La Ville de Trois-Rivières encourage-t-elle les théories du complot?
Récemment, je viens d’apprendre que le conseil de la Ville de Trois-Rivières a voté en faveur d’une commémoration envers le policier Louis-Georges Dupont, retrouvé mort dans une voiture de service en novembre 1969. L’enquête du coroner de l’époque a rendu un verdict de suicide. Et cette conclusion a été confirmée lors d’une commission d’enquête publique qui s’est tenue en 1996, et qui d'ailleurs a coûté un demi-million aux contribuables. Et, encore une fois, comme si ce n’était pas assez, par la SQ, quelques années plus tard, a rendu le même verdict. Louis-Georges Dupont s'est suicidé, that's it!
Depuis sa première sortie publique dans les journaux, en 1993, la famille Dupont a présenté de nombreuses allégations, mais aucune preuve solide pour appuyer leurs dires. Et je le répète: aucune preuve solide.
En fait, la fois où ils sont passé le plus près de convaincre c’est lorsqu’ils ont trouvé un expert américain pour appuyer leur théorie, c'est-à-dire que la balle qui a tué leur père serait entrée par le dos. Mais là encore, les analyses de cet expert, le Dr Louis Roh, et ses conclusions ont été défaites une par une lors de la commission d'enquête en 1996. Il affirmait, entre autres, qu'il était impossible d'obtenir la trajectoire de tir en utilisant l'index pour presser la détente. Or, un expert québécois s'est empressé de lui souligner qu'en utilisant le pouce il était tout à fait possible de se tirer une balle dans la poitrine avec un revolver à canon court.
Il y a des doutes, certes. Mais ces doutes sont maintenant sans fondement. Et il faut absolument éviter de juger le passé avec nos yeux d'aujourd'hui, une erreur qui est pourtant très courante.
Tous ceux et celles qui continuent de « croire » en
cette théorie, comme s'il s'agissait d'une religion, manquent d’objectivité ou alors n’ont pas lu l’ensemble de la
preuve. Certains auteurs ou journalistes continuent dans le même sens, mais
c’est là une enquête tunnel qui encourage la théorie du complot, et qui a pour but des clics ou les cotes d'écoute.
La preuve, il faut la lire! Je l’ai révisé deux fois, et par deux fois j’arrive à la même conclusion. Et de la preuve, j'en ai aussi lu en ta...!
Il n’y a jamais eu d’assassinat dans cette affaire. Comme motif - parce qu'il en fallait un - on a parlé du fait que Dupont aurait témoigné contre ses collègues. Or, il n’existe aucune preuve de cette prétention. Tout le monde est prêt à dire qu'il y avait de la corruption à Trois-Rivières en 1969, comme dans plusieurs autres villes d'ailleurs, mais personne ne veut répondre quand on leur demande de décrire les proportions de cette soi-disant corruption. Et de plus, il y a une sacré marge entre de la corruption et un assassinat.
Quant à la balle dans le dos, encore là, les preuves démontrent le contraire. La balle est entrée par l’avant. Tout a été dit. Parlez-en à Kathy Reichs, une experte mondiale qui est venue témoigner sous serment à Trois-Rivières en 1996. Il serait temps de passer à autre chose!
Ne vous fiez pas à un reportage ou à ce que dit votre collègue de travail devant la machine à café. Avant d’avoir une opinion juste et éclairée sur une affaire judiciaire, il faut lire l’ensemble de la preuve. Vous me direz alors qu’il est rare qu’on puisse avoir accès ou même jouir du temps nécessaire pour lire cette preuve. Justement, si c’est le cas, alors abstenez-vous d’avoir une opinion. C’est ce que l’étude de nombreux dossiers judiciaires m’a appris. Jusqu’à ce jour, j’ai collectionné plus de 6,400 victimes d'homicides survenus au Québec et il n’existe aucune affaire pouvant s’apparenter à celle construite au fil des années par les Dupont. Il y a bien eu quelques meurtres de policiers, mais des assassinats impliquant autant de gens de différents paliers à travers le temps, ça n’existe pas.
S’il vous plaît, je vous invite à coller à la preuve. Les faits, c’est tout ce qui compte. En appuyant cette commémoration, la Ville de Trois-Rivières est en train de donner l’exemple que le monde municipal est en train de verser dans les théories non vérifiables. Non seulement je doute de leur objectivité, mais je crains qu'avec le temps on finisse par biaiser l'histoire.
Avant de se prononcer, les élus auraient peut-être dû
consulter quelques avocats ou des policiers chevronnés. Car cette décision est très décevante en ce
qui concerne la qualité des sources et de l’informations. Bref, on a ici la
preuve que des élus prennent parfois des décisions sans être nécessairement en
connaissance de cause.
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