Selon
le témoignage d’un certain Andrew (Tibo?), qui a comparu à l’enquête du coroner
tenue le 26 mai 1766 à Baie Saint-Paul, des hommes s’amusaient à se tirer
dessus avec des armes chargées uniquement avec de la poudre. Toutefois, une
décharge que l’on a attribuée à de la « mauvaise poudre », a
finalement causé une blessure de 7 à 8 pouces dans la cuisse gauche de John
Gagnon. Il est mort au bout de son sang en une trentaine de minutes. Un certain
Amie[56] a été arrêté mais on ignore s’il a été
accusé.
1767 –
Hannah McCook
Homicide à motif indéterminé –
Objet contondant (bâton)
Québec - ? SC
George Norton, coupable d’homicide
involontaire.
En
août 1767, George Norton, soldat du 52e Régiment, a été trouvé
coupable d’homicide involontaire dans l’affaire du meurtre de Hannah McCook.[57] Selon l’enquête de coroner, Norton aurait
utilisé un bâton pour la frapper à la tête, ce qui lui a fracturé le crâne. La
blessure mortelle apparaissait du côté gauche de la tête.
1769, 16
juin – Jacob Shively
Homicide à motif indéterminé –
Non élucidé.
Selon
l’enquête du coroner John Burke, Jacob Shively a été victime d’un homicide
involontaire. On sait seulement que son décès a été causé par des blessures
internes.
1769, 3
août – Pierre Mazurier
Homicide à motif indéterminé –
Région de
Montréal - ? SC
Non élucidé. Louis Bourgoin dit
Versaille, et al., …
Selon
l’enquête du coroner, qui est difficile à lire, un certain Louis Bourgoin dit
Versailles et plusieurs autres hommes ont été reconnus responsables de la mort
de Mazurier. Le crime aurait été commis volontairement, ce qui indique que l’affaire
a probablement été préméditée. Cependant, on ignore le résultat des procédures
judiciaires entreprises par la suite à l’endroit des présumés meurtriers.
1777 –
John Newel
Homicide à motif indéterminé – Arme blanche
Montréal, Porte Récollet – 1 SC
Non élucidé.
Newel, un soldat du 47ème
Régiment, a été poignardé dans le dos à Montréal par un Amérindien qui, apparemment,
n’a jamais été identifié. Selon le coroner, Newel a été vu vivant pour la
dernière fois vers 23h30 alors qu’il était sentinelle de garde à la Porte
Récollet. Le soldat David McKenzie a témoigné à l’effet qu’il avait entendu un
bruit. Avant de mourir, John a eu le temps de dire qu’il avait été poignardé
dans le dos par un Indien, après quoi ses amis ont tenté de le transporter à
l’intérieur. Il est mort peu de temps après.
1780, 4 janvier – William Stead
Homicide commis lors d’un vol –
objet contondant?
Québec – 1 SC
Non élucidé.
Selon
l’enquête du coroner, qui a été tenue dans la maison d’une certaine Mme veuve Fitzgerald
à Québec, William Stead était capitaine de la marine. On l’a retrouvé le 30
décembre 1779 alors qu’il était encore vivant mais gravement blessé. On a
constaté qu’il avait reçu un ou plusieurs coups, dont un sur la tempe droite. Lorsque
le Dr Richard Dean du 31e Régiment est venu l’examiner, celui-ci a décelé
une fracture du crâne. Stead n’a pas eu le temps de dire ce qui lui était
arrivé avant de mourir.
Un
autre médecin a découvert une blessure d’une longueur d’environ deux pouces sur
le côté gauche de la tête. Il croyait que cette plaie avait été causée par une
baïonnette. À ce médecin, Stead a eu le temps de dire qu’il avait été attaqué
par deux hommes. En reprenant ses esprits, il a constaté que les deux
assaillants lui avaient volé sa montre en argent. Stead a finalement succombé à
ses blessures le 4 janvier vers 22h00. Le jury du coroner a donc conclu que Stead
a été tué par des personnes inconnues.
1780, 4
avril – Leblanc Rivet
Profit personnel – arme blanche
(hache)
Saint-Antoine-sur-Richelieu
– 2 SC
Non élucidé.
Le
corps de Leblanc Rivet a été trouvé dans une rivière. Au matin du 4 avril 1780,
on l’a vu en compagnie d’un jeune homme
âgé de 17 ou 18 ans. Lorsqu’on a découvert son cadavre, on a compris qu’il
avait été tué de plusieurs coups de hache à la tête. Selon un témoin, Rivet
aurait peut-être été tué pour l’argent qu’il transportait dans ses poches.
1781, 14
mai – Michel Potevin
Homicide à motif indéterminé –
arme à feu
Québec - ? SC
Boily, accusé de meurtre, …
Selon
l’enquête de coroner, un dénommé Boily a été arrêté et ramené à Québec pour le
meurtre de Michel Potevin. Ce dernier a été victime d’un tir de pistolet. Le
projectile a fait son entrée par l’œil gauche. L’arme du crime a été retrouvée
dans un petit bateau.
1784, 2
janvier – Ann Menzies
Homicide sexuel – viol
Québec, Beauport
– 1 SC
Non élucidé.
Selon
l’enquête du coroner, préservée à BAnQ, et qui s’est tenue à Beauport, on sait
que la victime a été retrouvée près de « la route qui mène à la
montagne », à quatre ou cinq arpents de l’habitation d’un certain Joseph
Denis. Le corps d’Ann Menzies se trouvait contre un pieux de cèdre, étendu sur
le dos, les deux mains dans les airs. Selon le coroner Stuart, ses mains
indiquaient une posture de défense. Il est difficile de décrire adéquatement le
contenu du rapport, mais on constate qu’une importante quantité de sang a été retrouvé
sur sa chemise. Le corps aurait été découvert seulement le 1er
janvier, vers 17h00, alors qu’on croyait que la victime aurait pu être mêlée à un
événement quelconque qui s’était produit le 30 décembre 1783. À cause d’une tempête
de neige, on a été incapable de déceler la moindre trace suspecte de la scène
de crime. Cependant, deux endroits dans la neige semblaient dire que la victime
était tombée ou avait été poussée. Le coroner a conclu qu’Ann Menzies a été
violée par un ou des inconnus.
Il
s’agit du plus ancien homicide sexuel répertorié par le DHQ.
1792 –
personne non identifiée
Homicide à motif indéterminé
Québec – ? SC
Hugh Frafer, reconnu coupable
d’homicide involontaire.
En
septembre 1792, un dénommé Hugh Frafer a été reconnu coupable d’homicide
involontaire. Un marchand de Québec du même nom apparaît à quelques reprises
dans la Gazette de Québec entre les années 1767 et 1791, mais il n’a pas
été possible de confirmer s’il s’agit du même homme. On ignore tout à propos
des circonstances entourant son crime.
1792, 20
septembre – veuve non identifiée
Homicide à motif indéterminé –
arme blanche (20 coups de couteau)
Québec, rue des
Arcis – ? SC
Joseph Gras, condamné à 20 ans aux
fers.
Selon
The Quebec Magazine d’octobre 1792, une veuve non identifiée a été
assassinée le 20 septembre 1792 sur la rue des Arcis, à Québec. Elle a été
frappée de 20 coups de couteau, dont 12 lui ont été donnés par derrière. Un
dénommé Joseph Gras a été accusé du crime. Toutefois, le procès n’a pas été en
mesure de prouver la préméditation. Ainsi, Gras a été condamné à 20 ans aux fers.
Il devait également être attaché à un poteau et exposé sur la place de Grève durant
six heures.
1793 – personne
non identifiée
Homicide à motif indéterminé –
Québec - ? SC
Non élucidé. Louis Braban dit
Lamie, accusé de meurtre, recherché, …?
Dans
The Quebec Gazette du 30 mai 1793, le seul journal qui mentionne son
existence, on souligne que Louis Braban dit Lamie était recherché pour meurtre.
On le décrivait comme un homme de 5 pieds et 10 pouces à la peau brune, les
cheveux bruns, portant un manteau bleu, des souliers canadiens et un chapeau
rond. Dans son numéro du 16 mai, le même journal annonçait que Braban s’était
évadé au matin du 12 mai 1793. On recherchait également John Hitlenger, un
soldat, pour cambriolage, et un Noir du nom de Jacob Simpson pour vol, sans
toutefois préciser si ces trois évadés avaient un lien entre eux. Cette annonce
a été publiée à tout le moins jusqu’en juillet 1793. Par la suite, le nom de
Braban n’apparaît plus.
1793, 2
janvier – Antoine Sérindac
Homicide commis lors d’un vol –
Québec – 1 SC
Jean Tessier et Joseph Dupéré,
arrêtés. Aucun autre développement connu.
Selon
La Gazette de Québec, Antoine Sérindac a été frappé par quelqu’un qui
souhaitait le voler. Toutefois, son agresseur n’aurait pas eu le temps de lui
faire les poches puisque les cris poussés par la servante du Capitaine Le
Maître ont fait fuir le voleur. Sérindac a cependant succombé à ses blessures.
On le disait apprécié par de nombreuses personnes. Jean Tessier et Joseph
Dupéré ont été arrêtés en lien avec le crime, mais on ignore ce qu’est devenu
le dossier par la suite.
1793, 17
avril – James Molley
Homicide à motif indéterminé –
Québec - ? SC
Non élucidé.
Selon
le coroner John Burke, Molley a été victime d’un homicide involontaire « à
la suite de coups reçus lors d’une bataille », dans le district de Québec.
Il nous a malheureusement été impossible d’en apprendre davantage.
1793 –
personne non identifiée
Homicide à motif indéterminé –
Trois-Rivières – ?
SC
Michel Whilan, acquitté d’homicide
involontaire.
Un
dénommé Michel Whilan a été accusé d’homicide dans le district de
Trois-Rivières. On ne connaît rien des circonstances de cette affaire, mais on
sait qu’il a été acquitté.[58]
1793, 8-9
décembre – Benjamin Dionne, 25 ans
Homicide à motif indéterminé –
arme blanche?
Québec - ? SC
Michel (?[59]), criminellement responsable. Aucun autre
développement connu.
Selon
l’enquête de coroner, c’est un certain Michel qui a frappé Benjamin Dionne dans
la partie gauche de la poitrine, possiblement avec une arme blanche puisque le
coup a créé une plaie de 3 pouces de profondeur. Selon une base de données en
généalogie, Dionne était marié à Angélique Regis Fournier. Il serait né le 8
juillet 1768 à La Pocatière. On ignore ce qui est advenu du tueur.
1794,
octobre-1795, 25 avril – Patrick Cain
Homicide à motif indéterminé – arme blanche
Québec, Cap-Diamants - ? SC
Non élucidé.
Selon l’enquête du coroner
Woolsey, qui s’est tenue dans la taverne de Christopher Brant, à Cap-Diamants, Patrick
Cain était un soldat du 60e Régiment. Le 25 avril 1795, on a
retrouvé son corps dans un puits, sur le Cap-Diamants, à Québec. Le coroner a
conclu qu’il avait été tué par une ou plusieurs personnes inconnues. C’est un
soldat du même régiment répondant au nom de William Rowbyback qui a fait la
découverte du cadavre vers midi. Il avait d’abord aperçu une partie de la
cuisse à la surface de l’eau. Le puits était situé près des baraquements. Selon
un autre témoin, Cain était disparu depuis octobre 1794 et on ne croyait pas qu’il
avait déserté.
Le Dr George Langman de Québec a
constaté que le corps portait une plaie dans la partie supérieure de la
poitrine. Cette blessure n’avait pas atteint la cavité du cœur, mais elle
aurait été causée par un objet piquant. Il semble que le ou les responsables de
ce meurtre n’ont jamais été identifiés.
1795, 9 mai – Brigit Cavanagh
Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – arme blanche
(baïonnette)
Québec - ? SC
Charles Cavanagh, son mari, reconnu criminellement responsable.
L’enquête du coroner sur la mort
de Brigit Cavanagh s’est déroulée dans une casemate située près de la porte
Saint-Louis, à Québec, le 5 novembre 1795. Brigit était l’épouse du soldat
Charles Cavanagh, qui a été tenu criminellement responsable de sa mort. Le
crime remontait au 9 mai 1795. Ce jour-là, Charles a tué sa femme de deux coups
de baïonnette dans le côté droit de la poitrine. On ignore ensuite ce que la
justice lui a réservé comme traitement.
1795, ?-1er novembre – Homme non
identifié
Homicide à motif indéterminé – Mutilation
Baie-du-Fèvre, Trois-Rivières – 2 SC
Non élucidé.
Selon une enquête de coroner
réalisée dans la maison d’un dénommé Jacques Cloutier à Baie Saint-Antoine
(Baie-du-Fèvre), dans le district juridique de Trois-Rivières, un autochtone du
nom de Joseph Constance a trouvé le cadavre d’une personne non identifiée aux
abords de la rivière Nicolet le 1er novembre 1795 et s’est empressé
de venir partager sa découverte avec un certain Capitaine Houde. Constance est
retourné sur les lieux avec Houde et d’autres hommes pour découvrir que le
corps avait été décapité et démembré, en plus d’avoir été poignardé à plusieurs
reprises au ventre. Le 5 novembre, le coroner a conclu qu’il s’agissait d’un
meurtre. Il a noté que la victime avait eu la tête coupée, ainsi que les deux
bras, la jambe gauche coupée dans « la jointure du genou et la chair
fendue ». La jambe droite a été coupée au niveau de la hanche. Tous les
membres sectionnés n’ont apparemment jamais été retrouvés. Selon Houde, la mort
pouvait remonter jusqu’à trois semaines.
1796, 5 mai – Jean Marchand; et Marguerite Debord
Homicide à motif indéterminé –
Québec - ? SC
Non élucidé.
Jean Marchand et Marguerite
Debord ont été assassinés place du marché à Québec par des inconnus. Une
récompense de 50 guinées a été offerte pour retrouver les assassins. Selon The
Quebec Gazette du 19 mai 1796, les corps des victimes ont été inhumés dans
« le bourg de William Henry dans la Province du Bas-Canada. » L’avis
de récompense a été publié à quelques reprises au cours de l’été 1796, mais on
ne fournissait aucun détail sur les circonstances du crime.
1797, 26 septembre – John Ogilby
Homicide à motif indéterminé – arme à feu (pistolet)
Québec - ? SC
Non élucidé.
Selon l’enquête du coroner
Woolsey, John Ogilby était lieutenant dans le 26e Régiment. Le 24
septembre 1797, il a été atteint par un tir mortel de pistolet. Le projectile a
pénétré dans la partie droite de son ventre, juste au-dessous du nombril, avant
de ressortir du côté gauche. Le document ne permet pas de connaître les
circonstances du crime. Il semble que le tireur n’ait jamais été identifié.
1800, 22 février – Johanna Carson
Homicide à motif indéterminé – battue à mort
Québec – 1 SC
Richard Kelly, criminellement responsable. Aucun autre développement connu.
Selon l’enquête du coroner,
Johanna Carson était la veuve de Henry Carson, ancien soldat du 24e
Régiment de sa Majesté. Richard Kelly, soldat du 26e Régiment, a
attaqué sauvagement Johanna pour un motif que nous ignorons. Il l’a battu au
point de lui causer des blessures mortelles, dont l’une à la tempe gauche. Après
avoir commis son crime, il aurait erré sur place jusqu’à ce que Johanna agonise
complètement, vers 3h00 du matin.
À noter que dans La Gazette de
Québec, au cours des semaines qui ont précédées le meurtre de Johanna
Carson, on invitait tous les créanciers de son défunt mari à venir remettre ce
qu’ils devaient à la succession.
1801, 28 janvier – Alexis Lamarre
Meurtre par vengeance? – par noyade
Québec, quai de la Reine – 1 SC
Non élucidé. Joseph Poiré, acquitté.
Les amis Alexis Lamarre et Joseph
Poirée habitaient dans la même maison, dans le district de Québec. Au cours de l’automne
1800, Lamarre a confié à Poiré une certaine quantité de morue destinée à la
vente. Après avoir vendu le poisson, ce dernier s’est servi de l’argent pour
acheter du tabac. C’est ce qui a créé une dispute entre les deux hommes. La
première altercation aurait eu lieu le 12 décembre 1800. En plus d’échanger des
coups, Poiré aurait lancé : « mon sacré gueux, tu ne mourras jamais
d’autre main que de la mienne. » Le 14 janvier 1801, au cours d’un autre affrontement,
Lamarre s’est servi d’un bâton pour frapper Poiré. Ce dernier aurait alors
commencé à se comporter docilement, comme si leur amitié avait soudainement retrouvé
ses couleurs d’autrefois.
Le 28 janvier, c’est à bord du
même canot que Poiré et Lamarre débarquaient à Québec. Le premier geste de
Poiré a été de visiter le quai de la Reine. Au cours de la matinée, on les a vu
ensemble en différents endroits. Un peu avant midi, dans la rue Saint-Pierre,
près de chez McCullum, Poiré était en train de bavarder avec le passager Baron
au moment de dire à Lamarre : « Lamarre, viens ici, je veux te
parler. » Lamarre s’est approché pour le suivre jusqu’à la maison de
McKenzie, près du quai de la Reine. La dernière fois qu’on les a vus ensemble, Lamarre
et Poiré se tenaient au bord du quai, tout près de l’eau. Le temps d’entrer
chez lui pour prendre une brassée de bois, Nicolas Lemage a été averti par un ami
du fait que Lamarre venait de tomber à l’eau. Michel Campagnard, un autre
témoin, aurait vu de ses yeux Poiré mettre ses mains sur les épaules de Lamarre
pour le pousser dans les eaux glaciales du fleuve. Campagnard a aussitôt couru dans
cette direction, où il a eu le temps de voir Poiré remonter au bord du quai et
passer « par-dessous le porche vers le Cul-de-Sac. » Quant à lui,
Lemage est arrivé au bord du quai seulement pour voir Lamarre disparaître sous
l’eau.
Arrêté dans le faubourg Saint-Jean,
Poiré a admis s’être retrouvé sur le quai avec Lamarre mais il a aussi affirmé que
ce dernier s’était noyé lui-même. Le procès de Joseph Poiré s’est ouvert le 28
mars 1801 devant les juges Williams et De Bonne. Les jurés ont délibéré durant
deux heures avant de rendre un verdict d’acquittement.
1801, 1er septembre – Michael Impey
Homicide à motif indéterminé –
arme à feu (pistolet)
Québec - ? SC
George Willis, lieutenant du 6e
Régiment, criminellement responsable, aucun autre développement connu.
Le 1er septembre 1801,
George Willis a tiré un coup de pistolet sur Micheal Impey, l’atteignant au
ventre, à environ deux pouces du nombril. Impey est décédé le lendemain. Les
deux hommes faisaient partie du 6e Régiment, mais on ignore tout à
propos des circonstances qui ont conduit à ce crime.
1807, 5
juillet – Jean-Baptiste Crevier-Deschenaux
Homicide à motif indéterminé[60] – arme à feu
Nicolet – 1 SC
Campbell et Joseph Manuel, pendus.
Deux
déserteurs du 49e régiment, dont l’un s’appelait Campbell et l’autre
Joseph Manuel, se sont réfugiés dans une grange de Nicolet. Tout ce qu’ils
avaient avec eux était un fusil, de la poudre et des balles. Le 5 juillet, ils
ont trouvé refuge dans la grange d’un dénommé Rousseau à Nicolet.
Rapidement,
ils ont été cernés par une trentaine d’hommes de la milice des Trois-Rivières.
Les deux déserteurs ont d’abord résisté. Manuel, un espagnol, refusait de se
rendre et menaçait quiconque de venir le chercher par la force. Noble, qui
connaissait bien Campbel, leur a finalement donné un ultimatum de 30 minutes
pour se rendre. Avant la fin du délai, cependant, Campbell et Manuel les ont appelé pour négocier une
reddition. En s’approchant, Noble a alors demandé aux deux fugitifs de rendre
leur arme. Crevier-Deschenaux et Antoine Fleurians se tenaient à une
quarantaine de pieds de la porte lorsqu’un coup de feu a claqué en provenance
de cette même porte. Crevier-Deschenaux s’est écroulé sur place. On aurait
découvert plus tard que trois projectiles l’avaient atteint. Il a été touché en
pleine poitrine.
Devant
ce drame, les autres militaires ont pris la fuite. Le lendemain, les Fencibles,
une escorte du régiment cantonné à Trois-Rivières, a attrapé les déserteurs. Après
son procès, qui s’est tenu à Trois-Rivières, Campbell et Manuel ont été
reconnus coupables. Après les prières d’usages, Campbell aurait remis une note
au shérif dans laquelle il disait que le coup fatal avait été tiré par Manuel
mais que c’était seulement dans le but de leur faire peur. Finalement, Campbell
et Manuel ont été pendus à Trois-Rivières sans qu’on mentionne le lieu précis.[61]
1807, 13
septembre – Simon Latresse, 25 ans
Homicide à motivation
socio-politique – arme à feu (pistolet)
Québec, faubourg
Saint-Jean – 1 SC
Non élucidé. Matelot non identifié
sous les ordres du lieutenant Andrel, du vaisseau Le Blossom.
Un certain samedi soir, Simon
Latresse était en train de danser dans le faubourg Saint-Jean, à Québec, lorsque
des hommes de la presse des matelos – selon une loi adoptée en 1799, on
pouvait forcer de jeunes hommes à travailler sur des navires lorsqu’on manquait
de matelots – qui agissaient sous les ordres du lieutenant Andrel, du vaisseau Le
Blossom, ont fait leur entrée dans l’établissement. Latresse a pris la
fuite et un marin l’a abattu d’un coup de pistolet. On l’a transporté à
l’Hôtel-Dieu de Québec, où il a succombé à sa blessure. Il laissait dans le
deuil sa vieille mère de 75 ans qu’il supportait financièrement. Selon Boyer, Le
Blossom, commandé par George Picket, a quitté le port de Québec sans avoir
livré le fautif aux autorités, ce qu’il était pourtant tenu de faire. Le tireur
n’a donc jamais été identifié. Le drame aurait tellement marqué les habitants
de Québec qu’on a composé des poèmes et des complaintes en l’honneur de
Latresse.
1808, 3
septembre – Rachel Craig
Homicide domestique par un
conjoint non suicidaire – battue à mort
Québec, rue des
Ursulines – 1 SC
Son mari, accusé de meurtre. Aucun
autre développement connu.
Selon
La Gazette de Québec[62], le corps de Rachel Craig a été trouvée au
rez-de-chaussée d’une maison située sur la rue Des Ursulines, à Québec. Elle
portait plusieurs ecchymoses, en particulier sous la poitrine. Ces blessures
semblaient être le résultat de coups violents. De plus, on l’aurait frappée
derrière la tête. Selon la fille de Rachel, c’est son père qui était le
meurtrier. D’ailleurs, l’homme avait pour habitude d’entretenir un climat de
violence conjugale. Le coroner a conclu à un meurtre. Le mari, dont nous
ignorons l’identité, a aussitôt été renvoyé pour subir son procès. Toujours
selon la Gazette, il semble qu’un de ses enfants, âgé de 9 mois soit
resté avec la victime jusqu’à ce qu’on découvre la scène de crime. Ce jeune
enfant n’a pas survécu.
1809, 11
mars – Jean Côté
Homicide à motif indéterminé –
objet contondant (morceau de bois)
Québec - ? SC
François Daigle, tenue
criminellement responsable. Aucun autre développement connu.
Selon l’enquête du coroner, qui
s’est tenue le 22 mars 1809 dans Lotbinière, François Daigle s’est servi d’un
morceau de bois pour attaquer Jean Côté, le frappant principalement à la tête
et au visage. Côté serait décédé environ une heure après l’agression.
1809, 17
mars – Frédérick Lindsay
Homicide argumentatif – objet
contondant (fouet pour chevaux)
Québec – 1 SC
John Dillon, tenu criminellement
responsable. Aucun autre développement connu.
Selon
l’enquête du coroner, tenue le 24 mars 1809, l’incident est survenu dans une
taverne de Québec. Lindsay aurait demandé à un certain John Dillon, servant du
colonel Caldwell, à qui il appartenait. Dillon a répondu qu’il appartenait au
colonel, mais Lindsay a répliqué que Caldwell n’employait jamais d’homme
honnête. Pour le faire taire, Dillon a alors utilisé un fouet pour chevaux. Il
a tellement battu sa victime que Lindsay en est mort le lendemain.
1809, 8
juin – Thomas Small
Homicide à motif indéterminé –
Québec - ? SC
John Murphy, criminellement
responsable. Aucun autre développement connu.
Selon
l’enquête du coroner, Thomas Small est mort suite à des blessures que lui a
infligées John Murphy. Celui-ci l’a frappé derrière la tête.
1810, 6
octobre – Charlotte Hamelin
Homicide sexuel – strangulation – viol
Québec, Côte d’Abraham – 1 SC
Non élucidé. Un soldat du 8e Régiment qui n’a jamais été
retrouvé.
Le 6 octobre 1810, le coroner
John William Woolsey a procédé à une enquête sur le corps de Charlotte Hamelin,
une femme d’origine autochtone qui a été violée et étranglée dans la ville de
Québec. Selon l’enquête du coroner, l’agression est survenue tard dans la
soirée du 5 octobre sur Côte d’Abraham et Charlotte est décédée vers 3h00 dans
la nuit du 6 octobre. Toutefois, avant de mourir, un docteur militaire l’a
conduite à la résidence de Louise Lepage, épouse de Joseph Lepage, où elle a eu
le temps de faire une déclaration. En fait, elle était supportée par deux
soldats qui la tenaient par les bras. Selon les indices qu’elle nous a laissé
avant de succomber, Charlotte aurait reçu un dollar d’un matelot qu’elle a
dissimulé sous une pierre et c’est ensuite qu’elle a été attaquée par un soldat
du 8e Régiment. Voilà qui pourrait laisser penser qu’elle vivait des
fruits de la prostitution, ce qui pourrait venir brouiller le verdict de viol
prononcé par le coroner.
Le soldat du bataillon du 8e
Régiment qui l’a agressé n’a jamais été retrouvé ni même identifié.
1818, août - Nouveau-né
Néonaticide -
1818, août – Nouveau-né
Néonaticide –
Gentilly - ? SC
Louise Ouellette, sa mère, aucun
autre développement connu.
Le 27 août 1818,
une enquête de coroner a début et s’est terminé le lendemain sur la mort d’un
nouveau-né. Le jury du coroner a déterminé qu’il s’agissait d’un meurtre
prémédité et commis par Louise Ouellette, sa mère. Par ailleurs, Gaspard
Demers, Marguerite Bronsard et un certain François Vidal ont été envoyé en
prison pour complicité.
Les 27 et 28 août 1818, une enquête
de coroner s’est tenue sur la mort d’un enfant nouveau-né dont le sexe n’a pas
été mentionné. Le jury du coroner a rendu un verdict selon lequel il tenait
criminellement responsable la mère de l’enfant, Louise Ouellette. Le journal
L’Aurore avait aussi été informé que Gaspard Demers, Marguerite Bronsard et un
certain François Vidal ont aussi été
désigné comme des complices. Malheureusement, il n’a pas été possible d’en
apprendre davantage sur la suite du dossier.
1822? – personne non identifiée
Homicide à motif indéterminé –
Montréal - ? SC
William Clarke et James Gamm, 6 mois de prison.
Parmi les sentences prononcées à
Montréal en novembre 1822, on retrouve William Clarke et James Gamm, reconnus
coupable d’homicide. Les deux hommes ont écopé de 6 mois de prison, en plus de
devoir être marqués le 20 décembre.[63]
On ignore tout à propos des circonstances entourant leur crime, y compris
l’identité de leur victime.
1822, 17 mai – Mary McDonald
Homicide à motif indéterminé –
Montréal, rue Notre-Dame – 1 SC
Jeremiah Ryan, condamné à être pendu, …?
Le nom de Jeremiah
Ryan apparaît dans La Gazette de Québec en novembre 1822 comme un homme
ayant été condamné à mort pour meurtre.[64]
Selon le témoignage de John Barnet, il aurait reçu un coup sur la tête de la
part de Ryan ou d’un certain Thomas Morin. Barnet était incapable de se
souvenir de la conversation qui a précédé ce coup, mais le lendemain matin on
lui a appris que sa femme, Mary McDonald, était morte. Il n’avait aucune idée
de ce qui aurait pu motiver quelqu’un à tuer sa femme.[65]
On ignore si la sentence a été exécutée.
1823? – personne non identifiée
Homicide à motif indéterminé –
Montréal – ? SC
William Blair, William Daley et James Conoll, 6 mois de prison pour
homicide simple.
Parmi les sentences prononcées en
septembre 1823 pour le district de Montréal, on retrouve une mention selon
laquelle William Blair, William Daley et James Conoll ont été reconnus
coupables pour homicide simple. Les trois ont écopé de 6 mois de prison, en
plus de devoir être marqués au fer rouge.[66]
1824, 1er février – Charles Robert dit
Langlois
Homicide argumentatif – arme blanche (hache)
Québec, Charlesbourg – 1 SC
Bourbeau, aucun développement connu.
Le 1er février 1824,
Charles Robert dit Langlois s’est rendu chez un journalier du nom de Bourbeau,
qui demeurait près de l’église, à Charlesbourg. Il souhaitait s’arranger avec
lui concernant une coupe de bois. À son arrivée, il a entendu Bourbeau se
disputer avec sa femme tout en utilisant le nom de Langlois. Une bagarre a
éclaté, au cours de laquelle Bourbeau a donné un coup de hache dans le ventre
de Langlois, lui causant une blessure d’une longueur d’environ 9 pouces. La
plaie a même laissé sortir ses entrailles. Des médecins ont été appelés sur les
lieux, mais Langlois est mort peu de temps après.
Bourbeau a été arrêté
sur-le-champ, mais on ignore ce que lui a réservé le système judiciaire.
1825, 18 mars – Antoine Dubuc
Homicide à motif indéterminé – hachette
Région de Saint-Pierre-les-becquets – ? SC
Noël François, pendu.
En 1825, Antoine Dubuc a été tué
dans la région de Saint-Pierre-les-Becquets. Selon le dossier judiciaire, il a
été tué par un cultivateur du nom de Noël François, qui a agis « à
l’instigation du démon le dix-huitième jour de mars. » François l’aurait
frappé avec une hachette sur le côté droit de la tête, lui infligeant une
blessure décrite comme ayant quatre pouces (10 cm) de longueur par trois pouces
(7,6 cm) de profondeur. Dubuc serait mort sur le coup. Noël François a
affirmé s’être rendu chez un dénommé Chartier pour y rejoindre un Indien
Abénakis du nom d’Alexander. Tous deux auraient ensuite chassé durant
quelques jours dans le secteur de la rivière Bécancour. Il aurait
rencontré deux hommes dans le village de Saint-Antoine qu’il a décrit comme des
Canadiens, dont l’un était un jeune homme d’environ 20 ans. Sans qu’on sache
pourquoi, Noël François a également déclaré n’avoir jamais dit au « Dr
Quesnel ou à personne d’autre qu’il avait eu le compas de M. Reid ou M.
H[illisible] ». Il affirma avoir entendu parler d’un autre Indien
nommé « Jean Bte Regis ayant une blessure à l’arrière de la jambe. »
Au terme des sessions de
septembre 1825, François a été reconnu coupable et condamné à mort. Avant de
mourir, on lui a permis de chanter un hymne dans une langue amérindienne. Il
est maintenant considéré comme le premier criminel pendu dans l’enceinte de la
vieille prison de Trois-Rivières.
1826, 28 juin – Avery Denison
Homicide commis lors d’un vol –
Près de Trois-Rivières – ? SC
Non élucidé.
« Le 28 juin 1826, Denison
mourut à proximité de Trois-Rivières, après avoir été attaqué par des bandits;
selon toute vraisemblance, il revenait à cheval de Québec où il était allé
vendre du bétail. Son corps fut le premier à reposer dans le cimetière
protestant de Danville. »[67] Les
journaux de l’époque ne mentionnent aucun détail sur l’affaire.[68]
1826, 24 novembre – William (ou John) Heffaren, 20
ans
Homicide à motif indéterminé – battu à mort (coup de poing)
? - ? SC
George Sharpe, reconnu criminellement responsable par le coroner. Aucun
autre développement connu.
Heffaren, un soldat du 71e
Régiment d’infanterie, a été victime d’un meurtre en novembre 1826. Il serait « mort
à la suite d’une fracture du crâne due à un coup reçu lors d’une bagarre. Le
rapport du coroner John Gawler Thompson contient la mention « rex v(s)
Georges Sharpe, inquisition », laissant entendre que Sharpe a été accusé
pour ce meurtre.
Selon The Quebec Mercury,
les deux hommes faisaient partie du même régiment. Le Dr Barlow a procédé à une
autopsie en ouvrant la tête de la victime, pour découvrir qu’il y avait eu
fracture du crâne d’une longueur estimée à 3 pouces. Le jury du coroner a rendu
un verdict d’homicide involontaire[69]
contre Sharpe qui se trouvait déjà derrière les barreaux d’une prison civile.
On croyait qu’il serait bientôt traduit en justice mais les journaux ne nous
renseignent pas à savoir s’il y a eu des suites à ce dossier.
1827, 17 juillet – James Armstrong
Homicide à motif indéterminé – battu à mort
Sur le Saint-Laurent – ? SC
Non élucidé.
Selon le coroner Panet, Armstrong
a été victime d’un meurtre car il est « mort due à plusieurs coups,
blessures et contusions mortelles après avoir été violemment battu. »
L’enquête précise aussi que « le défunt fut tué sur le Saint-Laurent,
alors qu’il était passager à bord du trois-mâts (bark) « Harbinger »,
arrivé d’Europe le 18 juillet 1827. »
1827, 5 septembre – Michel Robitaille
Homicide par négligence criminelle – voiture[70]
Québec, rue Saint-Paul – 1 SC
Pierre Dasilva, criminellement responsable, conduite en état d’ivresse, …
Selon l’enquête du coroner
Bernard-Antoine Panet, Michel Robitaille a été victime d’un homicide car il attribuait
sa « mort à la suite des blessures mortelles subies lorsque heurté par une
voiture, dû à la conduite négligente et dangereuse du conducteur. » Le
médecin a constaté la présence de marques de violences externes à la tête et
ailleurs sur le corps. En fait, Robitaille a subi une importante lacération à
la tête.
Selon l’enquête de coroner, c’est
un certain Pierre Dasilva qui était responsable de ce décès survenu sur la rue
Saint-Paul. Dasilva conduisait une voiture tirée par un seul cheval et il allait
beaucoup trop vite. Des témoins de la scène ont aidé la victime à se relever et
c’est à ce moment qu’ils ont vu une blessure au-dessus de l’œil gauche. L’un
d’eux a même confirmé que le cheval galopait au moment de la collision. Non
seulement on a dû immobiliser le conducteur de force, mais on a vite compris
qu’il était ivre. Un autre témoin est allé jusqu’à dire qu’il était « ivre
mort ».
Il s’agit du plus ancien cas répertorié
par le DHQ impliquant la mort d’une personne causée par les facultés affaiblies.
1827, 18 octobre – Moïse Phocas dit Raymond
Homicide conflictuel – arme à feu
Kamouraska – 1 SC
Louis Dupéré, reconnu responsable par le jury du coroner. Aucun autre
développement connu.
Pour une raison qui nous échappe,
Moïse Phocas (ou Phancas) dit Raymond et Louis Dupéré étaient deux rivaux. Le
18 octobre 1827, ils s’adonnaient tous les deux à la chasse au moment de se
rencontrer sur la grève. Au cours de la querelle qui a suivi, Dupéré a donné à
Raymond quelques coups de fusil, causant ainsi sa mort.
Dupéré a été arrêté et conduit à
la prison de Québec. On ignore cependant la suite des procédures.
1828, 7 juillet – Charles Masson
Homicide argumentatif – arme blanche (canif)
Québec, faubourg Saint-Jean – 1 SC
McQuarters, aucun développement connu.
L’enquête de coroner a déterminé
qu’un journalier irlandais du nom de McQuarters a eu l’intention de tuer
Charles Masson. Ce dernier a reçu trois ou quatre coups de canif dans la partie
postérieure de la tête et du cou. Selon ce qu’il est possible de déchiffrer de
l’enquête du coroner, McQuarters avait bu et cherchait la bagarre. Le meurtre
se serait produit à l’intérieur du magasin de Simon Lefebvre, l’employeur de
Charles Masson. On ignore si des poursuites judiciaires ont été entamées à
l’endroit de McQuarters.
1828, 28 août – Charles Chouinard
Homicide argumentatif – Objet contondant (pierre)
Québec, rue Saint-Paul – 1 SC
John Forbes, reconnu criminellement responsable par le jury du coroner, aucun
autre développement connu.
Selon le témoin Hilery Michaud
entendu lors de l’enquête de coroner[71], il
se baladait avec Charles Chouinard et un autre ami sur la rue Saint-Paul à
Québec lorsqu’ils ont rencontré Forbes, un charpentier de Québec. Forbes aurait
soudainement lancé des injures. L’ami de Michaud et de Chouinard a alors
répliqué en disant à Forbes qu’il avait trop bu. La réaction de ce dernier a
été de le frapper d’un coup de poing. Chouinard s’est alors porté à la défense
de son ami, alors que Forbes s’est mis à lui lancer des pierres. L’un de ces
projectiles a atteint Chouinard à la tête, ce qui lui a causé une blessure qui
lui a été fatale. Il est décédé quelques jours plus tard. On ignore si des
procédures judiciaires ont été entamées contre John Forbes.
1829, 17-18 août – François-Xavier Guillemette, 26
ans
Homicide sexuel – Objet contondant (marteau)
St-Jean-Port-Joli – 2 SC
François Marois, environ 50 ans, exécuté.
À la
mi-août 1829, le colporteur François-Xavier Guillemette a disparu près de la résidence
de François Marois, à Saint-Jean-Port-Joli. Dans son livre de 1966, Raymond Boyer
affirmait que les deux hommes se connaissaient pour avoir pratiqué le même
métier. Deux jours après sa disparition, le corps de Guillemette a été retrouvé
sur la grève. On lui avait infligé deux blessures. Plusieurs de ses effets
personnels ont été retrouvé chez Marois, « de même qu’un marteau à pointe
émoussée qui s’accordait bien avec les blessures. »[72] On
a également retrouvé chez lui des documents qui avaient tendance à démontrer
que Marois pouvait utiliser d’autres noms, comme par exemple celui de Malouin,
Malowa, Lafarge, etc. Dans une autre boîte, on a retrouvé de la marchandise
diverse. Durant son procès, qui s’est instruit rapidement, Marois est demeuré
froid alors que sur la potence il aurait confessé son crime, en plus de laisser
entendre qu’il en avait commis d’autres.
En 1824,
Marois avait été reconnu coupable d’assaut et de sodomie sur un homme de Lévis.
Ce crime lui avait valu un an de prison mais il s’était évadé le 15 avril 1825.[73] À
partir de 1900, une légende a pris forme. En creusant les fondations de son
ancienne maison, on aurait découvert les squelettes de douze autres personnes. En
2003, l’auteur Michel A. Noreau a publié un petit livre sur cette affaire,
affirmant que Marois portait aussi le surnom de Docteur l’Indienne. Selon
l’auteur, juste avant d’être pendu, Marois aurait avoué avoir commis des crimes
encore plus graves que celui du meurtre de Guillemette. À ce jour, il n’existe
aucune preuve pouvant démontrer hors de tout doute que Marois ait pu être le
premier tueur en série de l’histoire de la province.
1831,
juillet – Hugh Griffith; et William Griffith
Profit personnel – arme à feu et arme blanche (hache)
Île-aux-Oies (Île-aux-Grues), en face de l’Islet-sur-Mer –
2 SC
Non élucidé. Deux hommes engagés par les victimes, n’ont jamais été
identifiés ni retrouvés.
Les frères
Hugh et William Griffith, deux Américains, sont venus à Québec dans l’idée de rechercher
des ancres perdues dans le port de Québec. Les Griffith étaient connus de
certaines personnes en ville et l’un d’eux possédait même des terres dans le
nord de la province. Dans la préparation de leurs recherches, ils ont confié une
valise contenant leur fortune à un dénommé François-Xavier Lachaine dit Jolicoeur,
résident de l’Île-aux-Oies, puis ils ont engagé deux hommes pour les aider dans
leur entreprise.
Un lundi soir, les deux engagés ont tué les
frères Griffith pour ensuite se rendre chez Jolicoeur et réclamer la valise.
Toutefois, selon les recherches de Raymond Boyer, Jolicoeur leur a tenu tête et
les deux meurtriers ont dû prendre la fuite. Ils n’ont jamais été identifiés. Selon
un article paru dans La Minerve au moment des faits, un témoin aurait
entendu un cri suivi d’un coup de feu en provenance de la cabane que louaient
les deux Américains. Cependant, les corps ont été retrouvés seulement le
vendredi. L’un d’eux se gisait dans les rochers, le crâne brisé, et l’autre
dans les bois avec une plaie par balle à la tête. La chaloupe a également disparue,
au même titre que les deux engagés. C’est une femme habitant la maison de
Jolicoeur qui a raconté la partie de l’histoire où les deux assassins étaient
venus réclamer leur dû. La valise a ensuite été ouverte sous la supervision
d’un capitaine de milice : elle contenait 70 livres et quelques effets
personnels. Sur des enveloppes, on a lu les noms de Griffith, Campbell ou Cameron
et la date du 1er juin. Les corps ont ensuite été enterrés par des habitants.[74]
Peu après,
le coroner Panet a demandé qu’on exhume[75] les
dépouilles. Les victimes ont été identifiés grâce à leurs noms retrouvés sur
des livres de littérature et d’artillerie navale laissés derrière eux. Ils
avaient acheté une chaloupe à un dénommé Plante de l’Île-aux-Oies. Quant à eux,
les deux meurtriers ont été identifiés comme des « émigrés irlandais,
débarqués sur un des quais et qui étaient inconnus même à ceux qui les avaient
employés. »[76]
Puisqu’au moment du meurtre le vent était à l’ouest, le coroner a estimé que
les meurtriers auraient pu prendre la fuite en descendant la rivière mais
qu’une brise survenue le lendemain aurait pu les obliger à remonter. « Ils
ignoraient entièrement la manière de conduire une chaloupe, aussi bien que le
cours de la rivière, et on peut supposer que débarquant à quelque port, la
seule circonstance d’être étrangers pourra faire naître des soupçons qui
conduiront à leur découverte. »[77]
Le coroner Panet doutait que les Griffith aient été tué par arme à feu, car « ils
avaient la tête entièrement brisée probablement par des coups de hache. »[78]
1832, 21 mai – Pierre Billet; François Languedoc;
et Casimir Chauvin[79]
Homicide cautionné par un groupe/extrémiste politique – arme à feu
Montréal, rue Saint-Jacques – 1 SC
Non élucidé. Lieutenant Colonel A, F. MacIntosh du 15e Régiment;
et capitaine Henry Temple, aussi du 15e Régiment, accusés et
exonérés.
Le 21 mai 1832, lorsqu’une élection
partielle tenue à Montréal a dégénéré en émeute, des magistrats ont fait appel
à l’armée puisque les constables n’arrivaient plus à contrôler la foule. Les
soldats, qui ont dû essuyer des tirs de pierre, ont riposté en utilisant leurs
carabines. Trois hommes sont tombés sous les balles : Pierre Billet,
François Languedoc et un dénommé Chauvin. Ce dernier était typographe pour le
journal La Minerve. Louis-Joseph Papineau a assisté aux funérailles et
aux procédures qui allaient en découler.
Le capitaine Temple se trouvait
au commandement d’un détachement déployé dans la rue Saint-Jacques et on l’a accusé
d’avoir ordonné à ses soldats d’ouvrir le feu. Le colonel Macintosh et le
capitaine Temple ont été accusés avant d’être exonérés de tout blâme. Selon
certaines sources, les tensions n’ont pas cessé d’augmenter entre Anglais et
canadiens français après cette tuerie. L’affaire a soulevé les passions durant
plusieurs mois.
1832, 25 décembre – Joseph Veau dit Jeanveau
Homicide argumentatif – battu à mort et objet contondant
Région de Montréal, L’Abord-à-Plouffe (Laval), rivière des
Prairies – 1 SC
Charles Gagnon, pendu.
Le 25 décembre 1832, le manœuvre Joseph
Veau dit Jeanveau a sauvagement été battu par Charles Gagnon, qui tenait une taverne
sans permis sur la glace de la rivière des Prairies à L'Abord-à-Plouffe (Laval).
La victime a eu l'os temporal fracturé, la mâchoire inférieure fracturée à
plusieurs endroits, le bras droit cassé et le gauche mutilé. Ses deux jambes
ont également été brisées. Selon La Minerve, Jeanveau est entré dans la
taverne vers 16h00 et s’est retrouvé seul avec Gagnon. Peu après, il aurait
reproché à Gagnon de lui avoir volé ses plançons. Selon la version de Gagnon,
son invité se serait ensuite vanté de sa force physique avant de lui demander
de l’argent. Lorsque Gagnon a répondu qu’il n’avait pas d’argent, Jeanveau
s’est alors énervé en lui disant « tu es un homme mort ». C’est donc
parce qu’il se croyait en danger que Gagnon s’est mis à frapper, mais
l’argument de la légitime défense explique assez mal l’ensemble des blessures
reçues par la victime.
Vers 18h00, des amis de Jeanveau sont
venus le récupérer pour le conduire chez un certain Groulx, où il s’est éteint,
vers 21h00. En l’examinant, on a constaté qu’il avait été atteint à la tempe et
que « l’os est fractué et sort par l’orbite de l’œil; ce n’est pas tout,
la mâchoire inférieure est cassée en plusieurs endroits […] ». Peu après, Gagnon
a été reconnu coupable de meurtre et condamné à être pendu en public le 29 mars
1833 sur un échafaud érigé à l'arrière de la prison située sur la rue
Notre-Dame, près de la Place Jacques-Cartier de Montréal. Le cadavre du
supplicié aurait ensuite été disséqué au collège McGill. Des membres de la
famille Gagnon seraient parvenus à voler le cadavre, mais leur curé les a
dénoncés au personnel du McGill College, qui, au final, a pu récupérer la
dépouille.
1833, 24 mars – Euphrasyne Martineau, 18 ans
Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – arme blanche (hache et
rasoir)
Montréal, intersection des rues Saint-Paul et Notre-Dame –
1 SC
Adolphus Deway (ou Dewy), son conjoint de 21 ans, pendu.
Vers le 8 janvier 1833, Adolphus
Deway, 21 ans, et Euphrasyne Martineau, 18 ans, unissaient leurs vœux avant de
s’installer sur la rue Saint-Vincent, à Montréal. Une semaine après leur
mariage, Deway s’est mis à croire qu’Euphrasyne le trompait. Il est devenu
manipulateur, au point de l’empêcher d’aller à l’église. Des scènes de ménage ont
commencé à attirer l’attention des voisins mais aussi du père de la mariée,
Louis Martineau. Au bout d’un mois, la jeune mariée a quitté son mari pour se
réfugier chez son père. Charles Delorme, l’oncle qui avait élevé la jeune
femme, a aussi constaté que les choses allaient de mal en pis. Il entendait les
cris de Dewey, mais quand il entrait dans la pièce, celui-ci redevenait
soudainement calme, alors que sa nièce portait des traces de coups.
Deway a continué de la voir occasionnellement,
en partie parce que, malgré tout, elle semblait très attachée à lui. Le 24 mars
1833, après avoir assisté à la messe du dimanche à l'église Notre-Dame,
Adolphus Deway a amené Euphrasyne à son magasin de marchandises sèches à
l'angle des rues Saint-Paul et Notre-Dame, à Montréal. Sur place, il s’est
emparé d'une hache pour la frapper à la tête. Par la suite, il lui a entaillé le
cou avec un rasoir. La croyant morte, il a fermé la boutique et loué une
carriole pour prendre la fuite jusqu’à Champlain, dans l'État de New York. Peu
après, Louis Martineau découvrait sa fille couverte de sang, étendue dans un
lit. En raison de sa blessure au cou, Euphrasyne était incapable de parler mais
elle a reconnu ses amis qui sont venus la voir une dernière fois. On a recousu
ses blessures, ce qui lui a permis d’articuler quelques mots. Ainsi, elle a eu
le temps de raconter au Dr Arnoldi comment la scène s’était produite, non sans
ajouter qu’elle était enceinte. Le 28 mars, elle perdait le bébé en fausse
couche. Trois jours plus tard, elle mourrait à son tour.
La nouvelle du meurtre s’est
propagée jusqu’à Plattsburg, New York, ce qui a permis à un shérif de procéder à
l’arrestation de Deway et de le garder avant que des policiers montréalais viennent
le cueillir. Lors du procès, le juge a permis au Dr Arnoldi de raconter ce que
la victime lui avait dit avant de mourir. Accusé du meurtre de sa femme, Deway a
été reconnu coupable le 17 août 1833 et condamné à être pendu par le cou
jusqu'à ce que mort s'ensuive. Le 30 août, Deway était pendu à la Place
Vauquelin située entre la Place Jacques-Cartier et le Champ-de-Mars.[80]
1833, 6 septembre – Solomon Barbeau
Homicide cautionné par un groupe/extrémisme -politique – arme blanche (baïonnette)
Rivière Saint-Pierre, près de Montréal – 1 SC
Non élucidé. Soldat britannique non identifié.
À cette époque, le fossé se creusait
de plus en plus entre les Canadiens français et les militaires anglais. Au
cours d’un rassemblement où la tension s’est installée, Solomon Barbeau a voulu
s’éloigner en courant mais il a trébuché et s’est retrouvé par terre. Un soldat
britannique est rapidement apparu au-dessus de lui pour lui enfoncer sa
baïonnette dans le dos alors qu’il était encore au sol. Après avoir retiré la
lame, le soldat aurait pris sa baïonnette par la pointe pour lui donner un coup
sur la tête. Plusieurs témoins ont affirmé être en mesure de pouvoir
reconnaître le soldat meurtrier. Une revue d’identification a donc été organisé,
mais le fautif ne s’y trouvait pas. Selon un article publié dans Le Canadien[81],
on aurait forcé le coroner à conclure que la mort de Barbeau avait été causée
par une « personne inconnue » pour éviter de mentionner qu’il
s’agissait d’un soldat britannique.
1833, 6 décembre – Living Lane
Homicide argumentatif – arme à feu
Saint-Sylvestre, Lotbinière – 1 SC
James Shuter, William Shuter, et James Shuter, condamnés à mort; William Shuter,
pendu.
Le 6 décembre 1833, James Shuter
et ses deux fils se sont présentés sur un terrain où Living Lane commençait à
construire une cabane en compagnie d’un dénommé Felker. James Shuter père et
James fils étaient armés de fusils. Pour sa part, William Shuter portait une baïonnette
adaptée à un bâton. Ils se sont placés devant Living Lane pour le saluer avant
de lui demander auprès de qui il avait obtenu l’autorisation d’être là. Lane a
alors répondu qu’il avait la permission de M. Wicksteed, car il avait acheté la
terre et avait l’intention de l’occuper. Le vieux Shuter et son fils William
lui ont pourtant ordonné de quitter les lieux. Une dispute a éclaté lorsque
Lane a répliqué qu’il ne partirait pas. Shuter s’assied avec son fusil sur ses
genoux tout en répliquant : « si vous ne vous retirez pas, je vous
enverrai au diable. » Peu après, Felker a entendu un coup de feu avant de
voir Lane s’effondrer en criant qu’on venait de le tuer. Felker a tenté de
s’occuper de lui, allant jusqu’à demander l’aide des Shuter, mais ceux-ci ont
préféré prendre la fuite. Felker s’est alors éloigné à son tour pour aller
chercher de l’aide. À son retour, il est resté auprès de Lane jusqu’à son
dernier souffle, vers 15h00. Lane était marié et père de famille.[82]
Au terme de
leur procès, qui s’est tenu en mars 1834, les trois Shuter ont été reconnus
coupables de meurtre. Ils ont aussitôt été condamnés à mort, mais seul William,
l’aîné des fils, a été pendu le 4 avril 1834.[83]
1834, 1er janvier – Abraham Truax
Homicide argumentatif – arme blanche (couteau)
Estrie, Farnham – 1 SC
Archalaus Welch, coupable d’homicide involontaire, six mois de prison.
Selon les
témoignages entendus au procès, en mars 1834, Archalaus Welch était un forgeron
de Stanbridge. Le 1er janvier 1834, il se trouvait à l’auberge
Barker en compagnie de plusieurs personnes, dont Abraham Truax. À un certain
moment, Welch s’est vanté de pouvoir rosser tous les Truax de Farnham. Sans
attendre, Truax l’a donc frappé. Welch a ensuite demandé à deux hommes d’être
ses témoins, car il souhaitait amener cette affaire devant les tribunaux. Truax
a alors proposé de faire la paix en cette journée de fête, et Welch a répondu
qu’il accepterait en échange d’une somme de 25 livres. Truax lui a montré son
poing afin de lui faire comprendre que ce serait là les cinq louis[84]
qu’il obtiendrait.
Peu après, les deux hommes ont
fini par se retrouver dehors, où Welch a sorti un couteau. Welch a toutefois regagné
sa boutique alors que Truax est retourné à l’auberge. Plus tard, Welch est
revenu à l’auberge. Cette fois, Truax a appuyé ses deux mains sur ses épaules
pour lui reprocher d’avoir voulu utiliser une arme pour se défendre. C’est
alors que les deux hommes ont commencé à lutter au corps à corps. Durant
l’affrontement, Welch a enfoncé la lame d’un couteau de poche dans l’abdomen de
son adversaire. Truax est décédé quelques heures plus tard.
Welch a été reconnu coupable
d’homicide involontaire (sans malice). Il s’est mérité une sentence de six mois
de prison.[85]
1834, 5-8 novembre – Louis Marcoux, 34 ans
Homicide extrémiste individuel à motivation socio-politique – arme à feu
Sorel – 1 SC
Non élucidé. Isaac et James Jones, acquittés.
Au cours de la campagne
électorale concernant l'élection générale des députés de la Chambre d'assemblée
du Bas-Canada, Louis Marcoux a été victime d'un tir de pistolet qui aurait été tiré
par Isaac Jones. Ce dernier aurait été encouragé par son frère, James Jones. Le
tireur était aigri par sa défaite politique.
Marcoux a succombé à sa blessure le
8 novembre 1834. Toutefois, il a eu le temps de faire cette déclaration avant
de mourir : « que ce soir, 5 novembre, 1834, entre neuf et dix heures
à l’horloge, il a vu sur un lot dans le dit Bourg un homme avec un fusil à la
main, lequel fusil le dit homme a tiré. Le dit déposant s’est rendu auprès de
cet homme, qu’il a reconnu pour être Isaac Jones. Le dit déposant a frappé sur
le fusil et dit au dit Isaac Jones de ne pas tirer; sur quoi le dit Isaac Jones
a pointé le fusil vers le ventre du dit déposant et l’a tiré, ce qui a fait une
profonde blessure dans le ventre du dit déposant, de laquelle il soufre
maintenant. Le dit déposant déclare qu’il a aussi vu présent un homme qu’il a
reconnu pour être Luther Sawtell, lorsque le dit Isaac Jones a tiré, ainsi
qu’un nombre d’autres personnes que le dit déposant n’a pu reconnaître. »[86]
Isaac et James Jones ont subi leur
procès à partir du 4 mars 1835, à Montréal. Ils ont été acquittés par un jury
composé de huit Canadiens et de quatre Anglais. Selon Raymond Boyer, c’est à la
demande des Patriotes qu’on a ensuite érigé un monument sur lequel était inscrit :
« Passant, rends hommage à la mémoire du patriote Louis Marcoux, tué à
Sorel le 8 novembre 1834, en défendant la cause sacrée du pays, âgé de 34 ans.
Ses dernières paroles furent : « Vive la Patrie. » » Toujours
d’après Boyer, « Les soldats anglais le culbutèrent et le brisèrent en
1837, après [la bataille de] Saint-Denis. En 1915, plusieurs fragments furent
découverts dans les fondations d’une grange et le monument a été réparé et
placé sur une base nouvelle. »
1835 – Personne non identifiée
Homicide à motif indéterminé –
? - ? SC
Roger et Cornelius Collier, aucun autre développement connu.
Selon le moteur de recherche
Advitam de BAnQ, Roger et Cornelius Collier ont comparu en août ou septembre
1835 pour avoir commis un meurtre. On ignore les circonstances entourant
l’affaire.
1835 – Personne non identifiée
Homicide à motif indéterminé –
? - ? SC
Louis Vézina, aucun développement connu.
Selon le moteur de recherche
Advitam de BAnQ, un dénommé Louis Vézina a été accusé d’homicide involontaire
en 1835. On ignore tout à propos des circonstances du crime.
1835, 11 janvier – Lamontagne
Homicide par négligence
criminelle/Fratricide – défenestration
Saint-Gervais – 1
SC
Lamontagne, aucun autre
développement connu.
Deux
frères nommés Lamontagne, mariés à deux sœurs, ont commencé à se chamailler
amicalement. Leur jeu s’est cependant terminé par un drame lorsque l’un d’eux a
poussé l’autre à travers une fenêtre. Ce dernier en aurait eu le crâne enfoncé,
ce qui a causé sa mort. On ignore s’il y a eu des poursuites judiciaires dans
ce dossier.
1835, 2
mai – Nouveau-né non identifié
Néonaticide -
Québec - ? SC
Non élucidé.
Aucun
détail ne nous permet de décrire les circonstances de ce crime, mais on sait
qu’un nouveau-né a été victime de néonaticide le 2 mai 1835.
1835, 24
mai – Capitaine Louis Sivrac
Homicide commis lors d’un vol –
Lotbinière, Phare
Richelieu – ?
Non élucidé. Charles Chambers,
acquitté.
Dans la matinée du 24 mai 1835, le
capitaine Louis Sivrac est décédé des suites de blessures reçues lors d’un vol
commis dans sa résidence. Les voleurs sont repartis avec plusieurs objets, dont
six cuillères en argent, six verges de tissu noir, douze chemises marquées des
initiales L. S., des gants, etc. La province du Bas-Canada a offert une
récompense de 100 livres pour la capture des responsables de ce crime. On a
fini par déposer une accusation de meurtre contre Charles Chambers, un
mystérieux personnage qui se trouvait à la tête d’une bande de voleurs qui
terrorisait la région de Québec depuis quelque temps.
En
mars 1836, Chambers a été acquitté. Il semble qu’il avait un bon alibi et que
les autres preuves amassées contre lui étaient présomptives.[87] Chambers était reconnu pour ses vols en
série qu’il commettait dans la région de Québec, si bien qu’on l’avait
surnommé, lui et ses complices, la Bande à Chambers. Plus tard, il a été condamné
à mort pour cambriolage. En mai 1837, on l’a retourné en Angleterre à bord du
navire Ceres, après quoi on devait l’envoyer en Australie. Il n’y arrivera cependant
jamais, puisqu’il est mort en chemin, le 14 novembre 1837.[88]
1836, 21 octobre
– Capitaine Green
Homicide à motif indéterminé –
Navire Jessie – 1
SC
Steward du navire, accusé
d’homicide involontaire, aucun autre développement connu.
Selon
le coroner, le capitaine Green a été tué à bord du navire Jessie le 21
octobre. L’enquête du coroner s’est tenue à l’hôtel de Monsieur Henry, rue Saint-Pierre,
à Québec. C’est un steward, dont le nom n’a pas été rendu public, qui a été
tenu responsable de cet homicide involontaire. On sait cependant qu’il occupait
la fonction de cuisinier. Le Jessie était arrivé en juin depuis
Liverpool. Par ailleurs, il semble qu’il y aurait eu mutinerie à bord.[89]
1837,
novembre – Batailles de Saint-Charles et de Saint-Eustache[90]
1837, 23 novembre
– George Weir
Homicide cautionné par un groupe/extrémiste
politique – arme blanche et arme à feu – surpuissance
Saint-Denis-sur-Richelieu
– 1 SC
Non élucidé. François Jalbert, son
geôlier, acquitté (non-lieu).
George
Weir, lieutenant dans le 32e régiment, a été capturé par des
Patriotes alors que se préparait la bataille de Saint-Denis. Peu après, on a
rapporté à Nelson que Weir venait d’être mis à mort. « Weir était demeuré
dans la maison de Nelson jusque vers les huit heures et demie alors qu’on avait
pris des dispositions pour le faire transporter à Saint-Charles. On fit monter
le prisonnier dans un char à banc après lui avoir fait donner sa parole
d’honneur qu’il ne tenterait pas de s’échapper. Et l’on partit. Weir avait les
mains et pieds liés et il commença bientôt à geler des mains. Mignault, le
prenant en pitié, le délia et lui prêta des gants. Maillette le ceintura alors
d’une solide courroie. Weir se retourna et vit ses amis qui approchaient.
Oubliant ses serments, il se mit en tête de s’évader. Il s’élança hors de la
voiture, Maillette tenait solidement la courroie, ce qui le fit tomber à genoux
sur le chemin. Son geôlier était armé d’une vieille épée française dont il se
mit à frapper avec le plat tout en criant à l’aide. L’instituteur du village,
Joseph Pratte, passait portant un sabre de cavalerie. Il accourut et se mit à
frapper à coups redoublés, atteignant le captif au visage, au dos, à la
poitrine. Mignault, qui avait arrêté son attelage, accourut au secours de Weir
et repoussa Pratte. Le malheureux se tordait en hurlant au milieu du chemin.
Quelques spectateurs, pris d’une fausse pitié, se mirent à crier :
« Achevez-le! Achevez-le! » Un nommé Lussier coucha le blessé en
joue, mais son fusil fit fausse amorce à trois reprises. Le coup partit enfin
et porta en pleine poitrine. Pratte continua à s’acharner sur le cadavre avec
son sabre faisant gicler le sang tout autour. »[91]
Le
capitaine François Jalbert, qui avait assisté à une partie de la scène, a
trempé son sabre dans le sang de la victime pour ensuite aller se vanter
d’avoir tué un Anglais. François Migneault, Jean-Baptiste Millette, Joseph
Pratte et Jean-Baptiste Lussier ont été arrêtés en lien avec ce meurtre, mais
ils ont tous été relâchés en 1838. François Jalbert sera le seul à subir un
procès pour meurtre en septembre 1839. Il a finalement obtenu un non-lieu pour manque
de preuve.
1837, 14
décembre – Jean-Olivier Chénier
Homicide cautionné par un groupe/extrémiste
politique – arme à feu
Saint Eustache –
1 SC
Non élucidé. Le ou les soldats
britanniques qui ont tirés sur Chénier n’ont jamais été identifiés.
Chénier se trouvait à la tête des
Patriotes qui résistaient devant l’armée de John Colborne. Les soldats anglais
étaient beaucoup plus nombreux. Chénier et ses hommes se sont retranchés dans
plusieurs bâtiments, dont l’église de Saint-Eustache. Lorsqu’il a été contraint
de sortir, parce que l’église était en feu, Chénier a été abattu de plusieurs
projectiles. On estime que 70 Patriotes ont été tués ce jour-là, mais que
Chénier a été le seul sur lequel on a pratiqué une autopsie. Il semble qu’il
n’y ait eu aucune justification officielle pour expliquer l’affrontement. Quant
aux soldats qui ont tirés sur Chénier, ils n’ont vraisemblablement jamais été
identifiés.
1838, 22
février – Marino
Homicide par négligence criminelle
– arme à feu
Saint-Eustache –
1 SC
James Johnson, acquitté.
Le 22 février 1838, James Johnson se
trouvait avec Thomas Quinn et quelques autres soldats de la Compagnie de
St-Andrews. Le groupe venait de quitter Montréal afin de rentrer à leur
garnison. À la hauteur de Saint-Eustache, alors qu’ils passaient devant la
résidence d’une famille du nom de Marino, les hommes se sont arrêtés un moment
sur place. Juste avant leur départ, Johnson aurait fait tournoyer son cheval à
deux reprises en tirant un coup de feu en direction de la maison. Son tir a
causé la mort de l’un des enfants Marino. Le projectile l’a atteint en pleine
tête.
En
novembre 1840, James Johnson a subi son procès pour le meurtre de l’enfant
Marino. La Couronne a présenté une version selon laquelle le crime aurait été
préparé puisque les soldats avaient vérifié si leurs armes étaient chargées
avant d’arriver chez les Marino, sans compter que Johnson aurait dit à ses
compagnons de tirer sur tous ceux qui aboieraient en français. Malgré cette
apparence de haine culturelle, Johnson a été acquitté et remis en liberté.
1839, 31
janvier – Louis-Paschal Achille Taché
Meurtre par passion – arme à feu
Kamouraska – 1 SC
Non élucidé. Joséphine Eléonore Destimauville, acquittée.
Le 31 janvier 1839, Taché a été assassiné
de deux projectiles d’arme à feu tirés en pleine tête. En fait, son corps a été
retrouvé dans son manoir de Kamouraska. « L’enquête démontre assez
rapidement qu’un dénommé George Holmes s’est rendu coupable de ce meurtre. Mais
pourquoi? En fait, il faut savoir que le mariage de Taché avec Joséphine-Éléonore
d’Estimauville s’est dégradé au fil des années. Subissant l’ivrognerie de son
époux, son comportement violent et ses menaces, elle se réfugie à William Henry
(Sorel) avec ses deux enfants. Elle tombe alors en amour avec le jeune médecin
George Holmes. Ce dernier tente à deux reprises d’empoisonner Achille Taché par
le biais d’une domestique au service de son amante, mais sans succès. Le
médecin se rend à Kamouraska et assassine Achille Taché en le frappant à la
tête avec un pistolet. »[92]
Raymond Boyer a offert une
version très différente. Selon lui, Holmes, amoureux de Joséphine, a
effectivement tenté d’empoisonner Taché avec la complicité d’une servante, mais
devant cet échec il a décidé d’aller le tuer lui-même. Toutefois, ce n’est pas
dans la maison de la victime que le drame se serait déroulé mais plutôt au bord
de la route, où Holmes l’aurait attendu pour l’abattre d’un coup de carabine. Holmes
a ensuite pris la fuite aux États-Unis. Après une année de débats, la demande
d’extradition a finalement été rejetée par le président Van Buren. Holmes, en
supposant qu’il ait réellement été le meurtrier, n’aura donc jamais payé pour
son crime. Quant à elle, Joséphine a subi un procès pour le meurtre de son mari
mais elle a été acquittée. Elle s’est remariée avec le notaire de Québec
Léon-Charles Clément, qui lui a donné six enfants. La romancière Anne Hébert se
serait inspirée de ce crime pour son roman Kamouraska.
1839, 19 mars – Briget Airdly, 20 ans
Homicide à motif indéterminé – arme blanche (baïonnette)
Sorel - ? SC
Samuel Craddock, condamné pour meurtre.
Le 19 mars 1839, le sergent
Robinson du 66e régiment s’est aperçu de l’absence de Craddock à la
caserne et il a confié à des soldats la tâche de le retrouver. Ceux-ci l’ont
trouvé en état d’ivresse et en train de crier. Robinson a été appelé sur la
scène de crime puisqu’on lui a appris que Craddock venait de tuer une femme.
Avant de mourir, la victime, Briget Airdly, a été en mesure de reconnaître
Craddock comme étant son agresseur. Il l’avait poignardé avec une baïonnette,
en plus de lui asséner des coups de pieds. La victime de 20 ans s’est éteinte
le 28 mars.
Au procès, il semble y avoir eu
confusion au niveau de la description des blessures, ce qui n’a cependant pas empêché
le jury de déclarer l’accusé coupable de meurtre.
1840, janvier – Simon Roselle (ou Rossell)
Homicide argumentatif – battu à mort (coup de poing)
Sainte-Geneviève – 1 SC
Joseph Lavoie, acquitté.
Simon
Rossell, un habitant de Lachine, a retenu les services de Joseph Lavoie pour le
conduire avec sa femme jusqu’à Sainte-Geneviève. Une fois à destination, Roselle
et Lavoie ont bu jusqu’à se rendre ivres. Puis une dispute a éclaté lorsque Roselle
a traité Lavoie de menteur. Celui-ci s’est donc défendu en lui donnant un coup
de poing. Roselle s’est relevé pour ensuite faire quelques pas. Il est tombé
une seconde fois pour ne plus jamais se relever. Lavoie a été accusé de meurtre
mais acquitté.[93]
1840, avril – enfant mâle âgé de 5 semaines
Filicide par une mère non maltraitante –
Saint-Benoît (Mirabel), en route vers – 1 SC
Betsy Williams, sa mère de 21 ans, condamnée à mort; sentence commuée en 3
ans de prison.
En avril 1840, Betsy Williams, 21
ans, a été arrêtée et accusée du meurtre de son bébé de 5 semaines. Mère
célibataire de deux autres enfants, Betsy était une mulâtresse qui vivait avec
un amérindien. Le couple n’était pas marié. Celui-ci l’aurait jetée dehors avec
son rejeton. L’enfant avait cependant été baptisé au Lac des Deux-Montagnes.
C’est alors qu’elle se rendait chez ses parents, qui habitaient à Saint-Benoît
(Mirabel), qu’elle a tué son enfant. En fait, elle craignait leur réaction
devant cet enfant né hors mariage. « Elle déposa cette petite créature
sous un pin, dans un bois appelé Petit Brûlé de St. Benoit, où il fut trouvé
mort lundi dernier par les hommes de Police stationnés dans ce quartier sous
les ordres du Major McCord. Le corps de cet enfant fut transporté à St.
Eustache, chez Mr. Globensky, Juge à [sic] Paix de la paroisse, qui reçut les
affidavits constatant les faits […] »[94]
Reconnue coupable de meurtre, Betsy
a été condamnée à être pendue le 9 octobre 1840. Le 28 septembre, un citoyen du
district des Deux-Montagnes a présenté une pétition au gouverneur Sydenham afin
d’implorer sa clémence. Le document soutenait que, selon son état d’esprit,
Betsy ne souhaitait pas réellement la mort de son fils. Un pardon lui a
finalement permis d’éviter la corde à la toute dernière minute, mais on l’a
tout de même contrainte à purger 3 ans de prison.
1840 – Nouveau-né non identifiée
Néonaticide
? - ? SC
Anastasie (ou Anasta) Chevaudier dit Lépine, 4 mois de prison.
Anastasie Chevaudier (ou
Chevandier) dit Lépine devait comparaître pour meurtre en novembre 1840. Elle
était accusée d’avoir caché la naissance de son enfant. Elle a écopé de 4 mois
de prison, incluant les travaux forcés.
1841, avril – Personne non identifiée
Homicide à motif indéterminé –
Montréal - ? SC
Olivier Crevier et Luc Crevier, accusés de meurtre; aucun autre
développement connu.
Deux personnes portant le nom de
Crevier (peut-être des frères) ont été accusés d’avoir tué une personne lors
d’une élection tenue à Montréal. En avril 1841, on leur a refusé la liberté
sous caution, de sorte qu’ils ont dû attendre en prison la tenue de leur
procès, prévue au terme de septembre. Selon le journal L’Aurore des Canadas,
les Crevier n’avaient fait preuve d’aucune préméditation. Ils se seraient
simplement défendus. On ignore cependant la suite du dossier.
1844, janvier – Jean-Baptiste Rousseau
Homicide conflictuel – objet contondant (fer à bière)
? - ? SC
Louis Beaucaire, 3 ans de prison pour homicide simple.
Jean-Baptiste Rousseau, tailleur
de profession, et Louis Beaucaire, boucher, étaient en conflit depuis longtemps.
En janvier 1844, c’est par hasard qu’ils se sont rencontré dans une taverne.
Beaucaire, déjà ivre, a déclenché une dispute avec Rousseau au point de menacer
de le tuer. Rousseau a tenté de le calmer, mais en vain. Il venait à peine de
se retourner que Beaucaire, armé d’un « fer à bière », l’a frappé à
la tête. Rousseau s’est écroulé sans jamais se relever. Il est décédé le
lendemain. Rousseau était le seul soutien financier de son vieux père. Pour sa
part, Beaucaire a reçu une peine de 3 ans de pénitencier pour homicide simple.
1844, mars – Édouard Ménard
Fratricide – objet contondant (pelle)
Montréal – 1 SC
François Ménard, son frère de 22 ans, acquitté.
En mars 1844, François Ménard, 22
ans, se trouvait à la barre pour homicide involontaire sur la personne de son
frère, Édouard Ménard. Les deux frères s’étaient disputés à propos d’une
jument. Édouard voulait emmener le cheval qui se trouvait alors dans l’écurie
de François. Celui-ci se servait d’une pelle pour empêcher la jument de sortir
de l’écurie, tandis que Édouard tenait l’animal par le licou. Il s’est avancé
et François lui a donné un coup de pelle sur la tempe gauche. Édouard est
décédé deux ou trois heures après. Il n’y a eu aucun témoin de la scène, mais
François a tout de même avoué son crime. Il a dit avoir frappé son frère sans
toutefois avoir eu l’intention de lui faire du mal. Pendant l’adresse du juge, à
la fin du procès, plusieurs personnes pleuraient dans la salle. Le jury a fini par
l’acquitter.
1844, juillet – J. B. Vanier
Homicide à motif indéterminé – arme blanche (hache)
Sainte-Scholastique – ? SC
Non élucidé. Joseph Beauchamp, 75 ans, acquitté.
En juillet 1844, J. B. Vanier, un
habitant de Sainte-Scholastique, a été retrouvé mort près de chez lui. « Il
avait la tête presque séparée du tronc à coups de hache, et avait aussi reçu
d’autres blessures en différentes parties du corps. Un de ses voisins est
soupçonné d’être l’auteur de ce meurtre atroce. »[95]
Un vieil homme de 75 ans a dû
subir son procès pour ce meurtre en 1845, mais il a été acquitté.
1844, décembre – James Finnell
Homicide à motif indéterminé – Arme à feu (pistolet)
Montréal, Griffintown, intersection des rues William et princess –
Non élucidé. Charles Colburn, accusation de meurtre abandonnée.
Afin de faire leur enquête, les jurés
du coroner se sont rendus dans la maison où se trouvait encore le cadavre de la
victime. Ils ont cependant été reçus par au moins un homme armé et d’autres qui
démontraient de la haine envers le travail qu’ils avaient à faire. Le maire de
Montréal, Joseph Bourret, était présent mais n’a rien pu faire pour calmer les
esprits. Trois membres du jury ont dû quitter les lieux par crainte de
représailles. Ensuite, on a pu entendre les témoins sous serment. L’un d’eux,
Patrick Brennan, se trouvait chez lui à l’intersection des rues William et
Princess, dans Griffintown, quand il a entendu un coup de feu. Lorsqu’il est
descendu dans la rue, il a entendu trois ou quatre hurlements. C’est alors
qu’il a vu Colburn se relever pour prendre la fuite en courant. Le fils de
Brennan s’est approché du blessé (Finnell) et ce dernier l’a empoigné par le
collet pour lui dire : « Oh, Brennan, je suis un homme mort. »
Pendant ce temps, Colburn s’enfermait dans la maison des Brennan pour s’y
barricader avec des amis. Selon un autre témoin, Colburn était tombé dans la
rue et le coup serait parti accidentellement.
Le jury du coroner n’est pas
arrivé à s’entendre sur un verdict unanime. La moitié d’entre eux y voyaient un
meurtre et l’autre de la légitime défense. Il semble que l’accusation de
meurtre contre Colburn ait été abandonnée en février 1845.
1844-1845 – personne non identifiée
Homicide à motif indéterminé –
? - ? SC
Lorenzo Patlow, acquitté.
En février 1845, Patlow (ou
Partlow) a été acquitté du meurtre d’une personne non identifiée. Nous ignorons
les circonstances entourant cette affaire.
1845, 12 août – Pierre St-Amand (ou St-Thomas)
Homicide à motif indéterminé – Arme blanche (hache)
Montréal, Pied-du-Courant – 1 SC
Michel Lambert, reconnu coupable d’homicide au second degré.
C’est à bord d’une barge, près du
Pied-du-Courant, à Montréal, que le capitaine Michel Lambert a tué Pierre
St-Amand en le frappant sur la tête à coups de hache. Après son crime, Lambert
a pris la fuite. Des témoins ont affirmé l’avoir vu se déplacer en direction de
Chambly, ce qui a permis à des policiers de le prendre en chasse. Il a
finalement été arrêté aux États-Unis quelques semaines plus tard. En août 1846,
Lambert a été reconnu coupable d’homicide au second degré.
1845, 20 septembre – O’Rourke
Homicide conflictuel? – arme blanche (hache) – mise en scène
Montréal – 3 SC
Non élucidé. Brady, acquitté.
Brady était un célèbre pugiliste
qui s’est présenté chez O’Rourke en frappant violemment à sa porte. Selon La
Minerve, O’Rourke a été retrouvé mort avec quelques blessures et un coup de
hache porté à l’épaule. Son cheval a également été tué. On croit que ce crime
est le résultat d’une dispute concernant un chien de race Terre-neuve qui
appartenait à O’Rourke. Lui aussi blessé lors de l’altercation, le chien s’est
mis à hurler devant la porte de Brady, ce qui a mis les autorités sur sa piste.
Dans sa maison, on a retrouvé plusieurs objets appartenant à O’Rourke : des
bagues, de l’argent, et des habits. C’est grâce à son nom écrit (tatoué?) sur
son bras qu’on a reconnu la victime parce qu’il était défiguré. Il avait été
traîné et jeté dans les rapides. Son cheval a été enterré à 3 miles dans les
bois.
Brady, dont on ignore le prénom,
a été acquitté.
1845, 17 octobre – Welsh
Homicide argumentatif – Objet contondant (barre de fer)
Port de Québec – 1 SC
Thomas Cain, condamné à mort.
Le 17 octobre 1845, c’est à bord
d’un navire que Cain a tué un dénommé Welsh après avoir été provoqué par
celui-ci. Il s’est approché de sa victime alors qu’elle était penchée et la
tête baissée. Il l’a frappé avec une barre de fer. En août 1846, Thomas Cain a
été trouvé coupable de meurtre à Québec. Le juge l’a condamné à être pendu le
28 août 1846.
1846, mars – personne non identifiée[96]
1846, 20 août – Léonard
Homicide cautionné par un groupe/extrémiste politique –
Montréal, champ de course St-Pierre – 1 SC
Non élucidé. James O’Donnel et Bernard Rafter, acquittés.
En août 1846, un verdict de
coroner a conclu que James O’Donnel, Bernard Rafter, Bernard Corrigan, Denis
Brennan, Michael Palmer, et diverses autres personnes étaient responsables de
la mort d’un dénommé Léonard. O’Donnel et Rafter ont été arrêtés alors que les
autres, selon le journal La Minerve, ont disparu. En fait, Léonard est
mort des suites de plusieurs blessures reçues à la tête. À l’époque, on pensait
qu’il avait été victime d’une vengeance personnelle, mais selon une version, il
faisait partie d’une bande d’assommeurs qui avait provoqué des violences lors
des élections. Léonard avait même accueilli chez lui un parti d’orangistes le
12 juillet. On racontait aussi qu’il faisait lui-même partie de cette
« secte ».[97] Plus
de 200 personnes ont assisté aux funérailles de Léonard, après quoi on a
rapporté des bagarres dans les faubourgs de Saint-Laurent et de Sainte-Anne.
En août 1847, James O’Donnell et
Bernard Rafter ont subi leur procès pour meurtre. Même si le crime a été commis
en plein jour et devant plusieurs témoins, la preuve s’est avérée
contradictoire. Les deux accusés ont donc été acquittés.
1848, février – deux bébés non identifiés
Néonaticide – battu à mort
Hemmingford - ? SC
Peter Brennan et Catherine Whelen, acquittés.
Peter Brennan et Catherine Whelen,
qui habitaient Hemmingford depuis 4 ans, ont été accusés d’avoir tué deux
jumeaux nouveaux-nés. On aurait demandé au fils de Brennan, âgé de 12 ans, de
donner des coups dans le ventre de Catherine la veille de l’accouchement afin
qu’elle perde ses jumeaux. Malgré cela, l’un des enfants était vivant lors de
l’accouchement, alors que l’autre était déjà mort. Les deux nouveaux-nés
portaient des contusions à la tête. Le couple a été acquitté par manque de
preuves.
1848, octobre – deux bébés non identifiés
Néonaticide
? – 2 SC
Elmire Legault, dit Laurier, nièce de Louis Legault dit Laurière,
accusée d’infanticide; aucun développement connu.
Louis Legault dit Laurière a
demandé que sa nièce, accusée d’infanticide, soit admise à caution, mais la
requête lui a été refusée.[98] Pour
sa part, le frère d’Elmire a cru que sa sœur avait caché la naissance d’un
enfant et qu’elle avait enterré le corps dans la cave. Il a donc averti le
coroner mais ce dernier n’a rien trouvé. On a tout de même arrêté Elmire et son
oncle, qui ont admis avoir eu deux enfants illégitimes, un en juillet 1847 et
l’autre en juin 1848. Probablement pour éviter un scandale, ils avaient enterré
les deux petits cadavres dans la cave avant de les transférer plus tard dans le
jardin. On ignore la suite du dossier.
1850, 17 juin – James Cubiss, soldat
Homicide à motif indéterminé – arme blanche (couteau)
? – 1 SC
William Shuth, un collègue militaire, condamné à mort, ?
William Shuth et James Cubiss
étaient deux soldats du 20e Régiment. Le 17 juin 1850, Cubiss
parlait avec deux autres militaires à l’intérieur de la caserne lorsque Shuth
s’est approché pour leur demander de quoi ils parlaient. Cubiss a alors répondu
qu’ils ne parlaient pas de lui, juste avant de lui conseiller d’aller se
coucher. Shuth est effectivement allé s’étendre sur sa couchette mais un
instant plus tard il s’est relevé pour se ruer sur Cubiss. Entre autres, il lui
a donné un coup de couteau dans le dos. Cubiss est mort 8 jours après
l’agression. Plusieurs médecins ont prétendu que Shuth souffrait d’aliénation
mentale, mais le jury l’a tout de même reconnu coupable. Shuth a été condamné à
être pendu le 13 décembre 1850, mais on ignore si l’exécution a été effectuée.
1850, 15 septembre – Mme Charlton
Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – battue à mort (un coup
de poing)
Sorel – 1 SC
John Charlton, son mari, acquitté.
John Charlton, soldat des
carabiniers royaux, a été accusé d’avoir tué sa femme à Sorel en 1850. Celle-ci
l’aurait menacé de le frapper avec un couteau, mais il s’est défendu avec un
seul coup de poing, ce qui a été suffisant pour causer sa mort. En novembre
1850, il a été acquitté d’homicide involontaire.
1851, 1er avril – Ignace Terrien
Homicide à motif indéterminé – arme blanche (hache)
Québec, paroisse de Saint-Gervais - ? SC
Non élucidé. Samuel Elie dit Breton, acquitté.
Le corps de Ignace Terrien a été
retrouvé au matin du 1er avril 1851. Son visage était enfoncé dans
la neige, près d’une sucrerie appartenant à un dénommé Goulet, à Saint-Gervais.
Sa mort remontait à quelques heures. À leur arrivée, le coroner et le Dr Landry
ont trouvé plusieurs blessures à la tête de la victime, au point où des morceaux
de chair et de crâne tenaient en place uniquement par les cheveux. Selon des
témoins, un œil au beurre noir semblait avoir été fait par un coup de poing. D’autres
avaient également vu Samuel Elie dit Breton marcher dans le secteur avec une
hache à la main. Ce dernier a été accusé du meurtre, au terme duquel il sera
toutefois acquitté. Selon un journal de l’époque, le procès a coûté 363 livres
aux contribuables.
1851, 29 octobre – Sophie Talbot, environ 40 ans
Meurtre par passion – empoisonnement (arsenic)
Île-Verte - ? SC
Joseph Bérubé, son mari de 45 ans, et Césarée Thériault, 16 ans, condamnés
à mort, sentence commuée.
Au cours du mois d’octobre 1851,
Sophie Talbot, âgée d’un peu plus d’une quarantaine d’années, est tombée gravement
malade. Elle est finalement décédée le 29 octobre. Son mari, Joseph Bérubé, 45
ans, s’est remarié peu de temps après avec la jeune Césarée Thériault, 16 ans. Toutefois,
l’autopsie pratiquée sur le corps de Sophie a permis de révéler une forte odeur
d’ail ainsi que la présence d’irritation à l’intérieur de l’estomac. Cette
découverte a conduit les autorités à déposer une accusation de meurtre à
l’endroit des nouveaux mariés.
Lors du procès, le marchand
William Jarvis a expliqué que Bérubé lui avait acheté de l’arsenic en septembre
1851 pour se débarrasser de rats. De plus, on a appris que Sophie Talbot était
revenue habiter dans le 4e rang de l’Ile-Verte avec son mari peu de
temps avant sa mort.[99] Après
une trentaine de minutes de délibérations, le jury est revenu dans le prétoire
avec un verdict de culpabilité. Le juge Panet a donc condamné Bérubé et sa
jeune épouse à être pendus le 10 décembre 1852. Quelques jours avant
l’exécution, leur sentence a cependant été commuée en peine d’emprisonnement.
Il s’agit du plus ancien homicide
par empoisonnement à avoir été répertorié par le DHQ.
1852, 25 février – Charles Pépin
Homicide à motif indéterminé – arme blanche (hache) – aliénation mentale
Trois-Rivières, prison – 1 SC
Thomas Therrien, apparemment déclaré inapte et envoyé en institution
psychiatrique.
Le vendredi 20 février 1852,
Thomas Therrien, qui croupissait derrière les barreaux de la prison de
Trois-Rivières depuis quatre mois pour avoir tenté de tuer sa femme, s’est
retrouvé le soir dans la même cellule que Charles Pépin et Adolphe Beaudoin,
incarcérés « pour n’avoir pas payé une amende de 25s […]. »[100]
Les deux hommes avaient une sentence d’une semaine à purger. Pour passer la
journée, Pépin a demandé à un gardien de lui prêter une hache afin de s’en
servir comme modèle pour fabriquer un manche. Le soir, alors que les détenus
devaient retourner à leur cellule, Therrien a réussi à dissimuler la hache dans
ses vêtements.
Vers 19h10, le gardien Lanigan a
entendu un cri alors qu’il venait à peine de refermer la porte de la cellule
qui contenait les trois détenus. Il a alors découvert que Pépin était
grièvement blessé et que Beaudoin avait été atteint à un bras. Heureusement,
Beaudoin a réussi à désarmer Therrien et s’est empressé de remettre l’arme du
crime au gardien. Quelques minutes plus tard, Pépin devait succomber sur le
plancher de la cellule.
Lors de l’enquête du coroner, la
blessure de la victime a été décrite comme ayant une longueur de 5 pouces (12,7
cm) et « deux pouces de profondeur. » À la lecture de cette enquête,
on constate que Therrien a lui-même contre-interroger les témoins, ce qui
laisse entendre qu’il a tenu à se représenter lui-même. Il a d’ailleurs fait
remarquer que c’est Pépin et Beaudoin qui avaient demandé à passer la nuit dans
la même cellule que lui. D’autres part, certains échanges laissent entendre que
Therrien n’avait pas toute sa tête.
Le procès de Therrien s’est
déroulé le 13 septembre 1852, au terme duquel il a été déclaré coupable mais
envoyé à l’asile de Beauport.[101]
Il y serait décédé avant la fin du siècle.[102]
1853, ? - mars – Bébé non identifié
Néonaticide
Montréal - ? SC
Angélique Garant, acquittée en
mars 1853 pour raison d’aliénation mentale.
En
mars 1853, Angélique Garant a été acquitté de ce qu’on appelait à cette époque
un infanticide. Son acquittement aurait été justifié en raison de sa condition
mentale. On ignore tout des circonstances de son crime.
Sans
être en mesure de prouver qu’il s’agissait bien de la même personne, on
retrouve cet article intéressant publié le 19 décembre 1874 dans La Gazette
de Sorel : « Une pauvre femme ayant nom Angèle Garant, âgée
d’environ 55 ans, a été trouvée gelée à mort à 7 heures hier matin par William
Vick, domestique de M. James Johnston, en face de la résidence de ce dernier,
No 1178 rue Sherbrooke. La vie de cette infortunée est peu connue. Tout ce que
l’on sait, c’est qu’elle a vécu 20 ans à St. Ours et qu’elle résidait depuis
deux ans à Montréal, sur la rue Lagauchetière, près de la rue Visitation. Elle
vivait des aumônes que lui distribuaient les Sœur de l’Asile de la Providence,
sur la rue Ste. Catherine. Ses restes ont été transportés à la station de
police du Carré Chaboillez. »[103]
1853,
25-26 juin – Michel Lebel
Homicide conflictuel – arme
blanche (une vingtaine de coups de couteau)
? - ? SC
Prudent Pelletier, acquitté.
Prudent
Pelletier et Michel Lebel se querellaient depuis un certain temps. Le 25 juin
1853, Pelletier travaillait au champ lorsqu’il a croisé Lebel et les injures
ont aussitôt recommencées. La bagarre s’est terminée lorsque Pelletier a
infligé à son rival une vingtaine de coups de couteau. Lebel a succombé à ses
blessures le lendemain. Pendant ce temps, Pelletier avait eu le temps de prendre
la fuite. Quelques jours plus tard, accablé par les remords, il est revenu pour
se livrer aux autorités.
Son
procès s’est tenu devant le juge Panet au cours des mois de novembre et de
décembre 1853. Le 17 novembre 1853, Le
Journal de Québec a publié le discours préparatoire que le juge a livré aux
jurés.[104] Tout au long du procès, le même journal a
présenté de longs extraits des témoignages. Après une heure de délibérations,
les jurés sont revenus avec un verdict d’acquittement. Pelletier a aussitôt été
libéré.
1853, 26
avril – Nancy Heard
Matricide – arme à feu (revolver)
Wickham, Centre-du-Québec – 1 SC
William Ezra Brainard, son fils,
pendu.
Le 26 avril 1853, William Ezra
Brainard a tué sa mère d’un tir de revolver. Il était venu passer quelques
jours chez elle afin de régler certaines affaires de famille. Quand la dispute
a éclaté, il a traité sa mère de menteuse. Brainard prétendait qu’un testament
fait par sa mère était faux, car celle-ci l’avait écarté de sa succession. L’un
des projectiles tirés au moment de l’altercation s’est engouffré dans l’épaule
de son frère, Lorenzo Franklin Brainard, qui a tenté de l’arrêter. William a
profité de la cohue soulevée par son geste pour prendre la fuite et franchir la
frontière américaine. L’annonce de sa fuite a été publiée dans quelques
journaux américains, de sorte que plusieurs hommes ont été arrêtés et relâchés
après avoir vérifié leur véritable identité. En juin, le gouvernement canadien
a même offert une récompense de 400$ pour sa capture.[105] Durant sa cavale, qui s’est échelonnée sur
une période de 7 ans, son nom a semé la terreur dans la région.
En janvier 1860, « un homme,
assez bien mis, portant un petit sac de voyage à la main, descendait lentement
le chemin de Melbourne à l’Avenir, et se rendait à Wickham. L’apparence de cet
étranger voyageant à pieds piquait la curiosité des passants. Quelques-uns
trouvaient qu’il ressemblait à Brainard, mais s’attendant si peu à le
rencontrer ils n’osaient en croire leurs yeux. »[106] Une fois à Wickham, le fugitif est entré
dans une maison appartenant à un certain Boisvert mais qui, sept ans plus tôt,
était habitée par l’un des frères de Brainard. Surpris de ne pas y trouver son
frère, il a aussitôt repris sa route. Boisvert, qui l’avait reconnu, a sonné
l’alarme. Brainard a finalement été arrêté quelques jours plus tard alors qu’il
se réchauffait près d’un poêle, dans un hôtel de Lennoxville. À la vue des
autorités, il a mis sa main sur la crosse d’un revolver inséré dans son
pantalon, mais il n’a finalement opposé aucune résistance.
William Ezra Brainard a subi son
procès au palais de justice de Trois-Rivières quelques mois plus tard. Le jury
a délibéré durant 20 minutes avant de rendre un verdict de culpabilité. Il n’a
fait preuve d’aucune émotion lorsque le juge l’a condamné à mort. Le 26 octobre
1860, il est monté sur la potence de la prison de Trois-Rivières.
« Brainard a été exécuté à 11h cet avant-midi. Il est mort dans
l’endurcissement, ayant jusqu’au bout refusé les sacrements et toute
consolation religieuse. Ses derniers mots ont été blasphématoires. » Une
forte pluie tombait sur la région au moment de sa pendaison. Sa dépouille a été
rapatriée à Melbourne, en Estrie.[107] Brainard est considéré comme le 3e
meurtrier à avoir été pendu dans l’enceinte de la prison de Trois-Rivières.
Dans le dossier judiciaire préservé à BAnQ-TR on retrouve un long poème écrit
par Brainard et qui ne semble pas avoir inquiété les grands auteurs classiques.
Il s’agit également du plus ancien matricide répertorié par le DHQ.
1853, 4
mai – Enfant de sexe masculin
Néonaticide/Infanticide – strangulation
Québec - ? SC
Non élucidé.
Un enfant de sexe masculin a été retrouvé
mort à Québec le 4 mai. Le coroner J.-A. Panet a écrit dans son rapport
d’enquête: « il est étranglé avec un bandage de coton autour de son
cou. » Il a été impossible d’en apprendre davantage.
1853, août – Bébé de sexe féminin non identifié
Infanticide –
Montréal, Rue St-Urbain – ? SC
Non élucidé.
Dans Le Pays du 31 août
1853, on mentionne avoir trouvé le corps d’un enfant de sexe féminin âgé de
quelques jours sur un lot de terre vacant au sommet de la rue Saint-Urbain. La
victime ne portait aucun vêtement.
1853, 30 octobre – Mme Joseph Gauthier
Homicide commis lors d’un vol – objet contondant (crosse d’arme à feu)
Yamachiche – 2 SC
Louis Théberge alias Lizotte, 28 ans, pendu; Édouard Berthiaume et Charles
Leclerc, acquittés.
Le dimanche
30 octobre, un individu a fait irruption dans la maison des Gauthier à
Yamachiche où il a volé une centaine de louis. Il a tué la femme de Joseph Gauthier
à coups de crosse d’arme à feu devant de jeunes enfants. À la mi-décembre, il
semble que le même individu se soit attaqué à une autre femme, cette fois à
Saint-Barthélemi. L’homme a profité du fait que le mari était dans les bois
pour la battre et menacer son jeune enfant avec une arme à feu. Avant de
partir, il a laissé la femme pour morte après l’avoir frappé avec un tisonnier.
Trouvée par son mari et soignée convenablement, elle a pu raconter ce qui lui
était arrivé. À cette date, les autorités avaient déjà arrêté Édouard
Berthiaume en lien avec le meurtre de Mme Gauthier.[108]
C’est après
l’arrestation de Louis Théberge alias Lizotte, et surtout après sa comparution en
avril 1854, qu’on a pu en apprendre davantage. Ce travailleur itinérant était
parti de chez son beau-frère, à Saint-François de la Rivière-du-Sud, pour se
rendre à Trois-Rivières, soi-disant pour y trouver un emploi. Le 27 octobre
1853, il se trouvait chez un certain Dupont, à Pointe-du-Lac, à qui il a dit être
à la recherche de chevaux. Il a ensuite demandé s’il y avait des chevaux chez
Joseph Gauthier, ajoutant qu’il avait entendu dire que celui-ci était riche. Il
s’est rendu une première fois chez Gauthier, à Yamachiche. Lorsque Gauthier lui
a dit qu’il n’avait pas de chevaux à vendre, Théberge lui aurait demandé
comment retourner à Trois-Rivières en passant par les terres. Il s’est
probablement caché pour attendre que M. Gauthier quitte la maison avant de
frapper au cours de la matinée du 30 octobre. Au cours de l’après-midi, Dupont
l’a croisé sur la route. Il lui a demandé s’il voulait monter avec lui, mais
Théberge a continué de marcher en gardant le silence.
Quelques
jours plus tard, Théberge s’est retrouvé à prendre un traversier à Champlain
pour se rendre à Gentilly. Le responsable du traversier, un certain Hamelin,
lui a demandé l’heure, et c’est là qu’il a vu que Théberge avait une montre en
cuivre. De retour chez son beau-frère, il a expliqué avoir trouvé de l’argent laissé
par des voleurs de banque dans une cruche. Par ailleurs, une petite fille a
trouvé dans ses bottes une montre en cuivre. Théberge a conseillé à son
beau-frère de la détruire, car si on la trouvait il risquait d’avoir des
ennuis. Le beau-frère a plutôt décidé de l’apporter à un représentant de
l’ordre. Dans les vêtements de Théberge, on a aussi retrouvé deux revolvers et
de l’argent. Quant à la montre, on a fini par l’identifier comme étant celle de
Joseph Gauthier, de Yamachiche.
Théberge venait à peine de sortir
du pénitencier pour un autre crime. Selon le registre de la prison de
Trois-Rivières, il avait 28 ans, les cheveux bruns et les yeux gris. Il était
l’un des rares prisonniers de l’époque à mesurer 6 pieds. Quant à son
caractère, il a été décrit comme « mauvais ». Théberge a subi son
procès au palais de justice de Trois-Rivières en septembre 1854. Le 16
septembre, il a été reconnu coupable tandis que ses co-accusés, Édouard
Berthiaume et Charles Leclerc, ont été acquittés. Le 3 décembre 1854, Théberge est
devenu le deuxième criminel pendu dans l’enceinte de la prison de
Trois-Rivières, devant une foule estimée à 5 000 personnes. Or, la
population de la ville comptait 4 004 habitants en 1851 et 5 769 en
1861.[109]
1854, 14 janvier – Pierre Dion[110]
Homicide conflictuel – arme blanche (ciseaux)
Québec, quartier Saint-Roch, rue Saite-Marguerite – 1 SC
François-Xavier Julien, son beau-père, plaidoyer de folie, condamné à mort,
sentence commuée.
Le 14
janvier 1854, François-Xavier Julien s’est rendu chez son beau-père afin d’y
voir sa femme, qui s’était réfugiée chez Dion après avoir été violentée par son
mari. Malgré tout, elle lui a avoué son amour, mais Dion a expulsé Julien de
chez lui. Par la suite, Julien a tenté d’oublier son malheur dans le travail,
mais sa colère ne le quittait plus. Il a donc essayé de revoir sa femme, mais en
arrivant chez Dion il a compris qu’il allait désormais devoir s’adresser à un
avocat. Les explications d’un avocat lui ont redonné espoir, mais Julien, sans
le sou, a rechuté dans sa colère en apprenant qu’il devait débourser 10$ pour
les frais de l’Habeas Corpus.
Déterminé à
reprendre sa femme, il s’est rendu chez un dénommé Thibeau, dans le quartier
Saint-Roch, où il a croisé Pierre Dion. Au moment de lui serrer la main, Julien
lui a planté des ciseaux dans le cœur. En sortant, Julien a marché sur la rue
Saint-Vallier pour s’arrêter au pied de la Côte-à-Coton, devant une foule qu’il
a défié de venir l’arrêter. Quand on s’est aperçu qu’il n’était plus armé, des
hommes se sont chargés de l’immobiliser avant de le conduire en prison. Lors de
son procès, l’avocat de Julien, le futur juge en chef J.-T. Taschereau, a présenté
un plaidoyer de folie. Il a fait témoigner plusieurs experts de la médecine,
une procédure encore inusitée pour l’époque. En dépit de cet effort, le jury a
déclaré Julien coupable de meurtre et le juge l’a aussitôt condamné à mort. Un
débat s’est alors entamé dans les journaux à propos de la peine de mort. Des
pétitions ont été lancées afin de promouvoir la commutation de peine.
Finalement, le général Rowan a accepté de suspendre la peine de mort et a
envoyé Julien pour le reste de ses jours à la prison de Kingston, en Ontario.
1854, 17 septembre – Thomas Flanagan
Homicide par négligence criminelle – arme à feu (arme de poing)
Québec, Exhibition building – 1 SC
Bihin, responsable d’homicide justifiable.
Dans la
nuit du 16 au 17 septembre 1854, le surveillant Thomas Flanagan et ses
collègues, Maguire et Linn, ont répondus à une plainte de grabuge au Exhibition
building, à Québec. Alors que Flanagan se frayait un chemin à l’intérieur
du bâtiment, après avoir été repoussé une première fois, un coup de feu a
retenti. L’arme de poing responsable de ce tir se trouvait dans la main d’un
dénommé Bihin (ou Bibin), un homme mesurant 7 pieds et 8 pouces qui craignait
qu’on s’en prenne à son argent. On croit qu’il transportait sur lui une somme
considérable en billets de banque. Le projectile a pénétré dans la partie
gauche de la poitrine de Flanagan, le blessant mortellement. Il a finalement
succombé à sa blessure vers 5h30, au matin du dimanche 17 septembre 1854.[111]
L’enquête
du coroner, qui s’est tenue à l’Hôtel Dieu de Québec, a rendu un verdict
d’homicide justifiable. Flanagan était le deuxième policier mort en service
dans l’histoire du Québec, mais le premier par homicide.[112] Il
semble n’y avoir eu aucune autre procédure criminelle. Toutefois, il apparaît
que cet homicide doit se retrouver dans la catégorie concernant la négligence
criminelle puisqu’un usage appropriée de cette arme n’aurait vraisemblablement pas
causé la mort de Flanagan.[113]
1855, 23 juin – Mary Richardson, 28 ans
Homicide à motif indéterminé – strangulation et noyade
Trois-Rivières, rive de la rivière Saint-Maurice – ? SC
Non élucidé.
Le corps de Mary Richardson a été
retiré des eaux de la rivière Saint-Maurice à un demi-mile de Trois-Rivières.
On a rapidement écrit à propos de cette victime qu’elle était originaire de
Montréal mais qu’elle abusait aussi de l’alcool. Depuis sa sortie de la prison
de Trois-Rivières, deux jours plus tôt[114],
elle vagabondait dans les rues. Selon le registre des écrous, Mary savait lire,
elle avait les cheveux et les yeux bruns. On la disait de religion protestante.
« Peu de jours avant sa mort, elle avait été vue au milieu d’une bande de
mauvais sujets qui la maltraitaient sans que personne n’osa on ne put la
retirer de leurs mains! La veille du jour où son cadavre fut trouvé flottant
sur l’eau, plusieurs l’ont vue vers 9 ou 9 ½ heures du soir en compagnie de
deux ou trois vauriens. Ceux-ci, paraît-il, la maltraitèrent cruellement :
on l’entendit jeter de hauts cris et dire entre autres choses Laissez-moi! Je
m’en vais à Montréal; par où embarque-t-on pour Montréal? Vers dix heures
l’équipage d’un bateau à l’ancre tout près du rivage, vit quelqu’un descendre
la côte en trainant quelque chose sans pouvoir rien distinguer et sans pouvoir
obtenir aucune réponse malgré leur demande de qui va la? Deux d’entre l’équipage
s’armèrent chacun d’un fusil, mais la peur les empêcha d’en faire usage. Ils
n’eurent ni le courage ni la curiosité de voir ce qui se passait. Le lendemain
matin le cadavre d’une malheureuse était trouvé flottant sur l’eau! A 20 pieds
environ du bateau on remarquait encore le matin, une large trace tout le long
de la côte et l’empreinte des pas de celui ou de ceux qui avaient trainé le
corps jusqu’à la rivière. Les bas de la malheureuse étaient encore sur le
rivage. Et tout cela se passait à 9 ½ heures, dans la ville de Trois-Rivières,
à 20 pieds d’hommes armés, et les coupables en sont encore ignorés! Quelle
sûreté y a-t-il ici pour la vie de celui qui a besoin de sortir le soir! »[115]
Le même journal a soulevé des
doutes sur la compétence des jurés du coroner en plus de souligner la nécessité
de créer un véritable corps de police à Trois-Rivières. « Ce sont tous de
braves et d’honnêtes gens, mais le public aurait mieux aimé voir cette fois
surtout des jurés plus instruits et capables de bien profiter de toutes les
circonstances pour faire un rapport raisonné et raisonnable. Nous espérons avec
le public qu’on sera plus sage à l’avenir dans la formation d’un corps de
jurés. Et cette mort devra convaincre les citoyens de l’efficacité d’une police
pour la ville, s’ils tiennent à conserver la vie de leurs femmes et la leur. Le
rouge nous monte au front en écrivant ces lignes, car le fait que nous
racontons est une disgrâce pour la ville. »
Ce n’est peut-être pas une
coïncidence si la Ville de Trois-Rivières a finalement créé son corps policier
deux ans plus tard, soit le 26 octobre 1857.
Le rapport du coroner Valère
Guillet détermine que Mary Richardson a été étranglée par un ou des inconnus
qui l’ont ensuite jeté à l’eau de la rivière Saint-Maurice pour finalement la
tuer par noyade. Pour sa part, La Minerve a précisé que les chaussures
et le chapeau de Mary n’ont jamais été retrouvés.
1855, 17-19 octobre – Robert Corrigan
Homicide cautionné par un groupe/par excitation – battu à mort
Saint-Sylvestre – 1 SC
Non élucidé. Richard
Kelly, Patrick Donaghue, Francis Donaghue, George Bannon, John McCaffrey, John
Hagen, Patrick Monoghan et Patrick O’Neill, acquittés.
Selon Raymond Boyer, Corrigan
était un homme qui aimait se vanter de ses exploits physiques et qui a fini par
être tué par une bande de fiers-à-bras. L’attaque s’est produite le 17 octobre
1855. Sauvagement battu, Corrigan est mort seulement deux jours plus tard, le
19, ce qui lui a donné le temps de faire une déclaration. L’agression s’est produite
pendant l’Exposition agricole. Au moment où l’incident a attiré l’attention des
témoins, plusieurs hommes avaient déjà le dessus sur Corrigan. Après avoir vu Peter
Stocking être violemment écarté de la bagarre, un témoin a vu Corrigan se
relever alors que Richard Kelly lui demandait s’il avait lancé une pierre.
Corrigan a répondu que non, mais Kelly lui a répliqué : « Oui, tu en
as lancé une. » Immédiatement, il l’a frappé de nouveau. George Bannon en
a alors profité pour donner un coup de pied dans les parties de Corrigan et un
autre dans les côtes. Kelly sauta ensuite sur lui à pieds joints au niveau de
son ventre et il enchaîna avec des coups de bâton dans les côtes tandis que
Corrigan essayait de se relever. McKie et d’autres hommes ont alors pris Corrigan
par les bras pour le traîner un peu plus loin, mais le blessé leur a dit :
« Laissez-moi, ils m’ont assassiné et je veux mourir ici. »
Les hommes venus en aide au
blessé ont été suivi par les agresseurs, qui ont continué à lancer diverses
menaces.[116]
L’enquête du coroner a conclu que le meurtre avait été prémédité et commis par
onze personnes identifiées et d’autres qui sont demeurées inconnues. Le procès,
qui a duré 16 jours et au cours duquel on a entendu 43 témoins, a établi que
Corrigan avait déjà donné une correction à O’Neill. Tous les accusés ont été
acquittés. En février 1857, un dénommé Hagan a été acquitté du meurtre de
Corrigan. Son procès s’est étalé sur sept jours. « L’acquittement de Hogan
a produit une certaine sensation. »[117]
1856, 22 mai – bébé de sexe féminin
Néonaticide –
Montréal, fonderie Dunbar – 2 SC
Non élucidé.
Le 22 mai 1856, le corps d’un
enfant de sexe féminin a été retrouvé dans le bassin d’un canal situé près de
la fonderie Dunbar, à Montréal. L’enfant était complètement nue, et paraissait
âgée de 3 ou 4 jours. Elle avait été jetée dans le canal et emportée par la
rivière.
1856, 6 juillet – Andrew Wetherwax
Homicide argumentatif – battu à mort
Pike River (Estrie) – 1 SC
Non élucidé. John Germain Wetherwax, son cousin, acquitté.
Dans une taverne de Pike River,
après quelques verres, Andrew et John Germain Wetherwax ont abordé un sujet
relatif à l’argent. John Wetherwax aurait demandé à Andrew de lui payer à
boire, mais les deux hommes se sont rapidement retrouvés dehors. Un instant
plus tard, au moment de sortir de la taverne, un témoin a vu la victime se
traîner le long d’un mur tandis que l’accusé s’élançait pour le frapper à
nouveau. Le témoin a alors dit à John de reculer et qu’il devrait avoir honte
de s’en être pris à son cousin. Le blessé a fini par mourir de ses blessures.
En octobre 1857, au terme de son procès, John Germain Wetherwax a été acquitté.
1857, 12 janvier – Joseph Bisson
Homicide domestique par une conjointe – empoisonnement (arsenic)
Québec, faubourg Saint-Roch – ? SC
Anaïs Toussaint, son épouse de 17 ans, condamnée à mort, sentence commuée.
Luce Campagna, acquittée.
Six semaines après son mariage
avec Joseph Bisson, Anaïs Toussaint s’est débarrassée de son mari en lui
administrant de l’arsenic. Le procès de la jeune femme de 17 ans s’est déroulé
vers la fin de janvier 1857 à Québec. Selon les éléments qui ont pu en ressortir,
le crime ne pouvait s’expliquer par les mauvais traitements puisqu’on a
démontré que Bisson prenait soin de sa jeune épouse et la respectait. Au
contraire, Anaïs s’était rapidement montrée infidèle. Son mari a souffert
durant une dizaine de jours avant de succomber à l’arsenic. Au terme de son
procès, elle a été condamnée à mort. Selon un journal, une certaine Luce
Campagna a aussi été accusée pour complicité de meurtre, mais dans son cas le
jury a été incapable de s’entendre à l’unanimité et l’accusée a dû subir un
deuxième procès, au terme duquel elle a été acquittée.
En juin, Me
Plamondon, l’avocat d’Anaïs, a plaidé en faveur d’une commutation de peine. Il
a remporté sa bataille et Anaïs a été conduite au pénitencier de Kingston, en
Ontario. « Nous avons déjà dit que nous applaudissons de tout notre cœur à
cette décision du chef du gouvernement et nous croyons devoir mentionner que ce
résultat est dû en partie aux efforts que M. Plamondon a fait depuis près de
quatre mois pour épargner à notre cité l’ignoble spectacle d’une exécution à
mort. »[118]
Grâce à sa bonne conduite et surtout au dévouement de Me Plamondon, elle a eu
droit à un pardon en 1874. Anaïs serait retournée vivre dans sa famille.[119]
1857, 14 avril – John Simpson, 60 ans
Homicide conflictuel – arme blanche (hache)
Montréal – 1 SC
Non élucidé. Eusèbe et François Parent, acquittés.
Le sexagénaire John Simpson
habitait à Saint-Louis de Gonzague. Son fils avait accepté de lui payer une
rétribution afin de devenir propriétaire de la ferme. En constatant que ces
dépenses étaient trop pour lui, il a échangé la propriété contre une plus
petite ferme appartenant à Francis Parent. Or, les voisins ont commencé à dire
aux Parent qu’ils avaient fait une mauvaise affaire. En guise de réponse, l’un
des membres du clan Parent a dit que le problème serait bientôt réglé puisqu’il
tordrait le cou au vieux Simpson.
Un soir d’avril 1857, Eusèbe
Parent a invité le vieux Simpson à venir inspecter avec lui les limites de la
terre. Le lendemain, avant de s’engouffrer dans les bois, Eusèbe lui a demandé
d’apporter sa hache. Simpson a donc fait demi-tour pour lui rendre ce service,
retournant chez lui pour prendre sa hache avant de disparaître dans les bois
avec Eusèbe Parent. Simpson n’a plus jamais été revu vivant par la suite.
Eusèbe est revenu seul à la
maison avec la hache, et quand on lui a demandé où se trouvait Simpson, il a
répondu que ce dernier avait rencontré un gentleman habillé en noir avec un
chapeau et des gants (ce qui ne collait évidemment pas avec le temps boueux
d’avril) et qu’il était parti avec cet étranger. Les recherches pour retrouver
Simpson ont durées trois jours. Quand on a pu le localiser, son corps se
trouvait entre deux poutres. L’homme avait eu le crâne fracturé et portait
plusieurs autres blessures à la tête. En novembre 1857, les frères Parent ont
été acquittés. The Montreal Witness a attribué ce verdict à
l’incompétence du procureur de la Couronne.
1857, mai – caporal Reynolds
Homicide à motif indéterminé – arme blanche (baïonnette)
Montréal – ? SC
William Jones, soldat du 39e régiment, condamné à mort.
Le caporal Reynolds a été tué
d’un coup de baïonnette dans le ventre donné par William Jones, un autre soldat
du 39e régiment. Un mois plus tôt, les journaux ont parlé d’un
soldat du même nom faisant partie du 39e régiment et qui avait volé
un passant en plus de se balader en compagnie d’une prostituée du nom de Mary
Murphy. En octobre 1857, Jones a été reconnu coupable de meurtre et condamné à
être pendu le 11 décembre.[120]
1857, 26 juin – 253 victimes[121]
Homicide par négligence criminelle – par incendie et par noyade
Entre Québec et Cap-Rouge, sur le fleuve, en direction de Montréal – 1 SC
John Charles Rudolf, John Wilson, Jean Baptiste Dorval et Alexandre
Rocheleau, reconnus coupables d’homicide involontaire. Louis Roberge, acquitté.
Le 26 juin
1857, vers 16h00, 400 passagers montaient à bord du vapeur Montreal qui
mouillait alors dans le port de Québec et dont le capitaine était John Charles
Rudolph. Son concurrent, le navire Napoléon, venait à peine de quitter
le port pour se mettre en direction de Montréal. Le capitaine Rudolph a donc ordonné
à son équipage de mettre la pleine puissance. Bientôt, alors qu’on se dirigeait
vers Montréal, on a réussi à doubler le Napoléon. Toutefois, en face de
Sillery, une fumée inquiétante a commencé à susciter la peur. Il était déjà
trop tard. Les flammes se sont répandues dans plusieurs compartiments et ont
forcé les passagers à se retrancher sur le pont. Le premier à se jeter à l’eau a
été un Abénaquis de Bécancour nommé Pierre Jacques. Celui-ci a réussi à
atteindre la rive mais la plupart des autres passagers n’ont pas eu cette
chance.
Le vapeur à
aubes, transformé en boule de feu, s’est immobilisé en face de Cap-Rouge. Les
deux canots de sauvetage ayant été détruits, il ne restait plus que quelques vestes
pour sauver les passagers. Certains ont été brûlés vifs alors que d’autres ont
péris noyés. Le navire Napoléon, commandé par Pierre-Édouard Cotté, est
venu en aide aux passagers en détresse. Selon l’auteur Denis Robitaille, le
nombre des victimes s’est élevé à 253 personnes, dont 15 membres d’équipage. Le
Napoléon a ensuite repris sa route vers Montréal avec à son bord 109
survivants et les corps de 16 victimes.
L’enquête
du coroner a criminellement tenu responsables le capitaine Rudolph, le premier
pilote Dorval, le propriétaire du bateau John Wilson, et le second Louis
Roberge. Ils ont ensuite été accusé d’homicide involontaire.[122] Le
procès a débuté le 2 février 1858 à Québec. Louis Laberge a été acquitté, alors
que le 12 février, les pilotes Dorval et Rocheleau ont été condamnés à une
amende de 400$. Le capitaine John Charles Rudolph a toutefois obtenu qu’on
écarte toute accusation contre lui en raison de problèmes de santé. « Ce
jugement jeta la consternation dans l’opinion publique. John Wilson, quant à
lui, retenu à New York par des ennuis de santé, n’a pas eu à subir son
procès. »[123]
1857, 29 juin – Nouveau-né de sexe masculin
Néonaticide – suffocation
Montréal, Albion Hotel – 1 SC
Ann Dooly, sa mère, 23 mois de prison.
Ann Dooly travaillait comme
servante au Albion Hotel de Montréal. Le 29 juin 1857, elle a donné naissance à
un bébé de sexe masculin. Une collègue de travail, Margaret Purcelle, a
témoigné à l’effet d’avoir vu l’enfant mort dans les toilettes et quand elle avait
demandé à Dooly si le bébé était vivant à la naissance, celle-ci avait
répondu : « je n’ai pas pris le temps de regarder. » Selon un
médecin, l’enfant était bien vivant à sa naissance. Il est mort de suffocation.
En novembre 1857, Dooly a été reconnue coupable et condamnée à 23 mois de prison
pour avoir caché la naissance de son enfant.
1857, 12 juillet – Mary Ahern
Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – battue à mort (chute
dans un escalier)
Montréal, quartier Sainte-Anne, rue Cothborne – 1 SC
Michael (ou Michel) Durack, son mari, acquitté.
Michael Durack, qui habitait sur
la rue Cothborne, dans le quartier Sainte-Anne, a été arrêté pour le meurtre de
sa femme, Mary Ahern. Le 12 juillet 1857, alors qu’il revenait chez lui en état
d’ivresse, il a eu une violente dispute avec elle. Il l’a frappé avant de la
jeter en bas de l’escalier. Une importante blessure à la tête a causé la mort
de Mary. En octobre 1857, Durack a été acquitté.
1857, août – McDougall
Homicide argumentatif – arme blanche (hache)
Montréal – 1 SC
Michel Jovanetti, acquitté.
On ignore le motif à l’origine de
la dispute qu’il y a eu entre ces deux hommes, mais il semble qu’à un certain
moment McDougall a lancé une hache en direction de Michel Jovanetti. L’arme lui
a effleuré le visage avant d’atterrir parmi des enfants. Jovanetti aurait donc
saisi la hache avant de se retourner vers McDougall pour en finir. En novembre
1857, Jovanetti a été acquitté.
1857 – Enfant non identifié
Néonaticide/Filicide?
? - ? SC
Non élucidé. Mary (ou Nancy) Martin et Lydia Alexander, accusées
d’infanticide, libérées.
En mars
1858, ces deux femmes devaient subir leur procès, mais les procédures ont été
abandonnées parce que les témoins de la Couronne ne se sont jamais présentés au
tribunal. Les deux accusées ont donc été libérées.
1858, 18 janvier – Catherine Prévost Desforges, 60
ans
Meurtre par passion – empoisonnement
Saint-Jérôme – 1 SC
Marie-Anne Crispin, 45 ans[124],
et Jean-Baptiste Desforges, époux de la victime, pendus. Antoine Desforges,
acquitté.
Le 18 janvier 1858, Catherine
Prévost Desforges était retrouvée morte à Saint-Jérôme. Elle a succombé à un empoisonnement.
Cette nuit-là, Catherine devait dormir seule en raison de l’absence de son
mari. Marie-Anne Crispin, dont le mari était mort l’année précédente, s’est
presque imposée pour aller passer la nuit avec elle et Antoine Desforges.
Ceux-ci seraient arrivés le soir pour ne pas être vus par le voisinage. Vers
minuit, Jean-Baptiste Desforges est allé frapper à la porte de voisins en
criant que sa belle-sœur était mourante. À l’arrivée des premiers témoins, Catherine
était déjà morte et recouverte d’un drap.
Marie-Anne Crispin et l’époux de
Catherine, Jean-Baptiste Desforges, ont été accusés du meurtre. Selon les
journaux qui ont couvert le procès, Marie-Anne Crispin était la maîtresse de Desforges.
Ce dernier était cordonnier de métier. Le 20 avril, ils ont été reconnus
coupables et condamnés à mort. Ils ont été pendus simultanément le 25 juin 1858
à la prison de Saint-Jérôme, à 10h00.[125] Selon
Raymond Boyer, Marie-Anne Crispin avait d’abord été accusée du meurtre par
empoisonnement de son mari, un dénommé Bélisle, mort en 1857, mais l’accusation
avait été abandonnée.[126]
1859, 2 avril – Anselme Charron
Profit personnel –
Saint-Hyacinthe – 1 SC
Jean-Baptiste Beauregard, pendu.
Anselme Charron, un homme
d’affaire de Saint-Charles-sur-Richelieu, s’est rendu à Saint-Hyacinthe au matin
du 2 avril 1859. Il transportait une importante somme d’argent. Jean-Baptiste
Beauregard a été la dernière personne aperçue en sa compagnie, alors qu’il se
dirigeait en direction du pont Biron. Les deux hommes étaient alors en état
d’ivresse. Peu après, Beauregard est revenu seul, le souffle coupé. Avant la
disparition de Charron, Beauregard avait également tenté d’obtenir le droit
d’ouvrir une auberge, alors qu’après on l’a entendu se vanter qu’il avait
maintenant la somme nécessaire pour réaliser son projet.
Neuf jours après la disparition,
un ami de Charron est allé voir Beauregard pour lui demander directement où se
trouvait le disparu. Beauregard a alors répondu : « je ne m’en
souviens pas. » Finalement, le cadavre de Charron a été retrouvé au début
de mai 1859. Sa tête portait des marques évidentes de violence. À la suite de
l’enquête du coroner, Beauregard a été arrêté et accusé de meurtre. Il a été
reconnu coupable et pendu le 16 décembre 1859 à la prison du Pied-du-Courant, à
Montréal, en face de la distillerie Molson, par une journée froide et nuageuse.
Juste avant la pendaison, le prêtre qui accompagnait le supplicié a profité de
l’occasion pour pointer du doigt la distillerie Molson afin de condamner les
méfaits de l’alcool. Beauregard laissait dans le deuil sa femme, Sophie Delage,
ainsi que ses enfants.
1860, 7 avril[127] – Adélaïde Bizaillon; et Marie Bizaillon,
13 ans
Homicide sexuel désorganisé – objets contondants (rondin et pieu) – viol –
surpuissance
Saint-Athanase, près de Kamouraska, Bas Saint-Laurent – 2 SC
Non élucidé. Flavien Morin et Moïse Collette, acquittés.
Le 17 avril 1860, ce sont des
travailleurs du chemin de fer qui ont fait la découverte de deux corps
sauvagement battus. Adélaïde Bizaillon et sa fille de 13 ans, Marie, ont été
violemment assassinées à coups de pieux et possiblement de rondin. Le pieu, d’une
longueur de 5 pieds, a été retrouvé près de l’une des deux victimes. Les
comptes rendus de l’époque rapportent que Marie a été violée. Durant l’enquête
de coroner, on a entendu 63 témoins et les soupçons se sont rapidement portés
contre Flavien Morin, ainsi que sur Moïse Collette et John McNulty. Il semble
que le double meurtre soit survenu le 7 avril alors que les corps ont été
découvert seulement dix jours plus tard. Le cadavre de la jeune Marie, dont la
tête et une partie du tronc se trouvaient sous une souche et des branches, ne
laissait à découvert que la moitié inférieure de son corps. Dans le champ, on a
découvert le corps de la mère. « La fille était appuyée sur ses mains et
ses genoux, ayant entre les jambes le panier contenant les différents petits
articles qu’elle avait achetés à St-Athanase. Les têtes des deux victimes
avaient été affreusement meurtries et mutilées, et le crâne enfoncé. On s’était
servi, pour cet horrible objet, de rondins et d’un pieu de clôture que l’on
trouva près de là et dont les extrémités étaient couvertes de sang »[128]
D’après les médecins, la jeune
Marie a été violée. On croit que la mère et la fille revenaient de Saint-Athanase,
à environ 6 ou 7 miles de là, lorsqu’elles ont été attaquées. Elles suivaient à
pied la voie ferrée. Étant donné la robustesse de Mme Bizaillon, on croyait à
l’époque qu’il y avait au moins deux agresseurs. Flavien Morin a été rapidement
soupçonné parce qu’il aurait parlé du crime avant la découverte des corps. Devant
le coroner, Morin a plutôt dit qu’il avait appris l’affaire de la bouche de
Moïse Collette. Ce dernier a nié avoir dit quoi que ce soit à Morin. Lors du
procès de Morin, en avril 1861, la défense a présenté un scénario selon lequel
Morin ne se trouvait pas dans le secteur au moment des meurtres. Ainsi, il a
été acquitté. Moise Collette a également été acquitté, mais le destin qui
l’attendait soulève des questions. En juillet 1861, on pouvait lire dans le Le
Franco-canadien[129]
qu’on venait de retrouver son corps dans le canal Lachine. Le journal croyait à
un suicide.
1860, automne – Bébé Burns
Néonaticide/Filicide par un père maltraitant – battu à mort
East Bolton, Estrie – au moins 2 SC
Alexander Burns, son père de 45 ans, pendu.
Alexander Burns était considéré
comme un homme violent. Il a été arrêté en 1848 pour avoir blessé un homme avec
une hache. Jugé inapte à subir son procès, on l’avait conduit à l’asile de
Beauport, d’où il était ressorti au bout de trois mois. À son retour à East
Bolton, dans la région de Sherbrooke, il se serait vanté de s’en être bien
sorti.
À l’automne 1860, un vieux
voyageur du nom de Nelson Lilian s’est arrêté chez les Burns pour quelques
jours. Par la suite, le vieil homme a disparu. Cindal Burns, le fils de 16 ans
d’Alexander, s’est lui aussi évaporé à la même époque. Les habitants du canton
ont alors décidé que c’en était assez et ils ont organisé une fouille de la
demeure, qui consistait en une maison en bois rond qui abritait Burns, sa
femme, sa mère et 9 enfants, dont le plus jeune avait 3 mois et le plus vieux
18 ans. Burns lui-même était décrit comme un homme de 45 ans. La découverte
d’ossements humains sur la ferme a poussé Burns à prendre la fuite. Cependant,
on a découvert que Cindal était en vie. Il s’était sauvé avec Lilian parce que
son père avait abusé de lui.
Les Burns ont affirmé que les
ossements étaient ceux d’un cheval, mais le Dr Patee a déterminé que les os
étaient humains. Une enfant de 9 ans de la famille, Joséphine, a avoué aux
autorités que Cindal avait été malmené par son père parce qu’il avait
l’intention de dévoiler ce qu’il savait à propos du bébé. Mais quel bébé? Joséphine
a donc expliqué que sa sœur Mary Jane avait eu un enfant et que Burns l’avait
froidement tué. Pour sa part, Cindal a déclaré avoir vu son père violer sa sœur
Mary Jane, avoir assisté à la naissance de l’enfant et vu son père tuer le
poupon. Il aurait déposé l’enfant dans la neige pour ensuite le battre à mort.
Finalement, la petite Joséphine, âgée de 9 ans, a admis à son tour avoir été
violée par son père.[130]
Alexander Burns a été pendu le 6 septembre 1861. Un journal a estimé entre
15 000 et 18 000 le nombre de curieux venus assister à la pendaison.[131]
1861, 25 août – Jose Anna Shay
Homicide domestique par un conjoint suicidaire – arme à feu
Saint-Jean-sur-le-Richelieu, Montérégie – 1 SC
Patrick Lane, son mari, acquitté pour aliénation mental.
Au printemps 1861, Patrick Lane,
sa femme et leurs quatre jeunes enfants ont quitté les États-Unis pour venir
s’installer dans la ville de Saint-Jean. Le 19 août 1861, Patrick Lane a été
renvoyé de la brasserie où il travaillait parce que l’ouvrage manquait. Sachant
qu’il était malade, un ami, Phillip McGinnis, est allé lui porter du beurre et
du pain. Au moment de cette visite, Lane ne lui a pas paru très raisonnable. Par
exemple, il a dit à son ami qu’il allait mourir. Il en était tellement
convaincu qu’il lui a confié sa montre et son argent. Finalement, McGinnis
s’est retiré quand il a compris que Lane voulait que personne ne parle à sa
femme.
Le 25 août, Hubert Faille, un
voisin, s’est précipité chez les Lane après avoir entendu un coup de feu. À son
arrivée, l’odeur de poudre s’était répandue dans la maison, et la victime était
renversée sur un berceau. Tous les enfants criaient et pleuraient. Le voisin a
dû éteindre le feu qui commençait à prendre sur les vêtements de la victime et
qui avait été allumé par la poudre noire sortant du canon de l’arme à feu.[132]
Il a ensuite pris le fusil et les amorces avant de sortir de la maison, évitant
ainsi que Lane fasse d’autres victimes. Peu après, Lane a affirmé que sa femme
lui avait demandé de la tuer.
Après son arrestation, il a
essayé de frapper l’un de ses gardiens avec un bâton, mais le coup a été évité.
Lors du procès, un témoin a dit que la victime semblait avoir un retard mental.
En l’absence de son mari, Jose Anna Shay et ses enfants ne sortaient jamais de
la maison, sous peine de recevoir une violente correction. Lane maltraitait sa
femme et ses enfants, autant verbalement que physiquement. Selon un témoin, il lui
arrivait de se parler et de se disputer tout seul. Au terme de son procès, tenu
en mars 1862, il a été acquitté parce que « l’accident a eu lieu à un
moment où Lane était privé de sa raison. »[133]
1862, mars – David Meagher
Homicide conflictuel – arme blanche (hache)
? - ? SC
Michael Farrel, acquitté. Pendu pour un autre homicide commis en 1878.
En 1862,
suite à un conflit dont les origines nous échappent, David Meagher a menacé de mort Michael Farrel. En mars de la
même année, alors qu’il revenait de Québec, Meagher et son père ont croisé
Farrell et la bagarre a immédiatement éclaté. Farrell, armé d’une hache, a mis fin au conflit en
frappant David Meagher à plusieurs reprises. L’enquête de coroner a blâmé Farrell pour homicide involontaire mais il a été acquitté lors de son procès. En 1878, Farrel a récidivé
en tuant un autre voisin avec lequel il entretenait un conflit. (Voir 1878,
25 août – Francis « Frank » Conway)
1862, juin? – Alexander McKinnon
Homicide à motif indéterminé -
Pointe-Lévis, sur le navire Confiance – 1 SC
Non élucidé. William Callaghan, acquitté d’homicide involontaire.
Le meurtre de McKinnon, un
matelot de Lévis, se serait produit sur le navire Confiance. Des témoins
ont raconté avoir vu le visage de Callaghan couvert de sang après la mort de la
victime. Callaghan a été acquitté en juillet 1862. Toutefois, il semble qu’il
ait aussi été accusé d’avoir causé des blessures à un dénommé Kelly.
1862, 4 juillet – Sergent William H. Bewley
Meurtre par vengeance – arme à feu
Québec, caserne militaire – 1 SC
Thomas Crozier, canonnier et subalterne de la victime, prison à vie et
travaux forcés.
Le 4 juillet 1862, vers 14h00,
dans la cour des casernes de l’artillerie, à la porte du Palais, une parade
militaire se préparait. Les troupes formaient les rangs pendant que le sergent
William H. Bewley, de la 7e brigade, était occupé à aligner les
hommes, tournant ainsi le dos à la station. C’est alors que le canonnier Thomas
Crozier est sorti de la station, a épaulé son arme à feu et a tiré dans le dos
du sergent. Bewley a pivoté sur lui-même avant de tomber. La balle aurait
traversé son corps et blessé ensuite le bombardier Aaron Chappell. Bewley est
mort vers 16h00. On croit que le crime était motivé par le fait que la victime
avait fait plusieurs rapports contre Crozier afin de le punir de sa mauvaise
conduite. En février 1863, Crozier a été condamné à la prison à vie ainsi
qu’aux travaux forcés.
1863, 11 septembre – Patrick Pearl (ou Parell)
Homicide à motif indéterminé –
Québec, quartier Saint-Roch, rue Saint-Vallier – ? SC
John Meehan, 25 ans, pendu.
L’enquête du coroner Panet sur la
mort de Patrick Pearl a permis de rendre un verdict de responsabilité
criminelle à l’endroit de John Meehan et James Crotty. Meehan, qui a ensuite
été accusé de meurtre, a été décrit comme un Irlandais qui, en état d’ivresse,
a battu à mort un de ses compatriotes. Reconnu coupable, il a été pendu à 10h00
le 22 mars 1864. Son exécution a été la dernière à avoir été réalisée en public
dans le district de Québec. Un artiste du nom de Grosperrin aurait chanté une
complainte au moment précis de l’exécution. Bilingue, Meehan se serait adressé
à la foule dans les deux langues pour dire qu’il n’avait jamais eu l’intention de
prendre la vie de Pearl. Quand son corps est tombé du haut de la potence, il y
aurait eu une certaine réaction de panique dans la foule. Par ailleurs, sa
cagoule ait tombé pendant sa chute, ce qui a fait en sorte que plusieurs
curieux ont vu son visage pendant qu’il agonisait. La dernière exécution à
Québec remontait à 1836.
La Gazette de Sorel a
présenté un portrait expliquant que Meehan était originaire de Sainte-Catherine
de Fossambaut et que son père, mort en 1860, était un cultivateur respectable. Devenue
veuve, sa mère avait vendu la ferme pour venir s’installer à Sorel avec ses
quatre enfants. Meehan était alors devenu charretier, un métier qu’il a
pratiqué jusqu’à ce qu’il se transforme en meurtrier. Le crime a été commis le
11 septembre 1863 sur la rue Saint-Vallier, dans le faubourg Saint-Roch, à
Québec, vers midi. Selon une rumeur, il existait une vieille querelle familiale
entre lui et sa victime. Il aurait été aidé par James Crotty, mais ce dernier
semble avoir échappé à la justice.
1864, 9 janvier – Charles Anselme Mercil, 13 mois
Infanticide par une meurtrière d’âge adulte – jeté dans un puits
Longueuil – 1 SC
Joséphine Achim, 23 ans, accusé de meurtre, maladie mentale, ?
Le 9
janvier 1864, alors que son mari était sorti, Mme Mercil s’est aperçue que son
enfant âgé de 13 mois, Charles Anselme, était absent. Elle a commencé à le
chercher dans la chambre de sa belle-sœur, Joséphine Achim, qui se trouvait à
l’étage. Se retrouvant devant une porte verrouillée, Mme Mercil s’est
longuement obstinée avec Joséphine pour qu’elle lui ouvre. Finalement,
lorsqu’elle s’est décidée à lui ouvrir, la mère a constaté que son enfant
manquait toujours à l’appel. Toutefois, au moment de passer au côté d’elle,
Joséphine a laissé échapper cette phrase : « en allant dans le
jardin, j’ai échappé l’enfant dans le puits. »
En effet,
avec l’aide d’un voisin, c’est au fond du puits que la mère a retrouvé le corps
de son jeune fils. Quand on lui a demandé pourquoi elle avait fait ça,
Joséphine a seulement répondu : « il est au ciel! » L’enquête de
coroner a démontré que Joséphine entretenait une obsession pour justement
« envoyer l’enfant au ciel. » Le coroner a conclu à un homicide
involontaire. Joséphine a immédiatement été conduite à la prison de Montréal
pour y attendre son procès. Sujette à des attaques de folies, on sait qu’elle
avait passé plusieurs années dans des institutions psychiatriques. Au moment de
son crime, elle revenait d’un séjour d’une durée de huit ou neuf mois à l’Asile
de Saint-Jean. Il semble qu’elle n’ait pas eu à subir de procès. Il est
probable que la justice l’ait expédié en institution pour une période
indéterminée.
1864, février – Victoire Leblanc dit George, 78 ans
Homicide domestique – objet contondant (tisonnier)
Québec, Saint-Roch – 1 SC
Joachim Dessaint dit St-Pierre, son arrière-neveu, ?
C’est dans le quartier Saint-Roch,
à Québec, que Victoire Leblanc, une dame âgée de 78 ans, a été tuée par un coup
reçu sur la tête. Son arrière-neveu, Joachim Dessaint dit St-Pierre, âgé de 25
ou 30 ans, demeurait dans la même maison. On le disait sujet à des accès de
folie. En février 1864, il est entré dans la chambre de sa vieille tante, qui se
trouvait alors avec deux petits garçons. Il est resté assis tranquillement un
instant puis il s’est levé pour courir jusqu’au poêle, il a saisi le tisonnier
et a frappé violemment la vieille femme.[134]
Au moment d’être arrêté, on a décrit
St-Pierre comme une personne qui ne donnait pas l’impression de savoir ce qui
se passait. Il est probable qu’il ait été envoyé en institution psychiatrique
puisqu’on ne retrouve aucune trace d’un quelconque procès dans les journaux de
l’époque.
1865, 28 mai – Marie-Louise Sauvage, 31 ans; et
Marie Justina Moquin, 2 ans
Homicide sans discernement commis lors d’un vol– arme à feu et incendie –
mise en scène
Laprairie – 1 SC
Stanislas Barreau, ancien employé des Moquin âgé de 23 ans, pendu.
Le 28 mai 1865, Alex Moquin a
quitté sa maison vers 8h45 en compagnie de sa femme, de son fils (Casimire
Moquin) et de sa bru, confiant la maison à ses servantes Marie-Louise Sauvage,
31 ans, et Délima Duquet, 14 ans. Après la messe, son neveu Louis Brossard s’est
empressé de venir lui apprendre que sa demeure était victime des flammes, sans
compter que l’une de ses servantes et un enfant étaient morts. Alex Moquin s’est
aussitôt précipité chez lui. La maison se situait sur la côte des Prairies, à
une lieue du village de Laprairie. En entrant, il a trouvé sur le plancher le
corps de sa servante Marie-Louise Sauvage, et celui de sa petite-fille Justina
Moquin. Deux voisins étaient déjà en train d’éteindre ce qui semblait être deux
foyers d’incendie.
Alex Moquin a également constaté
que le coffre qui contenait son argent avait été forcé. Lors du témoignage
qu’il a livré par la suite, il a estimé à 200$ le contenu de cette boîte. Des projectiles
d’arme à feu avaient causé des trous dans une table, dans le plancher, dans un
cabaret et dans une porte. Selon le témoignage de Délima Duquet, Stanislas
Barreau, un ancien domestique des Moquin, s’était présenté en demandant si M.
Moquin était là. Il y avait deux ans que Barreau n’avait pas été vu dans les
environs. Maintenant, il tenait un fusil dans ses mains. Il a demandé à manger
et les deux servantes lui ont donné du jambon. Marie-Louise est disparue avec
lui au jardin durant quelques minutes après lui avoir dit qu’il était sale. De
retour à l’intérieur de la maison, il avait fini par dire « je suis maître
ici ». Sur ces paroles, il avait ouvert le feu, d’abord sur Marie-Louise.
Barreau a tiré un coup de pistolet en direction de Delima alors qu’elle sa
cachait sous une table. Ensuite, elle l’a vu jeter des couvertures aux pieds de
Marie-Louise avant de gratter une allumette pour mettre le feu à la paillasse. Avant
de pouvoir se sauver avec un jeune enfant dans les bras, Délima a pu voir les
deux victimes au sol. Elle a finalement couru chez le voisin Damase Sorel pour
obtenir de l’aide.
Barreau a pris la fuite, mais les
autorités ont réussi à lui mettre la main au collet alors qu’il se cachait à
Kingston, en Ontario. En novembre 1865, au terme de son procès, il a été
reconnu coupable et pendu.[135]
1865, 16-24 septembre – Georges Bernier
Homicide à motif indéterminé – arme blanche (couteau)
Sur un navire naviguant sur le fleuve – 2 SC
Non élucidé.
Georges Bernier a été tué sur un
navire qui naviguait sur le fleuve Saint-Laurent avant d’être jeté par-dessus
bord. Selon un témoin entendu à l’enquête du coroner, le capitaine avait justement
menacé Bernier de le jeter à l’eau. Son corps a été retrouvé sur le rivage de
Berthier, le 24 septembre 1865. Sa disparition a été publiée le 16 septembre. Le
corps portait les marques de deux coups de couteau dans la région du cœur. Le
pilote qui a remplacé Bernier a été averti de se tenir sur ses gardes. Il
semble que ce meurtre n’ait jamais été résolu.
1866, janvier – Marie-Aglaé Babin, 28 ans
Homicide domestique – par noyade
Buckingham, rivière du Lièvre - ? SC
Non élucidé. Pasteur Jérémie Babin, acquitté.
Le cadavre en décomposition de
Marie-Aglaé Babin, 28 ans, a été retrouvé le 25 juin près de la rivière du
Lièvre à Buckingham. Infirme, Marie-Aglaé était incapable de se déplacer toute
seule. En janvier 1866, en même temps que la disparition de Marie-Aglaé, son
frère Joseph avait quitté pour les États-Unis. Le même soir, une dispute serait
survenue entre le révérend Jérémie Babin et Joseph. Ce dernier était venu lui
confier la garde de sa sœur handicapée, mais le pasteur de la mission St.
Stephen ne voulait pas s’occuper d’elle. « Très peu de gens au village
avaient entendu parler de cette jeune femme infirme avant que le corps ne soit
retrouvé, flottant entre des billes de bois. Le révérend l’avait installée à
l’étage, dans une petite chambre avec vue sur le cimetière. En trois mois et
demi, jamais elle n’a quitté cet endroit, sauf pour aller rejoindre la mort.
Elisabeth Abbott, la femme du révérend Babin, et aussi la cousine du député
d’Argenteuil et futur premier ministre du Canada, John Caldwell Abbott, était
enceinte de leur premier enfant. À l’époque, plusieurs croyances absurdes
vis-à-vis des personnes au physique différent circulaient. L’une d’elles :
la vue d’une personne handicapée pouvait nuire au développement normal de
l’enfant à naître. »[136]
Marie-Aglaé a été inhumée sans
cérémonie, mais le fossoyeur a constaté qu’elle avait les pieds difformes, une
information qui a été suffisante pour convaincre le coroner de procéder à une
exhumation. La cause du décès a alors été attribuée à la noyade. Toutefois,
puisqu’elle était apparemment incapable de se déplacer toute seule, on en a
déduit qu’elle avait été assassinée. Pour sa défense, Jérémie Babin a affirmé
avoir confié sa sœur à un certain Moïse Ledoux, mais ce dernier est demeuré
introuvable. Le procès du pasteur s’est ouvert en janvier 1867 à Aylmer et il a
été acquitté. En 1869, après la mort de sa femme, il a confié ses enfants à ses
beaux-parents avant de disparaître aux États-Unis, où il est décédé en 1913,
happé par une voiture en Ohio.[137]
1866, 31 décembre – François-Xavier Jutras
Meurtre par passion – empoisonnement (strychnine)
Saint-Zéphirin de Courval – 1 SC
Sophie Boisclair, condamnée à mort, sentence commuée; Modeste Villebrun dit
Provencher, pendu.
Le 26 octobre 1866, alors qu’ils
prétendaient chacun à leur destination, Modeste (ou Modiste) Villebrun dit
Provencher, un ancien juge de paix, et sa voisine Sophie Boisclair, ont quitté Saint-Zéphirin
de Courval pour se mettre en route vers Sorel. Plus tard, des témoins les ont
vu dormir dans la même chambre d’auberge. Peu de temps après, l’épouse de
Provencher est décédée. Vers le début de décembre, alors qu’il n’avait pas été
inquiété par les autorités, Provencher s’est installé avec Sophie Boisclair et
le mari de celle-ci, François-Xavier Jutras. Le 31 décembre, on retrouvait le
corps sans vie de ce dernier. L’enquête a permis de
découvrir qu’il était mort empoisonné à la strychnine. La propre fille de
Sophie a été témoin du comportement étrange de sa mère avec son amant.
Le procès de Provencher s’est
ouvert le 22 mars 1867 à Sorel. Le 6 avril, après 5 minutes
de délibérations, le jury l’a déclaré coupable. Le condamné a versé quelques
larmes en croisant le regard de ses enfants, assis dans le prétoire, mais il
s’est rapidement ressaisi. Quand on lui a demandé s’il avait quelque chose à
déclarer, il a dit : « j’ai t’a dire que j’suis pas coupable. J’sais
qui s’qu’a fait l’coup, mais c’est pas les accusés. »[138]
Le procès de Sophie Boisclair s’est ouvert deux jours plus tard. Reconnue
coupable, on lui demandé à son tour si elle avait quelque chose à déclarer :
« Monsieur, je ne veux pas que la sentence de mort soit prononcée à
c’t’heure, parce que je suis enceinte. Je ne suis pas coupable; j’ai été
accusée à tort. Je suis accusée sans être coupable; je puis vous le dire,
si mon mari pouvait prononcer des paroles, vous verriez que je ne suis pas
coupable. Si Dieu permettait que mon mari parlerait, vous verriez ce qu’il en
serait aujourd’hui. »[139]
Provencher a été pendu à la
prison de Sorel le 3 mai 1867. Il aurait eu le temps de dire au bourreau :
« Notre Seigneur a enduré, et il n’était pas coupable. »[140] Selon
le Shérif, Provencher a avoué son crime peu de temps avant de monter sur
l’échafaud. Le 12 février 1868, Sophie était transférée au pénitencier de
Kingston, en Ontario, puisqu’elle
venait de se mériter une commutation de peine.[141]
Selon le dossier judiciaire, elle n’aurait pas été libérée de prison avant
1886.
1867, 26 septembre – Jean-Baptiste Ouellet
Profit personnel – arme blanche (couteau) – mise en scène
Quelque part sur le Saint-Laurent, entre Sainte-Anne-des-Monts et Sept-Îles
– 2 SC
Eugène Poitras, pendu.
En septembre 1867, Jean-Baptiste
Ouellet résidait chez Eugène Poitras, à l’Anse-à-Jean (aujourd’hui
Sainte-Anne-des-Monts),[142] au
moment où il s’est blessé à une main en manipulant un couteau. Léocadie Poitras, 12 ans, lui a fait un bandage
blanc cousu de fil noir. Puisqu’il hésitait à retourner seul dans les régions
de la Gaspésie et de la Côte Nord, en raison de cette blessure, Poitras lui a
proposé de l’accompagner. Le 26 septembre, Ouellet et Poitras s’embarquaient sur
le fleuve Saint-Laurent en direction de Sept-Îles. Le soir même, vers 23h00, des
hommes naviguant sur une barge ont entendu les cris d’un homme à travers la
brume.
Poitras, qui avait la réputation
d’être toujours sans le sou, a attiré l’attention de quelques témoins en
montrant soudainement qu’il avait beaucoup d’argent. Pour expliquer la
disparition de Ouellet, il a également fourni des versions contradictoires.
C’est seulement en juin 1868, après la fonte des neiges, que le corps de
Ouellet a été retrouvé sur l’Île-de-Mai par deux voyageurs. En cherchant du
bois pour se réchauffer, ils ont vu qu’à un endroit précis la terre avait été
fraîchement retourné. Le corps, dont la décomposition était très avancée,
portait un bandage à la main droite et que Léocadie a plus tard reconnu comme
étant celui qu’elle avait fait à Ouellet. L’enquête du coroner, en septembre,
n’a pas permis de retrouver la moindre trace de violence sur le corps de
Ouellet, mais Poitras restait tout de même le suspect numéro un. Son procès
s’est ouvert en juin 1869 à La Malbaie. La défense a prétendu que Ouellet était
toujours vivant, quelque part, mais cette affirmation n’a pas été prouvée et
n’a surtout pas convaincu le jury. Il a été reconnu coupable et pendu. Selon
l’auteure Marcelle Cinq-Mars, « c’est seulement sur l’échafaud que Poitras
a finalement avoué son crime. Il aurait poignardé Ouellet. »[143]
1868, 12 février – Toussaint Boulet
Meurtre par passion – empoisonnement (strychnine et arsenic)
L’Ange-Gardien, près de Saint-Hyacinthe – 1 SC
Joseph Ruel, pendu.
Le 12
février 1868[144],
Toussaint Boulet, cultivateur de L’Ange-Gardien, a été retrouvé mort empoisonné. Il avait
souffert durant quatre semaines avant de rendre l’âme. Joseph Ruel, qui
habitait chez les Boulet depuis quelques mois, a vite été ciblé par l’enquête.
La Gazette de Sorel a rapidement fait un lien avec l’affaire
Provencher-Boisclair survenue deux ans plus tôt. En effet, on l’a soupçonné
d’entretenir une liaison avec Arzélie Messier[145],
l’épouse de Boulet. Cette relation durait depuis plus d’un an. En novembre
1866, Ruel était devenu veuf et s’était installé comme pensionnaire chez les
Boulet. Lorsque Toussaint Boulet est tombé malade, Ruel s’est offert pour le
soigner car il prétendait détenir certaines connaissances médicales. Comme
d’autres assassins qui ont utilisés le poison pour commettre leur crime, il a
prétexté vouloir acheter de la strychnine pour tuer des renards. Le 6 février
1868, Ruel avait même réussi à obtenir de la strychnine et de l’arsenic.
Au cours de
la soirée du 11 février, Boulet a joué aux cartes, mais le lendemain Ruel et
Onésime Messier, la belle-sœur de Boulet, lui ont administré un remède avant de
sortir de la maison. Pendant ce temps, Boulet a vomit avant de s’effondrer dans
de violentes convulsions. Il est mort peu après.
Durant le procès, des témoins ont
raconté avoir vu Ruel et madame Boulet s’embrasser. On les a également vu en
train d’éprouver beaucoup de plaisir pendant que le mari était malade. En
effet, on aurait pu croire à un copier-coller de la cause Provencher-Boisclair.
Finalement, Joseph Ruel a été condamné et pendu le 1er juillet 1868
à la prison de Saint-Hyacinthe. Selon Le
Canadien,
on mentionne que « la femme Boulet, ayant un enfant dans ses bras, s’est
présenté[e] à la fenêtre pour voir aussi l’exécution. » En fait, avant de
mourir, Ruel aurait dit que « la femme Boulet que l’on veut faire passer
pour ma complice, n’a jamais eu connaissance
qu’il y eut de poison dans la maison, et qu’il y en ait eu d’administré à son
mari. » Il semble qu’il n’y ait jamais eu d’accusation à l’endroit
d’Arzélie Messier.
1868, 23 août – Joseph L’Heureux, 28 ans
Homicide conflictuel – arme blanche (couteau)
Québec, quartier Saint-Roch, angle des rues de la Couronne et du Prince
Édouard – 1 SC
James Quinn, son collègue de travail, condamné à mort, sentence commuée en
emprisonnement à vie.
Dans la
nuit du dimanche 23 août 1868, entre 1h00 et 2h00, une dispute a éclaté entre
deux voisins, l’un nommé Flynn et l’autre Quinn. L’altercation s’est produite à
l’intersection des rues de la Couronne et du Prince Édouard, dans le quartier
Saint-Roch, à Québec. Durant la bagarre, Joseph L’Heureux est apparu,
semble-t-il, dans l’espoir de les séparer. Quinn était ivre et faisait du
grabuge depuis quelques heures déjà. L’Heureux, qui avait été son collègue de
travail, lui a demandé s’il irait à nouveau tirer de la glace en sa compagnie
sur la rivière Saint-Charles. Quinn a répondu : « Non, je ne pense
pas que tu tires jamais de glace à l’avenir. » Sur ces mots, il a sorti un
couteau et a
poignardé L’Heureux dans l’abdomen, lui causant une blessure d’environ six
pouces de longueur. Tout en lui ouvrant le ventre, il aurait dit « est-ce
cela que tu veux? » À l’arrivée des policiers, L’Heureux était fort mal en
point, ses intestins se répandaient déjà sur le sol. Il est mort deux heures
plus tard.
Le couple
Flynn a été arrêté puis remis en liberté. Le 24 août, alors que se déroulait
l’enquête du coroner, des citoyens ont planifié de lyncher Quinn pour son
crime. Pour éviter le pire, le coroner a reporté son enquête au lendemain. En
1869, James Quinn a été reconnu coupable et condamné à mort,
mais sa sentence a été commuée en emprisonnement à vie.
1868, 25 septembre – Henriette Gendreau; et ses
deux enfants[146]
Familicide? – par incendie
Région de Victoriaville – 1 SC
Elzéar Guillemette, son mari et leur père, condamné à mort puis acquitté en
Cour d’appel.
Au cours de
la nuit du 25 septembre 1868, vers 3h00, le shérif adjoint Charles James Powell a été réveillé par une voisine qui lui a dit que
la maison la plus proche était victime des flammes et qu’une femme et ses deux
enfants s’y trouvaient toujours. Powell s’est précipité sur les lieux pour
découvrir qu’il ne pouvait plus rien faire. Toutefois, il a vu Elzéar
Guillemette, le propriétaire de la
maison, qui observait le brasier sans bouger, appuyé contre une clôture et ne
portant que ses sous-vêtements. D’autres témoins ont rapporté que ce dernier avait
crié à quelques reprises pour qu’on sauve sa femme et ses enfants.
Lors du procès, qui s’est ouvert le
28 février 1870 à Arthabaska[147],
Powell n’a pas caché qu’il trouvait étrange que Guillemette ne soit pas venu le
réveiller pour lui demander de l’aide. Selon
le témoignage du coroner Poisson, les corps des enfants ont été
retrouvés à moins de trois pieds de celui de leur mère et les restes carbonisés
d’un animal domestique ont aussi été retrouvés dans les cendres. Guillemette a
été reconnu coupable et condamné à mort, mais une pétition déposée dans le
district de Trois-Rivières le 24 avril 1870 a milité en faveur d’une
commutation de peine. Parmi les arguments utilisés, on a souligné qu’Onésime
Richard, un des témoins, était
atteint d’idiotie, tandis qu’un autre se serait contredit. De plus, le témoin Philippe
Blais n’avait que 9 ans au moment des faits. Finalement,
Guillemette a été acquitté en Cour d’appel.[148] Cette
affaire est donc restée un mystère.[149]
1869, 3 mars – Whittaker
Meurtre par vengeance – arme à feu (revolver)
Québec – 1 SC
Chaloner, 16 ans, acquitté.
Selon une enquête de coroner
tenue en mars 1869, on a conclu « que la mort de M. Whittaker a été causée
par un coup de pistolet tiré par Chaloner. » Selon un compte rendu,
Chaloner a tué l’officier du 53e Régiment parce que celui-ci avait
séduit sa sœur, environ trois semaines plus tôt. En fait, lors d’une visite
chez la famille Chaloner, l’officier Whittaker aurait profité d’un moment où il
était seul avec la jeune fille pour lui faire respirer du chloroforme dans son
mouchoir tout en lui faisant croire que c’était un nouveau parfum. Il l’a
ensuite violé pendant qu’elle était inconsciente. Lorsque son frère de 16 ans a
été mis au courant de l’affaire, il s’est empressé d’acheter un revolver, a
demandé qu’on lui enseigne comment s’en servir, puis il s’est dirigé au club
des patineurs où il avait donné rendez-vous à Whittaker. Face à face, le jeune
Chaloner a expliqué la situation, en plus de préciser qu’il s’apprêtait à lui
faire regretter son crime. Sur ces paroles, Chaloner a sorti son arme et tiré
deux fois sur le violeur. Selon un journal contemporain aux événements,
Whittaker avait déjà commis un viol similaire à Toronto. « On condamne
l’assassinat et on déplore le fait, mais personne n’éprouve de sympathie pour
l’officier. »[150]
Quelques mois plus tard, Chaloner
a été acquitté au terme de son procès. À l’époque, des journaux se sont
questionnés à savoir si cet acquittement n’était pas dû à la haine que la
population éprouvait envers l’officier.
1870, 17 juillet – Moïse Tremblay
Homicide à motif indéterminé – arme à feu
St-Patrice de Sherrington – 1 SC
Non élucidé. Ludger Arpin, 19 ans, acquitté.
Le corps de
Moïse Tremblay a été découvert le long d’une route à Saint-Patrice de
Sherrington le 17 juillet 1870. Visiblement, il a été tué d’un coup de feu.
Quelques jours plus tard, il devait épouser une jeune fille du nom de Poupart
qui par le passé avait déjà courtisé un certain Ludger Arpin, 19 ans. Ce
dernier a donc été accusé du meurtre sous prétexte qu’il aurait souhaité faire
avorter le mariage dans l’espoir de retrouver ses chances de conquérir la
belle. Au terme de son procès, en décembre 1870, Arpin a été acquitté.
1871, 3 mai – Mary Rooney
Profit personnel – arme blanche (hache)
Montréal – 2 SC
Johan Ingebretson (alias John Lee),
27 ans, pendu.
Au cours de
la nuit du 3 mai 1871, John Lee, alias Inglebretzen, un
Norvégien de 27 ans, faisait la fête avec un dénommé Maloney dans une maison de
Montréal appartenant à Mary Rooney, épouse de Charles Foster. Les trois hommes étant
ivres, les choses ont tourné au vinaigre lorsque Lee s’en est pris à Mary pour
lui voler la somme de 200$ sur laquelle il faisait une fixation. Après avoir
tué la femme à coups de hache, il s’est empressé de se
rendre dans un bordel pour dépenser le fruit de son gain. Il se trouvait encore
en compagnie d’une prostituée lorsque les autorités ont procédé à son
arrestation. Confronté au cadavre de sa victime, ses remords ont été suffisant
pour le pousser à tout avouer. Reconnu coupable, Lee a été pendu le 17 novembre
1871.
1871, 25 mai – Marie Clara DeVilliers, âgée de
quelques mois
Infanticide par une meurtrière d’âge adulte – empoisonnement
Cacouna, près de l’Île Verte – 1 SC
Marie McGaugh, sa nounou, condamnée à mort, commutation de peine, pardon.
En août
1870, Marie McGaugh, qui accusait un certain retard mental, a été engagée comme
nurse par Charles DeVilliers et sa femme, Marie Angèle[151],
qui géraient une ferme située à Cacouna, près de l’Île Verte, ainsi qu’un
magasin général. Sa principale fonction était de prendre soin de la petite
Marie Clara, âgée d’à peine quelques mois. Les DeVilliers connaissaient le
retard mental de leur servante, mais McGaugh avait par ailleurs bonne
réputation en plus d’être obéissante. Le 21 mai 1871, la petite Clara est
tombée malade, au point de faire des convulsions. Le Dr Paul Granvois a refusé de s’inquiéter et a prescrit quelques
médicaments. Le 25 mai, Marie McGaugh a profité du fait que le couple
DeVilliers était occupé dans son jardin pour administrer du phosphore au bébé.
Léopoldine Martin, une autre servante, celle-là
âgée de 11 ans[152],
a entendu les cris de la petite victime et elle s’est immédiatement précipitée
pour alerter ses patrons.
En détectant
l’odeur infecte dans le bol, les DeVilliers ont compris qu’il s’agissait
d’empoisonnement. Incapable de s’expliquer, Marie McGaugh s’est réfugiée dans sa chambre, où elle s’est
enfermée pour le reste de la nuit. La petite Clara est morte dans les bras du
Dr Granvois. Le lendemain, Marie a tout avoué. Lors de son procès, qui s’est
tenu à Rivière-du-Loup en novembre 1871, la défense a choisi de ne pas plaider
l’aliénation mentale. Marie a été reconnue coupable et condamnée à mort. Une
pétition a finalement convaincu la justice de commuer sa sentence en
emprisonnement à vie. Marie McGaugh a donc été envoyée au pénitencier de
Kingston, en Ontario. Elle s’est méritée un pardon en septembre 1879.
1871, août – Marie Lepage
Meurtre par passion – empoisonnement (arsenic)
Rimouski - ? SC
Hubert Banville, son mari, condamné à mort, commutation de peine.
Le 17 octobre 1871, c’est devant
le juge Casault[153]
de la Cour du Banc de la Reine à Rimouski qu’Hubert Banville a subi son procès sous l’accusation d’avoir
tué sa femme, Marie Lepage, par empoisonnement. Le crime
aurait été commis en août 1871. Selon l’accusation, Banville aurait mis de
l’arsenic dans le thé de sa femme. Il avait acheté le
poison en affirmant vouloir éliminer des rats. Toutefois, puisque la dose était
chaque fois insuffisante, Marie Lepage aurait souffert durant une dizaine de jours
avant de succomber. « Sa nièce qui la soignait, ayant goûté au thé, s’est
trouvée indisposée. Cela fut pour la femme un trait de lumière et elle
s’écria : « nous sommes empoisonnés par mon mari. Je suis perdu mais
pour toi, il est encore temps, cours au village voir le médecin. »
Marie avait raison, car elle a
succombé un jour ou deux après cet incident, tandis que sa nièce en a été
quitte pour une indisposition. Le but de Banville était d’épouser une jeune
fille qu’il avait déjà tenté d’enlever. »[154] Reconnu
coupable, son exécution a été fixée au 4 décembre 1871. Sa sentence a cependant
été commuée en emprisonnement à vie, ce qui lui valut un transfert au pénitencier
de Kingston, en Ontario.
1871, 15-16 novembre – Malvina Bissonnette
Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – empoisonnement
Buckland, région de Bellechasse – 1 SC
Villebon Bissonnette, son conjoint de 36 ans, pendu.
Villebon Bissonnette a fini par se lasser de sa femme, au point de
la maltraiter et de développer l’idée de s’en débarrasser. Sous un faux-prétexte,
il a réussi à se procurer auprès d’un médecin l’arsenic dont il s’est ensuite
servi pour empoisonner son épouse, Malvina Bissonnette. Celle-ci a été
retrouvée morte le 16 novembre 1871. L’enquête du coroner a conclu qu’elle
avait été empoisonnée.
En 1872, Bissonnette a été
condamné à mort. Selon Clément Fortin, il se serait évadé pendant
l’attente de son exécution, mais on l’a vite rattrapé.[155]
1872, juin-juillet – François Labelle, 75 ans
Parricide – arme blanche (hache) –
mise en scène
Saint-Jérôme – 2
SC
Non élucidé. Moïse Labelle,
acquitté.
Depuis
janvier 1872, François Labelle habitait juste au côté de son fils Moïse.
Quelques mois plus tard, ce dernier a tué son père. Une fois son crime commis,
l’assassin a déplacé le cadavre pour le coucher sur son lit, la tête
profondément enfoncée dans un oreiller de plumes, de manière à cacher la
blessure qui lui avait été mortelle. Le meurtrier a ensuite mis le feu à la
maison. Celle-ci a presque entièrement été détruite dans le brasier. En
arrivant sur les lieux, des témoins ont constaté que Moïse mettait ses voitures
à l’abri plutôt que d’essayer de sauver son vieux père. Par chance, la tête de
la victime a été retrouvée à peu près intacte, ce qui a permis de constater la
blessure mortelle. Cet élément de preuve a mené au verdict de meurtre. Selon un
compte rendu de l’époque, Moïse était du type sournois, haineux et vindicatif.
Il détestait son père. Moïse se serait débarrassé de lui pour ne plus payer la
rente qu’il devait lui verser.
Moïse
Labelle avait cependant deviné que les autorités finiraient par s’intéresser à
lui. Il a donc pris la fuite. On l’a recherché jusqu’au Minnesota, mais en
vain. Un soir d’hiver, le grand connétable Bissonnette, alerté par un
informateur, s’est rendu à la maison de Labelle à Saint-Jérôme en compagnie
d’un collègue. La femme de Labelle leur a ouvert la porte en affirmant ne pas
avoir revu son mari. Toutefois, les deux hommes de loi ont compris que la
position des draps laissait croire que deux personnes y avaient passé la nuit. En
fait, Labelle se cachait sous le lit. Coincé, il a demandé la permission de
monter au grenier pour faire sa toilette avant d’être amené en prison, mais Bissonnette
a refusé. Cette décision lui a probablement sauvé la vie, puisque qu’on a
découvert ensuite que Labelle avait caché un fusil chargé dans le grenier.
L’accusé a
subi un procès pour meurtre, mais « en dépit de la preuve accablante
contre lui, Labelle fut acquitté par le jury, qui donna comme raison de sa
conduite, que cerait [sic] un déshonneur pour St-Jérôme qu’une exécution capitale
y eût lieu. »[156] En
janvier 1902, trente ans après son crime, Moïse Labelle s’est enlevé la vie à
Sainte-Agathe-des-Monts.[157]
1872, 16 juillet – James Dillon, 35 ans
Homicide argumentatif – arme blanche (hache)
Québec, marché Finley – 1 SC
Napoléon Pelletier, capitaine du Rivoli, acquitté.
Le capitaine Napoléon Pelletier
se trouvait au marché Finley à Québec, accompagné du mousse de race noire
Joseph Archer et du steward mulâtre Samuel Weak lorsque l’embaucheur de
matelots James Dillon a offert une augmentation à Archer et Weak, à condition
de s’embarquer plutôt avec lui. Les deux moussaillons ont refusé. Le capitaine
Pelletier a d’ailleurs crié à Dillon de laisser ses hommes tranquilles. Un ami
de Dillon répondant au nom de Burns a alors donné un coup à Weak tandis que
Dillon se jetait sur le capitaine Pelletier pour le rouer de coups. Pelletier a
réussi à agripper une hache pour en frapper son assaillant. Le coup a été si
efficace que Dillon s’est effondré pour ne plus jamais se relever. Il serait
mort une trentaine de minutes plus tard.
Pelletier a été accusé d’homicide
involontaire et son procès s’est tenu au cours de l’automne 1872. L’auteur
Raymond Boyer a rapporté que les témoignages ont été plutôt contradictoires, obligeant
le jury à rendre un verdict d’acquittement.
1873, 25 février – femme de 18 ans
Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – strangulation
Saint-Zéphirin-de-Courval – 1 SC
Joseph Benoît, son conjoint de 28 ans, verdict de folie.
Joseph Benoît et sa jeune épouse
de 18 ans étaient depuis seulement quatre mois. Benoît, un homme à l’aise
financièrement, a développé une soudaine jalousie en voyant sa femme échanger
quelques mots avec l’un de ses anciens cavaliers à la sortie de l’église. Le 25
février 1873, le couple est revenu à la maison et, vers 19h00, Benoît s’est
rendu chez un voisin nommé Marcotte. Lorsque ce dernier lui a demandé pourquoi
sa femme n’était pas avec lui, Benoît a répliqué qu’elle était morte, en plus
d’ajouter que « je viens de l’étouffer! » À la maison, on a retrouvé la
malheureuse étendue près d’un banc. Les journaux ont rapporté que le tueur
habitait dans le même rang que Modeste Provencher, cet homme pendu en 1867 pour
le meurtre du mari de sa maîtresse (1866, 31 décembre – François-Xavier
Jutras).
Au moment de sa comparution, en
mai 1873, Benoit a été décrit comme un prisonnier gras et bien portant.
« Durant l’audition l’attention du prisonnier a semblé attirée par le
tricorne de l’Hon. Président de la Cour, et le fou rire s’empara de lui. Il
semblait trouver original cette coiffure nouvelle pour lui. Puis quand l’Hon.
Juge voulut plus tard se faire expliquer les divisions intérieures de la maison
du prisonnier, celui-ci riait aux éclats. Il en fut ainsi presque [durant] toute
l’enquête. »[158] Le
jury a conclu que Benoît avait tué sa femme sous l’emprise de la folie.
1873, 12 mai – James Armstrong
Homicide conflictuel – fourgon de chemin de fer
Montréal – 1 SC
James Quigley, acquitté.
James Armstrong, mortellement
blessé au cours d’une dispute qu’il a eue avec James Quigley, un autre employé du
Grand Tronc, a eu le temps de faire cette déclaration ante mortem :
« La querelle recommença le 10, et le 12, vers deux heures et demie de
l’après-midi, le prisonnier essaya de m’enlever mon fourgon. Comme je m’y
opposais, il le poussa contre moi, je fus renversé par le choc et les roues de
la voiture me passèrent sur le corps, tandis que ma tête allait frapper contre
un baril de sucre. […] D’après les mauvais rapports que j’avais avec Quigley,
depuis le commencement de mai, il devient évident pour moi qu’il a poussé le
fourgon contre moi avec malice, et avec l’intention de me blesser. […] »
Armstrong est décédé quelques
heures après avoir enregistré cette déclaration. En octobre 1873, lors de son
procès, Quigley a été acquitté. Il semble que le jury ait préféré croire la
version de la défense, qui militait pour un accident.
1874, 7 février – Patrick O’Brien, 19 ans
Homicide argumentatif – arme à feu (revolver)
Québec, hôtel LaRoche, chemin Ste-Foy - 1 SC
George Schmidt, 16 ans, condamné à mort, sentence commuée en emprisonnement
à vie.
Dans l’après-midi du 7 février
1874, George Schmidt, 16 ans, s’est rendu à
l’hôtel LaRoche, sur le chemin Sainte-Foy,
avec une jeune femme du nom de Susan Louisa Elson et d’un dénommé Monsieur St-Laurent de
Rimouski. L’hôtel de bonne réputation était tenu par Raymond Drolet. Échauffé par l’alcool, le
jeune Schmidt s’est vite montré belliqueux, et même enclin à montrer ses
talents de boxeur. Patrick O’Brien, qui en plus d’être le
beau-frère de Drolet était le commis de l’hôtel, est devenu la cible de
l’adolescent. Devant cette menace, O’Brien s’est contenté de sourire, mais
Schmidt a insisté pour se battre, allant jusqu’à accuser O’Brien d’avoir volé
un manchon à Susan. Au moment où O’Brien a contourné le comptoir pour suggérer
au jeune homme de s’asseoir et de se calmer, la colère de ce dernier a explosé.
Schmidt a sorti un revolver de poche et a tiré sans hésiter, atteignant O’Brien
dans l’œil droit. Le commis s’est effondré et les clients ont pris la fuite.
Pendant ce temps, Schmidt et ses deux compagnons ont pris la direction de
Québec, où ils ont été arrêtés.
La police de Québec a appris que
Schmidt était originaire de New York et qu’il habitait avec sa mère sur la rue
Craig, dans le quartier Saint-Roch. Celle-ci tenait apparemment un hôtel
« d’une réputation bien médiocre. »[159]
Quant à Susan Elson, elle habitait Québec depuis trois ans.
Pendant son procès, en mai 1874,
on a dit que l’accusé « est âgé de 17 ans. Il est de petite taille. Sur sa
figure respire un sentiment de candeur et de bienveillance qui contraste
singulièrement avec son caractère emporté. »[160]
Selon le témoignage de Raymond Drolet, l’accusé avait constamment
répété « je veux me battre » alors que personne ne lui prêtait
attention.[161]
L’accusé a été déclaré coupable et condamné à être pendu le 26 juin 1874.
Toutefois, sa sentence a été commuée en emprisonnement à vie.
1874, 31 juillet – Alfred Baignet, policier
Homicide situationnel – objet contondant (pelle)
Montréal, marché Ste-Anne – 1 SC
Cornelius Deery, condamné à mort, sentence commuée en emprisonnement à vie.
Dans
l’après-midi du 31 juillet 1874, le constable Baignet a été appelé au marché
Sainte-Anne afin de procéder à l’arrestation d’un ivrogne qui perturbait l’ordre
publique en face du bureau de la douane. Au moment où il s’apprêtait à
immobiliser le délinquant, le policier a été entouré par plusieurs personnes
qui tentaient de nuire à son travail. Malgré cette résistance, Baignet a réussi
à conduire le trouble-fête vers une voiture. Toutefois, avant qu’il puisse
l’amener, le policier a été frappé d’un violent coup de pelle à la tête.[162]
Deux autres policiers ont accouru
sur les lieux pour procéder aux arrestations de Patrick Deery, John Murray et James Joyce, tandis que le Dr Picault prodiguait les premiers soins au constable
Alfred Baignet. Par ailleurs, la
police s’est mis aux trousses du frère de Patrick Deery, celui qui était soupçonné
d’être le véritable meurtrier. Une imposante chasse à l’homme s’est alors
organisée. On a déployé des équipes de recherche à la gare Bonaventure et sur
les bateaux à vapeur qui s’apprêtaient à partir pour Québec. « Trois
détectives sont partis pour Québec et les ports intermédiaires afin d’arrêter
Deery, dans le cas où il aurait pu se cacher à bord de l’un des vapeurs, comme
on le suppose du reste, et il est à espérer qu’il n’échappera pas à la justice. »[163]
Pendant que Baignet succombait à
sa blessure, Cornelius Deery était appréhendé à Dickinson’s Landing, comté
de Stormont, en Ontario. C’est un détective du nom de Cullen qui s’est chargé de
le ramener à Montréal. Le procès de Deery s’est ouvert à Montréal le 27 avril
1875 devant le juge Samuel Cornwallis Monk. Reconnu coupable, son exécution a été fixée au
26 juin 1875 avant que sa peine soit finalement commuée en emprisonnement à vie.
1875, 5 août – Daniel « Dan » Narbonne
Fratricide/Filicide –arme à feu et objet contondant (crosse de l’arme) –
mise en scène
Township d’Arundel, comté d’Argenteuil – 2 SC
Jean-Baptiste Narbonne, son frère, François Narbonne, son père, et Geneviève
Lafleur condamnés à mort, sentence commuée.
François Narbonne, sous
l’insistance de sa deuxième épouse, Geneviève Lafleur, a fini par chasser tous
ses enfants de la maison, sauf le jeune Jean-Baptiste. La petite famille s’est
alors installée dans le township d’Arundel, comté d’Argenteuil. En juillet
1875, Dan est revenu voir son père, lui confiant au cours d’une conversation
avoir 300$ dans ses poches. Lorsque Jean-Baptiste lui a volé cet argent à
l’instigation de ses parents, Dan Narbonne a injurié son père et sa belle-mère,
en plus de critiquer leur mode de vie et de menacer de les dénoncer aux
autorités. Furieuse, Geneviève a juré de se venger. Pendant que Dan travaillait
sur sa terre, elle a persuadé son mari et son beau-fils que Dan souhaitait mourir
et qu’on lui rendrait service en le tuant. Pour en rajouter, elle a affirmé que
le jeune homme avait voulu l’agresser sexuellement.
Geneviève a
d’abord envisagé de l’empoisonner en plaçant une tasse sur le poêle, mais Dan l’a
refusée. Menacé par ses parents, c’est finalement Jean-Baptiste qui a emprunté
le fusil d’un voisin, prétextant devoir chasser l’ours, pour éliminer son
frère. Dans la nuit du 5 août 1875, Jean-Baptiste s’est approché de Dan, qui
dormait sur le plancher et a tiré sur son frère à bout portant. Atteint
mortellement, Dan Narbonne a trouvé la force de se relever, contraignant son
frère à l’achever à coups de crosse. François s’est ensuite jeté sur le corps
de son fils pour lui faire les poches. On l’a ensuite enterré derrière la
maison, espérant probablement que personne ne le trouverait.
Dévoré par
les remords, c’est finalement Jean-Baptiste Narbonne qui a raconté toute
l’histoire. En 1881, tous les trois ont été condamnés à mort. Leur sentence a cependant
été commuée en emprisonnement à vie.
1875, 13 août – George Clarke, policier
Homicide situationnel – battu à mort
Québec, Hôtel St-Louis – 1 SC
Robert Murphy, emprisonnement à vie pour homicide involontaire.
C’est au cours d’une intervention
survenue à l’intérieur de l’Hôtel Saint-Louis, à Québec, que le policier George
Clarke a été tué. Selon le commis François Régis Blais, un dénommé Murphy est
parvenu à se dégager de l’emprise de Clarke. Quelqu’un se serait proposé de
reconduire Murphy chez lui, mais « Clarke refusa en disant qu’il lui avait
donné toutes les chances de s’en aller. Alors il vit Murphy saisir Clarke à la
gorge, en disant qu’il l’étoufferait, le renverser par terre et lui frapper la
tête contre le trottoir. Un homme de police survint et fit Murphy prisonnier.
Quand on transporta Clarke dans l’hôtel, le témoin le vit respirer deux fois.
Un instant après, un médecin vint et dit qu’il était mort. Il avait le derrière
de la tête brisée et le sang coulait en abondance. »[164]
Selon un
autre témoin, Murphy était ivre et, au moment d’être arrêté par le constable
Marcoux, il a offert une certaine résistance. Finalement, le coroner a conclu que
le policier a succombé à des blessures à la tête qui lui ont été infligées par
Robert Murphy. « Après le verdict Murphy a montré la même indifférence que
pendant l’enquête. Il a été conduit à la prison enchainé. Flanagan a été mis en
liberté, après avoir donné des assurances qu’il comparaitrait comme témoin quand
il sera appelé à le faire. »
Le procès de Murphy, qui s’est
ouvert le 15 novembre 1875, a été suspendu quelques jours plus tard en raison
de la maladie qui a frappé l’un des avocats de la défense. L’accusé a finalement
été reconnu coupable d’homicide involontaire, ce qui lui a mérité une sentence
d’emprisonnement à vie.
1876, avril – Mary McBriarty
Homicide sans discernement commis lors d’un vol – arme à feu (revolver) –
mise en scène
Saint-Edouard de Frampton (Frampton), Chaudière-Appalaches – 1 SC
Non élucidé. Virginie Lehouillier, acquittée.
Mary McBriarty, veuve de James
Murphy, vivait seule à Saint-Edouard de Frampton. Elle avait la réputation
d’être riche et de conserver son argent à la maison. En arrivant chez la veuve,
en avril 1876, Virginie Lehouillier lui a demandé une bouteille de gin. Alors
que Mary descendait à la cave, Virginie a tiré un coup de revolver dans sa
direction. La balle a effleuré son cuir chevelu. Blessée, Mary est remonté pour
se retrouver devant Virginie qui tenait toujours l’arme pointée sur elle. Une
lutte s’est alors engagée entre les deux femmes. Trois autres coups de feu ont
retenti et la veuve s’est écroulée sur le plancher, touchée à la poitrine.
Virginie l’a alors traîné par les jambes pour la jeter dans la cave, avant de
refermer la trappe. Mme Murphy, toujours consciente, a entendu Mme Lehouillier
fouiller sa maison durant une quinzaine de minutes. Finalement, Virginie est
sorti avant de verrouiller la porte derrière elle.
Retrouvée vivante, Mme Murphy a
enregistré son témoignage devant un juge de paix[165]
avant de succomber à sa blessure.[166]
Virginie Lehouillier a dû subir un procès pour meurtre. Le 28 juin 1876, elle a
été acquittée. « La preuve semblait cependant accablante contre la
détenue. M. Linière Taschereau l’avocat de la défense, a fait un plaidoyer très
éloquent et a causé une grande impression dans l’esprit des jurés. »[167]
1876, 12 juin – Cyprien St-Pierre
Homicide à motif indéterminé
Québec. Quai Finley - ? SC
Charles Talbot et François Lafrance, …?
Au cours de la soirée du 12 juin
1876, Cyprien St-Pierre et deux amis se sont rendus dans « une maison
malfamée du faubourg St. Jean » à Québec pour y rencontrer « le
prisonnier Lafrance. » Peu après, ils ont pris la direction d’une autre
auberge pour y prendre quelques consommations d’alcool. À leur sortie, ils sont
retournés vers la Basse-Ville. « Depuis lors, on ne sait ce qu’il est
devenu, excepté que le gardien de nuit du Saguenay a dit à l’enquête que
Ouellette était revenu à bord à 11 heures en disant que St. Pierre et Talbot le
suivaient. Il paraîtrait, d’après le témoignage d’un nommé Pâquet, qu’il aurait
vu Talbot à 4 heures du matin dans la rue St. Joseph, que Lafrance et le défunt
n’auraient pas été revus depuis minuit. C’est là tout ce que l’on sait. Il faut
avouer que le mystère est encore profond et les deux inculpés par le jury
pourraient bien avoir été incriminés à tort. »[168]
Le corps de St-Pierre a été
retrouvé près du quai Finley. Le coroner a rendu un verdict de « meurtre
volontaire » contre Charles Talbot et François Lafrance.[169]
Leur procès a eu lieu en novembre 1876, mais on en ignore les résultats.
1877, 29 septembre – Lazare Doré, policier
Homicide à motif indéterminé – arme à feu
Beauce - ?
George Bartley, acquitté.
Lazare Doré, un agent de la
Police provinciale, a été tué en poursuivant le criminel George Bartley, en Beauce.
Une partie de la population avait demandé une intervention militaire pour
capturer le gang de Bartley. Le 30 septembre, la maison de Bartley a été incendiée
et sa femme est demeurée dans la grange avant de se réfugier chez John
Armstrong, le beau-frère de son mari. Les autorités ont compris que le fugitif
était bien protégé par ses amis puisque ses animaux de ferme lui ont été
transférés aux États-Unis, où il se cachait. Le 2 octobre, un premier
représentant de l’ordre a été envoyé au sud de la frontière, mais le Chronicle a publié des informations qui
ont embrouillé l’enquête et permis au fugitif de poursuivre sa cavale.
Le 15 octobre, deux constables
spéciaux ont croisé Bartley aux États-Unis, mais ils n’avaient pas juridiction
pour procéder à son arrestation. Ils lui ont donc demandé de se rendre mais Bartley
s’est contenté de disparaître. Finalement, le commissaire Amyot a communiqué avec
l’agence nationale des détectives Pinkerton. Bartley a été arrêté un mois plus
tard.[170]
En octobre 1878, il a été traduit en justice pour le meurtre du policier Doré
et acquitté.
1878, 24 juillet – Mathew Mathevon, 50 ans
Profit personnel – Objet contondant
Rouse’s Point, Lac Champlain, près de Lacolle - ?
Cyprien Costafrolaz (alias De Mirabel), 41 ans, pendu.
Mathew
Mathevon, un marchand de soie
originaire de Lyons, en France[171],
a été tué dans la région de Lacolle le 24 juillet 1878. Mathevon a fait la
rencontre de Cyprien Costafrolaz trois mois plus tôt, qui tenait une boutique
d’horloger à Rouse’s Point. Il a convaincu Mathevon de le suivre jusque dans la
région de Lacolle en lui faisant miroiter de bons contrats concernant la soie.
Mathevon a donc quitté Montréal le 22 juillet pour se mettre en route vers
Lacolle, emportant avec lui une malle remplie de rubans de soie et de velours
pour une valeur estimée entre 800$ et 1 000$. Lorsqu’on a retrouvé la corps
de Mathevon, il portait huit blessures distinctes à la tête, ainsi qu’aux mains.
L’autopsie a permis de retrouver un éclat de bois dans l’une des plaies. L’enquête
a conduit à l’arrestation de Cyprien Costafrolaz de Mirabel,
un travailleur itinérant. Mathevon était en sa compagnie lorsqu’il a été vu
pour la dernière fois.
Le procès de Costafrolaz s’est
déroulé à Saint-Jean les 14 et 15 octobre 1878. Il a été reconnu coupable et condamné
à être pendu le 13 décembre 1878. En apprenant qu’on lui refusait toute
commutation de peine, se serait écrié « je ne suis pas coupable du meurtre
de Mathevon. » Quelques heures plus tard, sur l’échafaud, il a déclaré à
la foule : « Messieurs, je pense que vous vous attendez à ce que je
fasse un discours et une confession; mais je n’ai aucune confession à faire. Je
vais subir l’extrême pénalité de la loi pour un crime dont je suis entièrement
innocent. »[172]
1878, 25 août – Francis « Frank » Conway
Homicide conflictuel – arme à feu (carabine) – fait partie d’une série
Sainte-Catherine, région de Québec – 1 SC
Michael Farrell, son voisin, pendu.
En 1862, Michael
Farrel avait été acquitté pour le meurtre de David Meagher. En 1875, sa relation
d’amitié avec son voisin Francis « Frank » Conway a commencé à se
dégrader, en particulier lorsque ce dernier aurait abusé de son droit de passage.
En fait, de plus en plus de passants, incluant du bétail, empruntaient un
chemin qui abîmait les récoltes de Farrell.
Pour contrer le problème, il a érigé une clôture mais pour Conway et son
frère, cet obstacle a été interprété comme une provocation. La dispute a connu un
point culminant lors d’une rencontre publique concernant le financement d’une
école. Au matin du 25 août 1878, les frères Conway, accompagnés de deux de
leurs enfants, sont allés visiter leur père. Alors qu’ils franchissaient la
voie ferrée du chemin tant controversé, ils se sont retrouvés en face de
Farrell. Lorsque ce dernier leur a demandé ce qu’ils faisaient là, Conway a
répliqué qu’il passait, tout simplement. Sur ce, Farrell a tourné les talons et
s’est éloigné. Au retour des frères Conway, Farrell les a de nouveau croisés,
mais cette fois il était armé d’une carabine. Lorsque Conway a refusé d’écouter
son dernier avertissement, Farrell a épaulé son arme et lui a tiré dans la
tête. Le frère de Conway a tenté de le désarmer, mais Farrell l’a violemment
frappé avec le canon de son arme.
Farrell
s’est livré aux autorités. Quelques corbeaux[173] auraient
envoyés des lettres aux journaux afin de partager des commentaires haineux à
l’endroit de Farrell. L’avocat de ce dernier s’est servi de cette menace pour
demander un changement de venue, de sorte que le procès a eu lieu au palais de
justice de Québec le 2 novembre 1878. Il a été reconnu coupable et pendu.
1879, 31 mai – Alphonse Quenneville
Homicide à motif indéterminé – Arme blanche (deux coups de couteau) – mise
en scène
Montréal, rue Lagauchetière - ?
Non élucidé.
Vers 2h00, dans la nuit du 31 mai
1879, un feu s’est déclaré dans une écurie située sur la rue Lagauchetière,
près de l’intersection de Bleury, à Montréal. Les pompiers sont rapidement
arrivés sur les lieux pour découvrir que la fumée sortait des remises de J.
Moray et Cie. Ils ont pu sauver 70 chevaux, mais une vingtaine de carrosses ont
été détruits par les flammes. Lorsque l’incendie a été maîtrisé, les autorités
ont découvert le gardien Alphonse Quenneville, qui dormait dans un bureau. Le
plancher était maculé de sang. Il avait reçu deux coups de couteau mais il
était encore vivant. Il a cependant rendu l’âme peu après, sans jamais
reprendre conscience.[174]
En juin 1879, une récompense de
1 000$ a été offerte publiquement dans le but d’élucider le crime, mais en
vain.
1879, 27 juin – Mary Gallagher
Homicide à motif indéterminé - Arme blanche (14 coups de hache) –
démembrement - surpuissance
Montréal, rue William – 1 SC
Suzan Kennedy, condamnée à mort, sentence commuée.
Le 27 juin
1879, un peu après midi, Helen Burke[175],
qui résidait au 212 rue William à Montréal, a entendu un bruit étrange en
provenance de l’appartement situé au-dessus. Plus tard, elle a comparé ce
vacarme à celui d’un corps heurtant le sol. Le choc a été si violent que des
morceaux de plâtre se sont détachés de son plafond. D’autres chocs, selon elle,
ressemblaient à des coups de hache contre le plancher. Vers 14h00, Suzan Kennedy, la locataire du mystérieux logement,
a crié par la fenêtre « je voulais me venger et j’ai réussi enfin. »
Vers 21h00, Mme Hartford, une
amie, a rendu visite à Mme Burke et c’est à ce moment que la décision a été
prise de contacter les autorités. Dès leur entrée dans le logement, les policiers
McKinnon, Riley et Angers ont trouvé le corps d’une femme étendu sur le
plancher. On lui avait tranché une main et la tête, celle-ci gisait dans une
cuvette. Le corps a été identifié comme étant celui de Mary Gallagher.[176]
Pour sa part, Susan Kennedy était
étendue sur son lit et feignait de dormir. « Qui a tué cette femme? »,
lui a demandé McKinnon. Kennedy lui a répondu que cette femme était venue chez
elle au cours de la matinée en compagnie d’un homme et que c’était ce dernier
qui l’avait finalement assassinée. Elle prétendait ne pas avoir eu connaissance
du crime puisqu’elle dormait. Toutefois, elle a admis avoir vu l’homme nettoyer
le sang sur ses mains et qu’elle n’avait pas immédiatement contacté la police
pour donner une chance au tueur de prendre la fuite. Au poste de police, Suzan a
fourni une autre version des faits. Cette fois, il était question de deux
hommes. Durant l’interrogatoire, McKinnon a toutefois constaté la présence de
taches de sang sur le rebord du jupon de la prévenue.
Selon le Dr James Guérin, qui a pratiqué l’autopsie,
l’arme du crime était effectivement une hache. C’est le détective Cullen
qui en avait fait la découverte à l’intérieur du logement. Finalement, l’autopsie a révélé que la
victime avait reçu 14 coups, visant principalement la tête et le visage.
L’enquête du coroner s’est échelonnée du 28 juin au 7 juillet pour
en arriver à la conclusion que Susan Kennedy, Jacob Mears et Michael Flanagan étaient criminellement responsables de la mort
de Gallagher.
Lors du procès,
qui s’est ouvert le 30 septembre 1879, les jurés ont appris que James Connelly avait épousé Mary Gallagher 6 ans plus tôt pour ensuite la quitter, environ
4 ans plus tard. Celui-ci a raconté sous serment : « ma femme menait
une vie déréglée et c’est pour cette raison que j’ai quitté. » Helen Burke
a expliqué la peur qu’elle entretenait envers l’accusée, en grande partie en
raison de son comportement étrange. La défense a plaidé l’aliénation mentale,
mais le jury l’a déclaré coupable. Suzan Kennedy a été condamnée à être pendue
le 5 décembre 1879, mais sa sentence a ensuite été commuée en emprisonnement à
vie.
1879, 15 août – Pierre Giroux, 40 ans; son frère David
Giroux, 36 ans; et Joseph Bouchette
Homicide cautionné par un groupe/extrémiste politique – arme à feu
Québec, port – 1 SC
Non élucidé.
Le 15 août
1879, un affrontement a eu lieu entre des débardeurs irlandais et d’autres
débardeurs canadiens-français au port de Québec. Les Irlandais du quartier
Champlain s’étaient même cachés dans les maisons et dans le Cap Diamant. Au
passage de l’attroupement des Canadiens-français, ceux-ci ont vainement tenté
de leur prendre leur drapeau en tête de procession. « Arrivé au détour du
Cul-de-Sac, à une centaine de verges du bureau de la marine et des pêcheries,
les irlandais cachés dans le Cap tombèrent sur l’Union Canadienne et se mirent
à lui lancer des pierres, à tirer des coups de revolver et de carabine. Les
femmes se mirent à jeter à la tête des gens des pierres, des morceaux de fer,
des plaques de poêle, des quartiers de bois. Tout était préparé depuis la
veille; on avait empli les fenêtres de pierres. Le jeu a commencé dans une
maison de brique blanche, près du marché neuf. L’eau bouillante a aussi joué un
rôle dans l’affaire. Il y avait des Irlandais perchés jusqu’aux bords de la
Citadelle et qui lançaient toutes sortes de projectiles. Devant pareille
attaque, les Canadiens-français durent rebrousser route. Malheureusement les
troubles ont été sanglants. »[177]
Un premier
compte rendu a parlé qu’un dénommé Giroux du quartier Saint-Roch avait été tué
après avoir reçu un projectile d’arme à feu dans la tête. Il semble qu’il
s’agisse de Pierre Giroux, 40 ans, et père de huit enfants. Un autre du nom de
Fleury, de Pointe-Lévis, a eu un poumon perforé. D’après un article publié le
25 août, il semble que Fleury était en bonne voie de guérison.[178]
David Giroux, frère du premier, a aussi été blessé gravement. Il a reçu une
balle dans la gorge. Il a succombé quelques jours plus tard. Lors de l’enquête
du coroner, on a appris que David aurait confié à un ami avant de mourir que
celui qui avait tiré sur lui avait souvent travaillé en sa compagnie dans le
port. Ce détail a été insuffisant pour permettre d’identifier le tireur. Pour
sa part, le coroner Belleau a recueilli et remis 13$ à la famille de l’un des
Giroux.
Le conflit à l’origine de cette
sanglante confrontation a obligé les employeurs à embaucher un nombre égal
d’Irlandais et de Canadiens-français pour tout chargement ou déchargement d’un
vaisseau dans le port de Québec.
1879, 21 décembre – Thomas Mulligan
Homicide commis lors d’un vol – Par incendie – mise en scène
Scottstown, région de
Sherbrooke – 1 SC
William Gray, pendu. Helen Connors, acquittée.
Le 21
décembre 1879, le corps de Thomas Mulligan, un homme que l’on disait apprécié
de tous, a été retrouvé calciné dans les cendres de sa demeure située à
Scottstown, dans la région de Sherbrooke. L’enquête a conduit à l’arrestation
de William Gray, trouvé en possession
d’objets appartenant à la victime, dont des vêtements. Sa femme, Helen Connors,
a aussi été arrêtée. On les a accusés d’avoir tué Mulligan avant de mettre le
feu à sa maison.[179]
Le procès de Gray s’est déroulé
le 6 octobre 1880 à Sherbrooke devant le juge Marcus Doherty.
Helen a eu plus de chance que son mari puisqu’elle a été acquittée. Reconnu
coupable, l’exécution de Gray a été fixée au 10 décembre 1880. On a tenté à
plusieurs reprises de commuer sa peine, mais en vain. « Depuis sa
condamnation, le prisonnier a toujours soutenu qu’il était innocent. »[180]
Sur l’échafaud, vers 8h00, il a seulement admis avoir volé certains effets à la
victime. « Le prisonnier conseilla alors aux jeunes gens de s’abstenir de
prendre des liqueurs alcooliques et de fréquenter les femmes de mauvaises
réputations. Ce sont ces deux vices, a-t-il ajouté, qui ont été la cause de ma
perte. »[181]
Il était 8h10 lorsque le bourreau
a ouvert la trappe.
1880, 29 mars – Odélide Désilets
Homicide sexuel désorganisé – arme blanche (couteau) – mutilation
Saint-Valère-de-Bulstrode, comté de Nicolet – 2 SC
Cléophas Lachance, son voisin de 22 ans, pendu.
C’est à Saint-Valère-de-Bulstrode,
un village du comté de Nicolet, qu’Odélide Désilets s’est rendue, en compagnie de son père, chez
les Lachance, qui habitaient eux aussi le 10e rang. Le 29 mars 1880, Désilets est retourné chez
lui en laissant sa fille en compagnie des femmes de la famille Lachance. Pendant
ce temps, le père Lachance s’est absenté pour assister à un encan, mais son
fils de 22 ans, Cléophas, se trouvait à la maison. Ce soir-là, Odélide n’est
pas rentrée. Son père a d’abord cru qu’elle avait accepté une invitation à
dormir chez les voisins. Toutefois, au retour de Lachance, celui-ci a découvert
que son fils Cléophas était blessé aux mains. Ce dernier a affirmé être tombé
contre le tranchant d’une hache. Cléophas était un jeune
homme de 21 ans « de petite taille et avec une tête un peu trop large pour
sa stature. C’est un garçon plutôt renfermé, certains vont même jusqu’à dire
qu’il n’est pas très intelligent. »[182]
Le
lendemain, c’est dans un puits situé sur la propriété Babineau qu’on a retrouvé
le corps d’Odélide. Des traces de sang autour du puits ont attiré l’attention.
La victime y a été plongée tête première. Selon Le Journal des Trois-Rivières, son cadavre portait de
nombreuses blessures au cou et sous le menton faites par un objet tranchant. On
lui avait également coupé une main. L’enquête du coroner a désigné Cléophas Lachance comme criminellement responsable.[183]
C’est le grand connétable de Montréal, Adolphe Bissonnette, qui s’est chargé de
l’enquête puisque les autres représentants de l’ordre de la région ne parlaient
pas un mot français. Chez les Lachance, il a trouvé des couteaux et des
mocassins correspondant parfaitement aux empreintes de pas laissés autour du puits. Le 9 avril, le
prisonnier est passé aux aveux, révélant entre autres avoir
suivi Odélide pour l’aborder sur la propriété de Babineau, qui était
abandonnée. Il a aussi admis son intention de la traîner dans la grange pour la
violer. « Je lui ai demandé pour
l’embrasser, elle m’a refusé; elle m’a repoussé et je suis tombé, je me suis
relevé et étant fâché, j’ai sauté sur elle en la frappant avec mes poings, et
là, je l’ai jeté à terre en la tenant par le cou. »[184]
Ensuite, il a sorti un couteau mais Odélide a réussi à le désarmer. Il a
cependant repris l’arme pour achever sa victime. Lors de son procès, en
novembre 1880, la défense a plaidé la folie mais les jurés ont préféré croire
la version de la Couronne, qui a souligné que le crime avait été planifié.
Cléophas a été reconnu coupable et condamné à être pendu. Tandis qu’il attendait
son exécution, sa famille s’est relocalisée aux États-Unis. Il a été pendu peu
de temps après. Sa dépouille a été inhumée dans la cour de la prison. Un
journaliste qui l’a rencontré une heure avant l’exécution, a écrit que Cléophas
lui paraissait « être une espèce d’idiot et son terrible sort semblait
l’affecter très peu. »[185]
1881, 30 juin – Thomas Salter
Meurtre par vengeance – Arme blanche (couteau)
Pénitencier Saint-Vincent-de-Paul – 1 SC
Hugh Hayvern, codétenu de 28 ans, pendu.
En juin
1881, c’est à l’intérieur même des murs du pénitencier Saint-Vincent-de-Paul,
près de Montréal, que le meurtre de Thomas Salter est survenu. Le suspect tout
désigné dans cette affaire était un codétenu de 28 ans répondant au nom de Hugh
Hayvern. Selon l’auteure Cinq-Mars, Salter
était en train de monter un escalier lorsque Hayvern lui est tombé dessus pour
lui planter un couteau en pleine poitrine.[186]
Selon Ted McCoy, auteur de Hard Time : reforming the penitentiary
in ninetheenth century in Canada, Salter était fils d’une famille
respectable qui aurait eu le malheur de fréquenter des gens peu recommandables,
ce qui l’avait entraîné dans la voie du crime. Salter avait reçu une sentence
de 2 ans et peu après son arrivée au pénitencier il aurait été impliqué dans une
spectaculaire tentative d’évasion. Toutefois, leur plan a été découvert par la
direction. Les autres membres du groupe, évidemment déçus par l’avortement du projet, ont orienté leurs soupçons vers Salter,
qu’ils ont blâmé d’avoir tout révélé aux officiels de la prison. Ainsi donc, que ces hommes aient eu raisons
ou non de l’accuser de traîtrise, c’est dans la soirée du 30 juin[187] que
Hugh Hayvern l’a poignardé à la poitrine afin de se faire
justice. Mortellement blessé, Salter se serait exprimé « Oh, mon
Dieu! » avant de se traîner jusqu’à la porte de l’infirmerie. Il est mort une
dizaine de minutes plus tard.
La meilleure description de
Hayvern revient probablement à Cinq-Mars : « Hayvern a le teint
sombre, est plutôt costaud et plus grand que la moyenne. À 28 ans, c’est un
récidiviste. Dès l’âge de 16 ans, il a commencé à boire, malgré les efforts de
sa famille pour le tempérer. Début vingtaine, il se tient avec une bande de
voyous de son âge. On l’a arrêté plusieurs fois pour s’en être pris aux
policiers, notamment en tentant de s’interposer dans l’arrestation d’un de ses
comparses. Son casier judiciaire est impressionnant : de 1872 à 1879, il a
été arrêté 22 fois […]. En attendant de passer devant le juge Monk, il a tenté de s’échapper de la prison de
Montréal au moyen d’une corde à linge. Son complice a réussi à atteindre le sol et s’enfuir, mais
la corde céda sous le poids d’Hayvern qui tomba à mi-chemin, d’une hauteur de
15 mètres, et fut repris aussitôt. »[188]
Au cours de son procès, en
octobre 1881, c’est sans succès que la défense a plaidé l’aliénation mentale.
Le meurtrier de Salter a été pendu le 9 décembre suivant.
1881, 19 juillet – Joseph Jackson
Profit personnel – objet contondant (pierre)
Abercorn, Estrie – 1 SC
William Richards, son ami, condamné à mort, se suicide avant son exécution.
Selon
Cinq-Mars, William Richards serait né vers 1831 à Hearborne, près de
Birmingham, en Angleterre. Après une courte carrière
dans la police, il a sombré dans le crime. Après avoir purgé 5 ans de prison,
il a écopé d’une autre peine de 8 ans pour avoir volé et battu un homme. Libéré
le 14 février 1881, il a tenté de rejoindre sa femme aux États-Unis, partie sur le nouveau
continent dans l’espoir de faire fortune. Mais Richards s’est plutôt embarqué
pour le Canada sur le SS Sarmatian,
sur lequel il a fait la rencontre de Joseph Jackson. Les nouveaux amis sont
descendus à Québec le 10 juillet 1881. Peu après, on les retrouvait au bureau
de l’immigration à Montréal, où on leur a parlé de la possibilité de trouver de
l’emploi en Estrie, plus précisément à Abercorn.[189]
L’agent d’immigration leur a écrit le nom d’un employeur potentiel sur un bout
de papier et les deux compagnons se sont mis en route.
Le 19
juillet, Jackson et Richards atteignaient la ferme de Charles R. Ingalls, qui
pouvait leur offrir un mois de travail
pour un seul homme.[190]
Durant l’entretien, Ingalls a constaté que Jackson portait des souliers à
guêtres. Après avoir tenté leur chance ailleurs, les deux travailleurs ont
compris que la région n’avait rien à leur offrir. Richards a alors demandé le
raccourci pour la gare et les deux itinérants sont partis à travers champ. Vers
23h00, Richards est apparu seul à la gare, où il a acheté un billet pour
Hartford, aux États-Unis.
Le 13 avril 1882, « Le corps
décomposé d’un homme a été découvert par hasard dans un profond ravin, à
Sutton, P. Q., la tête écrasée, apparemment avec des pierres. D’après les
papiers trouvés sur lui et certains indices recueillis à Sutton, il y a lieu de
croire que l’homme assassiné était de Brighton, nommé Jackson, qu’il était
porteur d’une somme d’argent importante, et que c’est pour l’en dépouiller
qu’on l’a tué, l’automne dernier, dans un hôtel de Sweetsburg, province de
Québec. »[191]
Il a été identifié grâce à ses chaussures.
Le 5 mai 1882, Richards était
arrêté aux États-Unis. Il a été condamné à mort. Quelques heures avant son
exécution, en novembre 1882, il s’est suicidé en se tranchant la gorge.[192]
Selon une source, le couteau ayant servi à son suicide lui aurait été transmis
par des mains complaisantes qui souhaitaient éviter la tenue d’une pendaison
publique dans la région.[193]
1881, 2 août – William Orris
Homicide à motif indéterminé – par noyade – objet contondant
Standbridge, près de Cowansville – 1 SC
François Marcille, son ami, condamné à mort,
sentence commuée.
William
Orris a été tué par noyade le 2 août 1881, à Standbridge, dans la région de
Cowansville. En fait, on a retrouvé son corps accroché à une ligne traînée par
le canot conduit par Marcille, qui était complètement ivre. On a écrit
« que Orris et Marcille étaient deux grands amis, et qu’ils étaient tous
deux ivres morts quand ils laissèrent leur compagnon sur le rivage et partirent
pour la pêche. Que l’on se soit chamaillé dans le canot; que Orris ait reçu un
coup de rame et qu’il soit tombé dans la rivière, tout cela est possible. Cela
ne constitue pas un meurtre de la part de Marcille. Il y a tout au plus
homicide et homicide involontaire. Sur la preuve d’une vieille femme, à vue
courte, disant qu’elle a cru voir Marcille tenir une rame levée sur lui on
condamne celui-ci à mort! Quand le juge lui-même a dit aux jurés qu’il serait
heureux d’un verdict d’homicide! Le Dr Hart a mis un tel fanatisme dans son
témoignage que l’on ne devait pas du tout y faire attention, quand surtout le
Dr Chevalier le contredisait. Si M. Marcille eût commis un meurtre et s’il eut
eu sa connaissance aurait il traîné sa victime attachée à son canot? La
stupidité de six jurés français jointe au fanatisme des six jurés anglais,
voilà la cause de la condamnation à mort d’une pauvre victime qui, le 28 de ce
mois, aura à monter sur l’échafaud si le gouvernement ne commue pas sa peine.
Hélas où le procès par jury nous conduit-il? »[194]
Effectivement, François Marcille devait
être pendu le 28 avril 1882[195] mais
sa peine a été commuée en une sentence de 10 ans d’emprisonnement.[196]
1881, 16 septembre – Démerise Roy dit Lauzon, 56
ans
Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – objet contondant –
mise en scène
Saint-Anaclet, près de Rimouski – 2 SC
François Moreau, son mari de 38 ans, pendu.
Au cours de
l’été 1881, François Moreau, 38 ans, habitait avec sa
femme Démerise Roy dit Lauzon, 56 ans, à Saint-Anaclet, près de Sainte-Luce,
à 11,2 km de Rimouski. Démerise avait connu un premier mariage avec François
St-Laurent, avec qui elle avait eu
quelques enfants, dont Emma. Dans un document laissé par un auteur anonyme et
qui semble avoir été écrit à l’époque des faits, on découvre Moreau comme un
homme « à la figure repoussante, le front bas, les cheveux en
désordre. » Malgré sa petite taille, on le disait animé d’une force
impressionnante. En 1879, François et Démerise se sont séparés avant de
reprendre la vie commune deux ans plus tard. Démerise avait alors insisté pour
qu’Emma, alors âgée de 13 ans, vienne habiter avec eux.
Au matin du
16 septembre 1881, le couple a quitté la maison pour s’enfoncer dans les bois. Démerise
avait l’intention de cueillir des noisettes, mais Moreau la suivait en
transportant une faux sur l’épaule et une hache à la main. Emma, que son beau-père avait forcé
à rester à la maison, les a regardé s’éloigner. Vers 17h00, Moreau est revenu
seul. Il a interrogé Emma et les voisins pour savoir si on avait vu Démerise. Rapidement,
on a remarqué que les efforts de Moreau pour retrouver sa femme se sont
amenuisés rapidement.
Le corps de Démerise a été
retrouvé le lendemain matin. Il semble qu’on l’ait traîné sur une certaine
distance puisque les noisettes accumulées dans ses poches s’étaient répandues
au sol. Son assassin avait également utilisé des morceaux de tourbe pour
recouvrir des traces de sang. À la découverte du cadavre, Moreau se serait
brièvement réfugié dans les bois pour « pleurer » sa peine en
solitaire. Lorsqu’on a procédé à son arrestation, il a déclaré : « je n’ai
donc plus d’amis! »
Au moment du procès, en octobre
1881, Emma a raconté que l’accusé ne faisait pas bon ménage avec sa mère.[197] Selon
le témoin qui avait découvert la victime, celle-ci avait « la tête et le
bras droit de la défunte étaient passés entre deux arbres. Elle avait la figure
en l’air, la joue gauche couverte de sang, les yeux fermés, noirs et remplis de
sang. Ses habits n’étaient pas brisés. La tête se trouvait dans une petite
baisseur [dénivellation]. » En voyant le corps, Moreau aurait lancé
« qui peut lui avoir fait ça » avant de s’effondrer en larmes. Un
instant plus tard, il ajoutait : « mon Dieu, qu’est-ce qu’ils vont faire
de moi? »
Reconnu coupable, Moreau a été pendu
le 13 janvier 1882 à la prison de Rimouski.
1881, 12 novembre – Henry Sweet, 7 ans
Filicide par un père maltraitant – Battu à mort
Potton, Bedford - ?
Edward Peters, son père adoptif, condamné à mort, commutation de peine;
Clara Elliott, sa mère adoptive, condamnée à 10 ans pour homicide involontaire.
Henry
Sweet, un garçon de 5 ans, devait être pris en charge par la municipalité de
Potton (district de Bedford) en 1879 mais Edward Peters s’est offert de
l’adopter pour la somme de 25$.[198]
Pour l’enfant, c’était le début d’un long calvaire de maltraitance. Peters lui confiait
des travaux lourds, en plus de le faire travailler pieds nus dans la neige et
de le rouer de coups. La femme de Peters, Clara Elliott, s’en mêlait en battant Henry
à la moindre occasion.[199] Le
12 novembre 1881, quelques jours après la visite d’un secrétaire municipal,
l’enfant de 7 ans a été retrouvé mort. L’examen du corps a révélé de nombreuses
plaies, dont certaines étaient encore ouvertes. Le grand connétable Horace D.
Pickel a débarqué à Sweetsburg pour mener l’enquête.
Selon l’historienne Cinq-Mars, Peters a pris la clé des champs, tandis que sa
femme, alors enceinte, a été arrêtée immédiatement. Pickel a alors fait croire
qu’il manquait de preuve contre Peters, ce qui a convaincu ce dernier de sortir
de sa cachette. C’est à ce moment-là qu’il a été arrêté.
Des témoins
qui avaient peur du couple ont accepté de parler pendant le procès, qui s’est
tenu les 27 et 28 mars 1882 à Sweetsburg. Pour Clara, la défense a plaidé que
le fait d’avoir été enceinte au moment des faits reprochés pouvait expliquer
ses humeurs; une stratégie semblable à celle qui serait utilisée quatre
décennies plus tard lors du procès de Marie-Anne Houde (1920, 14 février – Aurore Gagnon).
Peters a été condamné à mort pour meurtre, alors que sa femme a été reconnue
coupable d’homicide involontaire. Elle a écopé de 10 ans au pénitencier de
Kingston.[200] On
croit qu’elle aurait été libérée en 1892 avant de s’éteindre en 1934. La
sentence de Peters a finalement été commuée en emprisonnement à vie. En 1886,
il a été impliqué dans une émeute à l’intérieur des murs du pénitencier
Saint-Vincent-de-Paul. On perd ensuite sa trace.[201]
1882 – Nouveau-né non identifié
Néonaticide
Région de Québec - ? SC
Léa Vaillancourt, sa mère, six semaines de prison.
En octobre
1882, Léa Vaillancourt a plaidé coupable pour avoir caché la naissance de son
enfant et on a alors abandonné l’accusation d’infanticide, comme on le disait à
l’époque. Elle s’est donc mérité six semaines de prison.
1882, 15 septembre – Maxime Fortin
Homicide par négligence criminelle – arme à feu
Québec, Saint-Sauveur – 1 SC
Édouard Jacques, son neveu de 14 ans, coupable de meurtre involontaire.
Maxime Fortin
a été tué soudainement alors qu’il travaillait dans son hangar. Il a été tué
d’un coup de feu tiré par son neveu Édouard Jacques, 14 ans, qui s’amusait
alors avec un fusil qui lui servait d’amusement avec ses camarades. L’arme
était chargée de quelques cailloux et d’une balle.
1882, 27 décembre – Zéphirin Ayotte
Homicide conflictuel – Arme blanche (couteau) et battu à mort
Victoriaville (Arthabaska) – 1 SC
Romain Chabot, son voisin, condamné à mort, sentence commuée en
emprisonnement à vie; Joseph Chabot, 10 ans de prison; Napoléon Blanchet et
James Orr, blanchis.
À
Victoriaville, Zéphirin Ayotte était en train de discuter avec quelques
personnes au magasin de Paul Tourigny lorsque Romain Chabot est passé avec sa
femme. À cet instant, Ayotte a lancé des injures à l’endroit de celle-ci.[202]
Chabot a menacé de se venger et il est immédiatement parti en direction de chez
lui, où il est a réussi à convaincre son fils de participer à son projet de
vengeance. Accompagné de trois acolytes, Chabot s’est dirigé vers la résidence
d’Ayotte. La porte a été violemment défoncée avant qu’Ayotte soit battu et
poignardé à mort.
Le procès de Romain Chabot, Joseph Chabot, Napoléon Blanchet et James Orr s’est instruit du 1er
au 3 mars 1883 à la Cour du Banc de la Reine à Arthabaska devant le juge Marc-Eurèle
Plamondon. Chabot a été condamné à mort, tandis que son fils, Joseph Chabot, a
écopé d’une sentence de 10 ans. Un peu plus tard, la sentence du père a cependant
été commuée en emprisonnement à vie.
1883, 19 janvier – William Nesbitt
Meurtre par vengeance – revolver et objet contondant (pelle)
Montréal, Longue-Pointe – 3 SC
Timothy Milloy alias Dooley, son employé, pendu.
Le 19
janvier 1883, Zéphirin Gauthier, employé sur la ferme de William Nesbitt, s’est
rendu à la grange entre 5h00 et 6h00 pour y découvrir Timothy Milloy qui se
tenait dans l’allée. Pendant que Nesbitt se mettait à traire les vaches et que
Gauthier sortait avec une charge de fumier, Nesbitt lui a lancé une pelle sans
toutefois l’atteindre. Il semble qu’un jeu malsain d’intimidation aurait duré
une heure. Plus tard, Mme Nesbitt a averti Gauthier que son mari avait été
frappé. Lorsque Gauthier l’a retrouvé, son patron gisait sur le plancher de la
cuisine, un filet de sang sortant de sa bouche. Nesbitt avait vraisemblablement
été atteint d’un coup de fusil dans le cou.
Selon son
témoignage rendu lors du procès, Mme Nesbitt se trouvait avec son mari
lorsqu’elle s’est enfermée dans la cuisine pour éviter les foudres de Milloy.
Elle l’aurait même menacé de lui fendre le crâne avec le tisonnier s’il osait
entrer. Après le crime, elle l’a vu prendre la fuite sur le cheval de son mari.
Lorsque Milloy avait reçu son salaire, la veille du meurtre, il était apparu
satisfait, selon Mme Nesbitt. Dans sa fuite, le tueur avait menacé de son arme
un laitier pour qu’il le prenne avec lui dans son véhicule, mais sans succès.
Il avait ensuite dissimulé son revolver dans la neige. Au moment de son
arrestation, on a trouvé dans ses poches une pipe, un couteau, un crayon et 17
cartouches. Avant de mourir, Nesbitt l’a désigné comme son agresseur dans une
déclaration enregistrée légalement le 20 janvier. Il racontait avoir congédié
Milloy le 18 janvier. Le lendemain matin, l’employé hargneux lui avait demandé
de le reprendre, mais Nesbitt lui avait expliqué qu’il faudrait diminuer son
salaire. C’est ce qui a provoqué sa colère. Il avait d’abord frappé Nesbitt
avec une pelle avant de l’achever d’un coup de fusil.
Au procès, le Dr George Roddick, chirurgien pratiquant depuis
1868, attaché à l’Hôpital Général et professeur à l’Université McGill, a expliqué que la blessure
au cou avait été causée par un projectile d’arme à feu tiré à une distance d’environ 60 cm. Nesbitt
avait rendu l’âme quelques jours plus tard. Reconnu coupable, Milloy a été
pendu le 16 avril 1883 à la prison commune de Montréal.
1883, 10 juillet – Célina Guay
Homicide à motif indéterminé – Empoisonnement (arsenic)
Charlevoix – 1 SC
Eusébie Boutet (Tremblay), sa voisine, condamnée à mort,
sentence commuée.
Le 10 juillet 1883, Eusébie
Boutet a invité sa voisine Célina Guay à venir chez elle, insistant pour que
celle-ci laisse ses enfants à la maison. Plus tard, Célina a confié à des
proches que le verre de vin que lui a servi sa voisine était drôlement sucré.
Peu après, elle est tombée gravement malade. Le même soir, Eusébie s’est de
nouveau présentée chez elle pour lui prodiguer des soins, mais Célina
l’accusait déjà de l’avoir empoisonné. Finalement, Célina Guay s’est éteinte
peu de temps après.
Le 4 août 1883, entre 23h00 et
minuit, le sergent Édouard Harpe de la Police provinciale a retrouvé la présumée meurtrière alors
qu’elle se cachait chez son frère. Le procès de « la Boutet », comme les
journaux l’ont surnommé, s’est déroulé du 13 au 18 octobre 1884 au palais de
justice de Québec. Les témoignages ont été contradictoires quant aux relations
qui existaient entre les deux femmes. Juste avant sa mort, la victime a
lancé : « mon Dieu, c’est Eusébie qui m’a empoisonné, je vais
mourir. » Selon un expert, la victime aurait ingurgité de l’arsenic.[203] Les
jurés ont délibéré durant plusieurs heures avant d’annoncer leur mésentente.
Dans son édition du 20 octobre, Le
Canadien a souligné que le juge « ne peut
comprendre qu’après avoir passé de si longues heures à délibérer les jurés ne
soient point en mesure de faire connaître leur décision, c’est réellement une
moquerie de la justice. La preuve est tellement claire, évidente qu’il faut
être aveugle pour ne point rendre immédiatement un verdict. »
Les jurés sont donc retournés faire
leur devoir avant de revenir, cette fois, avec un verdict unanime de
culpabilité. On a cependant senti le manque d’objectivité de la part du Canadien, qui s’est permit d’écrire que
« le verdict qui vient d’être rendu fait honneur au jury. Un verdict
contraire aurait été une honte pour l’administration de la justice, une
violation du serment que le jury prête, de proclamer l’innocence de l’accusé, ou
la culpabilité du criminel. »
L’exécution de la condamnée a d’abord
été fixée au 28 novembre 1884 avant que sa peine soit commuée en emprisonnement
à vie.
1884, 7 janvier – Nouveau-né non identifié
Néonaticide
Montréal - ? SC
Non élucidé.
Un dénommé Jacques Libouron a trouvé
dans une ruelle communiquant avec le chemin de la Côte-des-Neiges le cadavre
d’un enfant nouveau-né. Le petit cadavre était renfermé dans une petite boîte
de bois.[204]
1884, 11
mai – Nouveau-né non identifié
Néonaticide
Québec - ? SC
Non élucidé.
Le 11 mai 1884, un paquet a été
découvert derrière l’Hôtel-Dieu de Québec à un endroit difficile d’accès. Huit
jours plus tard, le paquet était encore là et on a finalement mis les efforts nécessaires
pour aller voir ce qu’il contenait. En le développant, on a vu que le paquet
contenant le corps d’un enfant en état de décomposition avancé.
1884, 18
mai – Nouveau-né non identifié
Néonaticide
Québec - ? SC
Non élucidé.
Au cours de la soirée du 18 mai
1884, deux femmes qui marchaient à l’angle des rues des Fossés et Saint-Roch, à
Québec, ont croisé une autre femme qui tenait un paquet sous le bras et qui a
immédiatement attiré leur attention. Un peu plus tard, elles ont croisé la même
femme, cette fois sur la rue Saint-Dominique. La suspecte leur a avoué que le
paquet qu’elle tenait un peu plus tôt contenait un enfant qu’elle venait tout
juste de noyer en le jetant dans une bouche d’égout. Sur ces mots, la femme
s’est enfuie.
Le
journal L’Événement ne confirme pas que le cadavre ait été retrouvé ou
non.
1884, 11
août – Nouveau-né non identifié
Néonaticide
Québec - ? SC
Non élucidé.
Le corps d’un nouveau-né a été
trouvé à l’intérieur de la palissade ou du mur de l’enceinte du cimetière
Sainte-Brigitte, ancien cimetière du choléra, situé sur la rue De Salaberry, à
Québec. L’Événement a aussi écrit le lendemain : « Les
infanticides deviennent de plus en plus fréquents à Québec, où cependant ce
genre de crime était si rare autrefois. »[205]
1885, 15
mars – bébé de sexe féminin non identifiée
Infanticide – Asphyxie par strangulation
Nazareth, Rimouski, près de l’asile - ? SC
Non élucidé.
Le 15 mars 1885, le décès d’un
bébé de sexe féminin a été constaté. Le coroner A.-G. Belleau est arrivé à la
conclusion que l’enfant a trouvé la mort suite à une « asphyxie par
strangulation au moyen d’une ligature placée et serrée autour du cou de la défunte. »
Le genre utilisé dans cette phrase laisse entendre que la victime était de sexe
féminin et le titre de l’article souligne qu’il s’agissait d’un infanticide.
L’enfant a été retrouvé près de l’asile à Nazareth, et on sait aussi que quatre
témoins ont été entendus par le coroner Belleau : Joseph Labrie, le
sergent Samuel Murray, Jules Linteau et le Philppe Wells, ce dernier étant
médecin de Québec. Les jurés du coroner ont rendu un verdict à l’effet que la
fillette avait été tuée par une ou plusieurs personnes inconnues.
1885, juillet – John Malone, policier
Homicide situationnel – Objet contondant (brique)
Montréal, rue Murray – 1 SC
Non élucidé. Charles Considine, acquitté.
John Malone, un policier de
Montréal, a été tué au cours d’une intervention qui s’est produite au cœur
d’une émeute survenue sur la rue Murray. Selon un bref résumé des témoignages
rapporté par La Presse, un certain
Charles Considine a été désarmé de son bâton par le sergent Campridge. Il s’est
ensuite emparé d’une brique qu’il a lancé à la tête du constable Malone.[206]
Ce dernier a succombé à sa blessure.
En novembre 1885, durant le
procès de Charles Considine, un témoin a raconté avoir vu l’accusé prendre la
fuite après avoir frappé Campridge, laissant entendre qu’il ne pouvait pas être
responsable de la mort du policier Malone. Par ailleurs, il se rappelait avoir vu
un autre homme, qui n’a apparemment jamais été identifié, frapper Malone à la
tête avec une brique. Un autre témoin a décrit le véritable fautif comme un
homme portant une épaisse moustache. Après quelques minutes de délibérations,
le jury a prononcé un verdict d’acquittement. Toutefois, Considine a été arrêté
sur-le-champ avant même de pouvoir rentrer chez lui puisqu’il devait maintenant
faire face à une accusation d’assaut contre le constable Campridge[207].
1885, août – John Beatty, policier
Homicide situationnel – Objet contondant (matraque)
Montréal, Griffintown – 1 SC
Non élucidé. Gustavus Roach et Michael Karmon, acquittés.
Moins d’un
mois après que le policier Malone ait été tué en service, un deuxième constable
de Montréal a perdu la vie lorsqu’il est intervenu, lui aussi, dans un secteur
chaud de la ville. John Beatty a été appelé à repousser deux vagabonds qui avaient
l’habitude de traîner devant la fenêtre d’une résidence. Abordé par Beatty,
l’un d’eux a refusé de partir avant de finalement accepter de s’éloigner pour
entrer dans un magasin, prétextant vouloir acheter quelque chose. Peu après, il
est revenu s’installer devant la même fenêtre. L’un des policiers a alors tenté
de procéder à son arrestation et une lutte a éclaté. Le bâton du policier s’est
retrouvé dans la main du vagabond, qui a alors violemment frappé le constable Beatty
à la tête. Beatty et l’un de ses collègues ont ensuite été sévèrement battus
par la foule rassemblée autour de l’incident. L’un des assaillants, un nommé
Mason, a été conduit au poste No 9.
La mort de Beatty, jumelée à la
perte récente de Malone, a soulevé l’indignation des autres représentants de
l’ordre de la ville, qui demandaient à être armés de revolvers.[208] Avant
sa mort, Beatty a eu le temps d’enregistrer une déclaration ante mortem.[209]
C’est plusieurs jours après l’incident que Gustavus Roach s’est livré aux
autorités. Il « a déclaré que depuis le soir de la bagarre il avait voyagé
sur les lacs et qu’il ignorait qu’un mandat avait été émis contre lui pour
avoir donné des coups à Beatty, mais qu’en revenant ici sa mère le lui apprit
et il se rendit lui-même à la justice. »[210] Roach,
ainsi qu’un certain Michael Karmon, ont été acquittés en novembre 1885.[211]
1885, 5 décembre – Ephrem Longpré, 26 ans
Profit personnel? –
Entre Saint-Henri-de-Mascouche et Montréal - ? SC
Non élucidé. Joseph « Petit Français » Montreuil, 40 ans, soupçonné.
Le 10 décembre 1885, Le
Journal des campagnes annonçait la disparition de Ephrem Longpré, 26 ans,
veuf depuis quelques semaines et père de deux enfants. Il avait quitté sa ferme
de Saint-Henri de Mascouche pour se rendre vers Montréal vendre les produits de
sa terre. Le jeune cultivateur a été vu sur la place Jacques-Cartier tôt le
samedi matin. Le même soir, vers 18h00, il a vendu la totalité de sa
marchandise, alors il a repris la route pour retourner chez lui. Il avait
accumulé une vingtaine de dollars dans ses poches. Mais Longpré n’est jamais
rentré chez lui. Le lundi, on a retrouvé sa voiture et son cheval dans une
station à Sault-au-Récollet.
Le mercredi 9 décembre, on a
retrouvé un corps à quelques arpents de la voie publique. La victime portait
des marques de violence à la tête et était enfouie sous un monceau de perches. Il
semble qu’on n’ait jamais pu identifier clairement ce cadavre. Malgré tout, la
disparition de Longpré a été considérée comme un homicide et on a vite
soupçonné une bande de brigands qui hantait alors les alentours de Montréal et
qui agissait sous le leadership d’un dénommé Joseph Montreuil.
En novembre 1886, les journaux
ont annoncé l’arrestation de Montreuil, que l’on a clairement identifié comme
le chef d’un gang. Il a été arrêté à Joliette le 3 novembre 1886. Un journal
l’a décrit ainsi : « Montreuil est un homme d’environ 40 ans; il a
toutes les allures d’un brigand déterminé; rarement il vous regarde en face
jamais il ne le fait autrement que d’un regard fugitif. On dit qu’il est
originaire de Québec; il s’est donné tant de noms, dans sa vie, qu’il est un
peu difficile de retracer son histoire. »[212]
On espérait que l’arrestation de
Montreuil et de ses complices puissent éclaircir l’étrange disparition de
Longpré, mais il semble qu’il n’y ait jamais eu de poursuite judiciaire dans
cette affaire, faute de preuve.
1886, 5 août – Michael Keenan
Homicide conflictuel – arme blanche (faux)
St-Sylvestre – 1 SC
John Nappert Sr., son voisin, acquitté.
Le 5 août 1886, John Nappert Jr
s’est absenté de la ferme familiale en compagnie de Fortier, un homme à gages. Pendant
ce temps, le père Nappert est demeuré seul, et a profité de ce temps libre pour
faucher du foin. C’est à ce moment qu’est apparu Michael Keenan, un voisin avec
lequel il connaissait une ésentente à propos d’une terre. Keenan lui a montré un
papier judiciaire qui, d’après lui, le déclarait propriétaire de la terre en
litige. Une querelle est alors survenue entre les deux hommes. Nappert Sr a mis
un terme à la discussion en donnant un grand coup de faux dans le ventre de
Keenan, ce qui a causé sa mort.
Le procès pour meurtre, qui s’est
déroulé en avril 1887, a aussi permis de conclure que la terre concernée
appartenait bien aux Nappert. Par ailleurs, l’accusé a toujours juré que Keenan
était armé d’un revolver lorsqu’il s’était présenté chez lui le 5 août, mais le
témoignage du curé a démontré le contraire. Finalement, les charges ont été
abandonnées contre John Nappert Sr., alors que le fils Nappert a plaidé
coupable à une accusation d’assaut sur Julia Keenan, ce qui lui a valu une
sentence de 48 heures de prison.
1887, août – Dennis O’Connor, 65 ans
Homicide conflictuel – arme blanche (couteau)
Montréal, marché Ste-Anne – 1 SC
James Carroll, 82 ans, deux ans de prison.
Depuis des années, Dennis
O’Connor et James Carroll étaient deux bouchers qui occupaient des kiosques voisins
au marché Sainte-Anne. « Depuis assez longtemps ils se voyaient d’un
mauvais œil. O’Connor, paraît-il, se plaisait à provoquer la mauvaise humeur de
son compagnon. Jeudi soir, après sa journée faite, Carroll s’empara d’un
couteau et alla frapper son adversaire à la gorge, l’étendant mourant sur le
pavé, on appela en toute hâte l’ambulance de l’hôpital général et lorsqu’elle
arriva, O’Connor était mort. Le meurtrier est un vieillard de 82 ans et avait
joui jusqu’alors d’une assez bonne réputation. On pense qu’il était un peu sous
l’influence de la boisson le soir du meurtre. »
Le procès, qui s’est ouvert en
septembre, a attiré de nombreuses personnes. Carrol a été reconnu coupable et condamné
à deux ans de prison à purger au pénitencier Saint-Vincent-de-Paul.
1888, 22 juin – Lucius Warren
Homicide situationnel – arme à feu
Lac Mégantic – 1 SC
Donald Morrison, condamné à 18 ans de travaux forcés.
À son retour des États-Unis, où
il avait travaillé comme cow-boy, Donald Morrison a découvert que son père
avait été évincé de sa propre ferme par un officier militaire du nom de
MacAulay. L’officier aurait même abusé du manque d’instruction du vieil homme
pour l’arnaquer. Morrison a alors mis la pression sur les nouveaux
propriétaires, jusqu’à ce que les autorités se mettent à ses trousses. Jack
Warren a été embauché comme constable spécial pour l’arrêter. « Warren
avait affirmé que, s’il y était forcé, il n’hésiterait pas à tuer Morrison et,
pour donner du poids à ses vantardises, il s’exerçait au tir à la cible
derrière l’hôtel où il logeait, sous les regards craintifs et admirateurs des
enfants et des badauds, et il exhibait avec une ostentation proche du
cabotinage la commission de constable spécial et le mandat d’arrestation signés
par le juge de paix Joseph Morin qui attestaient du caractère exceptionnel de
la mission qu’il n’aurait pas la chance de mener à bien. Il est autour de 14h
quand Lucius Warren apprend que Morrison approche du pas débonnaire de l’homme
en paix avec lui-même et ses voisins. Il est en train de siroter un verre de
bière, son cinquième depuis le dîner, dans la taverne de l’hôtel. Il n’est à
Lac-Mégantic que depuis quelques semaines mais il passe déjà pour un buveur
solide. On chuchote, sans preuve, qu’il a été contrebandier d’alcool à l’époque
de la construction de la voie ferrée qui relie Lac-Mégantic à Portland. Sans
être ivre, il n’est plus tout à fait à jeun. D’un pas incertain, il sort de
l’hôtel et va à la rencontre de Morrison et de son destin. Les deux hommes ne
sont qu’à quelques pieds l’un de l’autre quand ils s’immobilisent et se toisent
du regard. Warren somme Morrison de ne pas bouger. Morrison le somme de le
laisser passer. Warren baisse lentement sa main droite vers l’étui dont dépasse
la crosse du revolver qui ne le quitte plus depuis qu’il est à Lac-Mégantic.
Ses doigts empoignent la crosse. Au moment où le canon de l’arme sort de
l’étui, un coup de feu claque. Warren s’écroule comme un pantin désarticulé.
Mort. La balle que Morrison a tirée à travers la poche de son veston lui a
sectionné la carotide et la moëlle épinière. Hébêté, Morrison regarde le corps
sans vie qui gît à ses pieds dans une mare de sang qui s’élargit de seconde en
seconde, puis il s’éloigne d’un pas lent, indifférent à la foule silencieuse
qui commence déjà à s’agglutiner autour du cadavre. »[213]
Au cours des mois qui ont suivis,
Morrison a été pourchassé dans la région de Lac Mégantic et de Scottstown. Il
est finalement arrêté et condamné à 18 ans de travaux forcés pour homicide
involontaire. Il a été libéré en juin 1894 après avoir contracté la tuberculose
en prison, mais il meurt quelques heures plus tard. Sa dépouille repose dans le
cimetière Gisla, à Milan, au Québec.
1888, 25 juin – Thomas Donnaly
Profit personnel – Arme à feu
Montréal, Griffintown, angle des rues Ottawa et Young – 2 SC
John Kehoe, condamné à mort, sentence commuée.
Le 25 juin
1888, à Griffintown, des témoins ont entendu un coup de feu à l’angle des rues
Ottawa et Young. Parmi eux se trouvait le sergent Watson, en service au poste
no. 7. En arrivant sur les lieux, Watson est entré dans la demeure de Thomas Donnaly, le trouvant assis sur le
bord de son lit. Donnaly, mortellement atteint, lui a demandé un médecin et un
prêtre. Lorsque le policier a cherché à savoir qui avait tiré sur lui, le jeune
homme a répondu : « Jack Kehoe. » Immédiatement, Watson s’est
rendu chez Kehoe pour procéder à son arrestation, mais celui-ci avait
disparu. « Les sergent Watson et
Haynes firent des recherches et, quelque temps après, le découvrirent dans un
grenier à foin en arrière de la maison. Lors de son arrestation le prisonnier
déclara ignorer tout ce qui s’était passé et défia la police de pouvoir
produire aucune preuve contre lui. Il
prétendait n’avoir pas vu Donnely depuis six semaines. Le père dit que son fils
n’a pus [sic] jouir de toutes ses facultés mentales depuis quelque temps.
Lorsque M. Donnely fut blessé, le sergent Watson envoya chercher les docteurs
Hingston et Guérin, qui virent que la balle l’avait frappé dans l’abdomen. Il
est mort environ une heure après d’hémorragie interne. »[214]
Une
trentaine d’années plus tôt, les pères de Kehoe et de Donnaly avaient été des associés
commerciaux. À la mort du père Donnaly, à la fin des années 1870, le père Kehoe
avait pris sa retraite mais non sans connaître quelques problèmes avec son
fils. On racontait que John Kehoe avait été arrêté pour avoir volé son père. Ce
dernier avait retiré sa plainte, mais pour le remercier son fils l’avait menacé
avec un rasoir. Le mobile du crime pourrait bien se situer au niveau de
l’argent, puisque le jeune homme aurait eu vent de l’importante somme découlant
de la vente du commerce. Selon La Revue
Légale, volume 18, Kehoe était le fils de Lawrence Kehoe alors que sa mère était décédée sans
testament, ce qui le rendait copropriétaire avec son père d’un immeuble situé à
Montréal. Son procès eut lieu en novembre 1888. Reconnu coupable, son
exécution a d’abord été fixée au 14 décembre 1888.
Son père n’a fait aucun acte
d’héritier et l’épouse de Thomas Donnelly, Margaret Dunphy, aurait institué une action
en dommages et intérêts contre Lawrence Kehoe, le considérant comme
l’héritier légal de son fils, qui était maintenant mort civilement avec cette
sentence. Pour sa défense, Lawrence Kehoe a allégué qu’il n’était pas l’héritier de son
fils. Finalement, après un débat juridique reposant sur plusieurs points, la
requête de la veuve a été rejetée. Toutefois, avant la fin de ces procédures
civiles, la peine de Kehoe avait été commuée en emprisonnement à vie.
1888, 18 juillet – Napoléon Michel
Meurtre par passion – revolver et arme blanche – Mise en scène
Saint-Ferdinand, Estrie – 1 SC
Rémi Lamontagne, son beau-frère, pendu; et Léda Lamontagne, acquittée.
Le 18
juillet 1888, vers 23h00, Rémi Lamontagne est venu frapper chez son beau-frère,
Napoléon Michel. Ce dernier avait épousé sa sœur Léda, le 13 février. Le couple
habitait une modeste demeure située dans le rang de Wolfstown, près de
Saint-Ferdinand, dans la région de Sherbrooke. Après avoir bu quelques verres,
Lamontagne est retourné chez lui pour ensuite revenir chez Napoléon. Cette
fois, il a été accueilli par un revolver que Lamontagne lui pointait dans le
visage. Partiellement atteint à la tête, Napoléon Michel s’est effondré.
Lorsqu’il a repris conscience, il avait la gorge tranchée et sa maison était en
flammes. Malgré tout, il a trouvé la force de se traîner chez un voisin.
Le 13 août, Michel a enregistré une
déposition devant le juge Rioux, en présence de sa femme Léda. Il accusait
clairement le frère de celle-ci de l’avoir attaqué. Trois jours plus tard,
Michel succombait à ses blessures. Léda a été accusée du meurtre, tout comme
son frère, qui avait cependant pris la fuite. Le 24 octobre, une récompense de
1 000$ a été offerte dans La Presse pour sa capture. Le 27 octobre, James Grimard, un autre beau-frère de
Lamontagne, le livrait aux autorités.
Le procès
s’est ouvert le 2 octobre 1890 au palais de justice de Sherbrooke. Léda Lamontagne, qui avait
elle aussi connue sa période de cavale aux États-Unis, s’est avérée être un témoin
récalcitrant. Il semble que l’inceste pourrait expliquer le mobile du meurtre.
Le jour même du mariage de Léda, selon des témoins, celle-ci se serait
retrouvée toute seule dans une chambre isolée avec son frère. D’autres avaient
constaté l’étrange complicité qui existait entre le frère et la sœur. Sans
doute parce qu’il avait découvert quelque chose, Napoléon Michel avait commencé à dormir avec une hache près de son lit. Le 11 octobre, Rémi
Lamontagne a été reconnu coupable. Quand on lui a demandé s’il avait quelque
chose à dire, il a lancé : « simplement que je suis innocent »[215].
Une lettre
en provenance des États-Unis écrite par le soi-disant véritable auteur du
meurtre a vainement tenté de disculper le condamné.[216]
La veille de l’exécution, Léda a affirmé qu’elle connaissait l’identité du
véritable meurtrier. Le juge Jonathan Wurtele est donc revenu à Sherbrooke pour l’interroger.
Vraisemblablement, l’information n’était pas crédible puisqu’il n’y eut aucune
suite. Le 19 décembre 1890, une heure avant la pendaison[217]
ou seulement une dizaine de minutes[218] le
shérif Webb est mort subitement. Cet autre drame n’a pas
changé grand-chose pour le supplicié, qui a été pendu peu de temps après.
1889, 24 août – Nouveau-né
Néonaticide – par étouffement
Montréal, coin des rues Saint-Mathieu et Saint-Marc – 2 SC
Non élucidé.
Le 24 août 1889, c’est jouant que
des enfants ont découvert le corps d’un nouveau-né sur un terrain vacant situé
au coin des rues Saint-Mathieu et Saint-Marc, à Montréal. Le poupon était
enveloppé dans un morceau d’étoffe de coton blanc. Le coroner a constaté que le
petit corps ne portait aucune trace de violence. L’enfant serait mort par
étouffement au moment de venir au monde, ce qui a poussé un journal à écrire
que c’est « ainsi qu’il arrive souvent à des enfants nouveau-nés,
lorsqu’un médecin n’est pas là pour leur donner les soins nécessaires pour
faciliter le fonctionnement de la respiration. »[219] L’Événement
laissait donc entendre qu’il pouvait s’agir d’une mort accidentelle, mais cet
étouffement pourrait tout aussi bien être de nature criminelle. Sinon, pourquoi
avoir abandonner l’enfant sur un terrain vacant?
1889 – Nouveau-né non identifié
Néonaticide -
Aylmer - ? SC
Non élucidé. Louise Lavert accusée d’infanticide, …?
Le 11 décembre 1889, le journal
L’Événement a fait mention qu’une certaine Louise Lavert était sur le point de
comparaître pour infanticide. Le crime se serait produit dans la région
d’Aylmer. Malheureusement, nous n’avons trouvé aucun autre détail permettant de
mieux décrire les circonstances de l’affaire.
1889, 18 novembre – Charles Andrew Calkins
Homicide argumentatif – Arme à feu
Rock Island, Estrie – 1 SC
William Wallace Blanchard, son ami,
Charles Andrew Calkins, un
forgeron de Stanstead, a été abattu par arme à feu à Rock Island, en Estrie. Un Américain
répondant au nom de William Wallace Blanchard a été accusé du meurtre. En fait, Blanchard a
tiré à trois reprises sur lui. Selon Le progrès de l’Est, la relation
qu’il y avait entre Calkins et sa femme n’était pas au beau fixe, le journal a
même ajouté qu’il « a été tué au cours d’une discussion à propos de
canots, durant une orgie qu’il faisait avec son ami Blanchard. Les deux sont
des réfugiés américains des États-Unis. »[220]
Le procès de Blanchard s’est
ouvert le 14 octobre 1890 à Sherbrooke devant le juge Edward T. Brooks.
Suite à un compte rendu publié en 1979, les deux hommes auraient bu ensemble
dans la maison de Calkins, lorsque Blanchard a sorti un revolver pour s’amuser
à quelques jongleries. Une dispute aurait ensuite éclaté. C’est au moment de
rentrer chez elle que Mme Calkins a trouvé le corps de son mari.
Suite au verdict de culpabilité,
le magistrat a fixé la pendaison au 12 décembre 1890. « Arrivé à
l’échafaud le prisonnier s’est tourné vers la foule et a dit d’une voix
claire : « Je vous remercie tous de votre bonté, puisse Dieu avoir
pitié de vos âmes et puis-je vous rencontrer de l’autre côté. Je vous salue
tous, adieu ». »[221]
La trappe s’est ouverte à 9h04 et sa mort a été constatée à 9h28. Une semaine
plus tard, Rémi Lamontagne (1888, 18 juillet – Napoléon Michel) était
exécuté au même endroit.[222]
1890, septembre - Femme de Joseph Houle
Homicide - Arme à feu
Pointe-du-Lac – 1 SC
Sévère Houle, 17 ans, acquitté.
Il serait le responsable. Selon le témoignage du veuf, il
aurait eu des vues sur la victime, il était toujours au-devant d’elle pour lui
rendre service.
Sévère Houle était le fils adoptif de Joseph Houle dit
Gervais. Selon ce dernier, il a souper avec sa femme, seule avec elle dans la
maison, et ensuite ils se sont assis ensemble pour parler. Vers 19h20, un coup
de feu a été entendu. Et sa femme est tombée par terre. Selon l’autopsie, la
victime a eu la tête fracassée. “La victime a eu la tête fracassée. L'autopsie
a été faite par M. Le Dr Normand. Voici ce qu’elle a révélé. Le fusil qui a été
tiré était chargé avec du plomb et des petites balles appelées postes. Une de
ces balles a frappé la mâchoire droite, l’a brisée, a traversé la langue et a
brisé la mâchoire gauche. Une autre a frappé la pommette de la joue, a suivi
l’os de la face et est aller casser l’os du nez. Deux autres ont frappé et
fracturé le crâne, près de la tempe. Trois autres balles sont allées se loger
dans la cloison. La mort a été instantanée.” (Le Trifluvien, 24 septembre 1890)
En décembre 1890, au terme de son procès, Sévère Houle a été
acquitté. “À la Pointe-du-Lac, il a été reçu par un grand nombre de ses
co-paroissiens. Plusieurs des maisons du village étaient pavoisées de drapeaux.
Tout le monde paraissait joyeux du triomphe de l’innocence.” (le Trifluvien, 10
décembre 1890)
Le groupe s’est ensuite rendu célébrer avec le maire de
Yamachiche, Georges Héroux, où habitait la mère de Sévère Houle.
1890, 11-14 janvier – Fabien Roy
Homicide argumentatif – Battu à mort
Saint-Pierre-de-Montmagny - ? SC
Jean-Baptiste Herménégilde Morin, son associé, condamné à mort, sentence
commuée en emprisonnement à vie.
Dans L’Électeur,
on décrivait Morin comme le fils d’un cultivateur riche et respecté. « Il
y a environ deux ans, il épousait la femme de son choix; il vivait chez son
père de la paisible vie de famille. […] Mais voilà que tout à coup il se laisse
dominer par une colère fatale, qu’un prétexte futile a allumée. Un nuage de
sang passe devant ses yeux, l’aveugle, le rend furieux; son adversaire tombe
sous ses coups, mais lui, ivre de rage, frappe, et frappe encore, jusqu’à ce
que le coup de mort soit porté. […] La victime, Fabien Roy, était célibataire et
demeurait à St-Pierre-de-Montmagny. Il s’occupait ordinairement de commerce,
quelquefois en société avec le condamné Morin. »
Le samedi 11 janvier, les deux
associés sont venus à Saint-Thomas faire leur marché comme à l’habitude mais à
leur retour à Saint-Pierre, une dispute a éclaté à propos d’argent. Des mots
ils en sont venus aux mains. Morin a eu le dessus sur Roy et l’a laissé pour
mort dans sa demeure. En sortant de chez Roy, Morin a fait la rencontre de
Proulx et il dit à ce dernier : « Viens voir dans quel état j’ai mis
ce pauvre Bédon » (sobriquet donné à Roy). Roy était dans son lit. En
entrant, Morin lui dit : « Roy, donne-nous un coup. » Ce dernier
lui a demandé ce qu’il revenait faire encore chez lui. Morin a donc répliqué :
« Je ne serai content, mon maudit croche, que lorsque je t’aurai tué comme
un chien. » Là-dessus, Morin a saisi Roy, l’a traîné hors de son lit avant
de le frapper des pieds et des mains. Il a même piétiné sa poitrine et son
abdomen jusqu’à ce que des passants, attirés par les cris lamentables de la
victime, arrache Roy de l’emprise de son agresseur. Cette intervention n’a
cependant pas empêché Morin de saisir un vase de nuit rempli de glace pour le
briser sur le crâne de Roy.
Roy a succombé à ses blessures au
cours de la matinée du 14 janvier.[223]
Morin a été condamné à mort pour ce crime, mais sa sentence a ensuite été
commuée en emprisonnement à vie.
1890, 23 février – Zéphise Thibault, 24 ans; Olympe
Tessier, 67 ans; Joseph Dubois, 4 ans; et Georges Dubois, 3 mois
Familicide – arme blanche (hache)
Saint-Alban, Portneuf – 1 SC
Nathaniel Randolph Fritz Dubois, époux et père, pendu.
Le 23 février 1890, à
Saint-Alban, comté de Portneuf, Nathaniel R. F. Dubois, un Américain d’origine,
a utilisé une hache pour tuer
sa femme Zéphise Thibault, 24 ans, leurs deux enfants –
Joseph, 4 ans et Georges, un bébé de 3 mois – ainsi que sa belle-mère, Olympe
Tessier, 67 ans. Selon Le Canadien,
Dubois était athée, travaillait peu et demeurait chez ses beaux-parents.[224]
Les disputes étaient fréquentes au sein du ménage.
Joseph Thibault, le patriarche, assistait à la messe lorsque
le drame s’est produit dans sa maison. Vers 11h00, c’est une voisine qui a
découvert la scène de crime. Dans la cave, on a retrouvé les corps mutilés des
quatre victimes. Le petit Georges respirait encore à l’arrivée des premiers
témoins, mais il est mort peu de temps après. Il se trouvait encore dans les
bras crispés de sa mère.
Après avoir jeté les cadavres de
ses victimes dans le sous-sol, il semble que Dubois ait tenté de balayer le
sang vers la trappe. Plus tard, un témoin a affirmé l’avoir vu vers 10h00;
Dubois courait dans le chemin tout en regardant par-dessus son épaule. Au
moment de son arrestation, à Portneuf, Dubois a avoué avoir « fait un
mauvais coup mais qu’il est bien content. »[225]
De plus, c’est sans émotion qu’il a raconté les détails de son massacre.
Lors du procès, qui s’est tenu en
avril 1890 à Québec, la défense a plaidé la folie. Le Dr Albert Marois a témoigné à l’effet que l’accusé avait une
prédisposition à la « monomanie homicide. » Toutefois, les témoignages
des docteurs Lavoie, Catellier et Vallée ont appuyé le fait que Dubois était
sain d’esprit. Lorsque le jury l’a déclaré coupable, Dubois continuait de
mâcher son tabac. « Au banc des prévenus, ferme, les yeux fixés tantôt sur
les jurés, tantôt sur le président du tribunal, impassible, froid comme une
statue, le malheureux Dubois a reçu sa sentence de mort sans broncher, sans
perdre une seconde l’attitude insouciante qu’il a conservée tout le temps du
procès. »
Dubois a été pendu à la prison de
Québec le 20 juin 1890. Quelques jours auparavant, il avait confié à un
journaliste qu’il regrettait son crime mais qu’il n’en gardait pratiquement
aucun souvenir.[226]
Par ailleurs, il a aussi confié ceci à propos de son passé :
« à l’âge de 8 ans je me suis sauvé de la maison et je me suis engagé à
bord d’une barge de canal. Je laissai cet emploi quelque temps après et je
devins vagabond. J’errai dans tous les États-Unis, mangeant ce que je pouvais
attraper et dormant la nuit dans les bois. Jeune encore je fis partie du circle [cirque] Stonewall et je soignais les chevaux. Je quittai cette troupe et
j’entrai au service du circle Forepaugh,
où je faisais la même besogne. Je fis aussi partie du circle Barnum, mais la plus grande partie de ma vie s’est passée en
aventures. Pendant ce temps, je commis toutes sortes de crimes, excepté le
meurtre. J’appartenais à une bande d’hommes dépravés. Nous étions six en tout.
D’abord j’errai seul et je n’hésitai jamais à voler quand j’en avais la chance. »
Dubois aurait aussi erré à
l’ouest de Chicago pour y voler des chevaux et piller des magasins. « Nous
étions armés de pistolets, de poignards, et nous étions
déguisés, portant de faux favoris et une fausse chevelure. Nous vivions dans
les bois et nous menions une vie remplie d’émotions et de dangers. » Après
cette vie de hors-la-loi à l’américaine, il était venu s’établir au Canada avant
de se marier à Saint-Alban. « Quand j’étais dans les cirques, je fumais de
l’opium et j’étais
débauché, mais à St-Alban j’étais sobre et rangé. »[227]
1891, ?-24 avril – Nouveau-né de sexe féminin
Filicide/Infanticide? –
Chambly - ? SC
Non élucidé.
En avril
1891, une enquête de coroner a été tenue sur le corps d’un enfant âgé d’environ
deux mois et retrouvé près de l’île Meunier, à environ 2 milles du village de
Chambly. Selon le journal La Justice, l’enfant était bien vêtue, portait
une longue robe de flanelle blanche et un jupon. « Par ses habits on est
porté à croire qu’il devait appartenir à des parents assez riches. » Le
coroner s’est convaincu qu’il s’agissait d’un meurtre et croyait que l’enfant
avait été jeté à l’eau au cours de l’hiver.
1891, 13 juin – Nouveau-né non identifié
Néonaticide – strangulation
Montréal, Gare de Windsor – 2 SC
Ellen Enright, sa mère de 19 ans, 6 mois de prison.
Le samedi 13 juin 1891, des
employés de la cour de train de Windsor ont découvert une valise contenant le
cadavre d’un bébé. On a appris que la valise avait été expédiée par une jeune
fille qui venait de prendre place dans un wagon de seconde classe. Lorsqu’elle
a été interpellée, la jeune femme a dit s’appeler Ellen Enright. Elle a aussi expliqué
à la police qu’elle n’était pas mariée, que cet enfant était le sien mais qu’il
était déjà mort à la naissance. Un médecin qui a examiné le corps a déclaré que
l’enfant est né viable et qu’il a plutôt été étranglé. Ellen Enright a été
reconnue coupable d’avoir caché la naissance de son enfant avant d’écoper de
six mois de prison.
1892, 18 juillet – Nouveau-né non identifié
Néonaticide – défenestration
Montréal, 223 rue Saint-Georges – 1 SC
Gertrude Mimee, sa mère, acquittée.
Mary Ann
Cook, lors du procès, a expliqué qu’elle vivait dans la même maison que
Gertrude et qu’un moment donné elle s’est rendu compte que Gertrude était
enceinte. Au cours de la nuit du 28 juillet 1892, elle a été réveillée par un
bruit en provenance de la rue. Mary et son mari se sont précipité sur les lieux
pour découvrir que c’était un nouveau-né. Le couple s’est empressé de conduite
le bébé dans un poste de police. Quand elle a ouvert la chambre de Gertrude,
elle l’a vu assise dans son lit et « paraissait folle ». Le médecin
qui a réalisé l’autopsie a conclu que le nouveau-né est mort d’une fracture du
crâne, blessure qui lui a sans doute été infligée lorsqu’on l’a lancé du haut
du troisième étage.
1893, 3 novembre – A. Schwartz
Homicide par négligence criminelle –
Montréal, 2 ruelle Bronsdon – 1 SC
Non élucidé. Thomas Trafford, 16 ans, acquitté.
Schwartz demeurait au numéro 2 de
la ruelle Bronsdon, à Montréal. Il a succombé à une congestion du cerveau suite
à une agression dont il a été victime. La police a arrêté Thomas Trafford, 16
ans, qui demeurait avec sa tante R. S. Harman, au 20 rue Notre-Dame de Lourdes.
Les policiers l’ont trouvé dans une étable où Thomas Orthan, 24 ans, l’avait
aidé à se cacher. Orthan, qui a aussi été arrêté, a affirmé ne pas avoir frappé
Schwartz mais a tout de même admis avoir lancé des pois dans la porte de sa
résidence. Irrité, Schwartz est sorti avec un autre homme pour frapper l’un des
jeunes joueurs de tour. Trafford a alors voulu intervenir mais il se serait
plutôt enfui. Il a cependant eu le temps de voir Schwartz étendu sur le
trottoir. Le lendemain matin, la femme de Schwartz l’a accusé de meurtre, ce
qui l’a poussé à aller se cacher.
En mars 1894, Trafford a été
acquitté, entre autres parce qu’aucun témoin ne l’a vu frapper directement
Schwartz.
1893, décembre – Enfant non identifié
Néonaticide/Infanticide? – Strangulation
Montréal, ruelle Saint-Hubert - ? SC
Non élucidé.
Le corps d’un « jeune
enfant » a été retrouvé dans la ruelle Saint-Hubert avec « un cordon
de soulier enroulé autour du cou. Étrangement, le jeune homme qui a découvert
le corps a donné une fausse identité et des renseignements douteux à la police.
« On croit qu’il en connait beaucoup plus long qu’il ne le laisse voir. La
police est à sa recherche. »[228]
1894, 29 avril – Adrien Rivet, 5 ans
Homicide par négligence criminelle – tramway (vitesse)
Montréal – 1 SC
Horace Lamontagne, acquitté.
Horace Lamontagne, mécanicien de
la compagnie des chars urbains, conduisait un tramway qui a causé la mort
d’Adrien Rivet au coin des rues Bleury et Lagauchetière, le 29 avril 18894. En
juin, Lamontagne a été acquitté mais le juge Wurtele s’est tout de même permis
de faire remarquer que la compagnie de tramway avait pour habitude de faire
conduire ses véhicules à des vitesses trop élevées.
1894, 1er juin – nouveau-né
Néonaticide – strangulation
Sherbrooke - ? SC
Exilia Tremblay, sa mère de 20 ans, originaire du Lac St-Jean, …?
Un médecin a été appelé au chevet
d’une jeune femme qu’il se disait malade et qui venait d’accoucher dans
Sherbrooke-Est. Dès son arrivée, il a demandé à voir l’enfant, mais celui-ci
était mort. La mère a affirmé qu’il était déjà mort à la naissance, mais le
médecin a vu que le nouveau-né avait de l’air dans les poumons. Par conséquent,
il était vivant au moment de sa naissance. De plus, il portait des marques de
strangulation.
La mère n’a pas été nommé dans
les premiers compte rendu, mais il semble qu’il s’agissait d’Exilia Tremblay,
20 ans, qui pensionnait chez une certaine Mme Pierre Fournier. Celle-ci a aussi
été accusée de négligence criminelle. Après l’enquête du coroner, Mlle Tremblay
a été conduite dans un hôpital. Dans La Presse du 11 juin 1894, on
jugeait son état critique. Un mois plus tard, on a souligné qu’Exilia avait été
transféré de l’hôpital à la prison. On ignore la suite du dossier.
1894, 12 août – nouveau-né de sexe féminin
Néonaticide
Montréal, rue Rachel - ?
Non élucidé.
Le 12 août 1894, vers 7h30, un citoyen
du nom de Pierre Robert a trouvé le cadavre d’un bébé de sexe féminin dans un
champ vague de la rue Rachel, à Montréal. Le petit corps était enveloppé dans
une pièce de toile et placé dans un panier.
1894, 15 août – Auguste Vanasse Côté
Homicide par négligence criminelle
Montréal, rue William – 1 SC
Thomas Gray, aucun autre développement connu.
Le 15 août 1894, Auguste Côté
était occupé à mettre en place une poulie de fer avec d’autres employés lorsque
cette poulie est soudainement tombée. La chaîne qui la retenait a rompue. Sur
le coup, la main de Côté a été mutilée. On l’a donc conduit à l’hôpital mais il
est décédé le 2 septembre des suites de la gangrène. L’enquête du coroner a démontré
que Thomas Gray, le contremaître, n’avait pas pris les précautions nécessaires
pour éviter ce drame. Le jury du coroner l’a condamné pour homicide
involontaire, mais on ne retrouve aucune trace de poursuite judiciaire après
cette date.
1894, 22 octobre – nouveau-né non identifié
Néonaticide -
Montréal, Côte Saint-Paul - ? SC
Non élucidé.
Le 22 octobre 1894, le cadavre d’un
nouveau-né a été découvert dans la briqueterie de Monsieur Desrosiers de la
Côte Saint-Paul, à Montréal. L’autopsie a démontré que le bébé était vivant au
moment de sa naissance et qu’il a probablement été tué. Cependant, l’enquête de
coroner n’a pas été en mesure d’identifier aucun coupable. La Presse,
quant à elle, a écrit que « le coupable est inconnu », mais d’après
ce qu’on connaît du néonaticide il fallait plutôt rechercher une femme.
1895 – Nouveau-né non identifié
Néonaticide
? - ? SC
Zélia Tremblay, sa mère, acquittée.
Selon un article de journal,
Zélia Tremblay a été acquittée d’un autre infanticide. En 1895, on l’accusait
d’avoir, « par sa négligence à se procurer les soins d’un médecin, causé
la mort de son enfant, lors de la naissance de ce dernier. Ce procès s’instruit
encore au moment où nous allons sous presse. »[229]
Le texte laisse entendre qu’elle aurait commis un néonaticide sur son enfant.
Zélia a été acquittée. Deux mois
plus tard, Zélia et son père, Joseph Tremblay, entamaient une poursuite en
dommages de 2 000$ contre Charles Bresse, l’un des principaux témoins de
la Couronne. L’affaire aurait traînée jusqu’en 1902. Il semble que Bresse avait
affirmé que Zélia s’était adonnée à l’inceste.
1895, 1er mars – John Loy; et Maxime
Leboeuf
Meurtre d’autorité – arme à feu
Valleyfield – 1 SC
Valentine Francis Cuthbert Shortis, ancien collègue de travail, condamné à mort,
sentence commuée en emprisonnement à vie.
Valentine Francis Cuthbert
Shortis est né le jour de la Saint-Valentin en 1875 à
Waterford, en Irlande. Fils unique d’une famille riche, son père, baron dans
l’industrie du bétail, voulait le façonner à son image en se montrant exigeant envers
lui. Au contraire, sa mère lui était dévouée, un peu trop selon certains. Sans
doute pour contrer cette maternisation, le père a décidé d’envoyer son fils au
Canada afin d’en faire un homme. En septembre 1893, à 18 ans, Valentine Shortis s’embarquait sur le S.S. Laurentian dans le port de Liverpool. Sa mère l’aurait
accompagné jusqu’au quai et le jeune homme aurait pleuré abondamment avant de
sombrer dans la dépression au cours de la traversée.
En 1894, sa mère est venue l’aider
à s’installer avant de retourner en Irlande. Peu après, Louis Simpson, directeur de la Montreal
Cotton Company basée à Valleyfield, a embauché Shortis pour une
période d’essai de deux mois. Le jeune
homme était si mauvais employé que Simpson l’a renvoyé avant même la fin de la
période de probation. Toutefois, il a accepté que Shortis continue
de fréquenter l’usine pour lui permettre d’apprendre les rouages du métier. Ce
privilège, Shortis l’a perdu en décembre 1894. En fait, Simpson
n’a pas accepté qu’il entretienne une relation avec la jeune Millie Anderson, au point de lui demander de
briser cette relation. Millie était la fille d’un important industriel et
ancien maire de Valleyfield, sans compter que sa mère n’était pas en bons
termes avec Simpson. Shortis a refusé de mettre fin à cette relation. Au
soir du vendredi 1er mars 1895, c’est d’ailleurs chez elle qu’il a
passé quelques heures avant de la quitter vers 22h00 pour se mettre en route
vers l’usine de coton.
Chaque vendredi, la compagnie
recevait un magot de 12 000$ servant à payer les employés le lundi suivant.
Les quatre hommes chargés de déposer les billets de banque ont accompli leur
tâche sous les yeux de Shortis. Ils le savaient incompétent
mais comme ils le connaissaient tous ils n’ont vu aucun inconvénient à tolérer sa
présence. Shortis mangeait
une pomme tout en les observant. À un certain moment, le jeune irlandais a
demandé à voir le revolver appartenant à la compagnie et qu’on gardait dans un
bureau. John Lowe a d’abord refusé mais Shortis a insisté en
prétextant vouloir vérifier le numéro de série. Lowe a accepté de lui tendre
l’arme mais seulement après en avoir retiré les cartouches. Pendant que les
autres s’affairaient à leur ouvrage, Shortis a nettoyé le
revolver puis l’a remis à Lowe, qui a replacé les cartouches dans le barillet.
Les hommes ont continué de discuter et de compter l’argent.
Au moment où les employés
s’apprêtaient à mettre l’argent dans le coffre, Shortis a saisi le
revolver pour tirer sur Hugh Wilson à bout portant. John Loy s’est alors précipité précipita vers le
téléphone pour appeler un docteur, mais Shortis a tiré dans
sa direction. Un projectile a pénétré dans le cerveau de Loy, ce qui l’a tué
sur le coup. Quant à lui, Lowe a pris l’argent
et, avec un autre employé nommé Arthur Leboeuf, s’est enfermé dans la voûte. Shortis leur a
crié de sortir, en disant que Wilson était en train de mourir. Lowe a eu la
présence d’esprit de lui répondre d’actionner le bouton de la combinaison pour
leur permettre de sortir, ce qu’a fait le dangereux tireur. Toutefois, l’action
a plutôt eu l’effet inverse. Cette fois, la voûte était verrouillée, mettant
Lowe et Leboeuf à l’abri.
Pendant ce temps, Wilson avait eu
le temps de se traîner mais Shortis s’est mis à
gratter des allumettes afin de le pourchasser dans le noir. Lorsqu’il l’a
retrouvé, à l’autre bout de l’usine, il lui a mis une balle dans la tête. Ensuite,
il est revenu vers la voûte, où il a allumé un feu pour tenter de forcer Lowe
et Leboeuf à sortir de leur cachette. Vers minuit, le gardien Maxime Leboeuf, le frère d’Arthur, a
effectué sa ronde de sécurité habituelle. Ne se doutant de rien, il est tombé dans
l’embuscade de Shortis. Ce dernier l’a froidement
abattu. Leboeuf est mort sur le coup.
Toujours vivant, Wilson s’est
traîné sur une certaine distance, ce qui lui a permis de déclencher l’alarme.
Un médecin est arrivé pour lui donner les premiers soins. Ensuite, armé d’une
barre de fer et d’un autre employé, il a confronté Shortis, qui a finalement accepté de se rendre. On l’a attaché avant de contacter la police. En
le fouillant, un constable a découvert qu’il portait une autre arme de poing,
celle-là de calibre .22.
À l’époque, trois hypothèses
étaient envisagées pour expliquer les motivations du tueur. Il y avait bien sûr
celle du vol. En effet, Shortis avait choisi de se présenter à l’usine durant
le seul moment de la semaine où on recevait l’argent pour les salaires.
D’autres se sont demandé s’il n’avait pas voulu se venger indirectement de
l’interdiction que Simpson lui avait imposée envers Millie Anderson. Finalement, le mobile de la
folie semble avoir retenu toute l’attention par la
suite. Toutefois, nous pourrions également retenir celle du meurtre d’autorité,
à savoir que Shortis semblait en vouloir à tout le monde, ou à tout le moins à
tous ceux qui avaient un lien avec l’usine. D’ailleurs, il aurait
vraisemblablement fait d’autres victimes si on ne l’avait pas arrêté. De plus, il
n’avait prévu aucun plan de sortie.[230]
L’enquête du coroner a déterminé que deux armes de calibres
différents ont été utilisées pour commettre ce double meurtre.
Pour l’époque, le procès de
Shortis a été le plus imposant instruit depuis le début de la colonie. Une
commission rogatoire qui s’est déplacée jusqu’en Irlande a permis d’entendre 60
témoins en cinq jours. Le procès lui-même, qui a débuté le 1er
octobre 1895, s’est étendu sur une période de 29 jours. Au total, 133 témoins
ont été entendus. La défense a plaidé l’aliénation mentale, mais le jury a tout
de même déclaré l’accusé coupable. Condamné à mort, la sentence de Shortis a
été commuée à la toute dernière minute, en partie grâce aux efforts de sa mère
qui a plaidé sa cause auprès des personnes les plus influentes à Ottawa.
Shortis a retrouvé
sa liberté le 3 avril 1937. Le 30 avril 1941, il est entré dans une pharmacie de
Bloor Street, à Toronto, pour se plaindre de douleurs. Le pharmacien lui a
donné un médicament pour le soulager mais Shortis est mort dans l’heure qui a
suivie. L’enquête du coroner a déterminé qu’il s’agissait d’une attaque
cardiaque.[231]
1895, 24 mai – Sarah Jones, 24 ans
Meurtre par vengeance -
Baskatong, nord de Gatineau – 1 SC
Non élucidé. Émilie Laframboise, acquittée.
C’est à Baskatong, une communauté
forestière peu développée située au nord de Gatineau, que Sarah Jones, 24 ans, a
été retrouvée morte au matin du 24 mai 1895. La veille, lors d’une beuverie,
certaines informations échangées auraient laissé croire à Émilie Robillard que
son mari, Jean Laframboise, avait l’intention de suivre un ami chez la jeune
Sarah Jones, qui habitait seule avec son frère. D’après une description[232],
Sarah était vraisemblablement une prostituée en région isolée.
Alors que son mari cuvait son
whiskey, Émilie se serait rendue chez Sarah Jones pour récupérer une paire de
ciseaux. C’est à ce moment qu’elle aurait découvert le corps ensanglanté de
cette dernière. Puisque Émilie avait déjà proféré des menaces à l’endroit de la
victime, cette version du drame a pris du plomb dans l’aile. L’enquête du
coroner a débuté le 27 mai. Peu de temps après, on a procédé à l’arrestation d’Émilie
Robillard. Conduite à Hull, on lui a permis de transporter son bébé de 10 mois
qu’elle nourrissait au sein. L’accusée portait quelques blessures au visage
mais clamait son innocence.
En octobre 1895, alors qu’elle
vivait en prison depuis son arrestation, Émilie accouchait d’un autre enfant.
Le procès a donc été retardé de quelques jours. Certains témoins ont prétendu
qu’elle buvait beaucoup et qu’elle entretenait une haine incalculable envers la
victime. Émilie a témoigné pour sa propre défense. Il semble qu’elle a marqué
des points intéressants puisque le 25 octobre 1895, après avoir délibéré durant
une vingtaine de minutes, le jury l’a acquitté.
1895, 13 juin – Mélanie Massé, 28 ans
Homicide domestique? – arme blanche
Montréal, Saint-Henri, 3726 Notre-Dame Ouest - ? SC
Non élucidé. Napoléon Demers, acquitté.
En 1895, Mélanie Massé, 28 ans,
habitait avec son mari Napoléon Demers au 3726 Notre-Dame Ouest dans le
quartier Saint-Henri, à Montréal. Hélène-Andrée Bizier, auteure de La petite histoire du crime au Québec
(1981), a décrit Mélanie comme gentille mais peu souriante et qui « ne
fréquente que ses proches et consacre tout son temps à ses deux enfants, une
fille de 5 ans et un bébé de 3 mois. Lorsqu’un homme lui sourit, Mélanie
Massé-Demers craint qu’il ne veuille la séduire. Elle s’enferme donc à double
tour dès que son mari quitte leur appartement. »[233]
Selon le journal La Patrie : « Dans la nuit de
mercredi à jeudi, Mme Demers qui était reconnue comme une personne distinguée
par son éducation et ses bonnes manières, avait pris soin de son bébé malade.
Hier matin, son mari, un ouvrier à l’emploi de M. Latimer, manufacturier de
voitures, voyant que sa femme était fatiguée de cette longue veille, lui dit
qu’il n’irait pas travailler afin de permettre à Mme Demers de prendre quelques
heures de repos. » Mélanie lui a répondu qu’il pouvait aller travailler
l’esprit tranquille, ce qu’il a fait.
Ce matin-là, les voisins Deguise ont
constaté que Demers était anormalement matinal pour aller fendre du bois dans
la cour. Avant 6h00, il a déposé le pot de lait à la porte pour permettre au
laitier de le remplir, puis il a quitté pour son travail. Vers midi, des
témoins ont vu Mélanie descendre dans la cour arrière de la résidence pour
ramener une brassée de bois de chauffage. Vers 13h00, Rose-Alma Sauvé s’est
heurtée à une porte verrouillée chez les Demers. C’est en jetant un coup d’œil
par la porte arrière qu’elle a distingué le corps de Mélanie. Celle-ci gisait
sur le plancher dans une mare de sang.
Selon Bizier, le crime aurait été
suivi d’un enchaînement d’incompétences de la part des enquêteurs, entre autres
parce que la scène de crime n’a jamais été protégée.[234]
À son retour du travail, Napoléon Demers s’est montré si bouleversé qu’il s’est
effondré. Bizier ajoute : « une paire de ciseaux découverte dans la
chambre a peut-être été l’arme du crime …
Trop tard. Lorsque l’on voudra en faire l’analyse ils auront été
nettoyés et utilisés pour … ouvrir un poisson. »
Lors de l’enquête du coroner, les
soupçons se sont d’abord tournés vers Charles Deguise, un voisin de 72 ans qui
sera finalement écarté. Des lettres anonymes ont tenté, apparemment sans
succès, de faire mauvaise réputation à la victime. Puis, le 31 août, le bébé
Demers est mort alors qu’il était confié à des membres de la parenté à
Saint-Charles-sur-le-Richelieu.
À en croire Bizier, un débat sur les
circonstances du meurtre s’est joué autour de la rigidité cadavérique et des
odeurs reliées à la décomposition. On a fini par accuser Napoléon du meurtre de
sa femme. Son procès a débuté le 9 septembre au palais de justice de Montréal.
Puisque le jury a été incapable de s’entendre sur un verdict unanime, un
deuxième procès s’est instruit le 9 décembre et au cours duquel on a entendu 78
témoins. Le 30 décembre, après cinq minutes de délibérations, Demers a été acquitté.
Selon la lettre ouverte d’un
médecin publiée le 3 décembre dans La
Patrie, il aurait fallu s’attarder davantage à la thèse du suicide.
1896, 4 février – Mme Comtois
Homicide par négligence criminelle – en causant un stress intense
D’Israeli, Sherbrooke – 2 SC
Pierre Mercier, acquitté.
Pierre Mercier et F. X. Comtois
étaient en conflit à propos d’une propriété. Le 4 février 1896, Comtois a vu
que Mercier avait un couteau de poche ouvert dans le creux de sa main. Il a
aussitôt demandé à sa femme de venir se cacher avec lui dans l’étable,
convaincu que Mercier venait pour régler ses comptes. Mercier les a suivis
jusqu’à l’étable pour leur proférer des menaces. Il aurait même dit :
« il faut que l’un de nous deux meurt ».
Toutefois, Mercier est reparti de
lui-même. Le couple Comtois a fini par regagner sa maison. Huit jours plus
tard, Mme Comtois mettait au monde des jumelles, dont l’une est morte à la
naissance. Trois quarts d’heure après, la mère décédait à son tour. Comtois a
fait arrêter Mercier pour la mort de sa femme en raison du stress qu’il avait
causé dans son affront mais celui-ci a été acquitté.
1896, 10 mars – Patrick McCaffrey, 20 ans
Homicide par négligence criminelle – arme à feu
Montréal, rue des Jurés – 1 SC
Thomas Kearns, son employeur, aucune accusation déposée.
Thomas Kearns, un épicier réputé
pour être bon tireur, avait aménagé un stand de tir à l’intérieur de son
commerce. Selon un article paru dans Le Courrier de St-Hyacinthe, il a
placé une boîte à savon qui lui permettait d’accrocher des pipes, lesquelles il
tentait ensuite d’atteindre avec son arme de poing. Le 10 mars 1896, son
assistant, Patrick McCaffrey, s’est avancé vers les cibles pour placer d’autres
pipes. En passant devant la bouche du canon, un coup est parti. McCaffrey a été
atteint au cœur. En s’affaissant sur une chaise, il a eu le temps de dire qu’il
allait perdre connaissance, puis un filet de sang est remonté dans sa bouche.
Kearns a couru dans la rue pour téléphoner à un prêtre et une ambulance, mais
le jeune homme était déjà mort. On a procédé à l’arrestation de Kearns et
d’Annie Brennan, témoin de l’incident.
McCaffrey était arrivé au Canada
depuis un an seulement et il avait l’intention de s’installer définitivement.
Le jury du coroner a rendu un verdict d’homicide excusable. Aucune accusation
criminelle n’a été déposée contre Kearns.
1896, 1er avril – Phileas Plante
Homicide argumentatif – arme à feu
Roxton Pond – 1 SC
Cyrille Blanchet (ou Blanchette), acquitté.
Le 1er avril 1896,
Phileas Plante, qui était en état d’ivresse, s’est mis à harceler Cyrille Blanchet.
Celui-ci a averti Plante de le laisser tranquille ou alors il tirerait sur lui.
Plante a continué de le taquiner, alors Blanchet l’a tué d’un coup de revolver
dans le ventre. Il semble que Plante a fait une déclaration ante mortem
dans laquelle il avouait que Blanchet avait agis en légitime défense. Puisqu’il
avait agi à son corps défendant, toute accusation a été abandonnée contre
Blanchet.
1896, 15 septembre – Frank Sabouth
Homicide par négligence criminelle – mesures de sécurité défaillantes
Montréal, Power House, de la compagnie Royale Électrique,
rue Queen – 1 SC
M. H. Brown, son gérant, arrêté, aucun développement connu.
Le 15 septembre 1896, c’est en
voulant ramasser un morceau de bois que Frank Sabouth a reculé vers une roue
motrice à l’intérieur d’une usine. Il est tombé à la renverse en plus d’être frappé
violemment par une poulie. Il a eu le crâne défoncé et il est mort sur le coup.
« Le cadavre a été projeté sous les machines, laissant une longue traînée
de sang. »[235]
Le jury du coroner a déterminé que
la machine aurait dû être protégée. On a donc ordonné l’arrestation du gérant
de la compagnie, M. H. Brown.
1896, 15 septembre – Nouveau-né
Néonaticide – Mise en scène
Montréal – 2 SC
Non élucidé.
Le 15 septembre 1896, des éboueurs
ont découvert le corps d’un bébé nouveau-né parmi les déchets. Le petit cadavre
était déjà en état de décomposition, en plus d’avoir été mis dans un baril et
couvert d’ordures.
1897, été – Louis Robert
Homicide argumentatif – arme blanche (couteau)
Montréal, rue Sainte-Catherine – 1 SC
Non élucidé. Charles Bonami, acquitté.
L’incident s’est produit dans
l’établissement d’une femme qui se faisait appeler French Mary, à Montréal.
Robert aurait reçu au moins un coup de couteau durant une bagarre. On ignore ce
qui a provoqué l’incident, mais un dénommé Charles Bonami a dû subir son procès
pour meurtre en avril 1898. Au cours des procédures, Wilfrid Corbeil a été le
seul témoin entendu. Il a affirmé qu’au milieu de la bagarre il a vu un homme
frapper Louis Robert mais il sera incapable de l’identifier. Par conséquent,
Bonami a été acquitté.
1897, 24 juillet – Edwards Fennell
Homicide à motif indéterminé – empoisonnement (vitriol ou lessive)
Montréal, carré Victoria – 1 SC
Graham, acquitté; Johnson, 3 ans de pénitencier; et Edward Daly, 22 ans, 3
ans de pénitencier pour assaut.
Le 24 juillet 1897, Edwards Fennell
a été retrouvé dans un passage de cour, étendu par terre et inconscient. À
l’hôpital, on a constaté que son corps portait des brûlures en plusieurs
endroits. Il est décédé le 26 juillet.
Edward Daly a été arrêté en
janvier 1898 et accusé de meurtre pour avoir versé sur Fennell du vitriol ou de
la lessive. Le jeune homme avait déjà été arrêté pour vagabondage. En avril
1898, Daly a été reconnu coupable d’assaut, et non d’homicide.
1897, 30 octobre – Jean-Baptiste Laplante, 42 ans
Profit personnel – battu à mort
Saint-Liboire, rang Saint-Georges – 1 SC
Jean-Baptiste Guillemain, son neveu de 17 ans, condamné à mort, sentence
commuée.
Le 30
octobre 1897, vers 19h15, alors que la noirceur s’était installée sur la région
de Saint-Liboire, Hormidas Lapierre, un voiturier de 29 ans, découvrait
le corps ensanglanté de Jean-Baptiste Laplante dans le rang Saint-Georges.
Selon Mathilda[236],
la femme de Laplante, celui-ci s’était absenté à Sainte-Rosalie afin
d’emprunter de l’argent pour acheter du foin. Selon les premières
constatations, Laplante a été sauvagement battu, au point où son crâne a été
défoncé et un œil était sorti de son orbite. On lui a également fait les poches.[237]
Ce commerçant de foin de 42 ans
travaillait avec son frère Isaïe, et il était le père de sept enfants. On le
disait joyeux mais vantard. On présume qu’il n’aurait pas eu le temps de
pousser un seul cri lorsqu’on l’a agressé, d’autant plus qu’il était presque
arrivé chez lui.
Une
première hypothèse voulait que trois individus aperçus à l’Hôtel Quintal le jour même du meurtre soient les auteurs du
crime. Devant le coroner Blanchard, la veuve a expliqué que son mari avait
quitté la maison la veille pour prendre le train de Saint-Hyacinthe. Il avait
l’intention d’emprunter 200$ à son frère[238]
et 1 274$ à un certain Siméon Touchette de Saint-Liboire. Au moment où
Lapierre est venu frapper à sa porte, elle se souvenait avoir dit à ses enfants
« c’est peut-être votre père qui est mort. » Si elle ne lui
connaissait aucun ennemi, elle a cependant précisé que « vendredi dernier,
il a reçu une lettre d’avocat. Je ne sais pas s’il a fait un règlement. Il
devait voir hier soir la personne qui lui a fait écrire la lettre
d’avocat. » Interrogée sur la relation qu’elle entretenait avec son mari,
Mathilde n’a eu que de bons mots.
Jean-Baptiste Guillemain,
17 ans, le neveu de Laplante, s’était installé récemment aux États-Unis avec ses parents afin de trouver de meilleures
conditions de travail. Depuis trois semaines, il était revenu au Québec afin de
travailler pour son oncle. Selon lui, le couple Laplante était en très bon
terme. Le soir du meurtre, « lorsque
monsieur Lapierre est venu et a demandé si monsieur Laplante était ici, ma
tante a répondu non. Monsieur Lapierre est reparti de suite pour aller avertir
monsieur Nadeau, le voisin. Je n’ai pas reconnu le corps qui était dans le
chemin. Ce sont les petits garçons qui ont établi l’identité de leur père. »
Deux semaines après l’enquête du
coroner, la police a annoncé l’arrestation de
Jean-Baptiste Guillemain.[239] Entre
temps, le jeune homme était retourné au sud de la frontière pour effectuer de
folles dépenses, ce qui avait aussitôt mis la puce à l’oreille des policiers.
Le grand connétable Lambert de Montréal et le procureur général Me Blanchet
s’étaient même déplacés jusque dans le Maine pour superviser l’arrestation. Guillemain
a ensuite livré une autre version selon laquelle il se disait amoureux de sa
tante et qu’il avait agis sous les ordres de celle-ci. Finalement, il a
présenté une troisième version dans laquelle il avouait avoir agis seul.
Le procès
de Guillemain s’est ouvert le 20 juin 1898[240].
L’accusé a témoigné pour sa défense, mais le jury l’a tout de même reconnu
coupable. Le juge a fixé son exécution au 30 septembre. Une semaine avant que
Guillemain ne monte sur l’échafaud, sa peine a été commuée en emprisonnement à
vie. Il aurait été libéré de prison le 25 juillet 1911[241]
1897, 4 novembre – Patrick; Elisabeth; Anne; et
Helen Nulty
Fratricide – arme blanche (hache)
Rawdon – 1 SC
Thomas Nulty, leur frère de 20 ans, pendu.
Le 4 novembre 1897, Thomas Nulty[242],
20 ans, a utilisé une hache pour tuer ses trois sœurs et un de ses
frères : Patrick, Elisabeth, Anne et Helen Nulty. À la découverte du
drame, les soupçons se sont tournés vers un individu du nom de Murphy qui
rôdait dans les environs depuis un certain temps, mais les autorités ont fini
par cibler Tom Nulty.
Au procès, qui s’est ouvert le 17
janvier 1898 à Joliette, la preuve a démontré que Nulty s’était enfui dans les
bois après s’être lavé les mains. Par la suite, il était retourné auprès de sa
petite amie, Rose Lespérance. Il semble que l’accusé
souhaitait se marier mais que sa mère lui avait fait comprendre qu’il n’y avait
pas de place pour Rose dans sa maison. Dans son livre Tom Nulty, le drame de Rawdon (1995) l’auteur Simon Riopel met en
contexte l’extrême pauvreté de la famille, ce qui pourrait expliquer la réponse
de la mère. Les Nulty ne souhaitaient certainement pas hériter d’une bouche
supplémentaire à nourrir. Tom aurait alors répondu qu’il réaliserait tout de
même son projet, convaincu qu’une certaine Mme Poudrier accepterait de
l’héberger. Devant cet autre refus, Tom aurait alors envisagé de se débarrasser
de ses sœurs et d’un frère afin de « faire de la place » pour
accueillir sa future épouse.
Tom Nulty a été pendu le 20 mai
1898 à la prison de Joliette.
1897, 21 novembre – Isidore Poirier
Meurtre par passion – arme blanche (couteau) – mise en scène
Saint-Canut – 1 SC
Cordélia Viau, son épouse, et Samuel
Parslow, son ami, pendus.
Depuis septembre
1895, des rumeurs circulaient à l’effet que Cordélia Viau, épouse d’Isidore
Poirier, vivait une relation intime avec le jeune Samuel Parslow. En apprenant
l’existence de cette liaison, Poirier a envoyé une lettre à sa femme le 1er
septembre 1897 et dans laquelle il entretenait des pensées suicidaires : « il
ne me reste plus qu’à demander à Dieu de venir me chercher au plus vite. […] Je suis complètement découragé et démonté. »[243]
Le 21
novembre 1897, des témoins ont aperçu, vers 1h00 de la nuit, de la lumière chez
les Poirier. Au matin du 22 novembre, après une nuit passée chez son père,
comme elle l’a affirmé plus tard, Cordélia ait passé voir Sam qui se trouvait
chez son frère malade. Ce dernier a dit à sa maîtresse que tout était fini avec
Isidore. Cordélia s’est alors dirigé chez elle pour se buter à des portes verrouillées
et des toiles baissées. N’obtenant aucune réponse de son mari, elle s’est
rendue chez les voisins Bouvrette avant d’aller à l’église pour s’occuper de la
musique jouée en l’honneur d’un mariage. À son retour, elle s’est encore heurtée
à une maison verrouillée et sans vie. Cette fois, Bouvrette l’a aidé à forcer
une fenêtre. Il s’est infiltré à l’intérieur pour ensuite ouvrir la porte à
Cordélia. Ensemble, ils ont découvert le corps sanglant d’Isidore Poirier dans la chambre à coucher, gisant en travers
du lit. Il avait la gorge profondément tranchée.
Alors que
tout le monde dans le village croyait au suicide de Poirier, le Dr Mignault a examiné
attentivement la scène de crime. Dans la chambre, il a trouvé la victime sur le
lit, un couteau posé à sa gauche sur un oreiller (Poirier
était droitier). Devant le coroner Mignault, la veuve a nié sa liaison avec
Parslow. Le coroner n’en crut pas un mot et il a reconnu Cordélia et Sam
criminellement responsables de la mort de Poirier.
Le 24 novembre, les détectives
Kenneth P. McCaskill, le patron de l’agence privée Canadian Secret Service, et
Ludger Georges Crevier, ont trouvé dans un grenier un revolver de calibre .32
que Parslow avait acheté dans l’espoir de tuer Poirier.
Le procès de Cordélia Viau s’est
ouvert le 17 janvier 1898 à Sainte-Scholastique. Le couteau retrouvé à la
gauche de la victime et la profondeur de la plaie à la gorge ont éloigné la
thèse du suicide. On avait également retrouvé une empreinte de pied de femme
dans le sang de la victime. De plus, la preuve a démontré que l’accusée avait pris
des polices d’assurance lui permettant de bénéficier d’une somme de 2 000$
à la mort de son mari. Le 21 janvier, les jurés ont visité la scène de crime. Quant à Sam Parslow, appelé
comme témoin, il a refusé de répondre aux questions. « En refusant de
témoigner, il empêche la Couronne de l’interroger notamment sur les lettres
qu’il a reçues de Cordélia et celles qu’il lui a envoyées. »[244]
Le 2 février, Cordélia a été reconnue coupable. Ses avocats ont porté
la cause en appel, et le 17 juin 1898 on a ordonné la tenue d’un deuxième
procès. Celui-ci s’est déroulé du 5 au 15 décembre 1898, mais le verdict s’est
avéré être le même. Selon l’avis de Me Clément Fortin, cela a été une répétition du
premier procès. Pour sa part, le procès de Parslow s’est déroulé au même
endroit, du 19 au 26 décembre 1898. Il a également été condamné à mourir sur
l’échafaud. Les amants ont été pendus dos à dos le 10 mars 1899 à la prison de
Sainte-Scholastique.[245]
1897, 8 décembre – Aleccio Greco, 45 ans
Homicide argumentatif – Battu à mort
Saint-Ignace du Côteau du Lac, magasin de M. Omer S.
Bissonnette – 1 SC
Joseph Lalonde et Gédéon Deguire, reconnus coupables.
Le 8 décembre 1897, une bagarre
difficile à décrire a eu lieu dans une magasin et avait pour origine la haine
raciale qu’il pouvait y avoir entre Québécois et Italiens. Selon le témoignage
de Omer Bissonnette, le propriétaire du magasin, Joseph Lalonde a frappé l’Italien
Aleccio Greco, un homme qui travaillait à creuser le canal Soulanges, pour
ensuite le traîner en bas de l’escalier. Après sa mort, le coroner McMahon et
des journalistes ont tous pu observer de près le cadavre de la victime.
Celui-ci portait des plaies ensanglantées au visage, une fracture du crâne. Ils
ont aussi appris que Greco était marié et père de deux enfants, l’un âgé de 12
ans et l’autre de 7 ans.
Selon les témoins entendus,
plusieurs hommes étaient ivres au moment de la bagarre. L’un d’eux a même vu
Lalonde frapper Greco, alors que Deguire terrassait les deux autres Italiens,
Georges Ferrari et Pascuale Camparonni. On a aussi compris que les trois
Italiens s’étaient présenté dans le magasin pour venir chercher leur courrier
et c’est quelques minutes plus tard que Lalonde et Deguire étaient arrivés.
C’est au moment de sortir du magasin que Greco a reçu un premier coup de poing.
Devant le coroner, Lalonde a refusé de répondre aux questions.
En mars 1898, Lalonde et Deguire ont
été condamnés pour homicide involontaire.
1898, 9 avril – Dennis Clifford, 70 ans
Homicide argumentatif – Objet contondant (cruche de pierre)
Montréal, rue Aylmer - 1 SC
Michael Hubbard, et Joseph O’Meara, acquités.
Le 9 avril
1898, Joseph O’Meara, Sydney Elliott et Joseph Holt se sont présentés chez la
fille de Dennis Clifford, rue Aylmer à Montréal, parce que celle-ci ne payait
plus son logement. Les trois hommes avaient donc pour mission de saisir des
biens ou de trouver un arrangement. Or, le père de la locataire, Dennis
Clifford, 70 ans, s’est interposé afin de protéger sa fille. Une bagarre a
éclaté, au terme de laquelle Clifford s’est effondré, mort.
O’Meara,
Elliott et Holt ont été arrêtés. Sur la scène de crime, on a retrouvé une
cruche de pierre tachée de sang. O’Meara était un joueur de crosse connu. Lui
et Micheal Hubbard ont été accusés de meurtre. Lors du procès de O’Meara, en
juin 1898, Sydney Elliott a avoué être ivre le soir de l’incident. Finalement,
O’Meara et Hubbard ont été acquittés.
1898, 2 mai – Arthur Gignac, environ 20 ans
Homicide conflictuel – battu à mort (un seul coup de poing)
Magog, Estrie – 1 SC
Non élucidé. Georges Daignault, acquitté.
Arthur Gignac était un jeune
homme de bonne famille. En 1898, il s’attendait à être invité à des noces chez
la famille Roy, où on promettait la présence de plusieurs jolies filles. Toutefois,
Georges Daigneault s’est arrangé avec les Roy pour que son rival ne soit pas
invité. Alors que la soirée était commencée, Gignac a commencé par se consoler avec
un ami du nom de Ducharme. Ensemble, ils sont allés boire au Fairview House.
Ils ont vite dépassé les bornes, si bien qu’on les a expulsés de
l’établissement. Qu’à cela ne tienne, car les deux amis se sont alors rendus chez
les Roy pour s’inviter à la noce.
En voyant les problèmes arriver,
Daignault est allé à leur rencontre, épaulé par son ami Thompson. La querelle a
aussitôt éclaté. Gignac s’en est pris à Thompson, qui a été renversé. Daignault
a alors volé au secours de son ami en frappant Gignac d’un solide coup de
poing. Ce dernier s’est effondré pour ne plus jamais se relever. Paniqué par
cette mort soudaine, Daignault et Thompson ont pris la fuite mais ils ont été
arrêtés au cours de la soirée. Lors du procès de Daignault, en octobre 1898, la
description de la bagarre par les témoins était confuse et pouvait même laisser
croire que Thompson avait donné le coup fatal. Daignault a été acquitté. La
théorie de la défense, celle qui a été retenue par le jury, était à l’effet que
Daignault était intervenu pour calmer le jeu.
1898, 7 juin – Ovila Lepage
Homicide argumentatif – Objet cntondant
Saint-Hyacinthe - ? SC
Victor Claing, acquitté.
Ovila Lepage avait la réputation
de boire beaucoup, au point d’y dépenser la totalité de sa paye. Le 7 juin
1898, pour une raison quelconque, il a tenté d’entrer de force et avec violence
dans la résidence de Victor Claing. Ce dernier est donc intervenu, causant
ainsi la mort de Lepage avec un objet contondant. Les jurés du coroner ont tenu
Claing criminellement responsable de cette mort, mais ils ont aussi blâmé les
amis de Lepage pour leur conduite honteuse.
Lors du procès, la qualité de
l’autopsie a été fortement remise en doute. Un expert appelé par la défense a
déclaré que l’examen du corps a été incomplet. Il semble que Lepage et ses
amis, dont plusieurs étaient en état d’ivresse, menaçaient d’entrer dans la
résidence de Claing. La défense a même présenté la théorie selon laquelle la
victime aurait succombé à l’apoplexie des méninges. Le jury a finalement
adhérer à la version de la légitime défense et Claing a été acquitté.
1898, 11 juin – Malvina Desmarais
Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – arme à feu
Montréal, rue Poupart – 1 SC
Elzéar Mann, son gendre, condamné à mort, sentence commuée en
emprisonnement à vie, libéré en 1909.
Le 11 juin
1898, Elzéar Mann a utilisé un revolver afin de régler ses
comptes avec l’amant de sa femme. Plutôt que d’éliminer la source de ses
malheurs, son intervention a causé la mort de sa belle-mère, Malvina Desmarais.
À l’arrivée des policiers, la victime était étendue sur le plancher. Le drame
s’est produit chez Malvina, qui possédait un restaurant avec sa fille Sophie
Desjardins sur la rue Poupart, près de la rue Ontario.
Elzéar Mann
et Sophie Desjardins s’étaient séparé. À son retour à Montréal, il avait
découvert qu’elle vivait avec un autre homme. Au bout de trois jours, elle
avait tout de même accepté de reprendre la vie commune avec lui, mais leur
relation est devenue infernale. Lors de son procès, il dira :
« J’avais averti ma femme de ne plus recevoir d’amants, et samedi, je vis
entrer un individu chez moi. Exaspéré, je monte au logis bien décidé d’en
finir. Je veux ouvrir la porte de la chambre de ma femme, afin d’en chasser le
misérable, ma belle-mère s’y oppose, alors vous comprenez, j’ai vu rouge et
j’ai tiré. Ma belle-mère est tombée. Je ne me rappelle plus rien de ce qui
s’est passé après ce moment-là. »
Mann a été accusé du meurtre de
sa belle-mère et de tentative de meurtre à l’endroit de sa femme. Le procès a
permis d’apprendre que Mann avait récupéré son revolver, qu’il avait mis en
gage, vers 16h00 au cours de la journée du 11 juin. Devant témoin, il l’avait
chargé de six cartouches. Sophie Desjardins, son épouse, a juré ne jamais
avoir entretenu de relation sexuelle avec son oncle Magloire Poirier, mais elle aurait dit le
contraire devant le coroner. Depuis son crime, Mann avait perdu beaucoup de
poids et ses traits s’étaient transformés. En témoignant pour sa défense, il a raconté
être né à Pointe-Gatineau et que pendant 6 ans il avait travaillé comme
conducteur de malles avant de se marier et de devenir père de famille. Le soir
du drame, c’est en voyant un homme couché avec sa femme qu’il a ouvert le feu.
Puisque sa belle-mère s’est interposée entre lui et le mystérieux inconnu,
c’est elle qui devait encaisser le projectile fatal. Elle a été atteinte à la
tête.
Le 4 novembre, l’accusé a été
reconnu coupable et condamné à être pendu le 16 décembre. Sa peine a toutefois
été commuée en emprisonnement à vie. Le 21 juin 1909, La Presse annonçait la libération de Mann après 11 ans
de pénitencier. « Ce matin, Mtre Tancrède Pagnuelo recevait d’Ottawa un avis l’avertissant que
son client était libre, en vertu de la loi du
« Ticket-of-leave ». » Mann aurait été un détenu exemplaire.
1898, août – Léonce Boyer
Homicide argumentatif – battu à mort et objet contondant
Hull, chemin d’Eardley - ? SC
André Riopel, son employé, condamné à 4 ans de pénitencier.
En août 1898, Léonce Boyer a été
tué sur le chemin d’Eardley, dans la région de Hull. Boyer a été jeté en bas
d’une voiture et lorsqu’il a voulu y remonter, André Riopel l’a battu à coups
de bâton dans le dos. Au moment de découvrir la scène de crime, il y avait du
sang partout dans la charrette. Peu inquiet des conséquences de son geste, Riopel
est allé se coucher après le crime. Quand on est venu lui apprendre que son ami
était mort, il a préféré se recoucher plutôt que d’aller voir la scène. La
justice l’a reconnu coupable et l’a condamné à 4 ans de pénitencier.
1898, août-septembre – Paul Bergeron, 22 ans
Homicide argumentatif – battu à mort
Saint-Hugues – 1 SC
Honoré Dalbec, accusé d’homicide involontaire, condamné à 25$ d’amende et 4
heures de prison.
Injurié par Paul Bergeron, le
cultivateur Honoré Dalbec, de Saint-Louis de Bonsecours, près de
Saint-Hyacinthe, a laissé libre cours à sa colère en sautant sur Bergeron. Il
l’a violemment battu au point de causer sa mort.
En octobre 1898, Dalbec a été
reconnu coupable d’homicide involontaire. On l’a condamné à 25$ d’amende et 4
heures de prison.
1898, 17 novembre – Aldéric Blanchet
Homicide à motif indéterminé – arme à feu (piège)
Nicolet – 1 SC
Non élucidé.
Aldéric Blanchet était un
chasseur. Il marchait en forêt au moment où il a été tué par la décharge d’un
fusil qu’on avait installé de manière à se déclencher au passage d’un animal ou
d’une personne. De plus, l’arme était camouflée par des branches. Blanchet a
reçu la décharge au niveau des bras, ce qui lui a sectionné les poignets et les
artères radiales. On devine qu’il est mort au bout de son sang. Le Journal
des campagnes, dans son édition du 26 novembre 1898, semblait très
optimiste quant à l’éventuelle condamnation du responsable de ce piège mortel,
mais on ne retrouve aucune trace qui puisse nous renseigner sur la suite des
choses.
1899 – Pepin
Homicide à motif indéterminé –
Québec - ? SC
John Dickson, reconnu coupable d’homicide involontaire, 14 ans de prison.
En avril 1899, John Dickson a été
condamné à Québec pour homicide involontaire. Il a hérité d’une sentence de 14
ans de prison, incluant des travaux forcés. Il a quitté par bateau pour se
rendre jusqu’au pénitencier de Saint-Vincent-de-Paul, et 300 curieux se sont
massés au port de Québec pour voir le départ des prisonniers. Au cours du
procès, la déclaration ante mortem de Pépin a été accepté en preuve. Le
jury a cependant recommandé la clémence de la Cour en raison du jeune âge de
Dickson. Toutefois, les journaux n’ont pas précisé son âge. On raconte que
plusieurs personnes s’attendaient à l’acquittement.
1899, 25 juin – bébé non identifié
Néonaticide –
Montréal - ? SC
Mélina Toupîn, sa mère, reconnue coupable d’avoir caché son enfant,
sentence inconnue.
En septembre 1900, Mélina Toupin
devait comparaître pour infanticide. En mars 1901, elle a été reconnue coupable
d’avoir caché la naissance de son enfant. On ignore cependant la sentence qu’on
lui a attribué.
1899, 11 août – Robert McLean; et William Burg (ou
Berg)
Homicide par négligence criminelle
Sur fleuve, en face de Cap-Diamant – 1 SC
Capitaine Neil McCallum et le pilote Joseph Chandonnet[246],
accusation d’homicide involontaire abandonnée suite à l’enquête préliminaire.
Le vapeur Ella Sayer était
ancré devant Cap-Diamand, à Québec, lorsque le Philadelphian, en
provenance de Montréal, est entré en collision avec lui. Les marins Robert
McLean et William Bogs, qui se trouvaient à bord du premier navire, ont perdu
la vie alors qu’ils dormaient sur leur couchette. Un troisième matelot, William
Cole, a été grièvement blessé. Le coroner a conclu que le capitaine McCallum et
le pilote Chandonnet devaient être accusés d’homicide involontaire. On a dû
attendre que le Philadelphian accoste en Angleterre pour procéder à
l’arrestation de McCullum et le ramener au Québec pour sa comparution. Lors de
leur enquête préliminaire, cependant, un juge a abandonné toutes les accusations.
Les deux hommes ont été libérés.
1899, 27 octobre – Thomas Adams Mooney
Meurtre par passion – Arme blanche (hache)
Lac Beauport - ? SC
David Dubé, 19 ans, pendu.
Le 27
octobre 1899, Thomas Adams Mooney a été tué à coups de hache au Lac Beauport. David Dubé, 19 ans, a été accusé du meurtre.
Selon l’enquête du coroner, l’épouse de la victime,
Margaret Ann Charters, était la complice de Dubé. Toutefois, cette hypothèse n’a pas
été retenue par la suite malgré le fait que Margaret a été arrêtée et pointée
du doigt par l’opinion publique. Dubé aurait même tenté de faire diversion en
accusant un citoyen de Rivière-Jaune du nom de Jos Mercier.
Margaret s’est parjurée puisque
le 6 novembre elle a fourni une nouvelle version de l’affaire. Selon elle, Dubé
se serait vanté de posséder un couteau ayant appartenu à un oncle et qui avait déjà
servi à tuer deux hommes. Il avait même affirmé qu’il s’en servirait pour le
passer « à travers le corps de Mooney. »[247] Si
Margaret n’avait pas parlé plus tôt, c’est parce que Dubé lui avait demandé de
garder le silence.
À la suite de son procès, qui
s’est tenu à Québec du 23 avril au 14 mai 1900, Dubé a été reconnu coupable et
condamné à être pendu le 6 juillet 1900 à la prison commune de Québec. Le 4
juillet 1900, le premier ministre Sir Wilfrid Laurier a refusé de commuer sa sentence.
C’est au moment de couvrir la
nouvelle de son exécution que La Presse a révélé quelques détails à
propos de l’enfance du tueur. Cinquième enfant d’une famille de huit, il avait
récemment perdu sa mère. Depuis, la maison était mal entretenue. Son père était
un pauvre cultivateur. Depuis qu’il est en âge de travailler, David a toujours
préféré s’engager ailleurs plutôt que d’aider son père, pour lequel il n’avait
aucun respect. Sans éducation, David s’était entiché de Mme Mooney. C’est lui
qui la conduisait le dimanche. Il avait un caractère violent et excessif. Il mesurait
5 pieds 9 ¼ pouces de haut pour un poids de 145 livres.
1899, avril – Lévina (Lavina) St-Onge, 14 ans
Filicide par un père maltraitant – Objet contondant
Maniwaki – 1 SC
Non élucidé. Jacques Boileau, son père adoptif, acquitté.
Levina St-Onge, 14 ans, était la
fille adoptive de M. et Mme Jacques Boileau. Le corps de la jeune fille a été
trouvé dans la maison de ses parents et n’a été déplacé que le lendemain pour
être transporté jusqu’à Maniwaki, où s’est tenu l’enquête du coroner. Quoique Le Courrier du Canada parlait avec
évidence d’un meurtre, l’autopsie a révélé que Levina aurait succombée à une
« congestion de cerveau, causée par une blessure faite avec un instrument
contondant. […] Les habitants de Boisfranc et des environs soupçonnent M.
et Mme Boileau d’avoir commis le meurtre, mais ces derniers prétendent que la
jeune fille était en excellente santé quand ils l’ont laissée le matin. […] La
fille St-Onge est la deuxième de sa famille qui a été assassinée. Il y a
quelques années une des sœurs de Lévina fut assassinée, et le père fut accusé
du crime, mais il ne fut jamais condamné. La famille Boileau adopta Levina à
l’âge de 2 ans, parce qu’elle voulait une fille et principalement parce que
l’enfant était maltraitée par des parents cruels. »[248]
D’après
certaines preuves déposées devant le coroner, Boileau aurait lui aussi eu un
comportement violent envers sa fille adoptive. On souligne d’ailleurs que
« Mme Boileau était jalouse d’elle [Lévina]. » Par le passé, le
couple Boileau avait vécu avec Lévina et Sam, un fils que Mme Boileau avait eu
d’un premier mariage, dans une petite maison située à environ 13 milles de
Maniwaki. « La maison ne contenait qu’une seule chambre dans laquelle tous
quatre habitaient. Il y a quelques semaines, Boileau chassa de sa maison, avec
une carabine, le fils de sa femme qui voulait, paraît-il, détourner la jeune
fille de la maison de son père. »
Selon des
témoins, le couple Boileau se disputait fréquemment et ne se mêlait pas au
voisinage. D’après l’autopsie pratiquée par le Dr Mulligan, la jeune fille
portait une blessure à la bouche, des égratignures aux mains et ce qui lui
semblait être des marques d’ongle aux coudes.
Le procès de Jacques Boileau
s’est tenu à Hull en mars 1900 devant le juge Lavergne. Selon le témoignage du révérend
père Desjardins, Boileau entretenait une relation avec sa victime. Toutefois,
Me Champagne, l’avocat de l’accusé, a gagné son point en faisant rayer la
déposition du prêtre. De plus, la défense a mis en lumière qu’au moment de la
mort de Lévina le prêtre n’avait pas vu l’accusé depuis au moins 17 mois.
« L’auditoire, fort nombreux, donna des signes de satisfaction, non pas,
bien entendu parce que c’était un prêtre, mais à cause du succès remporté par
M. Champagne et de la sympathie populaire pour Boileau. Ce dernier, debout,
l’avant-bras appuyé sur la barre, et penché en avant pour mieux entendre, ne
perd pas un mot de ce que disent les témoins. »[249]
La Couronne soutenait que
personne n’était allé chez les Boileau durant leur absence, le 13 avril 1899,
alors que la défense ait passé à deux doigts de prouver qu’un bûcheron, qui
travaillait à proximité, s’y était rendu dans l’espoir de trouver une hache pour
remplacer celle dont il avait brisé le manche. De plus, Me Champagne a réussi à
démontrer la partialité de plusieurs témoins de la Couronne en raison de leur
haine envers les Boileau. Quant au l’huissier, il aurait constaté la présence
de pistes de raquette autour de la maison lors de son arrivée, peu de temps
après le signalement du crime.
Le 15 mars,
Boileau était acquitté. « La foule a fait une véritable ovation au prisonnier
dès que le verdict fut rendu. »[250] Boileau
a même remercié La Presse « qui
seule a pris sa défense pour le sauver. » En fait, selon le reporter du
quotidien montréalais, Boileau était en larmes à sa sortie du palais de
justice. « Boileau est sorti de prison aussitôt. Il n’a pas été lent à
faire sa toilette. Il est traversé chez son avocat où trois cents personnes
bloquaient la rue, lui faisant une ovation. Boileau fut acclamé. Le bureau de
l’avocat fut bientôt rempli. […] Il a déclaré qu’il retournerait rester à
Bois-Franc et qu’il serait sur ses gardes pour éviter quelque coup de traître.
Il commencera à travailler et à se construire un domaine en attendant le retour
de sa femme. »[251]
En attendant son procès, Mme
Boileau a été remise en liberté moyennant une caution de 2 000$.[252]
Il semble que les accusations ont finalement été abandonnées contre elle.
Dans La Presse du 27 avril
1899, on raconte que 10 ans plus tôt une sœur de Levina avait aussi été
assassinée, et que, 5 ans auparavant (1894?) c’était au tour d’une jeune fille
du nom de Jones.
[4]
Cette classification a été choisie parce que, semble-t-il, et bien que les
détails du crime manquent, Brébeuf a été tué spécifiquement à cause du
symbolisme religieux qu’il représentait. Ce meurtre était non seulement
cautionné par un groupe mais aussi à caractère religieux.
[5]
Aussi appelés Tionontati, les Pétuns étaient un peuple autochtone de langue
iroquoise proche des Hurons-Wendats. Ils cultivaient le tabac.
[6] « Généalogie
et histoire familiale | BAnQ », Bibliothèque et Archives nationales du Québec,
consulté le 8 décembre 2018,
http://www.banq.qc.ca/archives/genealogie_histoire_familiale/ressources/bd/index_gen_avance.html?id=CORONER_20170816.
[7] http://www.memoireduquebec.com/wiki/index.php?title=1._Qu%C3%A9bec_%28province%29._Meurtres%2C_homicides_et_autres_m%C3%A9faits_:_1608-1979._
[8] « 1.
Québec (province). Meurtres, homicides et autres méfaits : 1608-1979. - La
Mémoire du Québec », consulté le 26 octobre 2019,
http://www.memoireduquebec.com/wiki/index.php?title=1._Qu%C3%A9bec_%28province%29._Meurtres%2C_homicides_et_autres_m%C3%A9faits_:_1608-1979._.
[9] Thomas
Grassmann, « Biographie – AGARIATA – Volume I (1000-1700) – Dictionnaire
biographique du Canada », consulté le 26 octobre 2019,
http://www.biographi.ca/fr/bio/agariata_1E.html.
[10]
Nation iroquoise provenant du sud-est de l’actuelle province d’Ontario.
[11] « Un
Brin d’histoire - Journal La Revue », consulté le 6 mars 2020,
https://www.larevue.qc.ca/un-brin-dhistoire-176/.
[12] « Un
Brin d’histoire - Journal La Revue ».
[13] « Justice
en Nouvelle-France en 1669 « Histoire du Québec », consulté le 27 octobre
2019, http://histoire-du-quebec.ca/justice_nouvelle-france-1669.
[14] http://www.memoireduquebec.com/wiki/index.php?title=1._Qu%C3%A9bec_%28province%29._Meurtres%2C_homicides_et_autres_m%C3%A9faits_:_1608-1979._
[15] http://www.memoireduquebec.com/wiki/index.php?title=1._Qu%C3%A9bec_%28province%29._Meurtres%2C_homicides_et_autres_m%C3%A9faits_:_1608-1979._
[16]
BAnQ, Arrêt pour l’exécution de la sentence du Conseil rendue le 7 septembre
1671 contre Françoise Duverger, femme de Jean Boutin dit Léveillé …
[17] http://www.memoireduquebec.com/wiki/index.php?title=1._Qu%C3%A9bec_%28province%29._Meurtres%2C_homicides_et_autres_m%C3%A9faits_:_1608-1979._
[18]
Raymond Boyer, Les crimes et les châtiments au Canada français, 1966.
[19]
Exécution factice pratiquée en l’absence du condamné. Raymond Boyer a ajouté à
ce sujet : « L’exécution d’une peine en effigie est un concept
primitif de la justice par lequel on se venge sur le coupable malgré son
absence et son incapacité de souffrir. » Par ailleurs, rien n’indique que
Duverger ait ensuite été repris par les autorités.
[20]
On ne précise pas si c’était pour une quelconque complicité en lien avec
l’évasion.
[22]
L’épée aurait lacéré l’un des bras du bébé.
[23] « Procès
pour meurtre en Nouvelle-France « Histoire du Québec », consulté le 27
octobre 2019, http://histoire-du-quebec.ca/proces-pour-meurtre/.
[24] « Procès
pour meurtre en Nouvelle-France « Histoire du Québec ».
[25]
Selon d’autres sources, la femme de Talua s’appelait Anne Major et elle avait
plutôt 47 ans.
[26]
Selon Raymond Boyer, il s’agit de la première cause où le Conseil Souverain a
acquitté un accusé. On ne connaît évidemment pas tous les détails qui ont
conduit à cet acquittement, mais on pourrait se questionner sur la validité des
condamnations précédentes. Puisque ces dossiers judiciaires ne sont pas aussi
détaillés – par exemple, la transcription sténographique était inexistante à
cette époque – il nous est aujourd’hui impossible de le reconstituer de manière
à pouvoir les analyser convenablement.
[27]
Il faut probablement voir le mot « malice » comme « intention
criminelle » ou « préméditation ».
[28]
Ce chiffre est une estimation. Le bilan précis de ce massacre est inconnu.
Selon les sources, le bilan varie de 24 à 200 victimes.
[29]
Selon certaines sources, les Iroquois étaient au nombre de 1 500.
[30] https://www.ledevoir.com/societe/415182/il-y-a-325-ans-le-massacre-de-lachine
: « Le masacre de Lachine, longtemps souligné dans les manuels d’histoire
des écoles, est à peu près oublié aujourd’hui. Pourtant, il s’agit bien d’un
moment charnière qui met notamment en lumière les relations entretenues avec
les Premières Nations au cours des terribles guerres franco-iroquoises. »
[31]
Quoi qu’il en soit, ce crime nous aide à comprendre que les meurtres cautionnés
par un groupe peuvent se révéler dévastateurs et d’une violence inouïe. L’effet
d’entraînement peut transformer des hommes et des femmes à commettre des crimes
qu’ils n’auraient jamais fait d’eux-mêmes.
[32]
Raymond Boyer.
[33]
Selon Boyer, il s’agit de « la première condamnation à mort imposée par
une justice seigneuriale autre que celle des Sulpiciens. »
[34]
Au moment de rechercher des cas dans les journaux québécois, et en particulier
pour la période couvrant tout le 19e siècle et la première moitié du
20e siècle, il a été possible de retrouver une grande quantité de
néonaticide en utilisant le mot clé « infanticide ».
[35]
Raymond Boyer, 1966.
[36]
En l’absence de l’accusé.
[37]
André Lachance, Délinquants, juges et bourreaux en Nouvelle-France,
Libre Expression, 2011.
[38]
Une autre source a parlé de rondi.
[39]
Raymond Boyer, 1966.
[40] La
Patrie, 8 mai 1926.
[41]
André Lachance.
[42] Roland
Plante, « La Dynastie des Hus », Dictionnaire biographique du
Canada (blog), 2002.
[43]
Selon l’historien André Lachance, le couple avait une dizaine d’enfants.
[44]
Boyer écrivait ce commentaire en 1966.
[45]
Il s’agit de l’un des rares familicides qui n’ait pas été commis par un membre
de la famille. Toutefois, Paul habitait avec eux, ce qui faisait de lui, en
quelque sorte, un membre de la famille. Nous ignorons toutefois quelle était la
dynamique psychologique à l’intérieur de ce foyer.
[46]
En admettant que Boyer dise vrai quant au démembrement, on pourrait en conclure
que le tueur a fait preuve de surpuissance.
[47]
Selon La Mémoire du Québec.
[48]
Selon Raymond Boyer, ce crime a été à l’origine d’une légende nommé Fricot
sinistre. « On raconte qu’un dénommé Valiquette du même rang Saint
Elzéar, un jour qu’il faisait ses invitations pour un festin à l’occasion de la
naissance d’un de ses enfants, en passant au-dessous du pendu encagé, l’aurait
invité à venir à son fricot. La légende veut que le pendu y soit allé avec sa
cage et qu’il ait prié Valiquette d’aller le trouver à son tour, l’un des soirs
suivants, à minuit, au pied de son arbre. Après avoir consulté son curé,
Valiquette se serait rendu au rendez-vous macabre, mais en tenant dans ses bras
son nouveau-né, afin de se protéger contre la vengeance du pendu. »
[49]
Officiellement, il s’agit d’un homicide domestique par conjointe. Toutefois, si
c’est le père de Marie-Josepthe qui aurait tué Louis-Étienne Dodier il faudrait
alors envisager qu’il s’agissait d’un homicide conflictuel.
[50]
Pour ceux et celles qui seraient tentés de voir un empressement à se remarier,
les auteurs Catherine Ferland et Dave Corriveau soulignent : « À
cette époque, le veuvage est un phénomène qui touche davantage les
femmes : par exemple, la ville de Québec au XVIIIe siècle compte trois
fois plus de veuves que de veufs. La durée moyenne du veuvage des femmes qui se
remarient s’établit à environ 20 ans 10 mois, alors qu’elle est de moins de 2
ans pour les veufs. Par ailleurs, 43% des hommes et 16% des femmes se remarient
après une seule année de veuvage. En contexte de guerre, ce que l’on appelle le
« délai de viduité » tend à raccourcir, sans doute parce qu’il fait
reconstruire au plus vite le tissu social pour assurer la survie des familles
et des communautés. Dans une récente étude, les historiens Sophie Imbeault et
Jacques Mathieu ont documenté 72 remariages de veuves provenant d’un peu
partout dans la vallée du Saint-Laurent après les événements de 1759 :
dans ce corpus, 25 veuves ayant des enfants de moins de 10 ans se sont
remariées dans l’année suivant la mort de leur époux. Marie-Josepthe Corriveau
ne se trouve donc pas dans une situation exceptionnelle lorsque, quinze mois
après la mort de Charles Bouchard, elle convole en secondes noces avec
Louis-Étienne Dodier […] »
[51]
Ferland et Corriveau.
[52] « Généalogie
et histoire familiale | BAnQ ».
[53]
22 août 1765.
[54] La
gazette de Québec, 22 août 1765.
[55]
L’enquête du coroner souligne que Marie-Louise était originaire de Beauport.
[56]
Malheureusement, son nom de famille est illisible sur le document de l’enquête
du coroner.
[57] La
Gazette de Québec, 13 août 1767.
[58]
Enquête de coroner introuvable.
[59]
Malheureusement, le nom de famille est illisible sur le rapport du coroner.
[60]
Le motif aurait pu être celui d’un homicide situationnel, mais puisqu’il semble
y avoir eu un temps d’attente entre l’acceptation de la reddition et le coup de
feu, comme si Campbell avait voulu leur tendre un piège, on pourrait tout aussi
bien parler d’un meurtre prémédité. Dans le doute, et surtout face à un manque
flagrant de détails, le DHQ a préféré s’en tenir à un homicide à motif
indéterminé.
[61] The
Quebec Mercury, 17 août 1807.
[62] 8
septembre 1808.
[63] La
Gazette de Québec, 28 novembre 1822.
[64] La
Gazette de Québec, 28 novembre 1822.
[65] Canadian
Spectator, 13 novembre 1822.
[66] La
Gazette de Québec, 15 septembre 1823.
[68]
Dans The Quebec Mercury
du 16 septembre 1826, on retrouve la victime d’une attaque qui avait aussi pour
nom Denison. Les circonstances du crime sont cependant différentes. Selon cette
source, Thomas Denison, qui revenait chez lui, s’est arrêté pour caresser un
petit chien appartenant à un vieil homme. Ce dernier, apparemment sans raison, a
poignardé Denison dans le côté droit. Pendant qu’on transportait Denison chez
lui, l’agresseur prenait la fuite sans être identifié. Au moment de la parution
de l’article du 16 septembre 1826, la victime de l’agression n’était pas encore
décédée. À la même date, Le Spectateur canadien publiait aussi la
nouvelle, ajoutant que l’agression s’était produite le 9 septembre 1826 et que
Denison était forgeron de métier. Il retournait chez lui dans le faubourg
Sainte-Anne lorsqu’il a été attaqué. On ajoutait que l’agresseur était aliéné
ou feignait de l’être, et qu’il avait pour habitude de mendier dans les rues.
[69]
Ou manslaughter.
[70]
Le DHQ fait la distinction entre voiture, c’est-à-dire un véhicule tracté par
une force animale (généralement des chevaux), et une automobile, qui fait
partie de la catégorie des véhicules motorisés. Ceux-ci arriveront plus tard
dans la chronologie.
[71] Contrairement
à la plupart des enquêtes de coroner tenues depuis la Conquête, celle-ci a été
écrite en français.
[72] La
Minerve, 31 août 1829.
[73] https://tolkien2008.wordpress.com/2010/02/20/histoire-judiciaire-le-docteur-lindienne-un-meurtrier-en-serie-st-jean-port-joli-1829/
[74] La
Minerve, 28 juillet 1831.
[75]
Il pourrait s’agir de la première exhumation dans le cadre d’une enquête de
coroner.
[76] La
Minerve, 28 juillet 1831.
[77]
Il est intéressant de constater les déductions faites par le coroner Panet.
Ainsi, il a laissé ce qui nous semble être une première trace de stratégie en
matière d’enquête criminelle, avant même qu’il y ait au Québec des forces
policières organisées. Ces détails, quoique imprécis, dénotent tout de même un
désir de vouloir boucler l’enquête puisqu’il espérait qu’on remarque leur
présence ailleurs au Québec. Aujourd’hui, on pourrait ajouter que le manque de
talent des deux meurtriers en matière de navigation a peut-être fini par causer
leur perte et leur mort par noyade pourrait tout aussi bien expliquer pourquoi
on ne les a jamais retracés.
[78]
Selon BAnQ-Québec, qui a répondu à l’une de mes demandes en octobre 2021,
l’enquête de coroner concernant le double meurtre des Griffith est absente de
leurs archives.
[79]
Selon d’autres sources, il faudrait aussi ajouter deux autres victimes :
Cousineau et Creed.
[80]
Aujourd’hui entre l’Hôtel-de-Ville et l’ancien Palais de Justice.
[81] Le
Canadien, 6 décembre 1833.
[82] Le
Canadien, 2 avril 1834.
[83] L’Écho
du pays, 10 avril 1834.
[84] Monnaie
d’or française utilisée jusqu’en 1792.
[85] La
Minerve, 6 mars 1834.
[86] « Les
événements de 1837 aux Trois-Rivières », L’Action Catholique, 16
mai 1937, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du
Québec; « Sans titre », Le Canadien, 12 novembre 1834, Revues
et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[87] La
Minerve, 31 mars 1836.
[88] https://www.morrin.org/publications-de-la-lhsq/prisonniers-eleves-et-penseurs/prisonnieres-eleves-et-penseurs-charles-chambers/
[89] The Vindicator and
Canadian advertiser, 28 octobre 1836.
[90]
Dans ces conflits qui opposent les Patriotes aux forces britanniques, le bilan
des victimes varient beaucoup, allant de 3 jusqu’à 150 hommes. Selon
l’historien Jacques Lacoursière, on a procédé à l’inhumation des corps le 25
novembre. Il est délicat et même ambigue de classer ces événements dans le DHQ
puisque ces personnes ont perdu la vie dans un contexte de conflit armé, donc
en pleine connaissance de cause. On ne pourrait comparer l’événement, par
exemple, au massacre de Lachine, où des habitants ont été assassinés sans
provocation directe et sans non plus avoir la chance de se défendre. De plus,
il n’y avait aucun contexte politique dans l’affaire du massacre de Lachine.
[91] Gérard Filteau, Histoire des Patriotes
(Septentrion, 2003).
[92] Yves Hébert,
« Le drame de Kamouraska dépasse nos frontières? », Le Placoteux,
10 janvier 2018, no 2 édition, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et
Archives nationales du Québec.
[93] The
Quebec Mercury, 10 mars 1840; L’Aurore des Canadas, 13 mars 1840.
[94] « Crime »,
L’Ami du peuple, de l’ordre et des lois, 18 avril 1840, Revues et
journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[95] Le
Castor, 25 juillet 1844.
[96]
Dans Le Journal de Québec du 31 mars 1846 on peut lire : « Je
ne vous ai pas parlé l’autre jour du nouveau meurtre que Montréal a eu à
ajouter à ses annales sanglantes, parce que je pensais que la presse de cette
ville vous en instruirait suffisamment. On ne peut certainement pas dire que la
politique a eu part à cette boucherie; mais la conduite du Coroner est des plus
étranges, dans cette circonstance. L’enquête sur le mort donne pour résultat
que le sabre d’un dragon, soldat de Sa Majesté, a été rompu. Cet officier
public ne pousse pas plus loin sa perquisition, il ne prend pas la peine de
s’informer, des officiers du corps des dragons, s’il ne se trouve pas quelqu’un
de leurs soldats dont le sabre se trouve rompu. Un personage important me
disait: « Celui qui a été tué est un misérable canadien; et le meurtrier
est un soldat de Sa Majesté. »
[97] La
Minerve, 24 août 1846.
[98] L’Avenir,
25 octobre 1848.
[99] « To the editor of the Quebec Mercury », The
Quebec Mercury, 30 novembre 1852.
[100] La Minerve, 2 mars 1852.
[101] Il y a quelques années,
j’ai fait des démarches pour tenter d’obtenir le dossier psychiatrique de
Thomas Therrien, mais on m’a expliqué qu’étant donné la nature confidentielle
des dossiers médicaux même la loi du 100 ans ne s’appliquait pas. Ces dossiers,
en admettant qu’ils aient été conservés, ne seront jamais rendu publics.
[102] La
Patrie, 15 mars 1905. Pour affirmer que Therrien était décédé
à l’asile de Beauport (maintenant devenu l’Institut universitaire en santé
mentale de Québec après avoir été le centre Robert Giffard), le journal
montréalais, alors présent dans la région de Trois-Rivières concernant
l’affaire du meurtre de Sclater, se disait informé par le directeur de la
prison William Ginnis, qui occupait ce poste depuis 1865.
[103] Gazette de Sorel,
19 décembre 1874.
[104] Le Journal de Québec, 17 novembre 1853.
[105] Les journaux ont décrit
Brainard comme un homme de 30 ans, mesurant 5 pieds et 10 pouces, les cheveux
bruns et d’épais et longs favoris.
[106] L’Ère nouvelle,
30 janvier 1860.
[107] « Exécution
du Patricide Brainerd », La Minerve, 27 octobre 1860, Revues et
journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[108] On parle aussi d’un
certain McGinnis, mais son nom disparaît ensuite des journaux. En fait, c’est
un certain Charles Leclerc qui sera aussi soupçonné de complicité
[109] « Exécution
de Théberge », Le Canadien, 6 novembre 1854, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec; « Execution -
Théberge », The Montreal Witness, 8 novembre 1854, sect. The News,
Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[110] On ignore son âge exact,
mais Le Journal de Québec l’a décrit comme un vieillard.
[111] « Homicide
by The Giant », The Quebec Mercury, 19 septembre 1854, Revues et
journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[112] Le premier, John Brady,
mort deux ans polus tôt, a été victime d’un accident.
[113] Dans ce cas précis,
c’est probablement une peur exagérée qui a causé l’utilisation négligente d’une
arme à feu.
[114] Selon le registre des
écrous, préservé à BAnQ-Trois-Rivières, Mary aurait plutôt été libéré de prison
le 22 juin.
[115] L’Ère Nouvelle,
28 juin 1855.
[116] Le Journal de Québec,
5 février 1857.
[117] Le Pays, 11 février 1857.
[118] « Anaïs
Toussaint, la fin du drame », Le Pays, 29 juillet 1857, Revues et
journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[119] « Il y
a dix-sept ans », La Gazette de Sorel, 23 juin 1874, Revues et
journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[120] Il n’a pas été possible
d’obtenir une confirmation de sa pendaison.
[121] Le DHQ emprunte le bilan
présenté par l’auteur Denis Robitaille. Le Journal de Québec, dans sa
parution du 30 juin 1857, publiait les noms de certaines victimes : James
McLaren, géôlier de la prison de Québec; Ebenezer Farrar; Stephen Farrar;
Josette Blanchette; Joseph Plamondon; Mme Bilodeau; Christina Alexandria; une
fillette de 4 ans avec chapeau de paille, robe de drap brun mais jamais
identifiée; un garçon de 6 ans; une femme de 30 ans; Stephen Clarendon
Philipps, 55 ans, de Trois-Rivières; Denis Ledyard; Flora McEwen, 11 ans; James
Barr; Margaret Ewen, 3 ans; Isabella Curry, 12 ans; Mary Ondella McIntosh, 24
ans; et plusieurs autres.
[122] La Minerve, 23 juillet
1857.
[123] Robitaille, D. (2007).
Il y a 150 ans : la tragédie du Montréal.
[124] Selon Boyer, elle avait
plutôt 50 ans.
[125] « Execution
of the St. Jerome murderers, Marie Ann Crispin and Jean Baptiste
Desforges », The Montreal Herald, 26 juin 1858, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[126] Selon Raymond Boyer, il
y a eu un troisième accusé, Antoine Desforges, dans l’affaire du meurtre de
Catherine Prévost. Il a cependant été acquitté. Toutefois, il aurait aussi été
accusé dans l’affaire du possible meurtre de Bélisle.
[127] À l’époque du procès, en
1861, on fait référence à des dates différentes. Par exemple, on laisse
entendre que les corps auraient été retrouvé le 26 avril.
[128] Gazette de Sorel,
29 mai 1860.
[129] Le Franco-canadien,
26 juillet 1861.
[130] Bernard
Epps, « The crimes of Alexander Burns, the Beast of East Bolton », The
Record, 4 novembre 1988, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et
Archives nationales du Québec.
[131] « Exécution
de Alex Burns », L’Ordre, 9 septembre 1861, Revues et journaux
québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
[132] Lors d’un tir à bout
portant, la poudre noire sortant du canon d’une arme à feu pouvait mettre le
feu aux vêtements de la victime. Plusieurs cas du genre ont été répertoriés aux
États-Unis.
[133] Le Franco-canadien,
1er avril 1862.
[134] L’Ère Nouvelle,
10 mars 1864.
[135] À l’époque des faits,
les détails du procès ont été publiés sous forme de livre.
[136] Mathieu Bélanger,
« 141 ans plus tard, L’affaire Babin enfin résolue », Le Droit, 17 novembre 2007.
[137] En 2007, l’historien
Raymond Ouimet a affirmé avoir retrouvé la trace de Moïse Ledoux et avoir
élucidé l’affaire. Rappelons seulement que sans le verdict d’un procès légal un
homicide ne peut être officiellement résolu.
[138] Procès Provencher-Boisclair, op. cit., p. 311.
[139] Ibid., p. 315.
[140] Ibid., p. 316.
[141] La Gazette de Sorel,
12 février 1868. Cette commutation de peine lui aurait surtout été attribuée en
raison du fait qu’au moment du verdict elle a annoncé qu’elle était enceinte.
Sa grossesse a effectivement été confirmée, mais on ignore ce qu’il est advenu
de l’enfant.
[142] Il serait né en
septembre 1823.
[143] Ibid., p. 37.
[144] Selon Gadoury et
Lechasseur on parlerait du 11 février, alors que selon un rapport du procès il
s’agirait plutôt du 12 février.
[145] Selon le BMS 2000, elle
portait plutôt le prénom d’Aurélie. C’est du moins sous ce nom qu’elle apparaît
au baptême de sa fille Dorothée Boulet, née le 12 janvier 1866 et dont le père
était Toussaint Boulet.
[146] Selon Le
Franco-canadien du 6 octobre 1868, l’une des enfants était âgée de 9 mois
et l’autre de 23 mois.
[147] Aujourd’hui Victoriaville.
[148] Report of the
proceedings and evidence at the trial of Elzear Guillemette for murder, Ottawa, 1870, imprimé par I. B. Taylor, Rideau Street (auteur
inconnu). Voir Archive.org.
[149] Le DHQ a choisi de
conserver cette rubrique parce qu’à cette époque on a considéré l’affaire comme
étant criminelle, d’autant plus qu’on s’est rendu jusqu’à une condamnation à
mort. Toutefois, le verdict d’acquittement vient tout changer. En effet, si Guillemette
n’était pas coupable d’avoir tué sa femme et ses deux enfants, alors c’est
qu’il s’agissait d’un accident, et que par conséquent il n’y a pas eu
d’homicide. Ce triple meurtre restera donc à jamais synonyme de mystère.
[150] Le Courrier de
St-Hyacinthe, 6 mars 1869.
[151] Marcelle Cinq-Mars, Gibiers de potence, 2016, p. 65, son nom serait plutôt Adéline
Dumas DeVilliers. Cette dernière aurait
eu un lien de parenté avec Marie McGaugh car le parrain de celle-ci était le père
d’Adéline.
[152] Plutôt 12 ans, selon
Cinq-Mars, p. 65.
[153] Pierre-Georges Roy, Les avocats de la région de Québec,
1933, p. 78. Il pourrait s’agir de Sir
Louis-Napoléon Casault (1822-1908).
Selon Roy : « Né à Saint-Thomas de Montmagny le 10 juillet
1822, du mariage de Louis Casault et de Françoise Blais. Admis au barreau le 18 février 1847, M.
Casault forma à Québec la société Casault, Langlois et Angers, qui a joui, en
son temps, d’une haute réputation et d’une nombreuse clientèle. De 1854 à 1857, M. Casault fut député de
Montmagny à la Chambre d’Assemblée, et, de 1867 à 1870, député de Bellechasse à
la Chambre des Communes. Nommé juge de
la Cour Supérieure pour le district de Québec le 1er septembre 1873,
et élevé à la présidence de cette cour le 3 octobre 1894. Il avait été créé chevalier le 25 juin
1894. Sir Napoléon Casault prit sa
retraite le 29 septembre 1904 et décéda à Québec le 18 mai 1908. »
[154] Le Courrier du Canada, 25 octobre 1871.
[155] Clément Fortin, Mesrine le tueur de Percé : une fraude judiciaire, 2012, p.
143.
[156] « Suicide et
parricide ».
[157] « Suicide et
parricide », Le Courrier de
St-Hyacinthe, 23 janvier 1902.
[158] L’Union des Cantons
de l’Est, 15 mai 1873.
[159] L’Opinion Publique, 19 février 1874.
[160] Le Canadien,
6 mai 1874.
[161] Ibid.
[162] L’Opinion Publique,
6 août 1874.
[163] Ibid.
[164] « Le meurtre de la
rue Saint-Louis », « Le
meurtre de la rue Saint-Louis », Le Journal de Québec, 14 août
1875, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du
Québec.,
[165] La Gazette de Joliette, 12 mai 1876.
[166] C’est probablement de
cette déclaration que proviennent les informations transmises dans le journal
sur les circonstances de l’aletercation survenue dans la maison de la victime.
[167] Le Journal des Trois-Rivières, 6 juillet 1876.
[168] « Le mystère du
quai Finley », Gazette de Sorel, 6 juillet 1876.
[169] Le Journal des Trois-Rivières, 6 juillet 1876.
[170] Le Journal des Trois-Rivières, 17 décembre 1877.
[171] Selon un article publié
le 8 aoput 1878 dans L’Opinion Publique, Mathevon « était de
Saint-Étienne, département de la Loire, France, où il avait été autrefois
surintendant d’une manufacture. Il émigra en Canada en 1872, en compagnie de la
famille Coste, qui avait travaillé sous ses ordres. Il était marié, mais sa
femme l’avait laissé. En arrivant au Canada, il avait un capital de 1Porfi5,000
francs et trois caisses de velours de soie. Il importait des soieries qu’il
vendait aux marchands des rues Notre-Dame et Sainte-Marie, Montréal. Ses
premières opérations furent assez heureuses, mais comme la plupart des
marchands en gros, il essuya des pertes considérables en faisant de mauvais
crédits. Il était actif, sobre et industrieux. On dit qu’il avait un dépôt de
6,000$ à banque du Peuple. »
[172] Ibid.
[173] Commère ou auteur
anonyme qui se plaît à se manifester par écrit au sujet d’un crime.
[174] Le Journal de Québec, 2 juin 1879.
[175] Veuve de John Troy.
[176] Selon le répertoire de
Gadoury et Lechasseur, le mari de Gallagher était James Connelly.
[177] Le Constitutionnel,
18 août 1879.
[178] La Patrie, 25
août 1879.
[179] « Meurtre
horrible », La Gazette de Joliette,
20 janvier 1880.
[180] Le Canadien,
10 décembre 1880.
[181] Ibid.
[182] Cinq-Mars, op. cit., p. 75.
[183] Comme l’indique
Cinq-Mars, p.75, on désignait à cette époque la détention préventive sous
l’expression de « sûreté de personne ».
[184] Cinq-Mars, op. cit., p. 81.
[185] Cité par Cinq-Mars, op. cit., p. 83.
[186] Cinq-Mars, op. cit., p. 90.
[187] Selon Gadoury et
Lechasseur, le crime est survenu le 29 juin, alors que McCoy parle plutôt de la
soirée du 30 juin.
[188] Cinq-Mars, op. cit., p. 89.
[189] À une dizaine de
kilomètres au sud de Sutton, en Estrie.
Selon la Commission de toponymie, est issue de Sutton, de laquelle elle
aurait été séparée vers le milieu du 18e siècle. On la surnomme principalement Shepard’s Mills
et ne fut incorporé en municipalité qu’au début du 20e siècle.
[190] Cinq-Mars, op. cit., p. 119-120.
[191] L’Opinion Publique,
27 avril 1882.
[192] L’Opinion Publique, 30 novembre 1882.
[193] La Patrie, 24 novembre 1882.
[194] La Tribune, 15
avril 1882.
[195] The Daily Witness, 23 mars 1882.
[196] Il a été envoyé à
Saint-Vincent-de-Paul.
[197] Hélène-Andrée Bizier, La petite histoire du crime au Québec, p. 113.
[198] Selon Cliche il se
prénommait Harry, mais selon Gadoury et Lechasseur, ainsi que Cinq-Mars, il se
prénommait plutôt Henry.
[199] Cinq-Mars est la plus
précise sur les nombreux sévices qu’a subis l’enfant dans le chapitre qu’elle
consacre à cette affaire, op. cit.,
p. 99 à 114.
[200] Cinq-Mars, op. cit., p. 112.
[201] Ibid., p. 113.
[202] L’Électeur,
20 mars 1883.
[203] Le Canadien,
18 octobre 1884.
[204] La Patrie, 9 janvier
1884.
[205] L’Événement, 12
août 1884.
[206] La Presse, 10 novembre 1885.
[207] On écrit aussi
McCambridge.
[208] The Daily Witness, 3 août 1886.
[209] Selon le journal
L’Étendard, c’est plutôt en essayant de procéder à l’arrestation d’un ivrogne
que Beatty aurait provoqué la bataille qui lui a coûté la vie.
[210] La Presse, 30 septembre 1885.
[211] L’Étendard, 19 novembre 1885.
[212] Journal des campagnes,
4 novembre 1886.
[213] Gilles Dallaire,
« La ferme paternelle échappe à Morrison dans des circonstances qui le
laissent vraiment amer », La Tribune,
21 juillet 1989.
[214] La Patrie, 26 juin
1888.
[215] Bizier, op. cit., p. 123.
[216] Ibid., p. 123.
[217] Selon Bizier.
[218] Selon La Patrie.
[219] L’Événement, 24
août 1889.
[220] Le progrès de l’Est,
26 novembre 1889.
[221] La Patrie, 12
décembre 1890.
[222] The Record, 6 décembre 1979.
[223] L’Électeur, 26
avril 1890.
[224] Son beau-père, Joseph
Thibault, fut épargné par le drame.
[225] Le Canadien,
20 juin 1890.
[226] Le Canadien,
21 juin 1890.
[227] Selon ces mêmes
confidences, Dubois affirmait être né en 1854 à Staten Island, New York. Son
père était apparemment d’origine française et sa mère espagnole. Il était
installé à St-Alban depuis environ 9 ans au moment de commettre son crime.
[228] La Patrie, 18
décembre 1893.
[229] Le Progrès de l’Est,
8 octobre 1895.
[230] Caractéristique
importante attribuée aux tueurs de masse, dont plusieurs entrent dans la
catégorie du meurtre d’autorité. La plupart d’entre eux agissent comme s’ils
commettaient un suicide élargi. Le fait d’emporter plus d’une arme à feu sur le
lieu de leur crime est aussi une autre caractéristique prouvant que le meurtre
d'autorité doit être sérieusement envisagé dans le cas de Shortis.
[231] Martin L. Friedland, The case of Valentine Shortis, a True Story of Crime and Politics in Canada, 1986 (2001).
[232] Hélène-Andrée Bizier, La petite histoire du crime au
Québec (Montréal: Stanké, 1981).
[233] Hélène-Andrée
Bizier, La petite histoire du crime au Québec (Montréal: Stanké, 1981).
[234] La prudence est de mise
en ce qui concerne le fait de juger les anciennes techniques d’enquête avec nos
connaissances modernes. Vingt-cinq ans après le meurtre non résolu de Mélanie
Massé, celui de Blanche Garneau, survenu à Québec en 25 ans, présente lui aussi
des éléments qui nous paraissent troublants. Il a fallu attendre plusieurs
décennies encore avant que les techniques d’enquête deviennent plus uniformes;
encore faut-il préciser que celles-ci sont en constante évolution.
[235] La Presse, 16
septembre 1896.
[236] Selon La Patrie,
Mathilde Berthiaume était âgée de 39 ans, mais d’autres sources la décrivent à
42 ans.