Le tout premier attentat aérien de l'Histoire?

Croquis de l'avion Boeing 247 issu d'un dossier du FBI et qui a été impliqué dans un crash en 1933.

             En étudiant les dossiers judiciaires relatifs à l’affaire de Sault-au-Cochon, j’ai été confronté à cette question. Comme je l’ai souligné dans l’introduction du premier tome, les autorités ont eu de sérieux doutes sur l’écrasement suspect d’un avion de l’United Airlines en 1933, dans l’Indiana. Mais en raison d’une enquête non concluante, il semble que le tout premier attentat commis à l’endroit d’un avion civil soit survenu aux Philippines en mai 1949.

            Par conséquent, la triste tragédie de Saut-au-Cochon pouvait prétendre au titre de deuxième attentat au monde ou du premier en Amérique du Nord.

             Sur Internet, cependant, on retrouve une Liste d’attentats à la bombe dans les avions qui couvre des crimes commis à travers le monde. Cette liste, qui semble incomplète, affirme que le tout premier attentat commis à l’endroit d’un avion civil est celui qui s’est produit le 10 octobre 1933 dans l’Indiana. Sur cette page Wikipedia on peut même lire ceci : « cet accident est généralement considéré comme le premier acte prouvé de sabotage aérien dans l’histoire de l’aviation commerciale. »

            Le 10 octobre 1933, un Boeing 247 s’est effectivement écrasé près de Valparaiso, en Indiana, causant la mort de 7 personnes, dont l’hôtesse de l’air Alice Scribner, qui venait à peine d’être embauchée par l’United Airlines. Selon des journaux américains, l’appareil bimoteurs aurait explosé en plein vol, à 2 000 pieds d’altitude. L’appareil se serait transformé en boule de feu avant de heurter le sol. Les victimes étaient : Alice Scribner, de Stevens Point dans le Wisconsin; H. R. Tarrant, le pilote, qui était de Chicago; A. T. Ruby, le co-pilote, également de Chicago; Mlle E. M. Dwyer, de Arlington dans le Massachusetts; H. R. Buris, de Columbus, Ohio; E. Smith, de Chicago; et Fred Schoendorff, également de Chicago.

Selon un document du FBI qui compte 324 pages, des pièces métalliques qui n’appartenaient pas à l’avion ont été retrouvées près de la queue, c’est-à-dire à l’endroit où les enquêteurs croyaient que l’explosion s’était produite. Cette partie du Boeing 247 a carrément été déchiquetée. Selon un expert de la Northwestern University de Chicago, qui a examiné ces pièces, aucune trace de combustible n’a été décelée. Par ailleurs, les seuls bagages acceptés à bord étaient ceux que les passagers pouvaient emporter dans leurs mains.



Le contenu du dossier du FBI contredit les premières constatations parues dans les journaux. En effet, des témoins ont entendu une forte explosion avant de voir l’avion descendre vers le sol et, tout comme dans l’affaire de Sault-au-Cochon, aucune flamme n’a été aperçue lors de la chute. Après l’écrasement, toutefois, un feu s’est déclaré dans les restes de la carcasse. Selon un rapport d’expert, on a été en mesure de déterminer qu’il y avait eu une violente explosion, sans toutefois pouvoir déterminer ce qui aurait pu la causer. De plus, aucune trace de batterie, de détonateur ou de cadran n’a été retrouvé sur les lieux, ce qui aurait pu prouver l’existence d’un mécanisme à retardement, et par conséquent d’une intervention humaine. 

Pour expliquer une possible motivation criminelle, certaines hypothèses ont circulé. On a suggéré que quelqu’un aurait pu en vouloir au pilote parce que celui-ci avait refusé d’adhérer à un syndicat. Une autre impliquait le crime organisé de Chicago.

Malgré cela, dans un mémorandum qu’il adressait au directeur du FBI J. Edgar Hoover le 17 janvier 1934, l’assistant procureur général Joseph B. Keenan écrivait que l’enquête a démontré « très clairement que le crash de l’avion et la perte de vie a été causés par des explosifs placés dans l’avion par des sujets inconnus. »

Et parce que le dossier n’a abouti sur aucune piste sérieuse, une lettre de l’agent spécial D. M. Ladd datée du 7 septembre 1935 recommandait de classer l’affaire. C’est ce qu’on a fait. 

Puisqu’il demeure impossible de déterminer précisément la nature de cette explosion, je ne pense pas que le drame du 10 octobre 1933 puisse être qualifié de premier attentat aérien de l’Histoire. Rien ne prouve hors de tout doute raisonnable qu’une intervention humaine animée d’une intention criminelle ait pu en être la cause.

Jusqu’à preuve du contraire, le tout premier attentat aérien à avoir été commis à l’échelle mondiale demeure celui survenu aux Philippines le 7 mai 1949. Il en sera d’ailleurs question plus en détails dans le tome 3 de la trilogie, qui aura pour titre Sault-au-Cochon, tome 3, Le témoignage qui tue.

           

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