DHQ

 DHQ (Dictionnaire des Homicides commis au Québec)

Texte et recherche: Eric Veillette

1608-1900

1608, mai-juin – homme non identifié

Homicide argumentatif – canon et armes à feu

Tadoussac – 1 SC

Martin Darache, responsable des coups tirés.

Le 3 juin, alors que Samuel de Champlain arrive devant Tadoussac, Gravé Du Pont, un de ses hommes débarqué plus tôt sur le continent, lui raconte être tombé sur un navire basque venu s’adonner à de la contrebande de fourrures. Le capitaine de ce navire, Martin Darache, a cautionné un tir de canon et des coups de mousquets, blessant Gravé et trois de ses hommes. Par la suite, l’un d’eux a succombé à ses blessures. Vraisemblablement, cet homme est devenu la victime du tout premier homicide à avoir été commis sur le sol de la nouvelle colonie qui allait plus tard devenir la province de Québec.

1608, juillet – Jean Duval

Homicide cautionné par un groupe – par pendaison

Québec - ? SC

Samuel de Champlain et al., aucune conséquence judiciaire connue.

Peu après l’arrivée de Samuel de Champlain, le 3 juillet 1608, à l’endroit qui deviendra la Ville de Québec, certains de ses hommes ont élaboré un complot dans le but de l’assassiner. Antoine Natel a révélé ce qu’il savait et le principal comploteur, Jean Duval, a été démasqué. Duval souhaitait tuer Champlain afin de livrer Québec aux Basques ou aux Espagnols, ce qui lui aurait permis de faire fortune. L’historien Jacques Lacoursière a écrit que Duval a subi un procès. Sans la présence d’un véritable système judiciaire le DHQ considère que Duval a été victime d’un homicide et non d’une sentence approuvée par un tribunal. Malgré tout, la pendaison de Jean Duval est considérée comme la première exécution réalisée sur le sol de la Nouvelle-France.

Selon l’historien Marcel Trudel : « Champlain réunit en conseil François Gravé Du Pont, Testu, le chirurgien Bonnerme, qu’on avait un moment soupçonné et les préposés à la navigation. On fit le procès des complices, qui furent condamnés à la pendaison. Duval fut exécuté immédiatement pour faire un exemple, et sa tête fut mise au bout d’une pique à l’endroit le plus éminent du fort ; les trois autres furent renvoyés à Du Gua de Monts en France « pour leur être fait plus ample justice ». » Natel est mort de la dysenterie en novembre et Bonnerme au printemps de 1609, probablement du scorbut.[1]

1625, fin mai – Nicolas Viel; et Ahuntsic

Homicide cautionné par un groupe –

Secteur de la rivière des Prairies, région de Montréal – 2 SC

Non élucidé.

Le père Nicolas est parti en direction de Québec en compagnie de quelques amérindiens. Au dernier saut de la rivière des Prairies, il a été attaqué par trois de ses accompagnateurs alors qu’il se trouvait à bord d’un canot. Un jeune homme répondant au nom de Ahuntsic a également été tué. Le corps de Viel a été repêché le 25 juin 1625 à Sault-au-Récollet.[2]

1642, 29 septembre – René Goupil

Homicide cautionné par un groupe – tomahawk – torture

Région de Lanoraie – 2 SC

Non élucidé.

Le missionnaire René Goupil a été enlevé par des Iroquois alors qu’il se promenait en canot en compagnie de Guillaume Couture et Isaac Jogues. Goupil a été capturé avant d’être amené dans la région de Lanoraie et torturé. Pendant sa captivité, il aurait enseigné le signe de croix aux jeunes amérindiens avant d’être finalement tué d’un coup de tomahawk à la tête.

1646, 18-19 octobre – Isaac Jogues; et Jean de La Lande

Homicide cautionné par un groupe/extrémiste religieux

? - ? SC

Non élucidé.

C’est le supérieur des Jésuites de Québec qui donne à Jogues la mission de se rendre au pays des Iroquois afin d’y cultiver la paix. Pour ce faire, il est accompagné de Jean de La Lande. Le 24 septembre, Jogues, La Lande et quelques Hurons quittent Québec. Lorsqu’ils arrivent près de Trois-Rivières, tous les Hurons, sauf un, rebroussent chemin. Leur crainte s’avéra être justifié. Dès que les deux missionnaires arrivent chez les Iroquois, ils sont immédiatement traités en ennemis. Jogue est tué le 18 ou le 19 octobre. Selon Léon Pouliot, « ils sont tués en haine de la foi. »[3]

1648, 4 juillet – Antoine Daniel

Homicide cautionné par un groupe/extrémiste religieux

? - ? SC

Non élucidé.

Les 3 et 4 juillet 1648, profitant de l’absence des Hurons qui s’étaient absentés pour la traite, les Iroquois attaquent les villages de Saint-Joseph et de Saint-Michel. En plus de faire 700 prisonniers, ils en profitent pour se débarrasser du père Antoine Daniel.

1649, 16 mars – Jean de Brébeuf; et Gabriel Lalement

Homicide extrémiste religieux[4] – torture – arme blanche – surpuissance

Saint-Ignace - ? SC

Non élucidé.

Le 16 mars, les bourgs de Saint-Ignace et de Saint-Louis ont été attaqués par une bande d’Iroquois estimée à 1 000 individus. L’histoire raconte que les pères Brébeuf et Lalement ont eu l’occasion de s’enfuir mais ils ont plutôt pris la décision de rester. Ils ont d’abord été faits prisonniers et amenés à Saint-Ignace. C’est là que Brébeuf a subi, dit-on, les pires tortures de toutes les annales de la chrétienté. On l’a attaché à un poteau, frappé à coups de bâtons, ébouillanté, et ridiculisé. On lui a même coupé les lèvres pour qu’il cesse de parler de Dieu pendant son supplice. Finalement, il a été brûlé vif et lacéré de coups de couteau. Pour en finir, on l’a scalpé avant de lui arracher le coeur.

On ignore si Lalement a eu connaissance des souffrances infligées à Brébeuf, mais ce qui est sûr c’est qu’il a lui aussi été victime des Iroquois.

1649, 7 décembre – Charles Garnier

Homicide cautionné par un groupe – arme à feu et arme blanche

Mission Saint-Jean – 1 SC

Non élucidé.

Le prêtre jésuite Garnier a été tué lors de la destruction de la Huronie, plus précisément pendant l’assaut du village de Saint-Jean. Quand on l’a retrouvé, près de la chapelle, son corps portait les marques de deux balles et deux coups de hache.

1649, 8 décembre – Noël Chabanel

Homicide extrémiste individuel à motivation religieuse

Mission Saint-Jean - ? SC

Non élucidé. Louis Honarreennha, Huron apostat, a avoué le crime.

Le prêtre jésuite Noël Chabanel se trouvait à la mission Saint-Jean parmi les Pétuns[5] lorsqu’il a reçu l’ordre de se rendre à l’Île Saint-Joseph. Il est parti le 7 décembre, le jour même où Garnier était assassiné. Le lendemain, Chabanel était tué à son tour par un Huron apostat. On ignorait alors le motif du crime. Trois ans plus tard, le père Ragueneau a rapporté les aveux du meurtrier, Louis Honarreennha. Ce dernier a déclaré avoir éliminé Chabanel « en haine de la foi. » Il ne semble pas y avoir eu de suites à cet aveu.

1662 – Antoine dit Larose (Laroze)

Homicide à motif indéterminé

? - ? SC

Non élucidé.

Larose était un soldat dont le nom apparaît en 1662 sur des documents du Conseil souverain parce que Maurice Poulain (Poulin), sieur de la Fontaine et procureur fiscal, a demandé à obtenir les biens du défunt, que l’on croyait avoir été tué par des Iroquois. Il semble que personne n’ait jamais comparu pour ce crime. Toutefois, Poulin a obtenu ce qui restait des biens du disparu : 98 livres, 17 sols.[6]

1663 – Jacques Gourdeau de Beaulieu; et son valet

Homicide domestique – double meurtre – mise en scène

Île d’Orléans, région de Québec – 1 SC

Nicholas Duval, l’un des valets de Gourdeau, condamné à mort, fusillé.

On connaît bien peu de choses quant à ce double meurtre, sinon que « Le notaire Jacques Gourdeau de Beaulieu et son valet sont assassinés dans le manoir seigneurial de l’île d’Orléans par un autre valet, Nicholas Duval, qui sera condamné à avoir les mains coupes [sic] et à être pendu, puis brûlé sur la place publique le 8 juin 1663. »[7]

Selon Boyer, le meurtre de Gourdeau de Beaulieu a été le premier commis en Nouvelle-France, « outre ceux entre Français et Indiens. » Duval aurait également mis le feu à la maison après avoir commis son double meurtre. Par le fait même, il serait le premier tueur à avoir mis en scène son crime. Toujours selon Boyer, Duval a été condamné à être pendu mais le gouverneur d’Avaugour s’est contenté de le fusiller à la potence « après avoir été secoué par le bourreau. La condamnation comportait les peines infamantes supplémentaires à la pendaison parce que le meurtre d’un maître par son domestique, tout comme celui d’un mari par sa femme, équivalait à un parricide. »

1666, juillet – M. de Chazy; et le capitaine de Traversy

Homicide argumentatif –

Fort Sainte-Anne, près du Lac Champlain - ? SC

Agariata, chef Mohawk, pendu.

Selon le moteur de recherche Advitam de BAnQ, sept officiers du régiment Carignan ont croisé des guerriers agniers près du Fort Sainte-Anne, près du lac Champlain. Parmi eux se trouvaient Louis de Canchy de Lerole et M. de Chazy, neveu de Tracy. Au cours d’une soudaine dispute, Agariata a tué Chazy. Un certain capitaine de Traversy aurait aussi été tué. Les autres ont pris la fuite. « Le chef mohawk Agariata, est pendu à Québec pour le meurtre d’un certain Chasy et incendie criminel. »[8] Agariata se serait vanté d’avoir tué M. de Chazy, ce qui expliquerait peut-être pourquoi il a été facile de l’identifier. Pour éviter la guerre, les Agniers auraient envoyé 40 guerriers pour livrer Agariata, qui a été ensuite pendu par les Français.[9]

1668 – Nicolas Bernard

Homicide à motif indéterminé –

? - ? SC

Jacques Bigeon, son voisin, condamné à mort.

            Selon Boyer, Bigeon a été le premier criminel en Nouvelle-France à avoir été soumis « à la question », c’est-à-dire la torture. Son appel a été rejeté par le Conseil Souverain en 1668. Il avait assassiné son voisin, Nicolas Bernard.

1668 – six Onneyouts

Profit commercial – objet contondant – mise en scène – tuerie de masse

Île-des-Moulins – 2 SC

Étienne Banchaud, marchand, et trois complices, condamnés.

Au cours de l’hiver 1668-69, un groupe de six Onneyouts[10] était de passage dans la région de Ville-Marie (Montréal). Le groupe était composé « de trois hommes, d’une femme et de ses deux enfants, dont le plus âgé pouvait avoir 18 ou 20 ans et le plus jeune, 7 ou 8 ans. Selon leurs coutumes, les Onneyouts se déplaçaient en petits groupes en suivant le gibier. Comme le secteur est maintenant fréquenté par les Français, notamment ceux de Ville-Marie, les Amérindiens ont l’habitude de voir des Blancs dans les environs. Un bon jour, quatre colons qui avaient établi leurs quartiers de chasse dans le secteur décident de rendre visite aux Onneyouts. Le traité de paix signé en 1667 avec les nations iroquoises permettait d’établir à nouveau le « dialogue » entre les deux peuples. Au cours de la visite, les colons remarquèrent que les Onneyouts possédaient une cinquantaine de peaux d’orignaux et quelques peaux de castors. La valeur marchande de ces peaux fit l’objet de leur convoitise. »[11]

Plus tard, les quatre colons sont revenus afin de passer la soirée avec les Onneyouts. Ils les ont fait boire avant de profiter de leur état d’ivresse pour les assommer, incluant les enfants. Une fois le crime commis, les colons sont repartis avec les fourrures. « Réalisant du coup que leur crime était passible de terribles châtiments, nos colons décident de faire disparaître les corps des Onneyouts, lesquels étaient couverts de sang et « défigurés par l’ivresse et les spasmes de l’agonie ». Ainsi, les quatre assassins placent les corps dans un canot au-dessus duquel ils fixent des traverses de bois pour y retenir les corps, puis ils conduisent le canot non loin de là des rapides (aujourd’hui le site de l’Île-des-Moulins), où ils coulent à fond l’embarcation sous le poids d’un vieil arbre […]. »[12]

Malgré ces efforts de mise en scène, les corps ont été retrouvés et une plainte a été déposée contre Banchaud et ses trois complices. « Le 14 septembre 1669, Charles-Joseph d’Ailleboust des Muceaux, juge civil et criminel de Montréal, rend son verdict et condamne Étienne Banchaud et ses trois complices à la potence, châtiment réservé aux criminels en Nouvelle-France. » Selon La Mémoire du Québec, trois des assassins auraient été fusillés à Montréal.

1669, mai – Daniel Le Maire dit Desroches

Homicide argumentatif – duel

? - ? SC

François Blanche dit Langevin, condamné à mort.

C’est au cours d’un duel que Daniel Le Maire a été tué par François Blanche dit Langevin. Les deux hommes faisaient partie de la garnison des Trois-Rivières. Blanche a été interrogé le 30 mai et confronté aux témoins le 13 juin. Il a été reconnu coupable et condamné à être pendu. La sentence prévoyait qu’on devait également lui trancher le poing droit, en plus de l’attacher à un poteau situé sur le Cap-aux-Diamants, à Québec. Ses biens devaient être saisis par le Roi. Il aurait été pendu le 8 juillet 1669 à 15h00.[13]

1669, 20 mai – Simon Galbrun; et un enfant nouveau-né

Meurtre par passion et néonaticide

Montréal - ? SC

Françoise Duverger (ou Duberger), sa femme, pendue en 1671.

« Simon Galbrun est assassiné à Ville-Marie [Montréal]; son épouse reconnue coupable de complicité de meurtre est pendue. »[14] Sa femme, Françoise Duverger (ou Duberger) a été pendue le 17 novembre 1671 à Québec, à la fois pour ce meurtre « et pour avoir tué son enfant né le lendemain de son second mariage, le 29 juin 1671 […] »[15] Ces informations expliquent pourquoi nous avons deux catégories de motivation pour ce dossier.

Selon des documents préservés à BAnQ, Françoise Duverger était la femme de Jean Boulin dit Léveillé et elle a été condamnée pour avoir dissimulé sa grossesse. En fait, elle aurait consommé certains médicaments pour tenter d’avorter mais tout indique que son plan n’a pas fonctionné puisqu’elle a finalement tué son bébé dès sa venue au monde.

Ce dossier est particulier car il représente le premier cas de néonaticide répertorié par le DHQ et aussi le premier cas de meurtre par passion. En effet, elle aurait donné son consentement pour que son premier mari, Simon Galbrun, soit éliminé. Galbrun aurait été assassiné dans un guet-apens planifié par un certain Laliberté.

Elle a donc été condamnée à mort par le Conseil Souverain le 7 septembre 1671. Après son exécution, ses biens devaient être confiés au Roi, à l’Hôtel-Dieu de Montréal et au Conseil souverain. On a d’abord vérifié qu’elle n’était pas enceinte, dans quel cas un sursis lui aurait été accordé, mais comme elle ne l’était pas on a pu procéder à son exécution.[16]

1670, septembre – personne non identifiée

Homicide à motif indéterminé –

Trois-Rivières - ? SC

Paul Guyon dit LaTremblade (ou La Tremble), accusé de meurtre, ...

Latremblade était un soldat du régiment Carignan-Salières, arrivé à Québec en 1665. Il serait décédé en 1694 à l’Hôtel-Dieu de Québec. Selon le registre des jugements du Conseil souverain, il a été mis en accusation pour meurtre le 29 septembre 1670. On ignore cependant le dénouement de cette affaire.

1672 – Julien LaTouche, 30 ans

Meurtre par vengeance – objet contondant (bêche) – Mise en scène

Trois-Rivières – 2 SC

Jacques Bertault et Gillette Banne, les beaux-parents de la victime, pendus.

Selon une version de l’affaire, Julien LaTouche aurait été tué par empoisonnement en 1672. Jacques Bertault et Gillette Banne, sa femme, ont été pendus à Trois-Rivières pour ce meurtre. Leur fille a été forcé d’assister à la double exécution de ses parents.[17] Le corps de Bertault devait, après son exécution, être fixé à une roue pour ensuite être exposé à Cap-aux-Diamants.

D’après des documents préservés à BAnQ, la victime était le gendre des assassins. LaTouche était marié à leur fille, Isabelle Bertault, 13 ans. Selon Boyer, Isabelle n’avait que 12 ans lorsqu’elle « avait épousé contre son gré LaTouche, qui en avait trente. LaTouche n’arrivait pas à faire fructifier les terres qu’il avait louées aux Trois-Rivières et son beau-père, Bertault, devait souvent combler les ressources qui manquaient au ménage en envoyant des vivres chez sa fille ou en allant la chercher pour manger chez lui. De plus, LaTouche buvait et battait sa femme qui lui aurait dit : « Je voudrais que tu fusses crevé. » »[18]

Le procès a permis de mettre en lumière que Bertault et sa femme ont utilisé une bêche pour tuer leur gendre, alors que leur fille les aurait aidés à traîner le corps jusqu’à la rivière. Les parents Bertault ont été condamnés à une mort horrible. Isabelle n’a pas été condamné à mort, mais en échange on l’a obligé à assister à la double exécution de ses parents. Boyer ajoute que « Isabelle eut un enfant quelques semaines après le meurtre de son mari, elle se maria de nouveau, et, devenue veuve une seconde fois en 1687, elle épousa un troisième mari au bout de quatre mois. De ces deux derniers maris elle eut plusieurs enfants. »

1673 – Herme

Profit personnel –

? - ? SC

Charles Alexis dit Desessards, compganon de trappe, reconnu coupable, évadé et sentence exécutée en effigie.

Desessards a été reconnu coupable pour avoir tué son compagnon de voyage, le trappeur Herme, afin de lui voler ses fourrures. Le 6 mars 1673, il a été condamné à avoir les bras et les jambes broyées avant d’être étranglé et laissé sur une roue. Il devait également payer une amende de 200 livres. Toutefois, Desessards s’est évadé de la prison de Québec après le verdict et le Conseil souverain a alors ordonné que son exécution soit faite en effigie. Rien n’indique que Desessards ait été repris par la justice.

1675, 17 décembre – Gabriel Hervé

Homicide à motif indéterminé – Mise en scène

Île Saint-Laurent - ? SC

Simon Duverger, son voisin, condamné, évadé, et sentence exécutée par effigie.

Gabriel Hervé a été assassiné vers le 17 décembre par son voisin Simon Duverger, sur l’Île Saint-Laurent. Son corps a été retrouvé enterré dans la neige quelques jours plus tard. On l’a inhumé le 29 décembre. Duverger, considéré comme un volontaire et un vagabond, a été arrêté. Une semaine plus tard, il est parvenu à s’évader de la prison de Québec. Son absence n’a pas empêché la justice coloniale de le condamner. Il semble d’ailleurs qu’il n’ait jamais été retrouvé. Sa peine de mort a donc été exécutée par effigie[19]. Par ailleurs, le concierge de la prison, François Genaple, a été condamné à une amende.[20]

1678, février – femme de Mathieu Ourakoui (huron)

Homicide argumentatif – arme blanche (épée)

Beauport – 1 SC

Robert Leclerc dit Desrosiers, condamné à une amende et banni pour 5 ans.

Selon la transcription des documents réalisée par le paléographe Guy Perron[21], Desrosiers buvait en compagnie de Ourakoui et de l’épouse de ce dernier à Beauport lorsqu’une querelle a éclaté entre les deux hommes. La femme de Ourakoui aurait pris l’épée du soldat mais celui-ci a réussi à la désarmer en lui coupant les doigts d’une main. Au cours de la lutte qui a suivie, Desrosiers a fini par la poignarder au ventre. La femme, qui n’a jamais été identifiée par son nom, est décédée quelques jours plus tard en donnant naissance à un bébé mort-né qui portait la trace du coup d’épée.[22]

Desrosiers a été arrêté le 27 février 1678, alors qu’on a interrogé Ourakoui le 2 avril. On a jugé qu’il n’y avait aucune préméditation. La sentence a été prononcée le 18 avril : Desrosiers a été condamné à une heure de carcan, dans la basse-ville de Québec. Il devait aussi payer 10 livres au roi et 60 livres aux enfants Ourakoui. Il a également été banni de Québec pour une période de 5 ans.

1678 – Le Breton

Homicide à motif indéterminé – par noyade

? - ? SC

Jean Brière dit Périgourdin, condamné à mort.

            Selon ce qu’on a pu apprendre, le matelot Périgourdin se serait approché de Le Breton en blasphémant, avant de le frapper d’un coup de poing à la tête. Il l’a ensuite jeté à l’eau, ce qui a causé une mort par noyade. On ignore tout de la suite du dossier.

1679, 23 octobre – Jeanne Couc, 20 ans

Homicide argumentatif –

Trois-Rivières - ? SC

Jean Rattier dit Dubuisson, 32 ans, condamné à mort et gracié.

C’est au cours d’une bagarre que Jeanne Couc a été mortellement blessée. Elle a été inhumée dans le cimetière de Trois-Rivières. « Un procès fut intenté, qui s’instruisit devant le lieutenant général de la juridiction des Trois-Rivières, Gilles Bovinet, et le 31 du même mois, une sentence fut rendue contre le meurtrier, Jean Rattier dit Dubuisson, 32 ans. Le coupable devait être conduit à Saint-François, au lieu que le seigneur de cette seigneurie désignerait pour place publique, et là attaché à une potence pour y être pendu et étranglé, et y demeurer exposé pendant vingt-quatre heures. En outre, il devait payer quatre-vingt livres d’amende au roi, deux cents livres à Pierre Couc, et les dépenses. Avant d’être livré à l’exécuteur, on devait le soumettre à la « question » [torture] pour avoir révélation des auteurs et des complices de la mort de Jeanne Couc. »[23]

Rattier a fait appel du jugement. Cette fois, quatre hommes – Crevier, Gilbert, Dupuis et Julien – ont été accusés de complicité. « Le procès dura plus d’un an. Le jugement fut rendu par le Conseil le 31 décembre 1680. Rattier, reconnu coupable d’avoir tué Jeanne Couc, fut condamné à être pendu, sur la place du marché de la basse ville de Québec, et en outre à payer trois cents livres d’intérêts civiles à Couc, cent livres d’amende au roi et les dépenses de deux procès. Mais, comme il n’y avait pas alors d’exécuteur public, il eut la vie sauve à condition d’en accepter lui-même la charge. Il s’établit à Québec, sur la Grande-Allée. C’était la troisième fois depuis le début de la colonie qu’un condamné à mort était gracié de cette façon. »[24]

1681 – Georges Tasset (Tassel)

Homicide à motif indéterminé –

? - ? SC

Louis Martin, reconnu coupable et condamné à 9 ans de travaux pour un habitant.

Nous ignorons les circonstances entourant le décès de Georges Tasset, mais on sait que Louis Martin a été reconnu coupable de ce meurtre. On l’a condamné à servir un habitant durant 9 ans, à payer 50 livres pour des prières destinée au repos de l’âme de sa victime et à débourser 150 livres pour couvrir les frais du procès.

1684, 14 mai – personne non identifiée

Homicide à motif indéterminé –

? - ? SC

Marie Quequejeu, 37 ans, et son gendre Pierre Doré, exécutés.

Parmi les Filles du Roi, contrairement à certaines rumeurs populaires persistantes, seulement cinq d’entre elles ont connu des problèmes avec la justice, que ce soit pour adultère, prostitution ou débauche. Une seule, cependant, a été impliquée dans une affaire d’homicide. Marie Quequejeu, veuve de Pierre Rivaut, a commis un meurtre dont nous ignorons les circonstances. Le 14 mai 1684, elle a été exécutée en même temps que son gendre, Pierre Doret, un coureur des bois.

1684, 10 juillet – Antoine Roy dit Desjardins, 49 ans

Homicide conflictuel – Arme à feu

Lachine, Île de Montréal - ? SC

Julien Talua dit Vendamont, 41 ans, condamné à mort; Anne Major, bannie.

            C’est à Lachine, le 10 juillet 1684, qu’on a inhumé le corps d’Antoine Roy, soldat dans du régiment de Carignan. Il avait aussi été tonnelier en 1681 à Batiscan. C’est un conflit à propos d’une terre qui l’opposait à Julien Talua qui serait à l’origine du drame. Au matin du 10 juillet, Talua s’est présenté à la maison du juge Bransatt pour avouer qu’il venait de tuer Roy. Selon sa version, il s’est mis en colère en voyant Roy dans le lit avec sa femme Anne Godeby, 43 ans[25], et c’est alors qu’il l’aurait tué. Talua a également prétendu que cette liaison durait depuis un certain temps. Selon les documents qui ont survécu, on comprend que la mort a été causée par une arme à feu. Le 14 octobre, Julien Talua dit Vendamont a été condamné à mort. Pour sa part, Anne a été reconnue coupable d’adultère et bannie à tout jamais de l’île de Montréal.

1685, 3 décembre – Jean Aubuchon dit Lespérance

Homicide à motif indéterminé

Montréal – 1 SC

Non élucidé. Sa femme et son fils, ainsi qu’un certain Pillereault, acquittés.

Le 3 décembre 1685, Jean Aubuchon a été retrouvé assassiné dans son lit. L’homme était connu pour avoir possédé une concession au Cap-de-la-Madeleine, avoir brassé des affaires – entre autres avec le célèbre Dollard des Ormeaux – et aussi pour avoir été condamné pour adultère. Sa femme, Marguerite Sédilot, 42 ans, et leur fils aîné de 24 ans, ont aussitôt accusé Jacques Pillereault. Toutefois, la mère et son fils ont à leur tour été accusés du meurtre.

Le 30 octobre 1686, tout le monde a été acquitté par manque de preuve.[26] Peut-être affecté par son incarcération, Jean Aubuchon fils en serait mort de chagrin le 18 septembre 1687. Deux ans plus tard, Pillereault continuait de réclamer de l’argent à la veuve de Aubuchon afin de payer ses dépenses engendrées au cours de son emprisonnement. Elle a fini par se remarier avec Pierre Lusseau. Quant à Pillerault, il a fait plusieurs plaintes pour dédommagement, apparemment victime du jugement de l’opinion publique. Selon Boyer, son nom disparaît des registres du Conseil en 1692.

Exception faite des homicides commis entre Français et Amérindiens, comme l’a souligné Boyer, le meurtre d’Aubuchon est vraisemblablement le premier commis en Nouvelle-France qui n’ait jamais été résolu.

1686 – Henri Petit

Homicide à motif indéterminé – arme à feu

? - ? SC

Jean Gaultier dit Larouche, condamné à mort, sentence commuée.

En 1686, le Conseil Souverain a commué une sentence de mort parce que le meurtre commis par Larouche n’avait pas été fait avec « malice »[27]. Larouche se serait servi du fusil de Jean Delquel dit La Brèche pour tirer le coup mortel. Larouche a plutôt été condamné à verser une amende à la veuve et aux héritiers, tandis que La Brèche a eu droit à une amende pour avoir laissé son fusil sans surveillance.

1689, 5 août – environ 95 victimes[28]

Homicide cautionné par un groupe – Tuerie de masse

Lachine – 1 SC

Non élucidé.

Le 5 août 1689, des Iroquois[29] attaquent sournoisement les habitants de Lachine, près de Montréal. Ils profitent d’une température orageuse pour s’approcher discrètement. Sur un total de 77 maisons, 56 sont détruites. On estime que 200 colons ont été assassinés sur place et que 150 autres ont été enlevés et amenés par les Iroquois. Plus tard, ces chiffres ont été revus à la baisse, entre autres par des historiens. À l’époque, l’incident sème la peur chez les habitants, surtout lorsqu’on ramène les orphelins à Montréal.[30] On aurait même envisagé la possibilité de retourner tout le monde en France. Ce massacre fait évidemment suite à des conflits entre Français et Iroquois qui duraient depuis des années.

 Le massacre de Lachine représente sans doute l’une des rares tueries de masse à avoir été cautionnée par un groupe. On ne peut évidemment qualifier l’incident de bataille, puisque les habitants de Lachine ont été surpris et massacrés sans possibilité d’organiser une défense. Si on s’en tient aux termes officiels, à savoir qu’on ne connait, semble-t-il, aucun Iroquois qui ait été identifié ni condamné pour ce massacre, il faudrait donc en déduire que ce triste incident demeure la plus imposante affaire de meurtre non élucidé de l’histoire du Québec. Plus de trois siècles plus tard, l’incident est devenu une question sensible et politique puisqu’on ne l’enseigne plus dans les cours d’histoire.[31]

1690 – François Poignet dit Beauregard

Homicide à motif indéterminé -

Montréal – 1 SC

Jean Haudecoeur condamné au supplice de la roue.

Le 27 mai 1690, Jean Haudecoeur a subi le supplice de la roue pour le meurtre de François Poignet dit Beauregard, survenu dans la maison de ce dernier à Montréal. Beauregard était un marchand montréalais, tandis que Haudecoeur habitait à Boucherville. Selon Boyer, le lieu de l’exécution a été changé de Montréal vers Québec « vraisemblablement parce qu’il n’y avait pas de bourreau à Montréal à cette époque. »[32]

1690 – Jean Dorbé dit Lepicard

Homicide à motif indéterminé –

? - ? SC

Guillaume le Gaigneur dit Bollecomte, reconnu coupable.

Lepicard était cordonnier. Il semble que Bollecomte n’a pas été condamné à mort pour ce crime, mais plutôt à servir le roi comme forçat durant 3 ans et à payer une amende. On ignore tout des circonstances entourant le crime.

1692 - Desmarets

Homicide à motif indéterminé – arme blanche (couteau)

Champlain - ? SC

Jean Joubert, condamné à mort, cassation du verdict, …?

            C’est en se servant d’un couteau que Joubert, un habitant de la seigneurie de Champlain, a tué Desmarets, valet du sieur de Lusignan. Le procès, qui s’est déroulé à Trois-Rivières, a condamné Joubert à mort. En appel, le Conseil Souverain a cependant cassé le verdict. On a donc obligé Joubert à rentrer à Champlain, où il devait subir un autre procès devant Antoine Desrosiers, qui faisait office de juge, et à la poursuite du procureur fiscal du seigneur, c’est-à-dire le sieur Étienne Pézard-de-la-Touche. On ignore si ce procès a véritablement eu lieu. Il en va de même à savoir ce qu’est advenu de l’accusé.[33]

1696 – Pierre Gendreau

Homicide à motif indéterminé – Mise en scène (incendie)

? - ? SC

Jean Denis, condamné à mort, évadé …

Jean Denis a été condamné à mort pour le meurtre de Pierre Gendreau. Il aurait fait preuve de mise en scène en incendiant la maison de sa victime. Selon Boyer, Jean l’Archevêque dit Granpré et son domestique, Jacques Despatis, ont été accusés d’avoir aidé le coupable à s’évader. Denis aurait même été conduit jusqu’à la Rivière du Loup puisqu’on lui a procuré un canot et de la nourriture. Granpré et Despatis ont été condamnés à 50 livres d’amende, mais on ignore ce qu’est devenu Jean Denis.

1702, 28 février – Lachaume

Meurtre par passion – arme blanche (épée) – mise en scène

Seigneurie de Saint-Ours – 1 SC

Pierre Viau dit Larose, pendu; et Marie Couillaud dit Rocquebrune, condamnée à mort, exécutée par effigie.

Le fermier Lachaume a été assassiné en février 1702 mais son corps a été retrouvé seulement en juin. On pense qu’il aurait reçu trois coups d’épée pendant son sommeil. Pierre Viau dit Larose était le fils du notaire Mathieu Viau, soldat de la Compagnie de Saint-Ours. Il semble avoir entretenu une liaison avec la femme de Lachaume, Marie Couillaud dit Rocquebrune, puisque tous deux ont été accusés du meurtre de Lachaume. Les deux amants l’ont assassiné pendant son sommeil. Tous deux ont été condamnés à mort. Un sursis leur a toutefois été accordé, le temps d’entendre un autre témoin, une jeune fille d’environ 12 ans. En octobre 1702, Pierre Viau dit Larose a été torturé et pendu à Montréal. Quant à sa complice, Marie Couillard semble avoir disparue puisque son exécution s’est effectuée par effigie.

1705 – homme non identifié

Homicide argumentatif – arme blanche (épée)

Montréal - ? SC

Non élucidé. Sieur Rocbert, garde-magasinier du roi à Montréal, accusé et relâché.

C’est à la suite d’une querelle que Rocbert aurait tué un soldat d’un coup d’épée, mais on possède bien peu de détails sur cette affaire. Grâce à la protection du marquis de Vaudreuil et d’autres amis, il aurait échappé à la justice. Il ne semble subsister aucune preuve qu’il ait été l’auteur de ce meurtre.

1706 – Jean Normand (Lenormand)

Homicide à motif indéterminé

Lacanardière, Québec - ? SC

Non élucidé.

Normand est mort assassiné en 1706 dans des circonstances inconnues. Sa dépouille a été inhumée le 25 juillet 1706 à Notre-Dame, Québec. Puisque nous ne connaissons aucune condamnation pour ce crime, le DHQ considère qu’il s’agit d’une affaire non élucidée.

1708 – bébé de Marie-Barbe Dupont

Néonaticide

Québec - ? SC

Marie-Barbe Dupont, condamnée au carcan et bannie de Québec pour 3 ans.

            Marie-Barbe Dupont a porté sa cause en appel, mais elle a tout de même été condamnée au carcan et à être bannie de la ville de Québec pour une période de 3 ans pour avoir caché sa grossesse et son accouchement. Ce sont les termes qu’on a longtemps utilisé pour parler de néonaticide.[34] Elle avait d’abord été condamnée à mort. Exception faite de l’affaire impliquant François Duverger, une quarantaine d’années auparavant (1669, 20 mai), il s’agirait du plus ancien néonaticide simple répertorié par le DHQ.

1710 – Jacques Elie; et un de ses enfants

Profit personnel– arme blanche (hache)

Deschaillons – 1 SC

Nicolas, un Panis, condamné in abstentia et exécuté par effigie.

Le bourreau Jacques Elie en était venu à être tellement dégoûté de son métier qu’il a planifié sa fuite hors de la Nouvelle-France avec sa femme enceinte, Marie-Joseph, et ses deux enfants. Toutefois, « personne n’avait le droit de quitter la colonie sans permission officielle et Elie consulta un Panis du nom de Nicolas. Celui-ci était recherché par les officiers de la justice pour une série de vols et il offrit de conduire la famille Elie de façon clandestine par les bois jusqu’en Nouvelle-Angleterre, moyennant la somme de 150 livres comptant et un habit complet. Arrivé à la rivière Duchesne dans la seigneurie de Deschaillons, le Panis tua Elie et un de ses enfants à coups de hache, mais la femme enceinte, quoique gravement blessée, s’échappa avec le bébé de 14 mois et réussit à regagner la ville de Québec. Le Panis Nicolas fut convaincu de meurtre in absentia et condamné à être rompu vif. En son absence on décréta que le châtiment soit exécuté par effigie en un tableau qui serait attaché à un poteau de la place publique de la basse ville. »[35]

1714, 15 décembre – Louis-Hector de la Mollerie

Homicide argumentatif – arme blanche (épée)

Montréal – 1 SC

Jean d’Ailleboust d’Argenteuil, 20 ans, reconnu coupable, et pardonné.

D’Argenteuil a tué Louis-Hector d’un seul coup d’épée parce que celui l’avait insulté. Il a été accusé du meurtre mais a échappé à sa condamnation en prenant la fuite jusqu’en France. Lorsqu’il a manifesté le désir de revenir au Canada, quatre ans plus tard, il a fait jouer ses relations et obtenu un pardon.

1716, 28 septembre – 2 octobre – Charles Fustel, 23 ans

Homicide argumentatif – arme blanche (épée) – duel

Québec, rue Saint-Pierre – 1 SC

Jacques Maleray Delamoillerie, père de Louis-Hector de la Mollerie tué deux ans plus tôt, condamné par contumace à être décapité.

Le 28 septembre 1716, au cours d’une partie de billard, une dispute a éclaté entre le militaire Jacques Maleray Delamoillerie et un jeune marchand du nom de Charles Fustel. On croit que Fustel a été le premier à dégainer son épée, mais Delamoillerie a eu la sagesse de sortir de l’auberge. Fustel l’a cependant suivi dehors pour continuer de l’invectiver. Delamoillerie a finalement perdu son sang-froid et l’a frappé d’un coup de poing à la tête. Fustel a donc de nouveau sorti son épée et cette fois son adversaire a fait la même chose. Après quelques échanges à l’épée, Fustel a été blessé de trois coups, dont un à la poitrine, et conduit à l’Hôtel-Dieu de Québec. Il a succombé le 2 octobre.

Puisque Delamoillerie a pris la fuite, on lui a fait un procès par contumace[36], au terme duquel il a été déclaré coupable et condamné à la décapitation. Selon l’historien André Lachance, la peine a été exécuté par effigie en 1718.[37]

1721, 12 septembre – Françoise Cailleteau, veuve de Denys de La Vallière

Homicide conflictuel – objet contondant (assiette d’étain)

Rue de Buade, Québec – 1 SC

Catherine Charland, son ancienne cuisinière, pendue.

Le 12 septembre, Catherine, furieuse que son ancienne maîtresse, Françoise Cailleteau, raconte à qui veut l’entendre qu’elle l’avait volé avant de la congédier, se rend chez elle pour régler la situation. La rencontre s’est envenimée et des gifles ont rapidement été échangées. À un certain moment, Françoise a lancé à son ancienne servante une assiette d’étain. L’objet a manqué sa cible, mais Catherine a récupéré l’assiette pour la lancer à son tour, atteignant son ancienne maîtresse au visage. Devant Françoise, qui s’est effondrée en perdant du sang depuis ses narines et sa bouche, Catherine a pris la fuite.

Le soir, des citoyens inquiets de constater que Françoise ne sortait pas de chez elle, ont enfoncé la porte pour découvrir son corps. Selon l’historien André Lachance, la victime avait reçu un coup à la joue et un autre derrière la tête, ce qui laisse à penser que son assaillante aurait pu lui porter plus qu’un coup, et peut-être même utiliser une autre arme que l’assiette. Quoi qu’il en soit, Catherine a avoué son crime et elle a été pendue.

1723, 11 juillet – Caporal Jean dit Saint-Jean

Homicide argumentatif – objet contondant (pioche)

Montréal, île Jésus – 1 SC

Arnaud dit Léveillée, condamné à mort, …?

Arnaud dit Léveillé et le caporal Jean dit Saint-Jean travaillaient ensemble sur la ferme du marquis de Vaudreuil, dans l’île Jésus, lorsqu’une dispute a éclaté. Léveillé aurait demandé à St-Jean d’aller lui chercher un seau d’eau afin de rafraîchir le mortier, mais Saint-Jean lui a répliqué qu’il pouvait très bien y aller lui-même. Les deux hommes se sont chamaillés au point de se retrouver tous les deux au sol. Le combat s’est terminé lorsque Léveillée a assommé Saint-Jean d’un coup de pioche.[38] Ce dernier est décédé le 11 juillet 1723 à l’hôpital de l’Hôtel-Dieu.[39] Léveillé a été condamné à mort mais on ignore s’il a été exécuté.

1723, 20 juillet – Cazeau

Homicide argumentatif – arme blanche (épée)

Québec, rue Cul-de-Sac – 2 SC

Michel Duzeau, reconnu coupable de meurtre et exécuté en effigie.

En juillet 1723, alors que la barque Notre-Dame de Bonsecours appareillait pour se rendre à Québec, le contremaître Jean Vindeau a constaté que l’équipage manquait d’entrain. Plutôt que d’obéir à son commandement, quelques-uns de ses hommes ont échangé un regard avec Jean Cazeau, qui était considéré comme une mauvaise tête. L’instant d’après, Cazeau et plusieurs autres matelots se sont jetés sur Vindeau pour le rouer de coups.[40]

Michel Duzeau, capitaine en second, qui jouissait d’une force physique supérieure à la moyenne, a alors utilisé ses poings pour écarter les bagarreurs. Ainsi, il a réussi à libérer Vindeau. Une fois la querelle terminée, Duzeau s’est éloigné en recommandant au contremaître d’éviter d’utiliser la manière forte. Le navire a donc pu entamer son trajet vers Québec.

Le 20 juillet, Duzeau s’est rendu chez la veuve Duverger, qui tenait une auberge sur la rue Cul-de-Sac, à Québec. Sur place, il est tombé sur Cazeau et un autre matelot du nom de Guillaume Chameau. Immédiatement, l’officier leur a donné l’ordre de retourner au navire. Les deux hommes, qui étaient en train de souper, n’avaient aucune envie de quitter. Duzeau a donc la force pour les pousser vers la porte. Guin Fresnay, un voisin de l’auberge, a vu sortir les deux matelots qui se plaignaient de n’avoir pu terminer leur repas. Il a ensuite vu Duzeau leur crier de bien se tenir. Sur ces mots, l’attitude des deux matelots s’est transformée. Devant cette provocation, Duzeau s’est dirigé vers eux avec sa canne. Cazeau lui a porté un premier coup de hart, tandis que Chameau l’a frappé avec un bâton. On raconte que Duzeau s’est effondré en perdant la moitié de sa perruque, ce qui ne l’a cependant pas empêché de sortir son épée afin de tenir ses adversaires en respect. Malgré cette menace, Cazeau a foncé sur lui et la lame de Duzeau s’est enfoncée dans sa poitrine. Cazeau est mort peu de temps après, dans les bras d’un autre témoin de la scène.

Duzeau a été accusé de meurtre, et Chameau d’agression. Les procès se sont déroulés en l’absence des deux hommes. Chameau a été condamné par contumace à être battu et fustigé de verge sur les épaules en plus d’être flétri par un fer chaud marqué d’une fleur de lis sur l’épaule droite sur la place publique. Il devait aussi être banni pour une période de 5 ans de la ville de Québec. Quant à Duzeau, il a été condamné à mort par effigie. On perd ensuite sa trace.

1732 – Nouveau-né

Néonaticide

Québec - ? SC

Marianne Sigouin, sa mère, pendue.

Le 17 mai 1732, Marianne Sigouin a été condamnée à mort pour avoir tué son enfant. Elle a été pendue et étranglée dans la basse-ville de Québec. Son corps aurait ensuite été « jeté à la voirie ». Selon les documents judiciaires préservés à BAnQ, elle aurait tenté de cacher sa grossesse avant d’assassiner son nouveau-né. L’enfant a été retrouvé « sur le port proche de la plate-forme. »

1732 – Nouveau-né

Néonaticide

Trois-Rivières - ? SC

Marie-Anne Gendron, sa mère, pendue en effigie.

Selon BAnQ, Marie-Anne Gendron a tué son bébé avant de tenter de se suicider par pendaison. Elle a été condamnée à mort pour son crime. Le jugement exigeait que la sentence soit exécutée à Québec. Toutefois, on a aussi ordonné que soit affichée à Montréal, Trois-Rivières et Québec « l’ordonnance du Roi Henri II du mois de février 1556 concernant les femmes et les filles qui cachent leur grossesse et enfantement […] ». Selon Raymond Boyer, Marie-Anne a été pendue par effigie, ce qui laisse croire que, finalement, elle n’aurait peut-être pas survécu à son suicide.

1738, décembre – Charles Valin

Homicide cautionné par un groupe –

L’Ancienne-Lorette, région de Québec - ? SC

Jean-Baptiste Bourdin dit Montmartre, Camille Roger dit Lagarenne, Antoine Foucher dit Lajeunesse et Jacques Albert dit Vadeboncoeur, Jacques Hervé dit Lavolonté, et René Dussault dit Joyeux, accusés du meurtre, …

Charles Valin est mort lors d’une bagarre impliquant neuf soldats de la garnison de Québec. « Les soldats, semble-t-il, avaient voulu venger trois des leurs qui, quelques jours auparavant, s’étaient querellés avec des habitants du village à propos du prix d’un quartier de bœuf. »[41]

1746 – Jouéquin

Homicide à motif indéterminé

? - ? SC

Michel Charpentier, condamné par contumace.

Michel Charpentier a été condamné par contumace pour le meurtre d’un dénommé Jouéquin. Puisqu’il était apparemment introuvable, l’État s’est emparé de tous les biens de Charpentier, laissant ainsi ses enfants et sa femme, Angélique Marsan, dans la rue. C’est seulement après une requête judiciaire que la femme du meurtrier a pu retrouver ses biens et reprendre un semblant de vie normale avec ses quatre enfants.

1746, 1er mars – Joseph Hus dit Millet

Homicide argumentatif – arme blanche (sabre)

Région de Sorel – 1 SC

Olivier-Hyacinthe Pressé, condamné à mort; et Pierre-François Rigault, banni de la colonie. Après révision du procès, Pressé a été condamné aux galères à perpétuité et Rigault absout.

Le 1er mars 1746, le notaire Hyacinthe-Olivier Pressé de Trois-Rivières s’est rendu au chenal du Moine à Sainte-Anne-de-Sorel pour régler une mésentente entre Louis Lavallée et Pierre Plante dans la seigneurie de Saurel. Une fois le cas réglé, le groupe s'est arrêté à l'auberge tenue par Jean Leroux dit Provençal. Sur place, ils ont rencontré l'huissier Pierre-François Rigault qui avait aussi affaire à Sorel. Après quelques verres, Pressé s’est mis à accuser Rigault de lui avoir caché son chapeau. Pour calmer les esprits, Lavallée a invité les deux hommes à venir manger chez lui. Rigault a refusé de laisser monter Pressé dans sa carriole, forçant ce dernier à demander à Joseph Hus dit Millet de le conduire jusqu’à Yamaska.

Alors que les deux voitures passaient devant la maison de Pierre Deguire dit Desrosiers, la dispute a repris entre Rigault et Pressé. Ce dernier a sauté hors de la voiture et s’est approché avec son sabre à la main. En tentant de frapper Rigault, il a perdu l’équilibre. Rigault a esquivé la lame avec sa main, déviant la pointe du sabre dans le ventre du conducteur Joseph Hus dit Millet. On a ramené celui-ci à la maison de son père, Marc-Antoine Hus, où il est décédé de sa blessure quelques heures plus tard. Les deux bagarreurs, le notaire Olivier-Hyacinthe Pressé et l'huissier Pierre-François Rigault, ont été accusés du meurtre de Joseph Hus. Trouvés coupables, le procureur du roi à Trois-Rivières a condamné le notaire Pressé à l'étranglement et à la pendaison, tandis que Pierre-François Rigault a été condamné au bannissement de la colonie pour complicité de meurtre.

Après révision du procès, Pressé a été condamné aux galères à perpétuité et à la confiscation de tous ses biens, tandis que Rigault a été blanchi. Selon une autre source, les sentences imposées par le Procureur de Trois-Rivières ont finalement été annulées.[42]

1746, 26-27 octobre – Jean-Baptiste Truchon

Meurtre par passion – Arme blanche (hache) et objet contondant (pelle à feu)

Mascouche – 1 SC

Marie-Josèphe Éthier, sa femme, condamnée à mort par contumace.

En 1746, Jean-Baptiste Truchon, sa femme Marie-Josèphe Éthier et leurs enfants[43] venaient de s’installer à Mascouche. À l’époque où ils habitaient à l’Assomption, la femme de Truchon était tombée amoureuse d’un menuisier du nom de Saint-Maurice. Ne supportant plus d’être loin de son amant, elle a tout simplement planifié d’éliminer son mari. Une nuit, pendant qu’il dormait, elle l’a assassiné à coups de hache et de pelle à feu.

Quelques jours plus tard, après avoir pris la fuite avec son amant, Marie-Josèphe a raconté à deux inconnus les détails de son crime. Malgré cela, elle a disparu, si bien qu’on lui a fait un procès par contumace. Le 21 janvier 1747, on l’a condamné à avoir les deux poings coupés avant d’être pendue et étranglée. L’exécution a été faite par effigie. Marie-Josèphe Éthier et son amant n’ont jamais été retrouvés.

1748 – Nicolas Jacquin dit Philibert

Homicide argumentatif – arme blanche (épée)

Québec 1 SC

Pierre-Jean-Baptiste-François-Xavier Le Gardeur de Repentigny, condamné par contumace.

C’est au sujet d’un billet de logement qu’une dispute a éclaté entre Philibert et de Repentigny. Ce dernier était officier des troupes de la marine, alors que sa victime était un bourgeois. De Repentigny l’a donc tué d’un coup d’épée avant d’indemniser la veuve. Malgré cette délicate attention, il a pris la fuite pour éviter la justice. Son procès s’est fait par contumace, au terme duquel il a été condamné à mort. Selon ce que nous dit Raymond Boyer, de Repentigny serait mort en 1776 alors qu’il était devenu gouverneur de Mahé, aux Indes françaises.

1752, 6 juin – Jean Favre; et Marie Bastien

Profit personnel – arme à feu et arme blanche

Montréal – 1 SC

Jean-Baptiste Goyer dit Bélisle, leur voisin de 30 ans, exécuté.

Jean-Baptiste Goyer dit Bélisle a été exécuté à Montréal pour avoir volé et assassiné Jean Favre, le jardinier du verger Saint-Joseph, et sa femme, Marie Bastien. Goyer était menuisier et l’époux d’Anne Descaries. Selon La Tribune, qui a relaté l’affaire en 1882, Favre avait la réputation d’être riche et de garder beaucoup d’argent dans sa maison. Durant la nuit, Bélisle s’est introduit chez lui et l’a abattu d’un coup de pistolet. Il l’a ensuite achevé à l’aide d’un couteau de chasse. Marie Bastien a tenté de défendre son mari, mais ce courage lui a coûté la vie. Bélisle a été condamné à être exécuté en public sur la place du marché.

Selon Boyer, cette cause est connue sous le nom de Légende de la Croix Rouge « parce que la tombe de Bélisle, à l’angle des rues Guy et Dorchester à Montréal, est marquée d’une croix rouge. Elle existe encore aujourd’hui à la vue des passants ».[44]

1761, 7-8 mars – Charles Bélanger, 39 ans; Angélique Monarque Bélanger, 34 ou 39 ans; Charles Bélanger, 11 ou 15 ans; et Charlotte Bélanger, 11 ans

Homicide domestique/Familicide[45] – armes blanches (couteau et hache) – mise en scène – surpuissance[46]

Île Jésus, dans le rang Saint-Elzéar – 1 SC

François Paul, leur homme engagé[47], pendu.

Au cours de la nuit du 7 au 8 mars 1761, François Paul, homme engagé de la famille Bélanger du rang Saint-Elzéar de l'île Jésus, a assassiné Charles Bélanger, 39 ans; sa femme, Angélique, 34 ans; leurs fils, Charles, 11 ans; et une cousine, Charlotte Bélanger, 11 ans. Le carnage a été découvert au matin par des voisins. Charles Bélanger, qui n'était pas encore mort, a eu le temps de dénoncer Paul. Cette preuve a été suffisante pour se lancer aux trousses de ce dernier, qui a été retrouvé alors qu’il se cachait dans les bois environnants. Le suspect a aussitôt été conduit à Ville-Marie où il a été jugé et pendu. Son cadavre a été encagé et exposé aux vents durant un an en face de la maison où s’est produit le crime.

Selon Boyer, Paul était un ancien soldat des armées françaises qui avait fini par se retrouver comme garçon de ferme pour la famille Bélanger. Son motif aurait été le vol, puisqu’il voulait s’emparer des économies de Bélanger. Il a donc profité de l’absence de Charles Bélanger « pour égorger et démembrer son fils de 15 ans, Charles. Au cours de la soirée l’épouse du cultivateur, Angélique Monarque, âgée de 39 ans, et sa nièce Charlotte, âgée de 11 ans, sont rentrées à la maison et l’assassin s’est débarrassé d’eux en les assommant et les poignardant. Lorsque le maître de la maison est revenu, Paul lui a donné un coup de hache sur le crâne. » Le croyant mort, le tueur a mis le feu à la maison avant prendre la fuite dans les bois. Le brasier a alerté les voisins, ce qui a permis à ceux-ci de découvrir Charles Bélanger avant qu’il ne meurt.

Il s’agit vraisemblablement du premier familicide commis en sol québécois et aussi de la première cause de meurtre instruite sous le régime britannique.[48]

1763, 27 janvier – Louis-Étienne Dodier, 28 ans

Homicide domestique par une conjointe/conflictuel[49] – arme piquante (fourche)

Saint-Vallier – 1 SC

Marie-Josephte Corriveau, épouse de la victime, reconnue coupable et exécutée.

Son premier mari étant mort le 25 avril 1760, en pleine tourmente de l’invasion anglaise, Marie-Josepthe Corriveau s’est remariée le 20 juillet 1761 avec Louis Dodier.[50] Selon les auteurs Ferland et Corriveau, le couple vivait dans une situation aisée sans pour autant être dans le luxe. Toutefois, une rivalité s’est installée entre Dodier et le père de sa femme, si bien que leurs disputes ont alimentés les ragots. Selon les mêmes auteurs, le caractère violent de Joseph Corriveau était bien connu, au point d’échanger des menaces sérieuses à l’endroit de son gendre. « Une hache à la main, Corriveau se précipite sur Louis Dodier. Ce dernier se retire mais revient aussitôt, armé d’un bâton, et déclare « Frappe, mais manque pas ton coup parce que, si tu me manques, moi, je ne te manquerai pas! » Le beau-père s’empare alors d’une houe et tente de blesser son gendre, mais celui-ci esquive l’attaque et s’empare de l’instrument. L’intervention d’un certain Labrecque met fin à la dispute. »

De plus, la violence conjugale engendrée par le comportement de Dodier aurait fait fuir Marie-Josephte en décembre 1762. « À la fin de janvier 1763, le père Corriveau se rend une fois de plus auprès d’Abercrombie pour se plaindre de son gendre et, insatisfait de l’attitude du major, se retire en marmottant que les choses finiront mal. Prophétie ou menace? Le lendemain matin, le jeudi 27 janvier 1763, Louis Dodier est retrouvé sans vie dans sa grange, baignant dans son sang, avec plusieurs blessures à la tête. Il avait environ 28 ans. »[51]

Les soupçons se portent aussitôt sur Joseph Corriveau, d’autant qu’on s’est empressé d’inhumer le corps. D’autre part, les rumeurs ont fini par cibler la veuve. Selon un sergent qui a examiné le corps, les blessures à la tête de Dodier étaient attribuables à un coup de fourche. Le gouverneur James Murray « […] découvre quatre blessures à la tête. La première, à proximité de la lèvre supérieure, s’enfonce dans la chair et l’os de la mâchoire. La seconde est une plaie profonde juste sous l’œil, profonde de quatre pouces. Les deux dernières ont fracassé le côté gauche du crâne. La mâchoire inférieure est fracturée, bien que les coups ne soient pas apparents. Fait troublant, les quatre plaies sont à égale distance (trois pouces) l’une de l’autre. »

À la fin de février, on a procédé à l’arrestation de Joseph Corriveau et de sa fille. Le procès a débuté le 29 mars 1763. Les deux accusés étaient défendus par Jean-Antoine Saillant, un avocat qui, cependant, n’avait pas le droit de contre-interroger les témoins. Contrairement aux lois sous le régime français, le système britannique amène la présomption d’innocence, mais en cette période de transition, le père et sa fille ont été jugés sous la loi militaire. Les deux accusés ont été condamnés.

Joseph Corriveau a fini par faire une confession selon laquelle il prétendait s’être accusé pour protéger sa fille. Un nouveau procès a donc eu lieu le 15 avril, et il semble qu’on ait réussi à arracher des aveux à Marie-Josephte Corriveau. Le jour même, elle a été reconnue coupable. Elle a été pendue le 18 avril. Son corps a ensuite été enfermé dans une cage et exposé aux passants. Marie-Josephte Corriveau est devenue la source de nombreuses légendes et produits de la culture. La cage dans laquelle son corps a été exposé a été retrouvée au Massachusetts en 2011. On l’a rapatriée au Québec avec l’aide de la Société d’histoire régionale de Lévis.

1765, 12 août – Thomas Walk

Homicide à motif indéterminée – arme à feu

Château-Richer, Québec – 2 SC

Non élucidé.

Le 12 août 1765, Thomas Walk a été atteint d’un projectile d’arme à feu tiré par un inconnu. Ce meurtre s’est produit dans la paroisse de Château-Richer, à Québec. Selon le rapport du coroner, le projectile l’a heurté derrière l’oreille droite pour ressortir au-dessus de son œil droit. Walk aurait survécu durant une heure avant de rendre l’âme.[52]

Selon La gazette de Québec[53], Walk avait séjourné 16 mois à Château-Richer dans la maison de Pierre Gravel. On le disait déserteur et cinq hommes étaient à ses trousses. On a vu Walk marcher devant deux hommes armés de fusils, l’un d’eux l’a mis en joue et lui a tiré dans la tête. Un jeune homme aurait été témoin du crime. Les hommes armés ont ensuite abandonné le corps de Walk dans une grange, où il s’est éteint une heure plus tard. Le coroner a conclu qu’il s’agissait d’un meurtre commis volontairement.[54]

1765, 5 novembre – William Lloyd

Homicide à motif indéterminé – arme à feu

Québec, Porte Saint-Louis – 1 SC

Non élucidé. Lieutenant Hugh D. Hardin, responsable selon le coroner, …?

            À la suite du meurtre de William Lloyd, le coroner Werden a demandé qu’on appréhende le lieutenant Hugh D. Hardin, du 28e Régiment. Ce dernier a été reconnu coupable responsable du meurtre de Lloyd, qui faisait partie du 52e Régiment de Sa Majesté. Selon le témoignage d’un soldat de 27 ans, il se trouvait à la porte Saint-Louis lorsqu’il a vu les soldats Harrison et Hutchinson s’approcher en supportant le corps d’un homme en uniforme (William Lloyd). Il a constaté que la baïonnette de Lloyd n’était plus dans son fourreau. Selon un autre militaire, commandant à la porte Saint-Louis, un coup de feu a été tiré vers 14h50 depuis un fusil à double canon. Lorsqu’il est sorti avec trois autres hommes, ils ont découvert le corps de Lloyd.

            On ignore cependant si des poursuites judiciaires ont été entamées contre le prétendu tueur.

1766, 3 février – Fillette âgée de 3 semaines

Filicide

Québec, Hôtel-Dieu – 1 SC

Marie Dupré, sa mère de 22 ans, tenue criminellement responsable.

            Selon l’enquête du coroner, qui s’est tenue le 5 février 1766, c’est une dénommée Marie-Louise Parent[55] qui a découvert le corps d’un bébé en ouvrant la porte principale de l’Hôtel-Dieu, vers 6h30 au matin du 3 février 1766. Sous le choc, elle a d’abord refermé la porte pour aller transmettre la nouvelle à une supérieure. Ensemble, les deux femmes sont revenues trois minutes plus tard pour voir l’enfant, qui gisait dans la neige. Le bébé de sexe féminin était complètement gelé. Le corps a donc été confié à un servant du nom de Louis Roberge.

            L’enquête a permis de découvrir que la mère de l’enfant se nommait Marie Dupré, âgée d’environ 22 ans. Au cours des trois dernières années, elle aurait eu deux autres enfants avec un soldat du nom de Hamilton. Quant à la fillette retrouvée morte le 3 février, et qui était probablement un autre enfant de Hamilton, elle était née le 12 janvier 1766. C’est une dispute entre la Marie Dupré et Hamilton qui a provoqué les choses, car Hamilton venait de lui annoncer qu’il allait devoir partir au printemps avec le 28e Régiment. Au soir du samedi 2 février, vers 19h00 ou 20h00, Ann Stewart, qui habitait près de l’Hôtel-Dieu, a entendu au loin le cri d’un bébé. Marie Dupré a admis sous serment qu’elle était alors en train de confier l’enfant à John Berry, un autre soldat du 28e Régiment, et à qui elle avait demandé de se débarrasser de l’enfant devant l’Hôtel-Dieu, espérant qu’on le trouverait rapidement. Lorsqu’il a été retrouvé le lendemain matin, tout ce qui accompagnait le bébé était une carte sur laquelle on avait écrit : « enfant pas baptisé ».

1766, 1er mai – John Gagnon

Homicide par négligence criminelle – arme à feu

Baie Saint-Paul – 1 SC

Amie, …?

Selon le témoignage d’un certain Andrew (Tibo?), qui a comparu à l’enquête du coroner tenue le 26 mai 1766 à Baie Saint-Paul, des hommes s’amusaient à se tirer dessus avec des armes chargées uniquement avec de la poudre. Toutefois, une décharge que l’on a attribuée à de la « mauvaise poudre », a finalement causé une blessure de 7 à 8 pouces dans la cuisse gauche de John Gagnon. Il est mort au bout de son sang en une trentaine de minutes. Un certain Amie[56] a été arrêté mais on ignore s’il a été accusé.

1767 – Hannah McCook

Homicide à motif indéterminé – Objet contondant (bâton)

Québec - ? SC

George Norton, coupable d’homicide involontaire.

En août 1767, George Norton, soldat du 52e Régiment, a été trouvé coupable d’homicide involontaire dans l’affaire du meurtre de Hannah McCook.[57] Selon l’enquête de coroner, Norton aurait utilisé un bâton pour la frapper à la tête, ce qui lui a fracturé le crâne. La blessure mortelle apparaissait du côté gauche de la tête.

1769, 16 juin – Jacob Shively

Homicide à motif indéterminé –
Non élucidé.

Selon l’enquête du coroner John Burke, Jacob Shively a été victime d’un homicide involontaire. On sait seulement que son décès a été causé par des blessures internes.

1769, 3 août – Pierre Mazurier

Homicide à motif indéterminé –

Région de Montréal - ? SC

Non élucidé. Louis Bourgoin dit Versaille, et al., …

Selon l’enquête du coroner, qui est difficile à lire, un certain Louis Bourgoin dit Versailles et plusieurs autres hommes ont été reconnus responsables de la mort de Mazurier. Le crime aurait été commis volontairement, ce qui indique que l’affaire a probablement été préméditée. Cependant, on ignore le résultat des procédures judiciaires entreprises par la suite à l’endroit des présumés meurtriers.

1777 – John Newel

Homicide à motif indéterminé – Arme blanche

Montréal, Porte Récollet – 1 SC

Non élucidé.

Newel, un soldat du 47ème Régiment, a été poignardé dans le dos à Montréal par un Amérindien qui, apparemment, n’a jamais été identifié. Selon le coroner, Newel a été vu vivant pour la dernière fois vers 23h30 alors qu’il était sentinelle de garde à la Porte Récollet. Le soldat David McKenzie a témoigné à l’effet qu’il avait entendu un bruit. Avant de mourir, John a eu le temps de dire qu’il avait été poignardé dans le dos par un Indien, après quoi ses amis ont tenté de le transporter à l’intérieur. Il est mort peu de temps après.

1780, 4 janvier – William Stead

Homicide commis lors d’un vol – objet contondant?

Québec – 1 SC

Non élucidé.

Selon l’enquête du coroner, qui a été tenue dans la maison d’une certaine Mme veuve Fitzgerald à Québec, William Stead était capitaine de la marine. On l’a retrouvé le 30 décembre 1779 alors qu’il était encore vivant mais gravement blessé. On a constaté qu’il avait reçu un ou plusieurs coups, dont un sur la tempe droite. Lorsque le Dr Richard Dean du 31e Régiment est venu l’examiner, celui-ci a décelé une fracture du crâne. Stead n’a pas eu le temps de dire ce qui lui était arrivé avant de mourir.

Un autre médecin a découvert une blessure d’une longueur d’environ deux pouces sur le côté gauche de la tête. Il croyait que cette plaie avait été causée par une baïonnette. À ce médecin, Stead a eu le temps de dire qu’il avait été attaqué par deux hommes. En reprenant ses esprits, il a constaté que les deux assaillants lui avaient volé sa montre en argent. Stead a finalement succombé à ses blessures le 4 janvier vers 22h00. Le jury du coroner a donc conclu que Stead a été tué par des personnes inconnues.

1780, 4 avril – Leblanc Rivet

Profit personnel – arme blanche (hache)

Saint-Antoine-sur-Richelieu – 2 SC

Non élucidé.

Le corps de Leblanc Rivet a été trouvé dans une rivière. Au matin du 4 avril 1780, on  l’a vu en compagnie d’un jeune homme âgé de 17 ou 18 ans. Lorsqu’on a découvert son cadavre, on a compris qu’il avait été tué de plusieurs coups de hache à la tête. Selon un témoin, Rivet aurait peut-être été tué pour l’argent qu’il transportait dans ses poches.

1781, 14 mai – Michel Potevin

Homicide à motif indéterminé – arme à feu

Québec - ? SC

Boily, accusé de meurtre, …

Selon l’enquête de coroner, un dénommé Boily a été arrêté et ramené à Québec pour le meurtre de Michel Potevin. Ce dernier a été victime d’un tir de pistolet. Le projectile a fait son entrée par l’œil gauche. L’arme du crime a été retrouvée dans un petit bateau.

1784, 2 janvier – Ann Menzies

Homicide sexuel – viol

Québec, Beauport – 1 SC

Non élucidé.

Selon l’enquête du coroner, préservée à BAnQ, et qui s’est tenue à Beauport, on sait que la victime a été retrouvée près de « la route qui mène à la montagne », à quatre ou cinq arpents de l’habitation d’un certain Joseph Denis. Le corps d’Ann Menzies se trouvait contre un pieux de cèdre, étendu sur le dos, les deux mains dans les airs. Selon le coroner Stuart, ses mains indiquaient une posture de défense. Il est difficile de décrire adéquatement le contenu du rapport, mais on constate qu’une importante quantité de sang a été retrouvé sur sa chemise. Le corps aurait été découvert seulement le 1er janvier, vers 17h00, alors qu’on croyait que la victime aurait pu être mêlée à un événement quelconque qui s’était produit le 30 décembre 1783. À cause d’une tempête de neige, on a été incapable de déceler la moindre trace suspecte de la scène de crime. Cependant, deux endroits dans la neige semblaient dire que la victime était tombée ou avait été poussée. Le coroner a conclu qu’Ann Menzies a été violée par un ou des inconnus.

Il s’agit du plus ancien homicide sexuel répertorié par le DHQ.

1792 – personne non identifiée

Homicide à motif indéterminé

Québec – ? SC

Hugh Frafer, reconnu coupable d’homicide involontaire.

En septembre 1792, un dénommé Hugh Frafer a été reconnu coupable d’homicide involontaire. Un marchand de Québec du même nom apparaît à quelques reprises dans la Gazette de Québec entre les années 1767 et 1791, mais il n’a pas été possible de confirmer s’il s’agit du même homme. On ignore tout à propos des circonstances entourant son crime.

1792, 20 septembre – veuve non identifiée

Homicide à motif indéterminé – arme blanche (20 coups de couteau)

Québec, rue des Arcis – ? SC

Joseph Gras, condamné à 20 ans aux fers.

Selon The Quebec Magazine d’octobre 1792, une veuve non identifiée a été assassinée le 20 septembre 1792 sur la rue des Arcis, à Québec. Elle a été frappée de 20 coups de couteau, dont 12 lui ont été donnés par derrière. Un dénommé Joseph Gras a été accusé du crime. Toutefois, le procès n’a pas été en mesure de prouver la préméditation. Ainsi, Gras a été condamné à 20 ans aux fers. Il devait également être attaché à un poteau et exposé sur la place de Grève durant six heures.

1793 – personne non identifiée

Homicide à motif indéterminé –

Québec - ? SC

Non élucidé. Louis Braban dit Lamie, accusé de meurtre, recherché, …?

Dans The Quebec Gazette du 30 mai 1793, le seul journal qui mentionne son existence, on souligne que Louis Braban dit Lamie était recherché pour meurtre. On le décrivait comme un homme de 5 pieds et 10 pouces à la peau brune, les cheveux bruns, portant un manteau bleu, des souliers canadiens et un chapeau rond. Dans son numéro du 16 mai, le même journal annonçait que Braban s’était évadé au matin du 12 mai 1793. On recherchait également John Hitlenger, un soldat, pour cambriolage, et un Noir du nom de Jacob Simpson pour vol, sans toutefois préciser si ces trois évadés avaient un lien entre eux. Cette annonce a été publiée à tout le moins jusqu’en juillet 1793. Par la suite, le nom de Braban n’apparaît plus.

1793, 2 janvier – Antoine Sérindac

Homicide commis lors d’un vol –

Québec – 1 SC

Jean Tessier et Joseph Dupéré, arrêtés. Aucun autre développement connu.

Selon La Gazette de Québec, Antoine Sérindac a été frappé par quelqu’un qui souhaitait le voler. Toutefois, son agresseur n’aurait pas eu le temps de lui faire les poches puisque les cris poussés par la servante du Capitaine Le Maître ont fait fuir le voleur. Sérindac a cependant succombé à ses blessures. On le disait apprécié par de nombreuses personnes. Jean Tessier et Joseph Dupéré ont été arrêtés en lien avec le crime, mais on ignore ce qu’est devenu le dossier par la suite.

1793, 17 avril – James Molley

Homicide à motif indéterminé –

Québec - ? SC

Non élucidé.

Selon le coroner John Burke, Molley a été victime d’un homicide involontaire « à la suite de coups reçus lors d’une bataille », dans le district de Québec. Il nous a malheureusement été impossible d’en apprendre davantage.

1793 – personne non identifiée

Homicide à motif indéterminé –

Trois-Rivières – ? SC

Michel Whilan, acquitté d’homicide involontaire.

Un dénommé Michel Whilan a été accusé d’homicide dans le district de Trois-Rivières. On ne connaît rien des circonstances de cette affaire, mais on sait qu’il a été acquitté.[58]

1793, 8-9 décembre – Benjamin Dionne, 25 ans

Homicide à motif indéterminé – arme blanche?

Québec - ? SC

Michel (?[59]), criminellement responsable. Aucun autre développement connu.

Selon l’enquête de coroner, c’est un certain Michel qui a frappé Benjamin Dionne dans la partie gauche de la poitrine, possiblement avec une arme blanche puisque le coup a créé une plaie de 3 pouces de profondeur. Selon une base de données en généalogie, Dionne était marié à Angélique Regis Fournier. Il serait né le 8 juillet 1768 à La Pocatière. On ignore ce qui est advenu du tueur.

1794, octobre-1795, 25 avril – Patrick Cain

Homicide à motif indéterminé – arme blanche

Québec, Cap-Diamants - ? SC

Non élucidé.

Selon l’enquête du coroner Woolsey, qui s’est tenue dans la taverne de Christopher Brant, à Cap-Diamants, Patrick Cain était un soldat du 60e Régiment. Le 25 avril 1795, on a retrouvé son corps dans un puits, sur le Cap-Diamants, à Québec. Le coroner a conclu qu’il avait été tué par une ou plusieurs personnes inconnues. C’est un soldat du même régiment répondant au nom de William Rowbyback qui a fait la découverte du cadavre vers midi. Il avait d’abord aperçu une partie de la cuisse à la surface de l’eau. Le puits était situé près des baraquements. Selon un autre témoin, Cain était disparu depuis octobre 1794 et on ne croyait pas qu’il avait déserté.

Le Dr George Langman de Québec a constaté que le corps portait une plaie dans la partie supérieure de la poitrine. Cette blessure n’avait pas atteint la cavité du cœur, mais elle aurait été causée par un objet piquant. Il semble que le ou les responsables de ce meurtre n’ont jamais été identifiés.

1795, 9 mai – Brigit Cavanagh

Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – arme blanche (baïonnette)

Québec - ? SC

Charles Cavanagh, son mari, reconnu criminellement responsable.

L’enquête du coroner sur la mort de Brigit Cavanagh s’est déroulée dans une casemate située près de la porte Saint-Louis, à Québec, le 5 novembre 1795. Brigit était l’épouse du soldat Charles Cavanagh, qui a été tenu criminellement responsable de sa mort. Le crime remontait au 9 mai 1795. Ce jour-là, Charles a tué sa femme de deux coups de baïonnette dans le côté droit de la poitrine. On ignore ensuite ce que la justice lui a réservé comme traitement.

1795, ?-1er novembre – Homme non identifié

Homicide à motif indéterminé – Mutilation

Baie-du-Fèvre, Trois-Rivières – 2 SC

Non élucidé.

Selon une enquête de coroner réalisée dans la maison d’un dénommé Jacques Cloutier à Baie Saint-Antoine (Baie-du-Fèvre), dans le district juridique de Trois-Rivières, un autochtone du nom de Joseph Constance a trouvé le cadavre d’une personne non identifiée aux abords de la rivière Nicolet le 1er novembre 1795 et s’est empressé de venir partager sa découverte avec un certain Capitaine Houde. Constance est retourné sur les lieux avec Houde et d’autres hommes pour découvrir que le corps avait été décapité et démembré, en plus d’avoir été poignardé à plusieurs reprises au ventre. Le 5 novembre, le coroner a conclu qu’il s’agissait d’un meurtre. Il a noté que la victime avait eu la tête coupée, ainsi que les deux bras, la jambe gauche coupée dans « la jointure du genou et la chair fendue ». La jambe droite a été coupée au niveau de la hanche. Tous les membres sectionnés n’ont apparemment jamais été retrouvés. Selon Houde, la mort pouvait remonter jusqu’à trois semaines.

1796, 5 mai – Jean Marchand; et Marguerite Debord

Homicide à motif indéterminé –

Québec - ? SC

Non élucidé.

Jean Marchand et Marguerite Debord ont été assassinés place du marché à Québec par des inconnus. Une récompense de 50 guinées a été offerte pour retrouver les assassins. Selon The Quebec Gazette du 19 mai 1796, les corps des victimes ont été inhumés dans « le bourg de William Henry dans la Province du Bas-Canada. » L’avis de récompense a été publié à quelques reprises au cours de l’été 1796, mais on ne fournissait aucun détail sur les circonstances du crime.

1797, 26 septembre – John Ogilby

Homicide à motif indéterminé – arme à feu (pistolet)

Québec - ? SC

Non élucidé.

Selon l’enquête du coroner Woolsey, John Ogilby était lieutenant dans le 26e Régiment. Le 24 septembre 1797, il a été atteint par un tir mortel de pistolet. Le projectile a pénétré dans la partie droite de son ventre, juste au-dessous du nombril, avant de ressortir du côté gauche. Le document ne permet pas de connaître les circonstances du crime. Il semble que le tireur n’ait jamais été identifié.

1800, 22 février – Johanna Carson

Homicide à motif indéterminé – battue à mort

Québec – 1 SC

Richard Kelly, criminellement responsable. Aucun autre développement connu.

Selon l’enquête du coroner, Johanna Carson était la veuve de Henry Carson, ancien soldat du 24e Régiment de sa Majesté. Richard Kelly, soldat du 26e Régiment, a attaqué sauvagement Johanna pour un motif que nous ignorons. Il l’a battu au point de lui causer des blessures mortelles, dont l’une à la tempe gauche. Après avoir commis son crime, il aurait erré sur place jusqu’à ce que Johanna agonise complètement, vers 3h00 du matin.

À noter que dans La Gazette de Québec, au cours des semaines qui ont précédées le meurtre de Johanna Carson, on invitait tous les créanciers de son défunt mari à venir remettre ce qu’ils devaient à la succession.

1801, 28 janvier – Alexis Lamarre

Meurtre par vengeance? – par noyade

Québec, quai de la Reine – 1 SC

Non élucidé. Joseph Poiré, acquitté.

Les amis Alexis Lamarre et Joseph Poirée habitaient dans la même maison, dans le district de Québec. Au cours de l’automne 1800, Lamarre a confié à Poiré une certaine quantité de morue destinée à la vente. Après avoir vendu le poisson, ce dernier s’est servi de l’argent pour acheter du tabac. C’est ce qui a créé une dispute entre les deux hommes. La première altercation aurait eu lieu le 12 décembre 1800. En plus d’échanger des coups, Poiré aurait lancé : « mon sacré gueux, tu ne mourras jamais d’autre main que de la mienne. » Le 14 janvier 1801, au cours d’un autre affrontement, Lamarre s’est servi d’un bâton pour frapper Poiré. Ce dernier aurait alors commencé à se comporter docilement, comme si leur amitié avait soudainement retrouvé ses couleurs d’autrefois.

Le 28 janvier, c’est à bord du même canot que Poiré et Lamarre débarquaient à Québec. Le premier geste de Poiré a été de visiter le quai de la Reine. Au cours de la matinée, on les a vu ensemble en différents endroits. Un peu avant midi, dans la rue Saint-Pierre, près de chez McCullum, Poiré était en train de bavarder avec le passager Baron au moment de dire à Lamarre : « Lamarre, viens ici, je veux te parler. » Lamarre s’est approché pour le suivre jusqu’à la maison de McKenzie, près du quai de la Reine. La dernière fois qu’on les a vus ensemble, Lamarre et Poiré se tenaient au bord du quai, tout près de l’eau. Le temps d’entrer chez lui pour prendre une brassée de bois, Nicolas Lemage a été averti par un ami du fait que Lamarre venait de tomber à l’eau. Michel Campagnard, un autre témoin, aurait vu de ses yeux Poiré mettre ses mains sur les épaules de Lamarre pour le pousser dans les eaux glaciales du fleuve. Campagnard a aussitôt couru dans cette direction, où il a eu le temps de voir Poiré remonter au bord du quai et passer « par-dessous le porche vers le Cul-de-Sac. » Quant à lui, Lemage est arrivé au bord du quai seulement pour voir Lamarre disparaître sous l’eau.

Arrêté dans le faubourg Saint-Jean, Poiré a admis s’être retrouvé sur le quai avec Lamarre mais il a aussi affirmé que ce dernier s’était noyé lui-même. Le procès de Joseph Poiré s’est ouvert le 28 mars 1801 devant les juges Williams et De Bonne. Les jurés ont délibéré durant deux heures avant de rendre un verdict d’acquittement.

1801, 1er septembre – Michael Impey

Homicide à motif indéterminé – arme à feu (pistolet)

Québec - ? SC

George Willis, lieutenant du 6e Régiment, criminellement responsable, aucun autre développement connu.

            Le 1er septembre 1801, George Willis a tiré un coup de pistolet sur Micheal Impey, l’atteignant au ventre, à environ deux pouces du nombril. Impey est décédé le lendemain. Les deux hommes faisaient partie du 6e Régiment, mais on ignore tout à propos des circonstances qui ont conduit à ce crime.

1807, 5 juillet – Jean-Baptiste Crevier-Deschenaux

Homicide à motif indéterminé[60] – arme à feu

Nicolet – 1 SC

Campbell et Joseph Manuel, pendus.

Deux déserteurs du 49e régiment, dont l’un s’appelait Campbell et l’autre Joseph Manuel, se sont réfugiés dans une grange de Nicolet. Tout ce qu’ils avaient avec eux était un fusil, de la poudre et des balles. Le 5 juillet, ils ont trouvé refuge dans la grange d’un dénommé Rousseau à Nicolet.

Rapidement, ils ont été cernés par une trentaine d’hommes de la milice des Trois-Rivières. Les deux déserteurs ont d’abord résisté. Manuel, un espagnol, refusait de se rendre et menaçait quiconque de venir le chercher par la force. Noble, qui connaissait bien Campbel, leur a finalement donné un ultimatum de 30 minutes pour se rendre. Avant la fin du délai, cependant, Campbell  et Manuel les ont appelé pour négocier une reddition. En s’approchant, Noble a alors demandé aux deux fugitifs de rendre leur arme. Crevier-Deschenaux et Antoine Fleurians se tenaient à une quarantaine de pieds de la porte lorsqu’un coup de feu a claqué en provenance de cette même porte. Crevier-Deschenaux s’est écroulé sur place. On aurait découvert plus tard que trois projectiles l’avaient atteint. Il a été touché en pleine poitrine.

Devant ce drame, les autres militaires ont pris la fuite. Le lendemain, les Fencibles, une escorte du régiment cantonné à Trois-Rivières, a attrapé les déserteurs. Après son procès, qui s’est tenu à Trois-Rivières, Campbell et Manuel ont été reconnus coupables. Après les prières d’usages, Campbell aurait remis une note au shérif dans laquelle il disait que le coup fatal avait été tiré par Manuel mais que c’était seulement dans le but de leur faire peur. Finalement, Campbell et Manuel ont été pendus à Trois-Rivières sans qu’on mentionne le lieu précis.[61]

1807, 13 septembre – Simon Latresse, 25 ans

Homicide à motivation socio-politique – arme à feu (pistolet)

Québec, faubourg Saint-Jean – 1 SC

Non élucidé. Matelot non identifié sous les ordres du lieutenant Andrel, du vaisseau Le Blossom.

            Un certain samedi soir, Simon Latresse était en train de danser dans le faubourg Saint-Jean, à Québec, lorsque des hommes de la presse des matelos – selon une loi adoptée en 1799, on pouvait forcer de jeunes hommes à travailler sur des navires lorsqu’on manquait de matelots – qui agissaient sous les ordres du lieutenant Andrel, du vaisseau Le Blossom, ont fait leur entrée dans l’établissement. Latresse a pris la fuite et un marin l’a abattu d’un coup de pistolet. On l’a transporté à l’Hôtel-Dieu de Québec, où il a succombé à sa blessure. Il laissait dans le deuil sa vieille mère de 75 ans qu’il supportait financièrement. Selon Boyer, Le Blossom, commandé par George Picket, a quitté le port de Québec sans avoir livré le fautif aux autorités, ce qu’il était pourtant tenu de faire. Le tireur n’a donc jamais été identifié. Le drame aurait tellement marqué les habitants de Québec qu’on a composé des poèmes et des complaintes en l’honneur de Latresse.

1808, 3 septembre – Rachel Craig

Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – battue à mort

Québec, rue des Ursulines – 1 SC

Son mari, accusé de meurtre. Aucun autre développement connu.

Selon La Gazette de Québec[62], le corps de Rachel Craig a été trouvée au rez-de-chaussée d’une maison située sur la rue Des Ursulines, à Québec. Elle portait plusieurs ecchymoses, en particulier sous la poitrine. Ces blessures semblaient être le résultat de coups violents. De plus, on l’aurait frappée derrière la tête. Selon la fille de Rachel, c’est son père qui était le meurtrier. D’ailleurs, l’homme avait pour habitude d’entretenir un climat de violence conjugale. Le coroner a conclu à un meurtre. Le mari, dont nous ignorons l’identité, a aussitôt été renvoyé pour subir son procès. Toujours selon la Gazette, il semble qu’un de ses enfants, âgé de 9 mois soit resté avec la victime jusqu’à ce qu’on découvre la scène de crime. Ce jeune enfant n’a pas survécu.

1809, 11 mars – Jean Côté

Homicide à motif indéterminé – objet contondant (morceau de bois)

Québec - ? SC

François Daigle, tenue criminellement responsable. Aucun autre développement connu.

            Selon l’enquête du coroner, qui s’est tenue le 22 mars 1809 dans Lotbinière, François Daigle s’est servi d’un morceau de bois pour attaquer Jean Côté, le frappant principalement à la tête et au visage. Côté serait décédé environ une heure après l’agression.

1809, 17 mars – Frédérick Lindsay

Homicide argumentatif – objet contondant (fouet pour chevaux)

Québec – 1 SC

John Dillon, tenu criminellement responsable. Aucun autre développement connu.

Selon l’enquête du coroner, tenue le 24 mars 1809, l’incident est survenu dans une taverne de Québec. Lindsay aurait demandé à un certain John Dillon, servant du colonel Caldwell, à qui il appartenait. Dillon a répondu qu’il appartenait au colonel, mais Lindsay a répliqué que Caldwell n’employait jamais d’homme honnête. Pour le faire taire, Dillon a alors utilisé un fouet pour chevaux. Il a tellement battu sa victime que Lindsay en est mort le lendemain.

1809, 8 juin – Thomas Small

Homicide à motif indéterminé –

Québec - ? SC

John Murphy, criminellement responsable. Aucun autre développement connu.

Selon l’enquête du coroner, Thomas Small est mort suite à des blessures que lui a infligées John Murphy. Celui-ci l’a frappé derrière la tête.

1810, 6 octobre – Charlotte Hamelin

Homicide sexuel – strangulation – viol

Québec, Côte d’Abraham – 1 SC

Non élucidé. Un soldat du 8e Régiment qui n’a jamais été retrouvé.

Le 6 octobre 1810, le coroner John William Woolsey a procédé à une enquête sur le corps de Charlotte Hamelin, une femme d’origine autochtone qui a été violée et étranglée dans la ville de Québec. Selon l’enquête du coroner, l’agression est survenue tard dans la soirée du 5 octobre sur Côte d’Abraham et Charlotte est décédée vers 3h00 dans la nuit du 6 octobre. Toutefois, avant de mourir, un docteur militaire l’a conduite à la résidence de Louise Lepage, épouse de Joseph Lepage, où elle a eu le temps de faire une déclaration. En fait, elle était supportée par deux soldats qui la tenaient par les bras. Selon les indices qu’elle nous a laissé avant de succomber, Charlotte aurait reçu un dollar d’un matelot qu’elle a dissimulé sous une pierre et c’est ensuite qu’elle a été attaquée par un soldat du 8e Régiment. Voilà qui pourrait laisser penser qu’elle vivait des fruits de la prostitution, ce qui pourrait venir brouiller le verdict de viol prononcé par le coroner.

Le soldat du bataillon du 8e Régiment qui l’a agressé n’a jamais été retrouvé ni même identifié.

1818, août - Nouveau-né

Néonaticide -

1818, août – Nouveau-né

Néonaticide –

Gentilly - ? SC

Louise Ouellette, sa mère, aucun autre développement connu.

Le 27 août 1818, une enquête de coroner a début et s’est terminé le lendemain sur la mort d’un nouveau-né. Le jury du coroner a déterminé qu’il s’agissait d’un meurtre prémédité et commis par Louise Ouellette, sa mère. Par ailleurs, Gaspard Demers, Marguerite Bronsard et un certain François Vidal ont été envoyé en prison pour complicité.

            Les 27 et 28 août 1818, une enquête de coroner s’est tenue sur la mort d’un enfant nouveau-né dont le sexe n’a pas été mentionné. Le jury du coroner a rendu un verdict selon lequel il tenait criminellement responsable la mère de l’enfant, Louise Ouellette. Le journal L’Aurore avait aussi été informé que Gaspard Demers, Marguerite Bronsard et un certain François Vidal  ont aussi été désigné comme des complices. Malheureusement, il n’a pas été possible d’en apprendre davantage sur la suite du dossier.

1822? – personne non identifiée

Homicide à motif indéterminé –

Montréal - ? SC

William Clarke et James Gamm, 6 mois de prison.

Parmi les sentences prononcées à Montréal en novembre 1822, on retrouve William Clarke et James Gamm, reconnus coupable d’homicide. Les deux hommes ont écopé de 6 mois de prison, en plus de devoir être marqués le 20 décembre.[63] On ignore tout à propos des circonstances entourant leur crime, y compris l’identité de leur victime.

1822, 17 mai – Mary McDonald

Homicide à motif indéterminé –

Montréal, rue Notre-Dame – 1 SC

Jeremiah Ryan, condamné à être pendu, …?

            Le nom de Jeremiah Ryan apparaît dans La Gazette de Québec en novembre 1822 comme un homme ayant été condamné à mort pour meurtre.[64] Selon le témoignage de John Barnet, il aurait reçu un coup sur la tête de la part de Ryan ou d’un certain Thomas Morin. Barnet était incapable de se souvenir de la conversation qui a précédé ce coup, mais le lendemain matin on lui a appris que sa femme, Mary McDonald, était morte. Il n’avait aucune idée de ce qui aurait pu motiver quelqu’un à tuer sa femme.[65] On ignore si la sentence a été exécutée.

1823? – personne non identifiée

Homicide à motif indéterminé –

Montréal – ? SC

William Blair, William Daley et James Conoll, 6 mois de prison pour homicide simple.

Parmi les sentences prononcées en septembre 1823 pour le district de Montréal, on retrouve une mention selon laquelle William Blair, William Daley et James Conoll ont été reconnus coupables pour homicide simple. Les trois ont écopé de 6 mois de prison, en plus de devoir être marqués au fer rouge.[66]

1824, 1er février – Charles Robert dit Langlois

Homicide argumentatif – arme blanche (hache)

Québec, Charlesbourg – 1 SC

Bourbeau, aucun développement connu.

Le 1er février 1824, Charles Robert dit Langlois s’est rendu chez un journalier du nom de Bourbeau, qui demeurait près de l’église, à Charlesbourg. Il souhaitait s’arranger avec lui concernant une coupe de bois. À son arrivée, il a entendu Bourbeau se disputer avec sa femme tout en utilisant le nom de Langlois. Une bagarre a éclaté, au cours de laquelle Bourbeau a donné un coup de hache dans le ventre de Langlois, lui causant une blessure d’une longueur d’environ 9 pouces. La plaie a même laissé sortir ses entrailles. Des médecins ont été appelés sur les lieux, mais Langlois est mort peu de temps après.

Bourbeau a été arrêté sur-le-champ, mais on ignore ce que lui a réservé le système judiciaire.

1825, 18 mars – Antoine Dubuc

Homicide à motif indéterminé – hachette

Région de Saint-Pierre-les-becquets – ? SC

Noël François, pendu.

En 1825, Antoine Dubuc a été tué dans la région de Saint-Pierre-les-Becquets. Selon le dossier judiciaire, il a été tué par un cultivateur du nom de Noël François, qui a agis « à l’instigation du démon le dix-huitième jour de mars. »  François l’aurait frappé avec une hachette sur le côté droit de la tête, lui infligeant une blessure décrite comme ayant quatre pouces (10 cm) de longueur par trois pouces (7,6 cm) de profondeur. Dubuc serait mort sur le coup. Noël François a affirmé s’être rendu chez un dénommé Chartier pour y rejoindre un Indien Abénakis du nom d’Alexander. Tous deux auraient ensuite chassé durant quelques jours dans le secteur de la rivière Bécancour. Il aurait rencontré deux hommes dans le village de Saint-Antoine qu’il a décrit comme des Canadiens, dont l’un était un jeune homme d’environ 20 ans. Sans qu’on sache pourquoi, Noël François a également déclaré n’avoir jamais dit au « Dr Quesnel ou à personne d’autre qu’il avait eu le compas de M. Reid ou M. H[illisible] ».  Il affirma avoir entendu parler d’un autre Indien nommé « Jean Bte Regis ayant une blessure à l’arrière de la jambe. »

Au terme des sessions de septembre 1825, François a été reconnu coupable et condamné à mort. Avant de mourir, on lui a permis de chanter un hymne dans une langue amérindienne. Il est maintenant considéré comme le premier criminel pendu dans l’enceinte de la vieille prison de Trois-Rivières.

1826, 28 juin – Avery Denison

Homicide commis lors d’un vol –

Près de Trois-Rivières – ? SC

Non élucidé.

« Le 28 juin 1826, Denison mourut à proximité de Trois-Rivières, après avoir été attaqué par des bandits; selon toute vraisemblance, il revenait à cheval de Québec où il était allé vendre du bétail. Son corps fut le premier à reposer dans le cimetière protestant de Danville. »[67] Les journaux de l’époque ne mentionnent aucun détail sur l’affaire.[68]

1826, 24 novembre – William (ou John) Heffaren, 20 ans

Homicide à motif indéterminé – battu à mort (coup de poing)

? - ? SC

George Sharpe, reconnu criminellement responsable par le coroner. Aucun autre développement connu.

Heffaren, un soldat du 71e Régiment d’infanterie, a été victime d’un meurtre en novembre 1826. Il serait « mort à la suite d’une fracture du crâne due à un coup reçu lors d’une bagarre. Le rapport du coroner John Gawler Thompson contient la mention « rex v(s) Georges Sharpe, inquisition », laissant entendre que Sharpe a été accusé pour ce meurtre.

Selon The Quebec Mercury, les deux hommes faisaient partie du même régiment. Le Dr Barlow a procédé à une autopsie en ouvrant la tête de la victime, pour découvrir qu’il y avait eu fracture du crâne d’une longueur estimée à 3 pouces. Le jury du coroner a rendu un verdict d’homicide involontaire[69] contre Sharpe qui se trouvait déjà derrière les barreaux d’une prison civile. On croyait qu’il serait bientôt traduit en justice mais les journaux ne nous renseignent pas à savoir s’il y a eu des suites à ce dossier.

1827, 17 juillet – James Armstrong

Homicide à motif indéterminé – battu à mort

Sur le Saint-Laurent – ? SC

Non élucidé.

Selon le coroner Panet, Armstrong a été victime d’un meurtre car il est « mort due à plusieurs coups, blessures et contusions mortelles après avoir été violemment battu. » L’enquête précise aussi que « le défunt fut tué sur le Saint-Laurent, alors qu’il était passager à bord du trois-mâts (bark) « Harbinger », arrivé d’Europe le 18 juillet 1827. »

1827, 5 septembre – Michel Robitaille

Homicide par négligence criminelle – voiture[70]

Québec, rue Saint-Paul – 1 SC

Pierre Dasilva, criminellement responsable, conduite en état d’ivresse, …

Selon l’enquête du coroner Bernard-Antoine Panet, Michel Robitaille a été victime d’un homicide car il attribuait sa « mort à la suite des blessures mortelles subies lorsque heurté par une voiture, dû à la conduite négligente et dangereuse du conducteur. » Le médecin a constaté la présence de marques de violences externes à la tête et ailleurs sur le corps. En fait, Robitaille a subi une importante lacération à la tête.

Selon l’enquête de coroner, c’est un certain Pierre Dasilva qui était responsable de ce décès survenu sur la rue Saint-Paul. Dasilva conduisait une voiture tirée par un seul cheval et il allait beaucoup trop vite. Des témoins de la scène ont aidé la victime à se relever et c’est à ce moment qu’ils ont vu une blessure au-dessus de l’œil gauche. L’un d’eux a même confirmé que le cheval galopait au moment de la collision. Non seulement on a dû immobiliser le conducteur de force, mais on a vite compris qu’il était ivre. Un autre témoin est allé jusqu’à dire qu’il était « ivre mort ».

Il s’agit du plus ancien cas répertorié par le DHQ impliquant la mort d’une personne causée par les facultés affaiblies.

1827, 18 octobre – Moïse Phocas dit Raymond

Homicide conflictuel – arme à feu

Kamouraska – 1 SC

Louis Dupéré, reconnu responsable par le jury du coroner. Aucun autre développement connu.

Pour une raison qui nous échappe, Moïse Phocas (ou Phancas) dit Raymond et Louis Dupéré étaient deux rivaux. Le 18 octobre 1827, ils s’adonnaient tous les deux à la chasse au moment de se rencontrer sur la grève. Au cours de la querelle qui a suivi, Dupéré a donné à Raymond quelques coups de fusil, causant ainsi sa mort.

Dupéré a été arrêté et conduit à la prison de Québec. On ignore cependant la suite des procédures.

1828, 7 juillet – Charles Masson

Homicide argumentatif – arme blanche (canif)

Québec, faubourg Saint-Jean – 1 SC

McQuarters, aucun développement connu.

L’enquête de coroner a déterminé qu’un journalier irlandais du nom de McQuarters a eu l’intention de tuer Charles Masson. Ce dernier a reçu trois ou quatre coups de canif dans la partie postérieure de la tête et du cou. Selon ce qu’il est possible de déchiffrer de l’enquête du coroner, McQuarters avait bu et cherchait la bagarre. Le meurtre se serait produit à l’intérieur du magasin de Simon Lefebvre, l’employeur de Charles Masson. On ignore si des poursuites judiciaires ont été entamées à l’endroit de McQuarters.

1828, 28 août – Charles Chouinard

Homicide argumentatif – Objet contondant (pierre)

Québec, rue Saint-Paul – 1 SC

John Forbes, reconnu criminellement responsable par le jury du coroner, aucun autre développement connu.

Selon le témoin Hilery Michaud entendu lors de l’enquête de coroner[71], il se baladait avec Charles Chouinard et un autre ami sur la rue Saint-Paul à Québec lorsqu’ils ont rencontré Forbes, un charpentier de Québec. Forbes aurait soudainement lancé des injures. L’ami de Michaud et de Chouinard a alors répliqué en disant à Forbes qu’il avait trop bu. La réaction de ce dernier a été de le frapper d’un coup de poing. Chouinard s’est alors porté à la défense de son ami, alors que Forbes s’est mis à lui lancer des pierres. L’un de ces projectiles a atteint Chouinard à la tête, ce qui lui a causé une blessure qui lui a été fatale. Il est décédé quelques jours plus tard. On ignore si des procédures judiciaires ont été entamées contre John Forbes.

1829, 17-18 août – François-Xavier Guillemette, 26 ans

Homicide sexuel – Objet contondant (marteau)

St-Jean-Port-Joli – 2 SC

François Marois, environ 50 ans, exécuté.

            À la mi-août 1829, le colporteur François-Xavier Guillemette a disparu près de la résidence de François Marois, à Saint-Jean-Port-Joli. Dans son livre de 1966, Raymond Boyer affirmait que les deux hommes se connaissaient pour avoir pratiqué le même métier. Deux jours après sa disparition, le corps de Guillemette a été retrouvé sur la grève. On lui avait infligé deux blessures. Plusieurs de ses effets personnels ont été retrouvé chez Marois, « de même qu’un marteau à pointe émoussée qui s’accordait bien avec les blessures. »[72] On a également retrouvé chez lui des documents qui avaient tendance à démontrer que Marois pouvait utiliser d’autres noms, comme par exemple celui de Malouin, Malowa, Lafarge, etc. Dans une autre boîte, on a retrouvé de la marchandise diverse. Durant son procès, qui s’est instruit rapidement, Marois est demeuré froid alors que sur la potence il aurait confessé son crime, en plus de laisser entendre qu’il en avait commis d’autres.

            En 1824, Marois avait été reconnu coupable d’assaut et de sodomie sur un homme de Lévis. Ce crime lui avait valu un an de prison mais il s’était évadé le 15 avril 1825.[73] À partir de 1900, une légende a pris forme. En creusant les fondations de son ancienne maison, on aurait découvert les squelettes de douze autres personnes. En 2003, l’auteur Michel A. Noreau a publié un petit livre sur cette affaire, affirmant que Marois portait aussi le surnom de Docteur l’Indienne. Selon l’auteur, juste avant d’être pendu, Marois aurait avoué avoir commis des crimes encore plus graves que celui du meurtre de Guillemette. À ce jour, il n’existe aucune preuve pouvant démontrer hors de tout doute que Marois ait pu être le premier tueur en série de l’histoire de la province.

1831, juillet – Hugh Griffith; et William Griffith

Profit personnel – arme à feu et arme blanche (hache)

Île-aux-Oies (Île-aux-Grues), en face de l’Islet-sur-Mer – 2 SC

Non élucidé. Deux hommes engagés par les victimes, n’ont jamais été identifiés ni retrouvés.

            Les frères Hugh et William Griffith, deux Américains, sont venus à Québec dans l’idée de rechercher des ancres perdues dans le port de Québec. Les Griffith étaient connus de certaines personnes en ville et l’un d’eux possédait même des terres dans le nord de la province. Dans la préparation de leurs recherches, ils ont confié une valise contenant leur fortune à un dénommé François-Xavier Lachaine dit Jolicoeur, résident de l’Île-aux-Oies, puis ils ont engagé deux hommes pour les aider dans leur entreprise.

 Un lundi soir, les deux engagés ont tué les frères Griffith pour ensuite se rendre chez Jolicoeur et réclamer la valise. Toutefois, selon les recherches de Raymond Boyer, Jolicoeur leur a tenu tête et les deux meurtriers ont dû prendre la fuite. Ils n’ont jamais été identifiés. Selon un article paru dans La Minerve au moment des faits, un témoin aurait entendu un cri suivi d’un coup de feu en provenance de la cabane que louaient les deux Américains. Cependant, les corps ont été retrouvés seulement le vendredi. L’un d’eux se gisait dans les rochers, le crâne brisé, et l’autre dans les bois avec une plaie par balle à la tête. La chaloupe a également disparue, au même titre que les deux engagés. C’est une femme habitant la maison de Jolicoeur qui a raconté la partie de l’histoire où les deux assassins étaient venus réclamer leur dû. La valise a ensuite été ouverte sous la supervision d’un capitaine de milice : elle contenait 70 livres et quelques effets personnels. Sur des enveloppes, on a lu les noms de Griffith, Campbell ou Cameron et la date du 1er juin. Les corps ont ensuite été enterrés par des habitants.[74]

            Peu après, le coroner Panet a demandé qu’on exhume[75] les dépouilles. Les victimes ont été identifiés grâce à leurs noms retrouvés sur des livres de littérature et d’artillerie navale laissés derrière eux. Ils avaient acheté une chaloupe à un dénommé Plante de l’Île-aux-Oies. Quant à eux, les deux meurtriers ont été identifiés comme des « émigrés irlandais, débarqués sur un des quais et qui étaient inconnus même à ceux qui les avaient employés. »[76] Puisqu’au moment du meurtre le vent était à l’ouest, le coroner a estimé que les meurtriers auraient pu prendre la fuite en descendant la rivière mais qu’une brise survenue le lendemain aurait pu les obliger à remonter. « Ils ignoraient entièrement la manière de conduire une chaloupe, aussi bien que le cours de la rivière, et on peut supposer que débarquant à quelque port, la seule circonstance d’être étrangers pourra faire naître des soupçons qui conduiront à leur découverte. »[77] Le coroner Panet doutait que les Griffith aient été tué par arme à feu, car « ils avaient la tête entièrement brisée probablement par des coups de hache. »[78]

1832, 21 mai – Pierre Billet; François Languedoc; et Casimir Chauvin[79]

Homicide cautionné par un groupe/extrémiste politique – arme à feu

Montréal, rue Saint-Jacques – 1 SC

Non élucidé. Lieutenant Colonel A, F. MacIntosh du 15e Régiment; et capitaine Henry Temple, aussi du 15e Régiment, accusés et exonérés.

Le 21 mai 1832, lorsqu’une élection partielle tenue à Montréal a dégénéré en émeute, des magistrats ont fait appel à l’armée puisque les constables n’arrivaient plus à contrôler la foule. Les soldats, qui ont dû essuyer des tirs de pierre, ont riposté en utilisant leurs carabines. Trois hommes sont tombés sous les balles : Pierre Billet, François Languedoc et un dénommé Chauvin. Ce dernier était typographe pour le journal La Minerve. Louis-Joseph Papineau a assisté aux funérailles et aux procédures qui allaient en découler.

Le capitaine Temple se trouvait au commandement d’un détachement déployé dans la rue Saint-Jacques et on l’a accusé d’avoir ordonné à ses soldats d’ouvrir le feu. Le colonel Macintosh et le capitaine Temple ont été accusés avant d’être exonérés de tout blâme. Selon certaines sources, les tensions n’ont pas cessé d’augmenter entre Anglais et canadiens français après cette tuerie. L’affaire a soulevé les passions durant plusieurs mois.

1832, 25 décembre – Joseph Veau dit Jeanveau

Homicide argumentatif – battu à mort et objet contondant

Région de Montréal, L’Abord-à-Plouffe (Laval), rivière des Prairies – 1 SC

Charles Gagnon, pendu.

Le 25 décembre 1832, le manœuvre Joseph Veau dit Jeanveau a sauvagement été battu par Charles Gagnon, qui tenait une taverne sans permis sur la glace de la rivière des Prairies à L'Abord-à-Plouffe (Laval). La victime a eu l'os temporal fracturé, la mâchoire inférieure fracturée à plusieurs endroits, le bras droit cassé et le gauche mutilé. Ses deux jambes ont également été brisées. Selon La Minerve, Jeanveau est entré dans la taverne vers 16h00 et s’est retrouvé seul avec Gagnon. Peu après, il aurait reproché à Gagnon de lui avoir volé ses plançons. Selon la version de Gagnon, son invité se serait ensuite vanté de sa force physique avant de lui demander de l’argent. Lorsque Gagnon a répondu qu’il n’avait pas d’argent, Jeanveau s’est alors énervé en lui disant « tu es un homme mort ». C’est donc parce qu’il se croyait en danger que Gagnon s’est mis à frapper, mais l’argument de la légitime défense explique assez mal l’ensemble des blessures reçues par la victime.

Vers 18h00, des amis de Jeanveau sont venus le récupérer pour le conduire chez un certain Groulx, où il s’est éteint, vers 21h00. En l’examinant, on a constaté qu’il avait été atteint à la tempe et que « l’os est fractué et sort par l’orbite de l’œil; ce n’est pas tout, la mâchoire inférieure est cassée en plusieurs endroits […] ». Peu après, Gagnon a été reconnu coupable de meurtre et condamné à être pendu en public le 29 mars 1833 sur un échafaud érigé à l'arrière de la prison située sur la rue Notre-Dame, près de la Place Jacques-Cartier de Montréal. Le cadavre du supplicié aurait ensuite été disséqué au collège McGill. Des membres de la famille Gagnon seraient parvenus à voler le cadavre, mais leur curé les a dénoncés au personnel du McGill College, qui, au final, a pu récupérer la dépouille.

1833, 24 mars – Euphrasyne Martineau, 18 ans

Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – arme blanche (hache et rasoir)

Montréal, intersection des rues Saint-Paul et Notre-Dame – 1 SC

Adolphus Deway (ou Dewy), son conjoint de 21 ans, pendu.

Vers le 8 janvier 1833, Adolphus Deway, 21 ans, et Euphrasyne Martineau, 18 ans, unissaient leurs vœux avant de s’installer sur la rue Saint-Vincent, à Montréal. Une semaine après leur mariage, Deway s’est mis à croire qu’Euphrasyne le trompait. Il est devenu manipulateur, au point de l’empêcher d’aller à l’église. Des scènes de ménage ont commencé à attirer l’attention des voisins mais aussi du père de la mariée, Louis Martineau. Au bout d’un mois, la jeune mariée a quitté son mari pour se réfugier chez son père. Charles Delorme, l’oncle qui avait élevé la jeune femme, a aussi constaté que les choses allaient de mal en pis. Il entendait les cris de Dewey, mais quand il entrait dans la pièce, celui-ci redevenait soudainement calme, alors que sa nièce portait des traces de coups.

Deway a continué de la voir occasionnellement, en partie parce que, malgré tout, elle semblait très attachée à lui. Le 24 mars 1833, après avoir assisté à la messe du dimanche à l'église Notre-Dame, Adolphus Deway a amené Euphrasyne à son magasin de marchandises sèches à l'angle des rues Saint-Paul et Notre-Dame, à Montréal. Sur place, il s’est emparé d'une hache pour la frapper à la tête. Par la suite, il lui a entaillé le cou avec un rasoir. La croyant morte, il a fermé la boutique et loué une carriole pour prendre la fuite jusqu’à Champlain, dans l'État de New York. Peu après, Louis Martineau découvrait sa fille couverte de sang, étendue dans un lit. En raison de sa blessure au cou, Euphrasyne était incapable de parler mais elle a reconnu ses amis qui sont venus la voir une dernière fois. On a recousu ses blessures, ce qui lui a permis d’articuler quelques mots. Ainsi, elle a eu le temps de raconter au Dr Arnoldi comment la scène s’était produite, non sans ajouter qu’elle était enceinte. Le 28 mars, elle perdait le bébé en fausse couche. Trois jours plus tard, elle mourrait à son tour.

La nouvelle du meurtre s’est propagée jusqu’à Plattsburg, New York, ce qui a permis à un shérif de procéder à l’arrestation de Deway et de le garder avant que des policiers montréalais viennent le cueillir. Lors du procès, le juge a permis au Dr Arnoldi de raconter ce que la victime lui avait dit avant de mourir. Accusé du meurtre de sa femme, Deway a été reconnu coupable le 17 août 1833 et condamné à être pendu par le cou jusqu'à ce que mort s'ensuive. Le 30 août, Deway était pendu à la Place Vauquelin située entre la Place Jacques-Cartier et le Champ-de-Mars.[80]

1833, 6 septembre – Solomon Barbeau

Homicide cautionné par un groupe/extrémisme -politique – arme blanche (baïonnette)

Rivière Saint-Pierre, près de Montréal – 1 SC

Non élucidé. Soldat britannique non identifié.

À cette époque, le fossé se creusait de plus en plus entre les Canadiens français et les militaires anglais. Au cours d’un rassemblement où la tension s’est installée, Solomon Barbeau a voulu s’éloigner en courant mais il a trébuché et s’est retrouvé par terre. Un soldat britannique est rapidement apparu au-dessus de lui pour lui enfoncer sa baïonnette dans le dos alors qu’il était encore au sol. Après avoir retiré la lame, le soldat aurait pris sa baïonnette par la pointe pour lui donner un coup sur la tête. Plusieurs témoins ont affirmé être en mesure de pouvoir reconnaître le soldat meurtrier. Une revue d’identification a donc été organisé, mais le fautif ne s’y trouvait pas. Selon un article publié dans Le Canadien[81], on aurait forcé le coroner à conclure que la mort de Barbeau avait été causée par une « personne inconnue » pour éviter de mentionner qu’il s’agissait d’un soldat britannique.

1833, 6 décembre – Living Lane

Homicide argumentatif – arme à feu

Saint-Sylvestre, Lotbinière – 1 SC

James Shuter, William Shuter, et James Shuter, condamnés à mort; William Shuter, pendu.

Le 6 décembre 1833, James Shuter et ses deux fils se sont présentés sur un terrain où Living Lane commençait à construire une cabane en compagnie d’un dénommé Felker. James Shuter père et James fils étaient armés de fusils. Pour sa part, William Shuter portait une baïonnette adaptée à un bâton. Ils se sont placés devant Living Lane pour le saluer avant de lui demander auprès de qui il avait obtenu l’autorisation d’être là. Lane a alors répondu qu’il avait la permission de M. Wicksteed, car il avait acheté la terre et avait l’intention de l’occuper. Le vieux Shuter et son fils William lui ont pourtant ordonné de quitter les lieux. Une dispute a éclaté lorsque Lane a répliqué qu’il ne partirait pas. Shuter s’assied avec son fusil sur ses genoux tout en répliquant : « si vous ne vous retirez pas, je vous enverrai au diable. » Peu après, Felker a entendu un coup de feu avant de voir Lane s’effondrer en criant qu’on venait de le tuer. Felker a tenté de s’occuper de lui, allant jusqu’à demander l’aide des Shuter, mais ceux-ci ont préféré prendre la fuite. Felker s’est alors éloigné à son tour pour aller chercher de l’aide. À son retour, il est resté auprès de Lane jusqu’à son dernier souffle, vers 15h00. Lane était marié et père de famille.[82]

            Au terme de leur procès, qui s’est tenu en mars 1834, les trois Shuter ont été reconnus coupables de meurtre. Ils ont aussitôt été condamnés à mort, mais seul William, l’aîné des fils, a été pendu le 4 avril 1834.[83]

1834, 1er janvier – Abraham Truax

Homicide argumentatif – arme blanche (couteau)

Estrie, Farnham – 1 SC

Archalaus Welch, coupable d’homicide involontaire, six mois de prison.

            Selon les témoignages entendus au procès, en mars 1834, Archalaus Welch était un forgeron de Stanbridge. Le 1er janvier 1834, il se trouvait à l’auberge Barker en compagnie de plusieurs personnes, dont Abraham Truax. À un certain moment, Welch s’est vanté de pouvoir rosser tous les Truax de Farnham. Sans attendre, Truax l’a donc frappé. Welch a ensuite demandé à deux hommes d’être ses témoins, car il souhaitait amener cette affaire devant les tribunaux. Truax a alors proposé de faire la paix en cette journée de fête, et Welch a répondu qu’il accepterait en échange d’une somme de 25 livres. Truax lui a montré son poing afin de lui faire comprendre que ce serait là les cinq louis[84] qu’il obtiendrait.

Peu après, les deux hommes ont fini par se retrouver dehors, où Welch a sorti un couteau. Welch a toutefois regagné sa boutique alors que Truax est retourné à l’auberge. Plus tard, Welch est revenu à l’auberge. Cette fois, Truax a appuyé ses deux mains sur ses épaules pour lui reprocher d’avoir voulu utiliser une arme pour se défendre. C’est alors que les deux hommes ont commencé à lutter au corps à corps. Durant l’affrontement, Welch a enfoncé la lame d’un couteau de poche dans l’abdomen de son adversaire. Truax est décédé quelques heures plus tard.

Welch a été reconnu coupable d’homicide involontaire (sans malice). Il s’est mérité une sentence de six mois de prison.[85]

1834, 5-8 novembre – Louis Marcoux, 34 ans

Homicide extrémiste individuel à motivation socio-politique – arme à feu

Sorel – 1 SC

Non élucidé. Isaac et James Jones, acquittés.

Au cours de la campagne électorale concernant l'élection générale des députés de la Chambre d'assemblée du Bas-Canada, Louis Marcoux a été victime d'un tir de pistolet qui aurait été tiré par Isaac Jones. Ce dernier aurait été encouragé par son frère, James Jones. Le tireur était aigri par sa défaite politique.

Marcoux a succombé à sa blessure le 8 novembre 1834. Toutefois, il a eu le temps de faire cette déclaration avant de mourir : « que ce soir, 5 novembre, 1834, entre neuf et dix heures à l’horloge, il a vu sur un lot dans le dit Bourg un homme avec un fusil à la main, lequel fusil le dit homme a tiré. Le dit déposant s’est rendu auprès de cet homme, qu’il a reconnu pour être Isaac Jones. Le dit déposant a frappé sur le fusil et dit au dit Isaac Jones de ne pas tirer; sur quoi le dit Isaac Jones a pointé le fusil vers le ventre du dit déposant et l’a tiré, ce qui a fait une profonde blessure dans le ventre du dit déposant, de laquelle il soufre maintenant. Le dit déposant déclare qu’il a aussi vu présent un homme qu’il a reconnu pour être Luther Sawtell, lorsque le dit Isaac Jones a tiré, ainsi qu’un nombre d’autres personnes que le dit déposant n’a pu reconnaître. »[86]

Isaac et James Jones ont subi leur procès à partir du 4 mars 1835, à Montréal. Ils ont été acquittés par un jury composé de huit Canadiens et de quatre Anglais. Selon Raymond Boyer, c’est à la demande des Patriotes qu’on a ensuite érigé un monument sur lequel était inscrit : « Passant, rends hommage à la mémoire du patriote Louis Marcoux, tué à Sorel le 8 novembre 1834, en défendant la cause sacrée du pays, âgé de 34 ans. Ses dernières paroles furent : « Vive la Patrie. » » Toujours d’après Boyer, « Les soldats anglais le culbutèrent et le brisèrent en 1837, après [la bataille de] Saint-Denis. En 1915, plusieurs fragments furent découverts dans les fondations d’une grange et le monument a été réparé et placé sur une base nouvelle. »

1835 – Personne non identifiée

Homicide à motif indéterminé –

? - ? SC

Roger et Cornelius Collier, aucun autre développement connu.

Selon le moteur de recherche Advitam de BAnQ, Roger et Cornelius Collier ont comparu en août ou septembre 1835 pour avoir commis un meurtre. On ignore les circonstances entourant l’affaire.

1835 – Personne non identifiée

Homicide à motif indéterminé –

? - ? SC

Louis Vézina, aucun développement connu.

Selon le moteur de recherche Advitam de BAnQ, un dénommé Louis Vézina a été accusé d’homicide involontaire en 1835. On ignore tout à propos des circonstances du crime.

1835, 11 janvier – Lamontagne

Homicide par négligence criminelle/Fratricide – défenestration

Saint-Gervais – 1 SC

Lamontagne, aucun autre développement connu.

Deux frères nommés Lamontagne, mariés à deux sœurs, ont commencé à se chamailler amicalement. Leur jeu s’est cependant terminé par un drame lorsque l’un d’eux a poussé l’autre à travers une fenêtre. Ce dernier en aurait eu le crâne enfoncé, ce qui a causé sa mort. On ignore s’il y a eu des poursuites judiciaires dans ce dossier.

1835, 2 mai – Nouveau-né non identifié

Néonaticide -

Québec - ? SC

Non élucidé.

Aucun détail ne nous permet de décrire les circonstances de ce crime, mais on sait qu’un nouveau-né a été victime de néonaticide le 2 mai 1835.

1835, 24 mai – Capitaine Louis Sivrac

Homicide commis lors d’un vol –

Lotbinière, Phare Richelieu – ?

Non élucidé. Charles Chambers, acquitté.

            Dans la matinée du 24 mai 1835, le capitaine Louis Sivrac est décédé des suites de blessures reçues lors d’un vol commis dans sa résidence. Les voleurs sont repartis avec plusieurs objets, dont six cuillères en argent, six verges de tissu noir, douze chemises marquées des initiales L. S., des gants, etc. La province du Bas-Canada a offert une récompense de 100 livres pour la capture des responsables de ce crime. On a fini par déposer une accusation de meurtre contre Charles Chambers, un mystérieux personnage qui se trouvait à la tête d’une bande de voleurs qui terrorisait la région de Québec depuis quelque temps.

En mars 1836, Chambers a été acquitté. Il semble qu’il avait un bon alibi et que les autres preuves amassées contre lui étaient présomptives.[87] Chambers était reconnu pour ses vols en série qu’il commettait dans la région de Québec, si bien qu’on l’avait surnommé, lui et ses complices, la Bande à Chambers. Plus tard, il a été condamné à mort pour cambriolage. En mai 1837, on l’a retourné en Angleterre à bord du navire Ceres, après quoi on devait l’envoyer en Australie. Il n’y arrivera cependant jamais, puisqu’il est mort en chemin, le 14 novembre 1837.[88]

1836, 21 octobre – Capitaine Green

Homicide à motif indéterminé –

Navire Jessie – 1 SC

Steward du navire, accusé d’homicide involontaire, aucun autre développement connu.

Selon le coroner, le capitaine Green a été tué à bord du navire Jessie le 21 octobre. L’enquête du coroner s’est tenue à l’hôtel de Monsieur Henry, rue Saint-Pierre, à Québec. C’est un steward, dont le nom n’a pas été rendu public, qui a été tenu responsable de cet homicide involontaire. On sait cependant qu’il occupait la fonction de cuisinier. Le Jessie était arrivé en juin depuis Liverpool. Par ailleurs, il semble qu’il y aurait eu mutinerie à bord.[89]

1837, novembre – Batailles de Saint-Charles et de Saint-Eustache[90]

1837, 23 novembre – George Weir

Homicide cautionné par un groupe/extrémiste politique – arme blanche et arme à feu – surpuissance

Saint-Denis-sur-Richelieu – 1 SC

Non élucidé. François Jalbert, son geôlier, acquitté (non-lieu).

George Weir, lieutenant dans le 32e régiment, a été capturé par des Patriotes alors que se préparait la bataille de Saint-Denis. Peu après, on a rapporté à Nelson que Weir venait d’être mis à mort. « Weir était demeuré dans la maison de Nelson jusque vers les huit heures et demie alors qu’on avait pris des dispositions pour le faire transporter à Saint-Charles. On fit monter le prisonnier dans un char à banc après lui avoir fait donner sa parole d’honneur qu’il ne tenterait pas de s’échapper. Et l’on partit. Weir avait les mains et pieds liés et il commença bientôt à geler des mains. Mignault, le prenant en pitié, le délia et lui prêta des gants. Maillette le ceintura alors d’une solide courroie. Weir se retourna et vit ses amis qui approchaient. Oubliant ses serments, il se mit en tête de s’évader. Il s’élança hors de la voiture, Maillette tenait solidement la courroie, ce qui le fit tomber à genoux sur le chemin. Son geôlier était armé d’une vieille épée française dont il se mit à frapper avec le plat tout en criant à l’aide. L’instituteur du village, Joseph Pratte, passait portant un sabre de cavalerie. Il accourut et se mit à frapper à coups redoublés, atteignant le captif au visage, au dos, à la poitrine. Mignault, qui avait arrêté son attelage, accourut au secours de Weir et repoussa Pratte. Le malheureux se tordait en hurlant au milieu du chemin. Quelques spectateurs, pris d’une fausse pitié, se mirent à crier : « Achevez-le! Achevez-le! » Un nommé Lussier coucha le blessé en joue, mais son fusil fit fausse amorce à trois reprises. Le coup partit enfin et porta en pleine poitrine. Pratte continua à s’acharner sur le cadavre avec son sabre faisant gicler le sang tout autour. »[91]

Le capitaine François Jalbert, qui avait assisté à une partie de la scène, a trempé son sabre dans le sang de la victime pour ensuite aller se vanter d’avoir tué un Anglais. François Migneault, Jean-Baptiste Millette, Joseph Pratte et Jean-Baptiste Lussier ont été arrêtés en lien avec ce meurtre, mais ils ont tous été relâchés en 1838. François Jalbert sera le seul à subir un procès pour meurtre en septembre 1839. Il a finalement obtenu un non-lieu pour manque de preuve.

1837, 14 décembre – Jean-Olivier Chénier

Homicide cautionné par un groupe/extrémiste politique – arme à feu

Saint Eustache – 1 SC

Non élucidé. Le ou les soldats britanniques qui ont tirés sur Chénier n’ont jamais été identifiés.

            Chénier se trouvait à la tête des Patriotes qui résistaient devant l’armée de John Colborne. Les soldats anglais étaient beaucoup plus nombreux. Chénier et ses hommes se sont retranchés dans plusieurs bâtiments, dont l’église de Saint-Eustache. Lorsqu’il a été contraint de sortir, parce que l’église était en feu, Chénier a été abattu de plusieurs projectiles. On estime que 70 Patriotes ont été tués ce jour-là, mais que Chénier a été le seul sur lequel on a pratiqué une autopsie. Il semble qu’il n’y ait eu aucune justification officielle pour expliquer l’affrontement. Quant aux soldats qui ont tirés sur Chénier, ils n’ont vraisemblablement jamais été identifiés.

1838, 22 février – Marino

Homicide par négligence criminelle – arme à feu

Saint-Eustache – 1 SC

James Johnson, acquitté.

            Le 22 février 1838, James Johnson se trouvait avec Thomas Quinn et quelques autres soldats de la Compagnie de St-Andrews. Le groupe venait de quitter Montréal afin de rentrer à leur garnison. À la hauteur de Saint-Eustache, alors qu’ils passaient devant la résidence d’une famille du nom de Marino, les hommes se sont arrêtés un moment sur place. Juste avant leur départ, Johnson aurait fait tournoyer son cheval à deux reprises en tirant un coup de feu en direction de la maison. Son tir a causé la mort de l’un des enfants Marino. Le projectile l’a atteint en pleine tête.

En novembre 1840, James Johnson a subi son procès pour le meurtre de l’enfant Marino. La Couronne a présenté une version selon laquelle le crime aurait été préparé puisque les soldats avaient vérifié si leurs armes étaient chargées avant d’arriver chez les Marino, sans compter que Johnson aurait dit à ses compagnons de tirer sur tous ceux qui aboieraient en français. Malgré cette apparence de haine culturelle, Johnson a été acquitté et remis en liberté.

1839, 31 janvier – Louis-Paschal Achille Taché

Meurtre par passion – arme à feu

Kamouraska – 1 SC

Non élucidé. Joséphine Eléonore Destimauville, acquittée.

Le 31 janvier 1839, Taché a été assassiné de deux projectiles d’arme à feu tirés en pleine tête. En fait, son corps a été retrouvé dans son manoir de Kamouraska. « L’enquête démontre assez rapidement qu’un dénommé George Holmes s’est rendu coupable de ce meurtre. Mais pourquoi? En fait, il faut savoir que le mariage de Taché avec Joséphine-Éléonore d’Estimauville s’est dégradé au fil des années. Subissant l’ivrognerie de son époux, son comportement violent et ses menaces, elle se réfugie à William Henry (Sorel) avec ses deux enfants. Elle tombe alors en amour avec le jeune médecin George Holmes. Ce dernier tente à deux reprises d’empoisonner Achille Taché par le biais d’une domestique au service de son amante, mais sans succès. Le médecin se rend à Kamouraska et assassine Achille Taché en le frappant à la tête avec un pistolet. »[92]

Raymond Boyer a offert une version très différente. Selon lui, Holmes, amoureux de Joséphine, a effectivement tenté d’empoisonner Taché avec la complicité d’une servante, mais devant cet échec il a décidé d’aller le tuer lui-même. Toutefois, ce n’est pas dans la maison de la victime que le drame se serait déroulé mais plutôt au bord de la route, où Holmes l’aurait attendu pour l’abattre d’un coup de carabine. Holmes a ensuite pris la fuite aux États-Unis. Après une année de débats, la demande d’extradition a finalement été rejetée par le président Van Buren. Holmes, en supposant qu’il ait réellement été le meurtrier, n’aura donc jamais payé pour son crime. Quant à elle, Joséphine a subi un procès pour le meurtre de son mari mais elle a été acquittée. Elle s’est remariée avec le notaire de Québec Léon-Charles Clément, qui lui a donné six enfants. La romancière Anne Hébert se serait inspirée de ce crime pour son roman Kamouraska.

1839, 19 mars – Briget Airdly, 20 ans

Homicide à motif indéterminé – arme blanche (baïonnette)

Sorel - ? SC

Samuel Craddock, condamné pour meurtre.

Le 19 mars 1839, le sergent Robinson du 66e régiment s’est aperçu de l’absence de Craddock à la caserne et il a confié à des soldats la tâche de le retrouver. Ceux-ci l’ont trouvé en état d’ivresse et en train de crier. Robinson a été appelé sur la scène de crime puisqu’on lui a appris que Craddock venait de tuer une femme. Avant de mourir, la victime, Briget Airdly, a été en mesure de reconnaître Craddock comme étant son agresseur. Il l’avait poignardé avec une baïonnette, en plus de lui asséner des coups de pieds. La victime de 20 ans s’est éteinte le 28 mars.

Au procès, il semble y avoir eu confusion au niveau de la description des blessures, ce qui n’a cependant pas empêché le jury de déclarer l’accusé coupable de meurtre.

1840, janvier – Simon Roselle (ou Rossell)

Homicide argumentatif – battu à mort (coup de poing)

Sainte-Geneviève – 1 SC

Joseph Lavoie, acquitté.

            Simon Rossell, un habitant de Lachine, a retenu les services de Joseph Lavoie pour le conduire avec sa femme jusqu’à Sainte-Geneviève. Une fois à destination, Roselle et Lavoie ont bu jusqu’à se rendre ivres. Puis une dispute a éclaté lorsque Roselle a traité Lavoie de menteur. Celui-ci s’est donc défendu en lui donnant un coup de poing. Roselle s’est relevé pour ensuite faire quelques pas. Il est tombé une seconde fois pour ne plus jamais se relever. Lavoie a été accusé de meurtre mais acquitté.[93]

1840, avril – enfant mâle âgé de 5 semaines

Filicide par une mère non maltraitante –

Saint-Benoît (Mirabel), en route vers – 1 SC

Betsy Williams, sa mère de 21 ans, condamnée à mort; sentence commuée en 3 ans de prison.

En avril 1840, Betsy Williams, 21 ans, a été arrêtée et accusée du meurtre de son bébé de 5 semaines. Mère célibataire de deux autres enfants, Betsy était une mulâtresse qui vivait avec un amérindien. Le couple n’était pas marié. Celui-ci l’aurait jetée dehors avec son rejeton. L’enfant avait cependant été baptisé au Lac des Deux-Montagnes. C’est alors qu’elle se rendait chez ses parents, qui habitaient à Saint-Benoît (Mirabel), qu’elle a tué son enfant. En fait, elle craignait leur réaction devant cet enfant né hors mariage. « Elle déposa cette petite créature sous un pin, dans un bois appelé Petit Brûlé de St. Benoit, où il fut trouvé mort lundi dernier par les hommes de Police stationnés dans ce quartier sous les ordres du Major McCord. Le corps de cet enfant fut transporté à St. Eustache, chez Mr. Globensky, Juge à [sic] Paix de la paroisse, qui reçut les affidavits constatant les faits […] »[94]

Reconnue coupable de meurtre, Betsy a été condamnée à être pendue le 9 octobre 1840. Le 28 septembre, un citoyen du district des Deux-Montagnes a présenté une pétition au gouverneur Sydenham afin d’implorer sa clémence. Le document soutenait que, selon son état d’esprit, Betsy ne souhaitait pas réellement la mort de son fils. Un pardon lui a finalement permis d’éviter la corde à la toute dernière minute, mais on l’a tout de même contrainte à purger 3 ans de prison.

1840 – Nouveau-né non identifiée

Néonaticide

? - ? SC

Anastasie (ou Anasta) Chevaudier dit Lépine, 4 mois de prison.

Anastasie Chevaudier (ou Chevandier) dit Lépine devait comparaître pour meurtre en novembre 1840. Elle était accusée d’avoir caché la naissance de son enfant. Elle a écopé de 4 mois de prison, incluant les travaux forcés.

1841, avril – Personne non identifiée

Homicide à motif indéterminé –

Montréal - ? SC

Olivier Crevier et Luc Crevier, accusés de meurtre; aucun autre développement connu.

Deux personnes portant le nom de Crevier (peut-être des frères) ont été accusés d’avoir tué une personne lors d’une élection tenue à Montréal. En avril 1841, on leur a refusé la liberté sous caution, de sorte qu’ils ont dû attendre en prison la tenue de leur procès, prévue au terme de septembre. Selon le journal L’Aurore des Canadas, les Crevier n’avaient fait preuve d’aucune préméditation. Ils se seraient simplement défendus. On ignore cependant la suite du dossier.

1844, janvier – Jean-Baptiste Rousseau

Homicide conflictuel – objet contondant (fer à bière)

? - ? SC

Louis Beaucaire, 3 ans de prison pour homicide simple.

Jean-Baptiste Rousseau, tailleur de profession, et Louis Beaucaire, boucher, étaient en conflit depuis longtemps. En janvier 1844, c’est par hasard qu’ils se sont rencontré dans une taverne. Beaucaire, déjà ivre, a déclenché une dispute avec Rousseau au point de menacer de le tuer. Rousseau a tenté de le calmer, mais en vain. Il venait à peine de se retourner que Beaucaire, armé d’un « fer à bière », l’a frappé à la tête. Rousseau s’est écroulé sans jamais se relever. Il est décédé le lendemain. Rousseau était le seul soutien financier de son vieux père. Pour sa part, Beaucaire a reçu une peine de 3 ans de pénitencier pour homicide simple.

1844, mars – Édouard Ménard

Fratricide – objet contondant (pelle)

Montréal – 1 SC

François Ménard, son frère de 22 ans, acquitté.

En mars 1844, François Ménard, 22 ans, se trouvait à la barre pour homicide involontaire sur la personne de son frère, Édouard Ménard. Les deux frères s’étaient disputés à propos d’une jument. Édouard voulait emmener le cheval qui se trouvait alors dans l’écurie de François. Celui-ci se servait d’une pelle pour empêcher la jument de sortir de l’écurie, tandis que Édouard tenait l’animal par le licou. Il s’est avancé et François lui a donné un coup de pelle sur la tempe gauche. Édouard est décédé deux ou trois heures après. Il n’y a eu aucun témoin de la scène, mais François a tout de même avoué son crime. Il a dit avoir frappé son frère sans toutefois avoir eu l’intention de lui faire du mal. Pendant l’adresse du juge, à la fin du procès, plusieurs personnes pleuraient dans la salle. Le jury a fini par l’acquitter.

1844, juillet – J. B. Vanier

Homicide à motif indéterminé – arme blanche (hache)

Sainte-Scholastique – ? SC

Non élucidé. Joseph Beauchamp, 75 ans, acquitté.

En juillet 1844, J. B. Vanier, un habitant de Sainte-Scholastique, a été retrouvé mort près de chez lui. « Il avait la tête presque séparée du tronc à coups de hache, et avait aussi reçu d’autres blessures en différentes parties du corps. Un de ses voisins est soupçonné d’être l’auteur de ce meurtre atroce. »[95]

Un vieil homme de 75 ans a dû subir son procès pour ce meurtre en 1845, mais il a été acquitté.

1844, décembre – James Finnell

Homicide à motif indéterminé – Arme à feu (pistolet)

Montréal, Griffintown, intersection des rues William et princess –

Non élucidé. Charles Colburn, accusation de meurtre abandonnée.

Afin de faire leur enquête, les jurés du coroner se sont rendus dans la maison où se trouvait encore le cadavre de la victime. Ils ont cependant été reçus par au moins un homme armé et d’autres qui démontraient de la haine envers le travail qu’ils avaient à faire. Le maire de Montréal, Joseph Bourret, était présent mais n’a rien pu faire pour calmer les esprits. Trois membres du jury ont dû quitter les lieux par crainte de représailles. Ensuite, on a pu entendre les témoins sous serment. L’un d’eux, Patrick Brennan, se trouvait chez lui à l’intersection des rues William et Princess, dans Griffintown, quand il a entendu un coup de feu. Lorsqu’il est descendu dans la rue, il a entendu trois ou quatre hurlements. C’est alors qu’il a vu Colburn se relever pour prendre la fuite en courant. Le fils de Brennan s’est approché du blessé (Finnell) et ce dernier l’a empoigné par le collet pour lui dire : « Oh, Brennan, je suis un homme mort. » Pendant ce temps, Colburn s’enfermait dans la maison des Brennan pour s’y barricader avec des amis. Selon un autre témoin, Colburn était tombé dans la rue et le coup serait parti accidentellement.

Le jury du coroner n’est pas arrivé à s’entendre sur un verdict unanime. La moitié d’entre eux y voyaient un meurtre et l’autre de la légitime défense. Il semble que l’accusation de meurtre contre Colburn ait été abandonnée en février 1845.

1844-1845 – personne non identifiée

Homicide à motif indéterminé –

? - ? SC

Lorenzo Patlow, acquitté.

En février 1845, Patlow (ou Partlow) a été acquitté du meurtre d’une personne non identifiée. Nous ignorons les circonstances entourant cette affaire.

1845, 12 août – Pierre St-Amand (ou St-Thomas)

Homicide à motif indéterminé – Arme blanche (hache)

Montréal, Pied-du-Courant – 1 SC

Michel Lambert, reconnu coupable d’homicide au second degré.

C’est à bord d’une barge, près du Pied-du-Courant, à Montréal, que le capitaine Michel Lambert a tué Pierre St-Amand en le frappant sur la tête à coups de hache. Après son crime, Lambert a pris la fuite. Des témoins ont affirmé l’avoir vu se déplacer en direction de Chambly, ce qui a permis à des policiers de le prendre en chasse. Il a finalement été arrêté aux États-Unis quelques semaines plus tard. En août 1846, Lambert a été reconnu coupable d’homicide au second degré.

1845, 20 septembre – O’Rourke

Homicide conflictuel? – arme blanche (hache) – mise en scène

Montréal – 3 SC

Non élucidé. Brady, acquitté.

Brady était un célèbre pugiliste qui s’est présenté chez O’Rourke en frappant violemment à sa porte. Selon La Minerve, O’Rourke a été retrouvé mort avec quelques blessures et un coup de hache porté à l’épaule. Son cheval a également été tué. On croit que ce crime est le résultat d’une dispute concernant un chien de race Terre-neuve qui appartenait à O’Rourke. Lui aussi blessé lors de l’altercation, le chien s’est mis à hurler devant la porte de Brady, ce qui a mis les autorités sur sa piste. Dans sa maison, on a retrouvé plusieurs objets appartenant à O’Rourke : des bagues, de l’argent, et des habits. C’est grâce à son nom écrit (tatoué?) sur son bras qu’on a reconnu la victime parce qu’il était défiguré. Il avait été traîné et jeté dans les rapides. Son cheval a été enterré à 3 miles dans les bois.

Brady, dont on ignore le prénom, a été acquitté.

1845, 17 octobre – Welsh

Homicide argumentatif – Objet contondant (barre de fer)

Port de Québec – 1 SC

Thomas Cain, condamné à mort.

Le 17 octobre 1845, c’est à bord d’un navire que Cain a tué un dénommé Welsh après avoir été provoqué par celui-ci. Il s’est approché de sa victime alors qu’elle était penchée et la tête baissée. Il l’a frappé avec une barre de fer. En août 1846, Thomas Cain a été trouvé coupable de meurtre à Québec. Le juge l’a condamné à être pendu le 28 août 1846.

1846, mars – personne non identifiée[96]

1846, 20 août – Léonard

Homicide cautionné par un groupe/extrémiste politique –

Montréal, champ de course St-Pierre – 1 SC

Non élucidé. James O’Donnel et Bernard Rafter, acquittés.

En août 1846, un verdict de coroner a conclu que James O’Donnel, Bernard Rafter, Bernard Corrigan, Denis Brennan, Michael Palmer, et diverses autres personnes étaient responsables de la mort d’un dénommé Léonard. O’Donnel et Rafter ont été arrêtés alors que les autres, selon le journal La Minerve, ont disparu. En fait, Léonard est mort des suites de plusieurs blessures reçues à la tête. À l’époque, on pensait qu’il avait été victime d’une vengeance personnelle, mais selon une version, il faisait partie d’une bande d’assommeurs qui avait provoqué des violences lors des élections. Léonard avait même accueilli chez lui un parti d’orangistes le 12 juillet. On racontait aussi qu’il faisait lui-même partie de cette « secte ».[97] Plus de 200 personnes ont assisté aux funérailles de Léonard, après quoi on a rapporté des bagarres dans les faubourgs de Saint-Laurent et de Sainte-Anne.

En août 1847, James O’Donnell et Bernard Rafter ont subi leur procès pour meurtre. Même si le crime a été commis en plein jour et devant plusieurs témoins, la preuve s’est avérée contradictoire. Les deux accusés ont donc été acquittés.

1848, février – deux bébés non identifiés

Néonaticide – battu à mort

Hemmingford - ? SC

Peter Brennan et Catherine Whelen, acquittés.

Peter Brennan et Catherine Whelen, qui habitaient Hemmingford depuis 4 ans, ont été accusés d’avoir tué deux jumeaux nouveaux-nés. On aurait demandé au fils de Brennan, âgé de 12 ans, de donner des coups dans le ventre de Catherine la veille de l’accouchement afin qu’elle perde ses jumeaux. Malgré cela, l’un des enfants était vivant lors de l’accouchement, alors que l’autre était déjà mort. Les deux nouveaux-nés portaient des contusions à la tête. Le couple a été acquitté par manque de preuves.

1848, octobre – deux bébés non identifiés

Néonaticide

? – 2 SC

Elmire Legault, dit Laurier, nièce de Louis Legault dit Laurière, accusée d’infanticide; aucun développement connu.

Louis Legault dit Laurière a demandé que sa nièce, accusée d’infanticide, soit admise à caution, mais la requête lui a été refusée.[98] Pour sa part, le frère d’Elmire a cru que sa sœur avait caché la naissance d’un enfant et qu’elle avait enterré le corps dans la cave. Il a donc averti le coroner mais ce dernier n’a rien trouvé. On a tout de même arrêté Elmire et son oncle, qui ont admis avoir eu deux enfants illégitimes, un en juillet 1847 et l’autre en juin 1848. Probablement pour éviter un scandale, ils avaient enterré les deux petits cadavres dans la cave avant de les transférer plus tard dans le jardin. On ignore la suite du dossier.

1850, 17 juin – James Cubiss, soldat

Homicide à motif indéterminé – arme blanche (couteau)

? – 1 SC

William Shuth, un collègue militaire, condamné à mort, ?

William Shuth et James Cubiss étaient deux soldats du 20e Régiment. Le 17 juin 1850, Cubiss parlait avec deux autres militaires à l’intérieur de la caserne lorsque Shuth s’est approché pour leur demander de quoi ils parlaient. Cubiss a alors répondu qu’ils ne parlaient pas de lui, juste avant de lui conseiller d’aller se coucher. Shuth est effectivement allé s’étendre sur sa couchette mais un instant plus tard il s’est relevé pour se ruer sur Cubiss. Entre autres, il lui a donné un coup de couteau dans le dos. Cubiss est mort 8 jours après l’agression. Plusieurs médecins ont prétendu que Shuth souffrait d’aliénation mentale, mais le jury l’a tout de même reconnu coupable. Shuth a été condamné à être pendu le 13 décembre 1850, mais on ignore si l’exécution a été effectuée.

1850, 15 septembre – Mme Charlton

Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – battue à mort (un coup de poing)

Sorel – 1 SC

John Charlton, son mari, acquitté.

John Charlton, soldat des carabiniers royaux, a été accusé d’avoir tué sa femme à Sorel en 1850. Celle-ci l’aurait menacé de le frapper avec un couteau, mais il s’est défendu avec un seul coup de poing, ce qui a été suffisant pour causer sa mort. En novembre 1850, il a été acquitté d’homicide involontaire.

1851, 1er avril – Ignace Terrien

Homicide à motif indéterminé – arme blanche (hache)

Québec, paroisse de Saint-Gervais - ? SC

Non élucidé. Samuel Elie dit Breton, acquitté.

Le corps de Ignace Terrien a été retrouvé au matin du 1er avril 1851. Son visage était enfoncé dans la neige, près d’une sucrerie appartenant à un dénommé Goulet, à Saint-Gervais. Sa mort remontait à quelques heures. À leur arrivée, le coroner et le Dr Landry ont trouvé plusieurs blessures à la tête de la victime, au point où des morceaux de chair et de crâne tenaient en place uniquement par les cheveux. Selon des témoins, un œil au beurre noir semblait avoir été fait par un coup de poing. D’autres avaient également vu Samuel Elie dit Breton marcher dans le secteur avec une hache à la main. Ce dernier a été accusé du meurtre, au terme duquel il sera toutefois acquitté. Selon un journal de l’époque, le procès a coûté 363 livres aux contribuables.

1851, 29 octobre – Sophie Talbot, environ 40 ans

Meurtre par passion – empoisonnement (arsenic)

Île-Verte - ? SC

Joseph Bérubé, son mari de 45 ans, et Césarée Thériault, 16 ans, condamnés à mort, sentence commuée.

Au cours du mois d’octobre 1851, Sophie Talbot, âgée d’un peu plus d’une quarantaine d’années, est tombée gravement malade. Elle est finalement décédée le 29 octobre. Son mari, Joseph Bérubé, 45 ans, s’est remarié peu de temps après avec la jeune Césarée Thériault, 16 ans. Toutefois, l’autopsie pratiquée sur le corps de Sophie a permis de révéler une forte odeur d’ail ainsi que la présence d’irritation à l’intérieur de l’estomac. Cette découverte a conduit les autorités à déposer une accusation de meurtre à l’endroit des nouveaux mariés.

Lors du procès, le marchand William Jarvis a expliqué que Bérubé lui avait acheté de l’arsenic en septembre 1851 pour se débarrasser de rats. De plus, on a appris que Sophie Talbot était revenue habiter dans le 4e rang de l’Ile-Verte avec son mari peu de temps avant sa mort.[99] Après une trentaine de minutes de délibérations, le jury est revenu dans le prétoire avec un verdict de culpabilité. Le juge Panet a donc condamné Bérubé et sa jeune épouse à être pendus le 10 décembre 1852. Quelques jours avant l’exécution, leur sentence a cependant été commuée en peine d’emprisonnement.

Il s’agit du plus ancien homicide par empoisonnement à avoir été répertorié par le DHQ.

1852, 25 février – Charles Pépin

Homicide à motif indéterminé – arme blanche (hache) – aliénation mentale

Trois-Rivières, prison – 1 SC

Thomas Therrien, apparemment déclaré inapte et envoyé en institution psychiatrique.

Le vendredi 20 février 1852, Thomas Therrien, qui croupissait derrière les barreaux de la prison de Trois-Rivières depuis quatre mois pour avoir tenté de tuer sa femme, s’est retrouvé le soir dans la même cellule que Charles Pépin et Adolphe Beaudoin, incarcérés « pour n’avoir pas payé une amende de 25s […]. »[100] Les deux hommes avaient une sentence d’une semaine à purger. Pour passer la journée, Pépin a demandé à un gardien de lui prêter une hache afin de s’en servir comme modèle pour fabriquer un manche. Le soir, alors que les détenus devaient retourner à leur cellule, Therrien a réussi à dissimuler la hache dans ses vêtements.

Vers 19h10, le gardien Lanigan a entendu un cri alors qu’il venait à peine de refermer la porte de la cellule qui contenait les trois détenus. Il a alors découvert que Pépin était grièvement blessé et que Beaudoin avait été atteint à un bras. Heureusement, Beaudoin a réussi à désarmer Therrien et s’est empressé de remettre l’arme du crime au gardien. Quelques minutes plus tard, Pépin devait succomber sur le plancher de la cellule.

Lors de l’enquête du coroner, la blessure de la victime a été décrite comme ayant une longueur de 5 pouces (12,7 cm) et « deux pouces de profondeur. » À la lecture de cette enquête, on constate que Therrien a lui-même contre-interroger les témoins, ce qui laisse entendre qu’il a tenu à se représenter lui-même. Il a d’ailleurs fait remarquer que c’est Pépin et Beaudoin qui avaient demandé à passer la nuit dans la même cellule que lui. D’autres part, certains échanges laissent entendre que Therrien n’avait pas toute sa tête.

Le procès de Therrien s’est déroulé le 13 septembre 1852, au terme duquel il a été déclaré coupable mais envoyé à l’asile de Beauport.[101] Il y serait décédé avant la fin du siècle.[102]

1853, ? - mars – Bébé non identifié

Néonaticide

Montréal - ? SC

Angélique Garant, acquittée en mars 1853 pour raison d’aliénation mentale.

En mars 1853, Angélique Garant a été acquitté de ce qu’on appelait à cette époque un infanticide. Son acquittement aurait été justifié en raison de sa condition mentale. On ignore tout des circonstances de son crime.

Sans être en mesure de prouver qu’il s’agissait bien de la même personne, on retrouve cet article intéressant publié le 19 décembre 1874 dans La Gazette de Sorel : « Une pauvre femme ayant nom Angèle Garant, âgée d’environ 55 ans, a été trouvée gelée à mort à 7 heures hier matin par William Vick, domestique de M. James Johnston, en face de la résidence de ce dernier, No 1178 rue Sherbrooke. La vie de cette infortunée est peu connue. Tout ce que l’on sait, c’est qu’elle a vécu 20 ans à St. Ours et qu’elle résidait depuis deux ans à Montréal, sur la rue Lagauchetière, près de la rue Visitation. Elle vivait des aumônes que lui distribuaient les Sœur de l’Asile de la Providence, sur la rue Ste. Catherine. Ses restes ont été transportés à la station de police du Carré Chaboillez. »[103]

1853, 25-26 juin – Michel Lebel

Homicide conflictuel – arme blanche (une vingtaine de coups de couteau)

? - ? SC

Prudent Pelletier, acquitté.

Prudent Pelletier et Michel Lebel se querellaient depuis un certain temps. Le 25 juin 1853, Pelletier travaillait au champ lorsqu’il a croisé Lebel et les injures ont aussitôt recommencées. La bagarre s’est terminée lorsque Pelletier a infligé à son rival une vingtaine de coups de couteau. Lebel a succombé à ses blessures le lendemain. Pendant ce temps, Pelletier avait eu le temps de prendre la fuite. Quelques jours plus tard, accablé par les remords, il est revenu pour se livrer aux autorités.

Son procès s’est tenu devant le juge Panet au cours des mois de novembre et de décembre 1853. Le 17 novembre 1853, Le Journal de Québec a publié le discours préparatoire que le juge a livré aux jurés.[104] Tout au long du procès, le même journal a présenté de longs extraits des témoignages. Après une heure de délibérations, les jurés sont revenus avec un verdict d’acquittement. Pelletier a aussitôt été libéré.

1853, 26 avril – Nancy Heard

Matricide – arme à feu (revolver)

Wickham, Centre-du-Québec – 1 SC

William Ezra Brainard, son fils, pendu.

            Le 26 avril 1853, William Ezra Brainard a tué sa mère d’un tir de revolver. Il était venu passer quelques jours chez elle afin de régler certaines affaires de famille. Quand la dispute a éclaté, il a traité sa mère de menteuse. Brainard prétendait qu’un testament fait par sa mère était faux, car celle-ci l’avait écarté de sa succession. L’un des projectiles tirés au moment de l’altercation s’est engouffré dans l’épaule de son frère, Lorenzo Franklin Brainard, qui a tenté de l’arrêter. William a profité de la cohue soulevée par son geste pour prendre la fuite et franchir la frontière américaine. L’annonce de sa fuite a été publiée dans quelques journaux américains, de sorte que plusieurs hommes ont été arrêtés et relâchés après avoir vérifié leur véritable identité. En juin, le gouvernement canadien a même offert une récompense de 400$ pour sa capture.[105] Durant sa cavale, qui s’est échelonnée sur une période de 7 ans, son nom a semé la terreur dans la région.

            En janvier 1860, « un homme, assez bien mis, portant un petit sac de voyage à la main, descendait lentement le chemin de Melbourne à l’Avenir, et se rendait à Wickham. L’apparence de cet étranger voyageant à pieds piquait la curiosité des passants. Quelques-uns trouvaient qu’il ressemblait à Brainard, mais s’attendant si peu à le rencontrer ils n’osaient en croire leurs yeux. »[106] Une fois à Wickham, le fugitif est entré dans une maison appartenant à un certain Boisvert mais qui, sept ans plus tôt, était habitée par l’un des frères de Brainard. Surpris de ne pas y trouver son frère, il a aussitôt repris sa route. Boisvert, qui l’avait reconnu, a sonné l’alarme. Brainard a finalement été arrêté quelques jours plus tard alors qu’il se réchauffait près d’un poêle, dans un hôtel de Lennoxville. À la vue des autorités, il a mis sa main sur la crosse d’un revolver inséré dans son pantalon, mais il n’a finalement opposé aucune résistance.

            William Ezra Brainard a subi son procès au palais de justice de Trois-Rivières quelques mois plus tard. Le jury a délibéré durant 20 minutes avant de rendre un verdict de culpabilité. Il n’a fait preuve d’aucune émotion lorsque le juge l’a condamné à mort. Le 26 octobre 1860, il est monté sur la potence de la prison de Trois-Rivières. « Brainard a été exécuté à 11h cet avant-midi. Il est mort dans l’endurcissement, ayant jusqu’au bout refusé les sacrements et toute consolation religieuse. Ses derniers mots ont été blasphématoires. » Une forte pluie tombait sur la région au moment de sa pendaison. Sa dépouille a été rapatriée à Melbourne, en Estrie.[107] Brainard est considéré comme le 3e meurtrier à avoir été pendu dans l’enceinte de la prison de Trois-Rivières. Dans le dossier judiciaire préservé à BAnQ-TR on retrouve un long poème écrit par Brainard et qui ne semble pas avoir inquiété les grands auteurs classiques. Il s’agit également du plus ancien matricide répertorié par le DHQ.

1853, 4 mai – Enfant de sexe masculin

Néonaticide/Infanticide – strangulation

Québec - ? SC

Non élucidé.

Un enfant de sexe masculin a été retrouvé mort à Québec le 4 mai. Le coroner J.-A. Panet a écrit dans son rapport d’enquête: « il est étranglé avec un bandage de coton autour de son cou. » Il a été impossible d’en apprendre davantage.

1853, août – Bébé de sexe féminin non identifié

Infanticide –

Montréal, Rue St-Urbain – ? SC

Non élucidé.

Dans Le Pays du 31 août 1853, on mentionne avoir trouvé le corps d’un enfant de sexe féminin âgé de quelques jours sur un lot de terre vacant au sommet de la rue Saint-Urbain. La victime ne portait aucun vêtement.

1853, 30 octobre – Mme Joseph Gauthier

Homicide commis lors d’un vol – objet contondant (crosse d’arme à feu)

Yamachiche – 2 SC

Louis Théberge alias Lizotte, 28 ans, pendu; Édouard Berthiaume et Charles Leclerc, acquittés.

            Le dimanche 30 octobre, un individu a fait irruption dans la maison des Gauthier à Yamachiche où il a volé une centaine de louis. Il a tué la femme de Joseph Gauthier à coups de crosse d’arme à feu devant de jeunes enfants. À la mi-décembre, il semble que le même individu se soit attaqué à une autre femme, cette fois à Saint-Barthélemi. L’homme a profité du fait que le mari était dans les bois pour la battre et menacer son jeune enfant avec une arme à feu. Avant de partir, il a laissé la femme pour morte après l’avoir frappé avec un tisonnier. Trouvée par son mari et soignée convenablement, elle a pu raconter ce qui lui était arrivé. À cette date, les autorités avaient déjà arrêté Édouard Berthiaume en lien avec le meurtre de Mme Gauthier.[108]

            C’est après l’arrestation de Louis Théberge alias Lizotte, et surtout après sa comparution en avril 1854, qu’on a pu en apprendre davantage. Ce travailleur itinérant était parti de chez son beau-frère, à Saint-François de la Rivière-du-Sud, pour se rendre à Trois-Rivières, soi-disant pour y trouver un emploi. Le 27 octobre 1853, il se trouvait chez un certain Dupont, à Pointe-du-Lac, à qui il a dit être à la recherche de chevaux. Il a ensuite demandé s’il y avait des chevaux chez Joseph Gauthier, ajoutant qu’il avait entendu dire que celui-ci était riche. Il s’est rendu une première fois chez Gauthier, à Yamachiche. Lorsque Gauthier lui a dit qu’il n’avait pas de chevaux à vendre, Théberge lui aurait demandé comment retourner à Trois-Rivières en passant par les terres. Il s’est probablement caché pour attendre que M. Gauthier quitte la maison avant de frapper au cours de la matinée du 30 octobre. Au cours de l’après-midi, Dupont l’a croisé sur la route. Il lui a demandé s’il voulait monter avec lui, mais Théberge a continué de marcher en gardant le silence.

            Quelques jours plus tard, Théberge s’est retrouvé à prendre un traversier à Champlain pour se rendre à Gentilly. Le responsable du traversier, un certain Hamelin, lui a demandé l’heure, et c’est là qu’il a vu que Théberge avait une montre en cuivre. De retour chez son beau-frère, il a expliqué avoir trouvé de l’argent laissé par des voleurs de banque dans une cruche. Par ailleurs, une petite fille a trouvé dans ses bottes une montre en cuivre. Théberge a conseillé à son beau-frère de la détruire, car si on la trouvait il risquait d’avoir des ennuis. Le beau-frère a plutôt décidé de l’apporter à un représentant de l’ordre. Dans les vêtements de Théberge, on a aussi retrouvé deux revolvers et de l’argent. Quant à la montre, on a fini par l’identifier comme étant celle de Joseph Gauthier, de Yamachiche.

Théberge venait à peine de sortir du pénitencier pour un autre crime. Selon le registre de la prison de Trois-Rivières, il avait 28 ans, les cheveux bruns et les yeux gris. Il était l’un des rares prisonniers de l’époque à mesurer 6 pieds. Quant à son caractère, il a été décrit comme « mauvais ». Théberge a subi son procès au palais de justice de Trois-Rivières en septembre 1854. Le 16 septembre, il a été reconnu coupable tandis que ses co-accusés, Édouard Berthiaume et Charles Leclerc, ont été acquittés. Le 3 décembre 1854, Théberge est devenu le deuxième criminel pendu dans l’enceinte de la prison de Trois-Rivières, devant une foule estimée à 5 000 personnes. Or, la population de la ville comptait 4 004 habitants en 1851 et 5 769 en 1861.[109]

1854, 14 janvier – Pierre Dion[110]

Homicide conflictuel – arme blanche (ciseaux)

Québec, quartier Saint-Roch, rue Saite-Marguerite – 1 SC

François-Xavier Julien, son beau-père, plaidoyer de folie, condamné à mort, sentence commuée.

            Le 14 janvier 1854, François-Xavier Julien s’est rendu chez son beau-père afin d’y voir sa femme, qui s’était réfugiée chez Dion après avoir été violentée par son mari. Malgré tout, elle lui a avoué son amour, mais Dion a expulsé Julien de chez lui. Par la suite, Julien a tenté d’oublier son malheur dans le travail, mais sa colère ne le quittait plus. Il a donc essayé de revoir sa femme, mais en arrivant chez Dion il a compris qu’il allait désormais devoir s’adresser à un avocat. Les explications d’un avocat lui ont redonné espoir, mais Julien, sans le sou, a rechuté dans sa colère en apprenant qu’il devait débourser 10$ pour les frais de l’Habeas Corpus.

            Déterminé à reprendre sa femme, il s’est rendu chez un dénommé Thibeau, dans le quartier Saint-Roch, où il a croisé Pierre Dion. Au moment de lui serrer la main, Julien lui a planté des ciseaux dans le cœur. En sortant, Julien a marché sur la rue Saint-Vallier pour s’arrêter au pied de la Côte-à-Coton, devant une foule qu’il a défié de venir l’arrêter. Quand on s’est aperçu qu’il n’était plus armé, des hommes se sont chargés de l’immobiliser avant de le conduire en prison. Lors de son procès, l’avocat de Julien, le futur juge en chef J.-T. Taschereau, a présenté un plaidoyer de folie. Il a fait témoigner plusieurs experts de la médecine, une procédure encore inusitée pour l’époque. En dépit de cet effort, le jury a déclaré Julien coupable de meurtre et le juge l’a aussitôt condamné à mort. Un débat s’est alors entamé dans les journaux à propos de la peine de mort. Des pétitions ont été lancées afin de promouvoir la commutation de peine. Finalement, le général Rowan a accepté de suspendre la peine de mort et a envoyé Julien pour le reste de ses jours à la prison de Kingston, en Ontario.

1854, 17 septembre – Thomas Flanagan

Homicide par négligence criminelle – arme à feu (arme de poing)

Québec, Exhibition building – 1 SC

Bihin, responsable d’homicide justifiable.

            Dans la nuit du 16 au 17 septembre 1854, le surveillant Thomas Flanagan et ses collègues, Maguire et Linn, ont répondus à une plainte de grabuge au Exhibition building, à Québec. Alors que Flanagan se frayait un chemin à l’intérieur du bâtiment, après avoir été repoussé une première fois, un coup de feu a retenti. L’arme de poing responsable de ce tir se trouvait dans la main d’un dénommé Bihin (ou Bibin), un homme mesurant 7 pieds et 8 pouces qui craignait qu’on s’en prenne à son argent. On croit qu’il transportait sur lui une somme considérable en billets de banque. Le projectile a pénétré dans la partie gauche de la poitrine de Flanagan, le blessant mortellement. Il a finalement succombé à sa blessure vers 5h30, au matin du dimanche 17 septembre 1854.[111]

            L’enquête du coroner, qui s’est tenue à l’Hôtel Dieu de Québec, a rendu un verdict d’homicide justifiable. Flanagan était le deuxième policier mort en service dans l’histoire du Québec, mais le premier par homicide.[112] Il semble n’y avoir eu aucune autre procédure criminelle. Toutefois, il apparaît que cet homicide doit se retrouver dans la catégorie concernant la négligence criminelle puisqu’un usage appropriée de cette arme n’aurait vraisemblablement pas causé la mort de Flanagan.[113]

1855, 23 juin – Mary Richardson, 28 ans

Homicide à motif indéterminé – strangulation et noyade

Trois-Rivières, rive de la rivière Saint-Maurice – ? SC

Non élucidé.

Le corps de Mary Richardson a été retiré des eaux de la rivière Saint-Maurice à un demi-mile de Trois-Rivières. On a rapidement écrit à propos de cette victime qu’elle était originaire de Montréal mais qu’elle abusait aussi de l’alcool. Depuis sa sortie de la prison de Trois-Rivières, deux jours plus tôt[114], elle vagabondait dans les rues. Selon le registre des écrous, Mary savait lire, elle avait les cheveux et les yeux bruns. On la disait de religion protestante. « Peu de jours avant sa mort, elle avait été vue au milieu d’une bande de mauvais sujets qui la maltraitaient sans que personne n’osa on ne put la retirer de leurs mains! La veille du jour où son cadavre fut trouvé flottant sur l’eau, plusieurs l’ont vue vers 9 ou 9 ½ heures du soir en compagnie de deux ou trois vauriens. Ceux-ci, paraît-il, la maltraitèrent cruellement : on l’entendit jeter de hauts cris et dire entre autres choses Laissez-moi! Je m’en vais à Montréal; par où embarque-t-on pour Montréal? Vers dix heures l’équipage d’un bateau à l’ancre tout près du rivage, vit quelqu’un descendre la côte en trainant quelque chose sans pouvoir rien distinguer et sans pouvoir obtenir aucune réponse malgré leur demande de qui va la? Deux d’entre l’équipage s’armèrent chacun d’un fusil, mais la peur les empêcha d’en faire usage. Ils n’eurent ni le courage ni la curiosité de voir ce qui se passait. Le lendemain matin le cadavre d’une malheureuse était trouvé flottant sur l’eau! A 20 pieds environ du bateau on remarquait encore le matin, une large trace tout le long de la côte et l’empreinte des pas de celui ou de ceux qui avaient trainé le corps jusqu’à la rivière. Les bas de la malheureuse étaient encore sur le rivage. Et tout cela se passait à 9 ½ heures, dans la ville de Trois-Rivières, à 20 pieds d’hommes armés, et les coupables en sont encore ignorés! Quelle sûreté y a-t-il ici pour la vie de celui qui a besoin de sortir le soir! »[115]

Le même journal a soulevé des doutes sur la compétence des jurés du coroner en plus de souligner la nécessité de créer un véritable corps de police à Trois-Rivières. « Ce sont tous de braves et d’honnêtes gens, mais le public aurait mieux aimé voir cette fois surtout des jurés plus instruits et capables de bien profiter de toutes les circonstances pour faire un rapport raisonné et raisonnable. Nous espérons avec le public qu’on sera plus sage à l’avenir dans la formation d’un corps de jurés. Et cette mort devra convaincre les citoyens de l’efficacité d’une police pour la ville, s’ils tiennent à conserver la vie de leurs femmes et la leur. Le rouge nous monte au front en écrivant ces lignes, car le fait que nous racontons est une disgrâce pour la ville. »

Ce n’est peut-être pas une coïncidence si la Ville de Trois-Rivières a finalement créé son corps policier deux ans plus tard, soit le 26 octobre 1857.

Le rapport du coroner Valère Guillet détermine que Mary Richardson a été étranglée par un ou des inconnus qui l’ont ensuite jeté à l’eau de la rivière Saint-Maurice pour finalement la tuer par noyade. Pour sa part, La Minerve a précisé que les chaussures et le chapeau de Mary n’ont jamais été retrouvés.

1855, 17-19 octobre – Robert Corrigan

Homicide cautionné par un groupe/par excitation – battu à mort

Saint-Sylvestre – 1 SC

Non élucidé. Richard Kelly, Patrick Donaghue, Francis Donaghue, George Bannon, John McCaffrey, John Hagen, Patrick Monoghan et Patrick O’Neill, acquittés.

Selon Raymond Boyer, Corrigan était un homme qui aimait se vanter de ses exploits physiques et qui a fini par être tué par une bande de fiers-à-bras. L’attaque s’est produite le 17 octobre 1855. Sauvagement battu, Corrigan est mort seulement deux jours plus tard, le 19, ce qui lui a donné le temps de faire une déclaration. L’agression s’est produite pendant l’Exposition agricole. Au moment où l’incident a attiré l’attention des témoins, plusieurs hommes avaient déjà le dessus sur Corrigan. Après avoir vu Peter Stocking être violemment écarté de la bagarre, un témoin a vu Corrigan se relever alors que Richard Kelly lui demandait s’il avait lancé une pierre. Corrigan a répondu que non, mais Kelly lui a répliqué : « Oui, tu en as lancé une. » Immédiatement, il l’a frappé de nouveau. George Bannon en a alors profité pour donner un coup de pied dans les parties de Corrigan et un autre dans les côtes. Kelly sauta ensuite sur lui à pieds joints au niveau de son ventre et il enchaîna avec des coups de bâton dans les côtes tandis que Corrigan essayait de se relever. McKie et d’autres hommes ont alors pris Corrigan par les bras pour le traîner un peu plus loin, mais le blessé leur a dit : « Laissez-moi, ils m’ont assassiné et je veux mourir ici. »

Les hommes venus en aide au blessé ont été suivi par les agresseurs, qui ont continué à lancer diverses menaces.[116] L’enquête du coroner a conclu que le meurtre avait été prémédité et commis par onze personnes identifiées et d’autres qui sont demeurées inconnues. Le procès, qui a duré 16 jours et au cours duquel on a entendu 43 témoins, a établi que Corrigan avait déjà donné une correction à O’Neill. Tous les accusés ont été acquittés. En février 1857, un dénommé Hagan a été acquitté du meurtre de Corrigan. Son procès s’est étalé sur sept jours. « L’acquittement de Hogan a produit une certaine sensation. »[117]

1856, 22 mai – bébé de sexe féminin

Néonaticide –

Montréal, fonderie Dunbar – 2 SC

Non élucidé.

Le 22 mai 1856, le corps d’un enfant de sexe féminin a été retrouvé dans le bassin d’un canal situé près de la fonderie Dunbar, à Montréal. L’enfant était complètement nue, et paraissait âgée de 3 ou 4 jours. Elle avait été jetée dans le canal et emportée par la rivière.

1856, 6 juillet – Andrew Wetherwax

Homicide argumentatif – battu à mort

Pike River (Estrie) – 1 SC

Non élucidé. John Germain Wetherwax, son cousin, acquitté.

Dans une taverne de Pike River, après quelques verres, Andrew et John Germain Wetherwax ont abordé un sujet relatif à l’argent. John Wetherwax aurait demandé à Andrew de lui payer à boire, mais les deux hommes se sont rapidement retrouvés dehors. Un instant plus tard, au moment de sortir de la taverne, un témoin a vu la victime se traîner le long d’un mur tandis que l’accusé s’élançait pour le frapper à nouveau. Le témoin a alors dit à John de reculer et qu’il devrait avoir honte de s’en être pris à son cousin. Le blessé a fini par mourir de ses blessures. En octobre 1857, au terme de son procès, John Germain Wetherwax a été acquitté.

1857, 12 janvier – Joseph Bisson

Homicide domestique par une conjointe – empoisonnement (arsenic)

Québec, faubourg Saint-Roch – ? SC

Anaïs Toussaint, son épouse de 17 ans, condamnée à mort, sentence commuée. Luce Campagna, acquittée.

Six semaines après son mariage avec Joseph Bisson, Anaïs Toussaint s’est débarrassée de son mari en lui administrant de l’arsenic. Le procès de la jeune femme de 17 ans s’est déroulé vers la fin de janvier 1857 à Québec. Selon les éléments qui ont pu en ressortir, le crime ne pouvait s’expliquer par les mauvais traitements puisqu’on a démontré que Bisson prenait soin de sa jeune épouse et la respectait. Au contraire, Anaïs s’était rapidement montrée infidèle. Son mari a souffert durant une dizaine de jours avant de succomber à l’arsenic. Au terme de son procès, elle a été condamnée à mort. Selon un journal, une certaine Luce Campagna a aussi été accusée pour complicité de meurtre, mais dans son cas le jury a été incapable de s’entendre à l’unanimité et l’accusée a dû subir un deuxième procès, au terme duquel elle a été acquittée.

            En juin, Me Plamondon, l’avocat d’Anaïs, a plaidé en faveur d’une commutation de peine. Il a remporté sa bataille et Anaïs a été conduite au pénitencier de Kingston, en Ontario. « Nous avons déjà dit que nous applaudissons de tout notre cœur à cette décision du chef du gouvernement et nous croyons devoir mentionner que ce résultat est dû en partie aux efforts que M. Plamondon a fait depuis près de quatre mois pour épargner à notre cité l’ignoble spectacle d’une exécution à mort. »[118] Grâce à sa bonne conduite et surtout au dévouement de Me Plamondon, elle a eu droit à un pardon en 1874. Anaïs serait retournée vivre dans sa famille.[119]

1857, 14 avril – John Simpson, 60 ans

Homicide conflictuel – arme blanche (hache)

Montréal – 1 SC

Non élucidé. Eusèbe et François Parent, acquittés.

Le sexagénaire John Simpson habitait à Saint-Louis de Gonzague. Son fils avait accepté de lui payer une rétribution afin de devenir propriétaire de la ferme. En constatant que ces dépenses étaient trop pour lui, il a échangé la propriété contre une plus petite ferme appartenant à Francis Parent. Or, les voisins ont commencé à dire aux Parent qu’ils avaient fait une mauvaise affaire. En guise de réponse, l’un des membres du clan Parent a dit que le problème serait bientôt réglé puisqu’il tordrait le cou au vieux Simpson.

Un soir d’avril 1857, Eusèbe Parent a invité le vieux Simpson à venir inspecter avec lui les limites de la terre. Le lendemain, avant de s’engouffrer dans les bois, Eusèbe lui a demandé d’apporter sa hache. Simpson a donc fait demi-tour pour lui rendre ce service, retournant chez lui pour prendre sa hache avant de disparaître dans les bois avec Eusèbe Parent. Simpson n’a plus jamais été revu vivant par la suite.

Eusèbe est revenu seul à la maison avec la hache, et quand on lui a demandé où se trouvait Simpson, il a répondu que ce dernier avait rencontré un gentleman habillé en noir avec un chapeau et des gants (ce qui ne collait évidemment pas avec le temps boueux d’avril) et qu’il était parti avec cet étranger. Les recherches pour retrouver Simpson ont durées trois jours. Quand on a pu le localiser, son corps se trouvait entre deux poutres. L’homme avait eu le crâne fracturé et portait plusieurs autres blessures à la tête. En novembre 1857, les frères Parent ont été acquittés. The Montreal Witness a attribué ce verdict à l’incompétence du procureur de la Couronne.

1857, mai – caporal Reynolds

Homicide à motif indéterminé – arme blanche (baïonnette)

Montréal – ? SC

William Jones, soldat du 39e régiment, condamné à mort.

Le caporal Reynolds a été tué d’un coup de baïonnette dans le ventre donné par William Jones, un autre soldat du 39e régiment. Un mois plus tôt, les journaux ont parlé d’un soldat du même nom faisant partie du 39e régiment et qui avait volé un passant en plus de se balader en compagnie d’une prostituée du nom de Mary Murphy. En octobre 1857, Jones a été reconnu coupable de meurtre et condamné à être pendu le 11 décembre.[120]

1857, 26 juin – 253 victimes[121]

Homicide par négligence criminelle – par incendie et par noyade

Entre Québec et Cap-Rouge, sur le fleuve, en direction de Montréal – 1 SC

John Charles Rudolf, John Wilson, Jean Baptiste Dorval et Alexandre Rocheleau, reconnus coupables d’homicide involontaire. Louis Roberge, acquitté.

            Le 26 juin 1857, vers 16h00, 400 passagers montaient à bord du vapeur Montreal qui mouillait alors dans le port de Québec et dont le capitaine était John Charles Rudolph. Son concurrent, le navire Napoléon, venait à peine de quitter le port pour se mettre en direction de Montréal. Le capitaine Rudolph a donc ordonné à son équipage de mettre la pleine puissance. Bientôt, alors qu’on se dirigeait vers Montréal, on a réussi à doubler le Napoléon. Toutefois, en face de Sillery, une fumée inquiétante a commencé à susciter la peur. Il était déjà trop tard. Les flammes se sont répandues dans plusieurs compartiments et ont forcé les passagers à se retrancher sur le pont. Le premier à se jeter à l’eau a été un Abénaquis de Bécancour nommé Pierre Jacques. Celui-ci a réussi à atteindre la rive mais la plupart des autres passagers n’ont pas eu cette chance.

            Le vapeur à aubes, transformé en boule de feu, s’est immobilisé en face de Cap-Rouge. Les deux canots de sauvetage ayant été détruits, il ne restait plus que quelques vestes pour sauver les passagers. Certains ont été brûlés vifs alors que d’autres ont péris noyés. Le navire Napoléon, commandé par Pierre-Édouard Cotté, est venu en aide aux passagers en détresse. Selon l’auteur Denis Robitaille, le nombre des victimes s’est élevé à 253 personnes, dont 15 membres d’équipage. Le Napoléon a ensuite repris sa route vers Montréal avec à son bord 109 survivants et les corps de 16 victimes.

            L’enquête du coroner a criminellement tenu responsables le capitaine Rudolph, le premier pilote Dorval, le propriétaire du bateau John Wilson, et le second Louis Roberge. Ils ont ensuite été accusé d’homicide involontaire.[122] Le procès a débuté le 2 février 1858 à Québec. Louis Laberge a été acquitté, alors que le 12 février, les pilotes Dorval et Rocheleau ont été condamnés à une amende de 400$. Le capitaine John Charles Rudolph a toutefois obtenu qu’on écarte toute accusation contre lui en raison de problèmes de santé. « Ce jugement jeta la consternation dans l’opinion publique. John Wilson, quant à lui, retenu à New York par des ennuis de santé, n’a pas eu à subir son procès. »[123]

1857, 29 juin – Nouveau-né de sexe masculin

Néonaticide – suffocation

Montréal, Albion Hotel – 1 SC

Ann Dooly, sa mère, 23 mois de prison.

Ann Dooly travaillait comme servante au Albion Hotel de Montréal. Le 29 juin 1857, elle a donné naissance à un bébé de sexe masculin. Une collègue de travail, Margaret Purcelle, a témoigné à l’effet d’avoir vu l’enfant mort dans les toilettes et quand elle avait demandé à Dooly si le bébé était vivant à la naissance, celle-ci avait répondu : « je n’ai pas pris le temps de regarder. » Selon un médecin, l’enfant était bien vivant à sa naissance. Il est mort de suffocation. En novembre 1857, Dooly a été reconnue coupable et condamnée à 23 mois de prison pour avoir caché la naissance de son enfant.

1857, 12 juillet – Mary Ahern

Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – battue à mort (chute dans un escalier)

Montréal, quartier Sainte-Anne, rue Cothborne – 1 SC

Michael (ou Michel) Durack, son mari, acquitté.

Michael Durack, qui habitait sur la rue Cothborne, dans le quartier Sainte-Anne, a été arrêté pour le meurtre de sa femme, Mary Ahern. Le 12 juillet 1857, alors qu’il revenait chez lui en état d’ivresse, il a eu une violente dispute avec elle. Il l’a frappé avant de la jeter en bas de l’escalier. Une importante blessure à la tête a causé la mort de Mary. En octobre 1857, Durack a été acquitté.

1857, août – McDougall

Homicide argumentatif – arme blanche (hache)

Montréal – 1 SC

Michel Jovanetti, acquitté.

On ignore le motif à l’origine de la dispute qu’il y a eu entre ces deux hommes, mais il semble qu’à un certain moment McDougall a lancé une hache en direction de Michel Jovanetti. L’arme lui a effleuré le visage avant d’atterrir parmi des enfants. Jovanetti aurait donc saisi la hache avant de se retourner vers McDougall pour en finir. En novembre 1857, Jovanetti a été acquitté.

1857 – Enfant non identifié

Néonaticide/Filicide?

? - ? SC

Non élucidé. Mary (ou Nancy) Martin et Lydia Alexander, accusées d’infanticide, libérées.

            En mars 1858, ces deux femmes devaient subir leur procès, mais les procédures ont été abandonnées parce que les témoins de la Couronne ne se sont jamais présentés au tribunal. Les deux accusées ont donc été libérées.

1858, 18 janvier – Catherine Prévost Desforges, 60 ans

Meurtre par passion – empoisonnement

Saint-Jérôme – 1 SC

Marie-Anne Crispin, 45 ans[124], et Jean-Baptiste Desforges, époux de la victime, pendus. Antoine Desforges, acquitté.

Le 18 janvier 1858, Catherine Prévost Desforges était retrouvée morte à Saint-Jérôme. Elle a succombé à un empoisonnement. Cette nuit-là, Catherine devait dormir seule en raison de l’absence de son mari. Marie-Anne Crispin, dont le mari était mort l’année précédente, s’est presque imposée pour aller passer la nuit avec elle et Antoine Desforges. Ceux-ci seraient arrivés le soir pour ne pas être vus par le voisinage. Vers minuit, Jean-Baptiste Desforges est allé frapper à la porte de voisins en criant que sa belle-sœur était mourante. À l’arrivée des premiers témoins, Catherine était déjà morte et recouverte d’un drap.

Marie-Anne Crispin et l’époux de Catherine, Jean-Baptiste Desforges, ont été accusés du meurtre. Selon les journaux qui ont couvert le procès, Marie-Anne Crispin était la maîtresse de Desforges. Ce dernier était cordonnier de métier. Le 20 avril, ils ont été reconnus coupables et condamnés à mort. Ils ont été pendus simultanément le 25 juin 1858 à la prison de Saint-Jérôme, à 10h00.[125] Selon Raymond Boyer, Marie-Anne Crispin avait d’abord été accusée du meurtre par empoisonnement de son mari, un dénommé Bélisle, mort en 1857, mais l’accusation avait été abandonnée.[126]

1859, 2 avril – Anselme Charron

Profit personnel –

Saint-Hyacinthe – 1 SC

Jean-Baptiste Beauregard, pendu.

Anselme Charron, un homme d’affaire de Saint-Charles-sur-Richelieu, s’est rendu à Saint-Hyacinthe au matin du 2 avril 1859. Il transportait une importante somme d’argent. Jean-Baptiste Beauregard a été la dernière personne aperçue en sa compagnie, alors qu’il se dirigeait en direction du pont Biron. Les deux hommes étaient alors en état d’ivresse. Peu après, Beauregard est revenu seul, le souffle coupé. Avant la disparition de Charron, Beauregard avait également tenté d’obtenir le droit d’ouvrir une auberge, alors qu’après on l’a entendu se vanter qu’il avait maintenant la somme nécessaire pour réaliser son projet.

Neuf jours après la disparition, un ami de Charron est allé voir Beauregard pour lui demander directement où se trouvait le disparu. Beauregard a alors répondu : « je ne m’en souviens pas. » Finalement, le cadavre de Charron a été retrouvé au début de mai 1859. Sa tête portait des marques évidentes de violence. À la suite de l’enquête du coroner, Beauregard a été arrêté et accusé de meurtre. Il a été reconnu coupable et pendu le 16 décembre 1859 à la prison du Pied-du-Courant, à Montréal, en face de la distillerie Molson, par une journée froide et nuageuse. Juste avant la pendaison, le prêtre qui accompagnait le supplicié a profité de l’occasion pour pointer du doigt la distillerie Molson afin de condamner les méfaits de l’alcool. Beauregard laissait dans le deuil sa femme, Sophie Delage, ainsi que ses enfants.

1860, 7 avril[127] – Adélaïde Bizaillon; et Marie Bizaillon, 13 ans

Homicide sexuel désorganisé – objets contondants (rondin et pieu) – viol – surpuissance

Saint-Athanase, près de Kamouraska, Bas Saint-Laurent – 2 SC

Non élucidé. Flavien Morin et Moïse Collette, acquittés.

Le 17 avril 1860, ce sont des travailleurs du chemin de fer qui ont fait la découverte de deux corps sauvagement battus. Adélaïde Bizaillon et sa fille de 13 ans, Marie, ont été violemment assassinées à coups de pieux et possiblement de rondin. Le pieu, d’une longueur de 5 pieds, a été retrouvé près de l’une des deux victimes. Les comptes rendus de l’époque rapportent que Marie a été violée. Durant l’enquête de coroner, on a entendu 63 témoins et les soupçons se sont rapidement portés contre Flavien Morin, ainsi que sur Moïse Collette et John McNulty. Il semble que le double meurtre soit survenu le 7 avril alors que les corps ont été découvert seulement dix jours plus tard. Le cadavre de la jeune Marie, dont la tête et une partie du tronc se trouvaient sous une souche et des branches, ne laissait à découvert que la moitié inférieure de son corps. Dans le champ, on a découvert le corps de la mère. « La fille était appuyée sur ses mains et ses genoux, ayant entre les jambes le panier contenant les différents petits articles qu’elle avait achetés à St-Athanase. Les têtes des deux victimes avaient été affreusement meurtries et mutilées, et le crâne enfoncé. On s’était servi, pour cet horrible objet, de rondins et d’un pieu de clôture que l’on trouva près de là et dont les extrémités étaient couvertes de sang »[128]

D’après les médecins, la jeune Marie a été violée. On croit que la mère et la fille revenaient de Saint-Athanase, à environ 6 ou 7 miles de là, lorsqu’elles ont été attaquées. Elles suivaient à pied la voie ferrée. Étant donné la robustesse de Mme Bizaillon, on croyait à l’époque qu’il y avait au moins deux agresseurs. Flavien Morin a été rapidement soupçonné parce qu’il aurait parlé du crime avant la découverte des corps. Devant le coroner, Morin a plutôt dit qu’il avait appris l’affaire de la bouche de Moïse Collette. Ce dernier a nié avoir dit quoi que ce soit à Morin. Lors du procès de Morin, en avril 1861, la défense a présenté un scénario selon lequel Morin ne se trouvait pas dans le secteur au moment des meurtres. Ainsi, il a été acquitté. Moise Collette a également été acquitté, mais le destin qui l’attendait soulève des questions. En juillet 1861, on pouvait lire dans le Le Franco-canadien[129] qu’on venait de retrouver son corps dans le canal Lachine. Le journal croyait à un suicide.

1860, automne – Bébé Burns

Néonaticide/Filicide par un père maltraitant – battu à mort

East Bolton, Estrie – au moins 2 SC

Alexander Burns, son père de 45 ans, pendu.

Alexander Burns était considéré comme un homme violent. Il a été arrêté en 1848 pour avoir blessé un homme avec une hache. Jugé inapte à subir son procès, on l’avait conduit à l’asile de Beauport, d’où il était ressorti au bout de trois mois. À son retour à East Bolton, dans la région de Sherbrooke, il se serait vanté de s’en être bien sorti.

À l’automne 1860, un vieux voyageur du nom de Nelson Lilian s’est arrêté chez les Burns pour quelques jours. Par la suite, le vieil homme a disparu. Cindal Burns, le fils de 16 ans d’Alexander, s’est lui aussi évaporé à la même époque. Les habitants du canton ont alors décidé que c’en était assez et ils ont organisé une fouille de la demeure, qui consistait en une maison en bois rond qui abritait Burns, sa femme, sa mère et 9 enfants, dont le plus jeune avait 3 mois et le plus vieux 18 ans. Burns lui-même était décrit comme un homme de 45 ans. La découverte d’ossements humains sur la ferme a poussé Burns à prendre la fuite. Cependant, on a découvert que Cindal était en vie. Il s’était sauvé avec Lilian parce que son père avait abusé de lui.

Les Burns ont affirmé que les ossements étaient ceux d’un cheval, mais le Dr Patee a déterminé que les os étaient humains. Une enfant de 9 ans de la famille, Joséphine, a avoué aux autorités que Cindal avait été malmené par son père parce qu’il avait l’intention de dévoiler ce qu’il savait à propos du bébé. Mais quel bébé? Joséphine a donc expliqué que sa sœur Mary Jane avait eu un enfant et que Burns l’avait froidement tué. Pour sa part, Cindal a déclaré avoir vu son père violer sa sœur Mary Jane, avoir assisté à la naissance de l’enfant et vu son père tuer le poupon. Il aurait déposé l’enfant dans la neige pour ensuite le battre à mort. Finalement, la petite Joséphine, âgée de 9 ans, a admis à son tour avoir été violée par son père.[130] Alexander Burns a été pendu le 6 septembre 1861. Un journal a estimé entre 15 000 et 18 000 le nombre de curieux venus assister à la pendaison.[131]

1861, 25 août – Jose Anna Shay

Homicide domestique par un conjoint suicidaire – arme à feu

Saint-Jean-sur-le-Richelieu, Montérégie – 1 SC

Patrick Lane, son mari, acquitté pour aliénation mental.

Au printemps 1861, Patrick Lane, sa femme et leurs quatre jeunes enfants ont quitté les États-Unis pour venir s’installer dans la ville de Saint-Jean. Le 19 août 1861, Patrick Lane a été renvoyé de la brasserie où il travaillait parce que l’ouvrage manquait. Sachant qu’il était malade, un ami, Phillip McGinnis, est allé lui porter du beurre et du pain. Au moment de cette visite, Lane ne lui a pas paru très raisonnable. Par exemple, il a dit à son ami qu’il allait mourir. Il en était tellement convaincu qu’il lui a confié sa montre et son argent. Finalement, McGinnis s’est retiré quand il a compris que Lane voulait que personne ne parle à sa femme.

Le 25 août, Hubert Faille, un voisin, s’est précipité chez les Lane après avoir entendu un coup de feu. À son arrivée, l’odeur de poudre s’était répandue dans la maison, et la victime était renversée sur un berceau. Tous les enfants criaient et pleuraient. Le voisin a dû éteindre le feu qui commençait à prendre sur les vêtements de la victime et qui avait été allumé par la poudre noire sortant du canon de l’arme à feu.[132] Il a ensuite pris le fusil et les amorces avant de sortir de la maison, évitant ainsi que Lane fasse d’autres victimes. Peu après, Lane a affirmé que sa femme lui avait demandé de la tuer.

Après son arrestation, il a essayé de frapper l’un de ses gardiens avec un bâton, mais le coup a été évité. Lors du procès, un témoin a dit que la victime semblait avoir un retard mental. En l’absence de son mari, Jose Anna Shay et ses enfants ne sortaient jamais de la maison, sous peine de recevoir une violente correction. Lane maltraitait sa femme et ses enfants, autant verbalement que physiquement. Selon un témoin, il lui arrivait de se parler et de se disputer tout seul. Au terme de son procès, tenu en mars 1862, il a été acquitté parce que « l’accident a eu lieu à un moment où Lane était privé de sa raison. »[133]

1862, mars – David Meagher

Homicide conflictuel – arme blanche (hache)

? - ? SC

Michael Farrel, acquitté. Pendu pour un autre homicide commis en 1878.

            En 1862, suite à un conflit dont les origines nous échappent, David Meagher a menacé de mort Michael Farrel. En mars de la même année, alors qu’il revenait de Québec, Meagher et son père ont croisé Farrell et la bagarre a immédiatement éclaté. Farrell, armé d’une hache, a mis fin au conflit en frappant David Meagher à plusieurs reprises. L’enquête de coroner a blâmé Farrell pour homicide involontaire mais il a été acquitté lors de son procès. En 1878, Farrel a récidivé en tuant un autre voisin avec lequel il entretenait un conflit. (Voir 1878, 25 août – Francis « Frank » Conway)

1862, juin? – Alexander McKinnon

Homicide à motif indéterminé -

Pointe-Lévis, sur le navire Confiance – 1 SC

Non élucidé. William Callaghan, acquitté d’homicide involontaire.

Le meurtre de McKinnon, un matelot de Lévis, se serait produit sur le navire Confiance. Des témoins ont raconté avoir vu le visage de Callaghan couvert de sang après la mort de la victime. Callaghan a été acquitté en juillet 1862. Toutefois, il semble qu’il ait aussi été accusé d’avoir causé des blessures à un dénommé Kelly.

1862, 4 juillet – Sergent William H. Bewley

Meurtre par vengeance – arme à feu

Québec, caserne militaire – 1 SC

Thomas Crozier, canonnier et subalterne de la victime, prison à vie et travaux forcés.

Le 4 juillet 1862, vers 14h00, dans la cour des casernes de l’artillerie, à la porte du Palais, une parade militaire se préparait. Les troupes formaient les rangs pendant que le sergent William H. Bewley, de la 7e brigade, était occupé à aligner les hommes, tournant ainsi le dos à la station. C’est alors que le canonnier Thomas Crozier est sorti de la station, a épaulé son arme à feu et a tiré dans le dos du sergent. Bewley a pivoté sur lui-même avant de tomber. La balle aurait traversé son corps et blessé ensuite le bombardier Aaron Chappell. Bewley est mort vers 16h00. On croit que le crime était motivé par le fait que la victime avait fait plusieurs rapports contre Crozier afin de le punir de sa mauvaise conduite. En février 1863, Crozier a été condamné à la prison à vie ainsi qu’aux travaux forcés.

1863, 11 septembre – Patrick Pearl (ou Parell)

Homicide à motif indéterminé –

Québec, quartier Saint-Roch, rue Saint-Vallier – ? SC

John Meehan, 25 ans, pendu.

L’enquête du coroner Panet sur la mort de Patrick Pearl a permis de rendre un verdict de responsabilité criminelle à l’endroit de John Meehan et James Crotty. Meehan, qui a ensuite été accusé de meurtre, a été décrit comme un Irlandais qui, en état d’ivresse, a battu à mort un de ses compatriotes. Reconnu coupable, il a été pendu à 10h00 le 22 mars 1864. Son exécution a été la dernière à avoir été réalisée en public dans le district de Québec. Un artiste du nom de Grosperrin aurait chanté une complainte au moment précis de l’exécution. Bilingue, Meehan se serait adressé à la foule dans les deux langues pour dire qu’il n’avait jamais eu l’intention de prendre la vie de Pearl. Quand son corps est tombé du haut de la potence, il y aurait eu une certaine réaction de panique dans la foule. Par ailleurs, sa cagoule ait tombé pendant sa chute, ce qui a fait en sorte que plusieurs curieux ont vu son visage pendant qu’il agonisait. La dernière exécution à Québec remontait à 1836.

La Gazette de Sorel a présenté un portrait expliquant que Meehan était originaire de Sainte-Catherine de Fossambaut et que son père, mort en 1860, était un cultivateur respectable. Devenue veuve, sa mère avait vendu la ferme pour venir s’installer à Sorel avec ses quatre enfants. Meehan était alors devenu charretier, un métier qu’il a pratiqué jusqu’à ce qu’il se transforme en meurtrier. Le crime a été commis le 11 septembre 1863 sur la rue Saint-Vallier, dans le faubourg Saint-Roch, à Québec, vers midi. Selon une rumeur, il existait une vieille querelle familiale entre lui et sa victime. Il aurait été aidé par James Crotty, mais ce dernier semble avoir échappé à la justice.

1864, 9 janvier – Charles Anselme Mercil, 13 mois

Infanticide par une meurtrière d’âge adulte – jeté dans un puits

Longueuil – 1 SC

Joséphine Achim, 23 ans, accusé de meurtre, maladie mentale, ?

            Le 9 janvier 1864, alors que son mari était sorti, Mme Mercil s’est aperçue que son enfant âgé de 13 mois, Charles Anselme, était absent. Elle a commencé à le chercher dans la chambre de sa belle-sœur, Joséphine Achim, qui se trouvait à l’étage. Se retrouvant devant une porte verrouillée, Mme Mercil s’est longuement obstinée avec Joséphine pour qu’elle lui ouvre. Finalement, lorsqu’elle s’est décidée à lui ouvrir, la mère a constaté que son enfant manquait toujours à l’appel. Toutefois, au moment de passer au côté d’elle, Joséphine a laissé échapper cette phrase : « en allant dans le jardin, j’ai échappé l’enfant dans le puits. »

            En effet, avec l’aide d’un voisin, c’est au fond du puits que la mère a retrouvé le corps de son jeune fils. Quand on lui a demandé pourquoi elle avait fait ça, Joséphine a seulement répondu : « il est au ciel! » L’enquête de coroner a démontré que Joséphine entretenait une obsession pour justement « envoyer l’enfant au ciel. » Le coroner a conclu à un homicide involontaire. Joséphine a immédiatement été conduite à la prison de Montréal pour y attendre son procès. Sujette à des attaques de folies, on sait qu’elle avait passé plusieurs années dans des institutions psychiatriques. Au moment de son crime, elle revenait d’un séjour d’une durée de huit ou neuf mois à l’Asile de Saint-Jean. Il semble qu’elle n’ait pas eu à subir de procès. Il est probable que la justice l’ait expédié en institution pour une période indéterminée.

1864, février – Victoire Leblanc dit George, 78 ans

Homicide domestique – objet contondant (tisonnier)

Québec, Saint-Roch – 1 SC

Joachim Dessaint dit St-Pierre, son arrière-neveu, ?

C’est dans le quartier Saint-Roch, à Québec, que Victoire Leblanc, une dame âgée de 78 ans, a été tuée par un coup reçu sur la tête. Son arrière-neveu, Joachim Dessaint dit St-Pierre, âgé de 25 ou 30 ans, demeurait dans la même maison. On le disait sujet à des accès de folie. En février 1864, il est entré dans la chambre de sa vieille tante, qui se trouvait alors avec deux petits garçons. Il est resté assis tranquillement un instant puis il s’est levé pour courir jusqu’au poêle, il a saisi le tisonnier et a frappé violemment la vieille femme.[134]

Au moment d’être arrêté, on a décrit St-Pierre comme une personne qui ne donnait pas l’impression de savoir ce qui se passait. Il est probable qu’il ait été envoyé en institution psychiatrique puisqu’on ne retrouve aucune trace d’un quelconque procès dans les journaux de l’époque.

1865, 28 mai – Marie-Louise Sauvage, 31 ans; et Marie Justina Moquin, 2 ans

Homicide sans discernement commis lors d’un vol– arme à feu et incendie – mise en scène

Laprairie – 1 SC

Stanislas Barreau, ancien employé des Moquin âgé de 23 ans, pendu.

Le 28 mai 1865, Alex Moquin a quitté sa maison vers 8h45 en compagnie de sa femme, de son fils (Casimire Moquin) et de sa bru, confiant la maison à ses servantes Marie-Louise Sauvage, 31 ans, et Délima Duquet, 14 ans. Après la messe, son neveu Louis Brossard s’est empressé de venir lui apprendre que sa demeure était victime des flammes, sans compter que l’une de ses servantes et un enfant étaient morts. Alex Moquin s’est aussitôt précipité chez lui. La maison se situait sur la côte des Prairies, à une lieue du village de Laprairie. En entrant, il a trouvé sur le plancher le corps de sa servante Marie-Louise Sauvage, et celui de sa petite-fille Justina Moquin. Deux voisins étaient déjà en train d’éteindre ce qui semblait être deux foyers d’incendie.

Alex Moquin a également constaté que le coffre qui contenait son argent avait été forcé. Lors du témoignage qu’il a livré par la suite, il a estimé à 200$ le contenu de cette boîte. Des projectiles d’arme à feu avaient causé des trous dans une table, dans le plancher, dans un cabaret et dans une porte. Selon le témoignage de Délima Duquet, Stanislas Barreau, un ancien domestique des Moquin, s’était présenté en demandant si M. Moquin était là. Il y avait deux ans que Barreau n’avait pas été vu dans les environs. Maintenant, il tenait un fusil dans ses mains. Il a demandé à manger et les deux servantes lui ont donné du jambon. Marie-Louise est disparue avec lui au jardin durant quelques minutes après lui avoir dit qu’il était sale. De retour à l’intérieur de la maison, il avait fini par dire « je suis maître ici ». Sur ces paroles, il avait ouvert le feu, d’abord sur Marie-Louise. Barreau a tiré un coup de pistolet en direction de Delima alors qu’elle sa cachait sous une table. Ensuite, elle l’a vu jeter des couvertures aux pieds de Marie-Louise avant de gratter une allumette pour mettre le feu à la paillasse. Avant de pouvoir se sauver avec un jeune enfant dans les bras, Délima a pu voir les deux victimes au sol. Elle a finalement couru chez le voisin Damase Sorel pour obtenir de l’aide.

Barreau a pris la fuite, mais les autorités ont réussi à lui mettre la main au collet alors qu’il se cachait à Kingston, en Ontario. En novembre 1865, au terme de son procès, il a été reconnu coupable et pendu.[135]

1865, 16-24 septembre – Georges Bernier

Homicide à motif indéterminé – arme blanche (couteau)

Sur un navire naviguant sur le fleuve – 2 SC

Non élucidé.

Georges Bernier a été tué sur un navire qui naviguait sur le fleuve Saint-Laurent avant d’être jeté par-dessus bord. Selon un témoin entendu à l’enquête du coroner, le capitaine avait justement menacé Bernier de le jeter à l’eau. Son corps a été retrouvé sur le rivage de Berthier, le 24 septembre 1865. Sa disparition a été publiée le 16 septembre. Le corps portait les marques de deux coups de couteau dans la région du cœur. Le pilote qui a remplacé Bernier a été averti de se tenir sur ses gardes. Il semble que ce meurtre n’ait jamais été résolu.

1866, janvier – Marie-Aglaé Babin, 28 ans

Homicide domestique – par noyade

Buckingham, rivière du Lièvre - ? SC

Non élucidé. Pasteur Jérémie Babin, acquitté.

Le cadavre en décomposition de Marie-Aglaé Babin, 28 ans, a été retrouvé le 25 juin près de la rivière du Lièvre à Buckingham. Infirme, Marie-Aglaé était incapable de se déplacer toute seule. En janvier 1866, en même temps que la disparition de Marie-Aglaé, son frère Joseph avait quitté pour les États-Unis. Le même soir, une dispute serait survenue entre le révérend Jérémie Babin et Joseph. Ce dernier était venu lui confier la garde de sa sœur handicapée, mais le pasteur de la mission St. Stephen ne voulait pas s’occuper d’elle. « Très peu de gens au village avaient entendu parler de cette jeune femme infirme avant que le corps ne soit retrouvé, flottant entre des billes de bois. Le révérend l’avait installée à l’étage, dans une petite chambre avec vue sur le cimetière. En trois mois et demi, jamais elle n’a quitté cet endroit, sauf pour aller rejoindre la mort. Elisabeth Abbott, la femme du révérend Babin, et aussi la cousine du député d’Argenteuil et futur premier ministre du Canada, John Caldwell Abbott, était enceinte de leur premier enfant. À l’époque, plusieurs croyances absurdes vis-à-vis des personnes au physique différent circulaient. L’une d’elles : la vue d’une personne handicapée pouvait nuire au développement normal de l’enfant à naître. »[136]

Marie-Aglaé a été inhumée sans cérémonie, mais le fossoyeur a constaté qu’elle avait les pieds difformes, une information qui a été suffisante pour convaincre le coroner de procéder à une exhumation. La cause du décès a alors été attribuée à la noyade. Toutefois, puisqu’elle était apparemment incapable de se déplacer toute seule, on en a déduit qu’elle avait été assassinée. Pour sa défense, Jérémie Babin a affirmé avoir confié sa sœur à un certain Moïse Ledoux, mais ce dernier est demeuré introuvable. Le procès du pasteur s’est ouvert en janvier 1867 à Aylmer et il a été acquitté. En 1869, après la mort de sa femme, il a confié ses enfants à ses beaux-parents avant de disparaître aux États-Unis, où il est décédé en 1913, happé par une voiture en Ohio.[137]

1866, 31 décembre – François-Xavier Jutras

Meurtre par passion – empoisonnement (strychnine)

Saint-Zéphirin de Courval – 1 SC

Sophie Boisclair, condamnée à mort, sentence commuée; Modeste Villebrun dit Provencher, pendu.

Le 26 octobre 1866, alors qu’ils prétendaient chacun à leur destination, Modeste (ou Modiste) Villebrun dit Provencher, un ancien juge de paix, et sa voisine Sophie Boisclair, ont quitté Saint-Zéphirin de Courval pour se mettre en route vers Sorel. Plus tard, des témoins les ont vu dormir dans la même chambre d’auberge. Peu de temps après, l’épouse de Provencher est décédée. Vers le début de décembre, alors qu’il n’avait pas été inquiété par les autorités, Provencher s’est installé avec Sophie Boisclair et le mari de celle-ci, François-Xavier Jutras. Le 31 décembre, on retrouvait le corps sans vie de ce dernier. L’enquête a permis de découvrir qu’il était mort empoisonné à la strychnine. La propre fille de Sophie a été témoin du comportement étrange de sa mère avec son amant.

Le procès de Provencher s’est ouvert le 22 mars 1867 à Sorel. Le 6 avril, après 5 minutes de délibérations, le jury l’a déclaré coupable. Le condamné a versé quelques larmes en croisant le regard de ses enfants, assis dans le prétoire, mais il s’est rapidement ressaisi. Quand on lui a demandé s’il avait quelque chose à déclarer, il a dit : « j’ai t’a dire que j’suis pas coupable. J’sais qui s’qu’a fait l’coup, mais c’est pas les accusés. »[138]

Le procès de Sophie Boisclair s’est ouvert deux jours plus tard. Reconnue coupable, on lui demandé à son tour si elle avait quelque chose à déclarer : « Monsieur, je ne veux pas que la sentence de mort soit prononcée à c’t’heure, parce que je suis enceinte. Je ne suis pas coupable; j’ai été accusée à tort. Je suis accusée sans être coupable; je puis vous le dire, si mon mari pouvait prononcer des paroles, vous verriez que je ne suis pas coupable. Si Dieu permettait que mon mari parlerait, vous verriez ce qu’il en serait aujourd’hui. »[139]

Provencher a été pendu à la prison de Sorel le 3 mai 1867. Il aurait eu le temps de dire au bourreau : « Notre Seigneur a enduré, et il n’était pas coupable. »[140] Selon le Shérif, Provencher a avoué son crime peu de temps avant de monter sur l’échafaud. Le 12 février 1868, Sophie était transférée au pénitencier de Kingston, en Ontario, puisqu’elle venait de se mériter une commutation de peine.[141] Selon le dossier judiciaire, elle n’aurait pas été libérée de prison avant 1886.

1867, 26 septembre – Jean-Baptiste Ouellet

Profit personnel – arme blanche (couteau) – mise en scène

Quelque part sur le Saint-Laurent, entre Sainte-Anne-des-Monts et Sept-Îles – 2 SC

Eugène Poitras, pendu.

En septembre 1867, Jean-Baptiste Ouellet résidait chez Eugène Poitras, à l’Anse-à-Jean (aujourd’hui Sainte-Anne-des-Monts),[142] au moment où il s’est blessé à une main en manipulant un couteau. Léocadie Poitras, 12 ans, lui a fait un bandage blanc cousu de fil noir. Puisqu’il hésitait à retourner seul dans les régions de la Gaspésie et de la Côte Nord, en raison de cette blessure, Poitras lui a proposé de l’accompagner. Le 26 septembre, Ouellet et Poitras s’embarquaient sur le fleuve Saint-Laurent en direction de Sept-Îles. Le soir même, vers 23h00, des hommes naviguant sur une barge ont entendu les cris d’un homme à travers la brume.

Poitras, qui avait la réputation d’être toujours sans le sou, a attiré l’attention de quelques témoins en montrant soudainement qu’il avait beaucoup d’argent. Pour expliquer la disparition de Ouellet, il a également fourni des versions contradictoires. C’est seulement en juin 1868, après la fonte des neiges, que le corps de Ouellet a été retrouvé sur l’Île-de-Mai par deux voyageurs. En cherchant du bois pour se réchauffer, ils ont vu qu’à un endroit précis la terre avait été fraîchement retourné. Le corps, dont la décomposition était très avancée, portait un bandage à la main droite et que Léocadie a plus tard reconnu comme étant celui qu’elle avait fait à Ouellet. L’enquête du coroner, en septembre, n’a pas permis de retrouver la moindre trace de violence sur le corps de Ouellet, mais Poitras restait tout de même le suspect numéro un. Son procès s’est ouvert en juin 1869 à La Malbaie. La défense a prétendu que Ouellet était toujours vivant, quelque part, mais cette affirmation n’a pas été prouvée et n’a surtout pas convaincu le jury. Il a été reconnu coupable et pendu. Selon l’auteure Marcelle Cinq-Mars, « c’est seulement sur l’échafaud que Poitras a finalement avoué son crime. Il aurait poignardé Ouellet. »[143]

1868, 12 février – Toussaint Boulet

Meurtre par passion – empoisonnement (strychnine et arsenic)

L’Ange-Gardien, près de Saint-Hyacinthe – 1 SC

Joseph Ruel, pendu.

            Le 12 février 1868[144], Toussaint Boulet, cultivateur de L’Ange-Gardien, a été retrouvé mort empoisonné. Il avait souffert durant quatre semaines avant de rendre l’âme. Joseph Ruel, qui habitait chez les Boulet depuis quelques mois, a vite été ciblé par l’enquête. La Gazette de Sorel a rapidement fait un lien avec l’affaire Provencher-Boisclair survenue deux ans plus tôt. En effet, on l’a soupçonné d’entretenir une liaison avec Arzélie Messier[145], l’épouse de Boulet. Cette relation durait depuis plus d’un an. En novembre 1866, Ruel était devenu veuf et s’était installé comme pensionnaire chez les Boulet. Lorsque Toussaint Boulet est tombé malade, Ruel s’est offert pour le soigner car il prétendait détenir certaines connaissances médicales. Comme d’autres assassins qui ont utilisés le poison pour commettre leur crime, il a prétexté vouloir acheter de la strychnine pour tuer des renards. Le 6 février 1868, Ruel avait même réussi à obtenir de la strychnine et de l’arsenic.

            Au cours de la soirée du 11 février, Boulet a joué aux cartes, mais le lendemain Ruel et Onésime Messier, la belle-sœur de Boulet, lui ont administré un remède avant de sortir de la maison. Pendant ce temps, Boulet a vomit avant de s’effondrer dans de violentes convulsions. Il est mort peu après.

Durant le procès, des témoins ont raconté avoir vu Ruel et madame Boulet s’embrasser. On les a également vu en train d’éprouver beaucoup de plaisir pendant que le mari était malade. En effet, on aurait pu croire à un copier-coller de la cause Provencher-Boisclair. Finalement, Joseph Ruel a été condamné et pendu le 1er juillet 1868 à la prison de Saint-Hyacinthe. Selon Le Canadien, on mentionne que « la femme Boulet, ayant un enfant dans ses bras, s’est présenté[e] à la fenêtre pour voir aussi l’exécution. » En fait, avant de mourir, Ruel aurait dit que « la femme Boulet que l’on veut faire passer pour ma complice, n’a jamais eu connaissance qu’il y eut de poison dans la maison, et qu’il y en ait eu d’administré à son mari. » Il semble qu’il n’y ait jamais eu d’accusation à l’endroit d’Arzélie Messier.

1868, 23 août – Joseph L’Heureux, 28 ans

Homicide conflictuel – arme blanche (couteau)

Québec, quartier Saint-Roch, angle des rues de la Couronne et du Prince Édouard – 1 SC

James Quinn, son collègue de travail, condamné à mort, sentence commuée en emprisonnement à vie.

            Dans la nuit du dimanche 23 août 1868, entre 1h00 et 2h00, une dispute a éclaté entre deux voisins, l’un nommé Flynn et l’autre Quinn. L’altercation s’est produite à l’intersection des rues de la Couronne et du Prince Édouard, dans le quartier Saint-Roch, à Québec. Durant la bagarre, Joseph L’Heureux est apparu, semble-t-il, dans l’espoir de les séparer. Quinn était ivre et faisait du grabuge depuis quelques heures déjà. L’Heureux, qui avait été son collègue de travail, lui a demandé s’il irait à nouveau tirer de la glace en sa compagnie sur la rivière Saint-Charles. Quinn a répondu : « Non, je ne pense pas que tu tires jamais de glace à l’avenir. » Sur ces mots, il a sorti un couteau et a poignardé L’Heureux dans l’abdomen, lui causant une blessure d’environ six pouces de longueur. Tout en lui ouvrant le ventre, il aurait dit « est-ce cela que tu veux? » À l’arrivée des policiers, L’Heureux était fort mal en point, ses intestins se répandaient déjà sur le sol. Il est mort deux heures plus tard.

            Le couple Flynn a été arrêté puis remis en liberté. Le 24 août, alors que se déroulait l’enquête du coroner, des citoyens ont planifié de lyncher Quinn pour son crime. Pour éviter le pire, le coroner a reporté son enquête au lendemain. En 1869, James Quinn a été reconnu coupable et condamné à mort, mais sa sentence a été commuée en emprisonnement à vie.

1868, 25 septembre – Henriette Gendreau; et ses deux enfants[146]

Familicide? – par incendie

Région de Victoriaville – 1 SC

Elzéar Guillemette, son mari et leur père, condamné à mort puis acquitté en Cour d’appel.

            Au cours de la nuit du 25 septembre 1868, vers 3h00, le shérif adjoint Charles James Powell a été réveillé par une voisine qui lui a dit que la maison la plus proche était victime des flammes et qu’une femme et ses deux enfants s’y trouvaient toujours. Powell s’est précipité sur les lieux pour découvrir qu’il ne pouvait plus rien faire. Toutefois, il a vu Elzéar Guillemette, le propriétaire de la maison, qui observait le brasier sans bouger, appuyé contre une clôture et ne portant que ses sous-vêtements. D’autres témoins ont rapporté que ce dernier avait crié à quelques reprises pour qu’on sauve sa femme et ses enfants.

Lors du procès, qui s’est ouvert le 28 février 1870 à Arthabaska[147], Powell n’a pas caché qu’il trouvait étrange que Guillemette ne soit pas venu le réveiller pour lui demander de l’aide.  Selon le témoignage du coroner Poisson, les corps des enfants ont été retrouvés à moins de trois pieds de celui de leur mère et les restes carbonisés d’un animal domestique ont aussi été retrouvés dans les cendres. Guillemette a été reconnu coupable et condamné à mort, mais une pétition déposée dans le district de Trois-Rivières le 24 avril 1870 a milité en faveur d’une commutation de peine. Parmi les arguments utilisés, on a souligné qu’Onésime Richard, un des témoins, était atteint d’idiotie, tandis qu’un autre se serait contredit. De plus, le témoin Philippe Blais n’avait que 9 ans au moment des faits. Finalement, Guillemette a été acquitté en Cour d’appel.[148] Cette affaire est donc restée un mystère.[149]

1869, 3 mars – Whittaker

Meurtre par vengeance – arme à feu (revolver)

Québec – 1 SC

Chaloner, 16 ans, acquitté.

Selon une enquête de coroner tenue en mars 1869, on a conclu « que la mort de M. Whittaker a été causée par un coup de pistolet tiré par Chaloner. » Selon un compte rendu, Chaloner a tué l’officier du 53e Régiment parce que celui-ci avait séduit sa sœur, environ trois semaines plus tôt. En fait, lors d’une visite chez la famille Chaloner, l’officier Whittaker aurait profité d’un moment où il était seul avec la jeune fille pour lui faire respirer du chloroforme dans son mouchoir tout en lui faisant croire que c’était un nouveau parfum. Il l’a ensuite violé pendant qu’elle était inconsciente. Lorsque son frère de 16 ans a été mis au courant de l’affaire, il s’est empressé d’acheter un revolver, a demandé qu’on lui enseigne comment s’en servir, puis il s’est dirigé au club des patineurs où il avait donné rendez-vous à Whittaker. Face à face, le jeune Chaloner a expliqué la situation, en plus de préciser qu’il s’apprêtait à lui faire regretter son crime. Sur ces paroles, Chaloner a sorti son arme et tiré deux fois sur le violeur. Selon un journal contemporain aux événements, Whittaker avait déjà commis un viol similaire à Toronto. « On condamne l’assassinat et on déplore le fait, mais personne n’éprouve de sympathie pour l’officier. »[150]

Quelques mois plus tard, Chaloner a été acquitté au terme de son procès. À l’époque, des journaux se sont questionnés à savoir si cet acquittement n’était pas dû à la haine que la population éprouvait envers l’officier.

1870, 17 juillet – Moïse Tremblay

Homicide à motif indéterminé – arme à feu

St-Patrice de Sherrington – 1 SC

Non élucidé. Ludger Arpin, 19 ans, acquitté.

            Le corps de Moïse Tremblay a été découvert le long d’une route à Saint-Patrice de Sherrington le 17 juillet 1870. Visiblement, il a été tué d’un coup de feu. Quelques jours plus tard, il devait épouser une jeune fille du nom de Poupart qui par le passé avait déjà courtisé un certain Ludger Arpin, 19 ans. Ce dernier a donc été accusé du meurtre sous prétexte qu’il aurait souhaité faire avorter le mariage dans l’espoir de retrouver ses chances de conquérir la belle. Au terme de son procès, en décembre 1870, Arpin a été acquitté.

1871, 3 mai – Mary Rooney

Profit personnel – arme blanche (hache)

Montréal – 2 SC

Johan Ingebretson (alias John Lee), 27 ans, pendu.

            Au cours de la nuit du 3 mai 1871, John Lee, alias Inglebretzen, un Norvégien de 27 ans, faisait la fête avec un dénommé Maloney dans une maison de Montréal appartenant à Mary Rooney, épouse de Charles Foster. Les trois hommes étant ivres, les choses ont tourné au vinaigre lorsque Lee s’en est pris à Mary pour lui voler la somme de 200$ sur laquelle il faisait une fixation. Après avoir tué la femme à coups de hache, il s’est empressé de se rendre dans un bordel pour dépenser le fruit de son gain. Il se trouvait encore en compagnie d’une prostituée lorsque les autorités ont procédé à son arrestation. Confronté au cadavre de sa victime, ses remords ont été suffisant pour le pousser à tout avouer. Reconnu coupable, Lee a été pendu le 17 novembre 1871.

1871, 25 mai – Marie Clara DeVilliers, âgée de quelques mois

Infanticide par une meurtrière d’âge adulte – empoisonnement

Cacouna, près de l’Île Verte – 1 SC

Marie McGaugh, sa nounou, condamnée à mort, commutation de peine, pardon.

            En août 1870, Marie McGaugh, qui accusait un certain retard mental, a été engagée comme nurse par Charles DeVilliers et sa femme, Marie Angèle[151], qui géraient une ferme située à Cacouna, près de l’Île Verte, ainsi qu’un magasin général. Sa principale fonction était de prendre soin de la petite Marie Clara, âgée d’à peine quelques mois. Les DeVilliers connaissaient le retard mental de leur servante, mais McGaugh avait par ailleurs bonne réputation en plus d’être obéissante. Le 21 mai 1871, la petite Clara est tombée malade, au point de faire des convulsions. Le Dr Paul Granvois a refusé de s’inquiéter et a prescrit quelques médicaments. Le 25 mai, Marie McGaugh a profité du fait que le couple DeVilliers était occupé dans son jardin pour administrer du phosphore au bébé. Léopoldine Martin, une autre servante, celle-là âgée de 11 ans[152], a entendu les cris de la petite victime et elle s’est immédiatement précipitée pour alerter ses patrons.

            En détectant l’odeur infecte dans le bol, les DeVilliers ont compris qu’il s’agissait d’empoisonnement. Incapable de s’expliquer, Marie McGaugh s’est réfugiée dans sa chambre, où elle s’est enfermée pour le reste de la nuit. La petite Clara est morte dans les bras du Dr Granvois. Le lendemain, Marie a tout avoué. Lors de son procès, qui s’est tenu à Rivière-du-Loup en novembre 1871, la défense a choisi de ne pas plaider l’aliénation mentale. Marie a été reconnue coupable et condamnée à mort. Une pétition a finalement convaincu la justice de commuer sa sentence en emprisonnement à vie. Marie McGaugh a donc été envoyée au pénitencier de Kingston, en Ontario. Elle s’est méritée un pardon en septembre 1879.

1871, août – Marie Lepage

Meurtre par passion – empoisonnement (arsenic)

Rimouski - ? SC

Hubert Banville, son mari, condamné à mort, commutation de peine.

Le 17 octobre 1871, c’est devant le juge Casault[153] de la Cour du Banc de la Reine à Rimouski qu’Hubert Banville a subi son procès sous l’accusation d’avoir tué sa femme, Marie Lepage, par empoisonnement. Le crime aurait été commis en août 1871. Selon l’accusation, Banville aurait mis de l’arsenic dans le thé de sa femme. Il avait acheté le poison en affirmant vouloir éliminer des rats. Toutefois, puisque la dose était chaque fois insuffisante, Marie Lepage aurait souffert durant une dizaine de jours avant de succomber. « Sa nièce qui la soignait, ayant goûté au thé, s’est trouvée indisposée. Cela fut pour la femme un trait de lumière et elle s’écria : « nous sommes empoisonnés par mon mari. Je suis perdu mais pour toi, il est encore temps, cours au village voir le médecin. »

Marie avait raison, car elle a succombé un jour ou deux après cet incident, tandis que sa nièce en a été quitte pour une indisposition. Le but de Banville était d’épouser une jeune fille qu’il avait déjà tenté d’enlever. »[154] Reconnu coupable, son exécution a été fixée au 4 décembre 1871. Sa sentence a cependant été commuée en emprisonnement à vie, ce qui lui valut un transfert au pénitencier de Kingston, en Ontario.

1871, 15-16 novembre – Malvina Bissonnette

Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – empoisonnement

Buckland, région de Bellechasse – 1 SC

Villebon Bissonnette, son conjoint de 36 ans, pendu.

Villebon Bissonnette a fini par se lasser de sa femme, au point de la maltraiter et de développer l’idée de s’en débarrasser. Sous un faux-prétexte, il a réussi à se procurer auprès d’un médecin l’arsenic dont il s’est ensuite servi pour empoisonner son épouse, Malvina Bissonnette. Celle-ci a été retrouvée morte le 16 novembre 1871. L’enquête du coroner a conclu qu’elle avait été empoisonnée.

En 1872, Bissonnette a été condamné à mort. Selon Clément Fortin, il se serait évadé pendant l’attente de son exécution, mais on l’a vite rattrapé.[155]

1872, juin-juillet – François Labelle, 75 ans

Parricide – arme blanche (hache) – mise en scène

Saint-Jérôme – 2 SC

Non élucidé. Moïse Labelle, acquitté.

            Depuis janvier 1872, François Labelle habitait juste au côté de son fils Moïse. Quelques mois plus tard, ce dernier a tué son père. Une fois son crime commis, l’assassin a déplacé le cadavre pour le coucher sur son lit, la tête profondément enfoncée dans un oreiller de plumes, de manière à cacher la blessure qui lui avait été mortelle. Le meurtrier a ensuite mis le feu à la maison. Celle-ci a presque entièrement été détruite dans le brasier. En arrivant sur les lieux, des témoins ont constaté que Moïse mettait ses voitures à l’abri plutôt que d’essayer de sauver son vieux père. Par chance, la tête de la victime a été retrouvée à peu près intacte, ce qui a permis de constater la blessure mortelle. Cet élément de preuve a mené au verdict de meurtre. Selon un compte rendu de l’époque, Moïse était du type sournois, haineux et vindicatif. Il détestait son père. Moïse se serait débarrassé de lui pour ne plus payer la rente qu’il devait lui verser.

            Moïse Labelle avait cependant deviné que les autorités finiraient par s’intéresser à lui. Il a donc pris la fuite. On l’a recherché jusqu’au Minnesota, mais en vain. Un soir d’hiver, le grand connétable Bissonnette, alerté par un informateur, s’est rendu à la maison de Labelle à Saint-Jérôme en compagnie d’un collègue. La femme de Labelle leur a ouvert la porte en affirmant ne pas avoir revu son mari. Toutefois, les deux hommes de loi ont compris que la position des draps laissait croire que deux personnes y avaient passé la nuit. En fait, Labelle se cachait sous le lit. Coincé, il a demandé la permission de monter au grenier pour faire sa toilette avant d’être amené en prison, mais Bissonnette a refusé. Cette décision lui a probablement sauvé la vie, puisque qu’on a découvert ensuite que Labelle avait caché un fusil chargé dans le grenier.

            L’accusé a subi un procès pour meurtre, mais « en dépit de la preuve accablante contre lui, Labelle fut acquitté par le jury, qui donna comme raison de sa conduite, que cerait [sic] un déshonneur pour St-Jérôme qu’une exécution capitale y eût lieu. »[156] En janvier 1902, trente ans après son crime, Moïse Labelle s’est enlevé la vie à Sainte-Agathe-des-Monts.[157]

1872, 16 juillet – James Dillon, 35 ans

Homicide argumentatif – arme blanche (hache)

Québec, marché Finley – 1 SC

Napoléon Pelletier, capitaine du Rivoli, acquitté.

Le capitaine Napoléon Pelletier se trouvait au marché Finley à Québec, accompagné du mousse de race noire Joseph Archer et du steward mulâtre Samuel Weak lorsque l’embaucheur de matelots James Dillon a offert une augmentation à Archer et Weak, à condition de s’embarquer plutôt avec lui. Les deux moussaillons ont refusé. Le capitaine Pelletier a d’ailleurs crié à Dillon de laisser ses hommes tranquilles. Un ami de Dillon répondant au nom de Burns a alors donné un coup à Weak tandis que Dillon se jetait sur le capitaine Pelletier pour le rouer de coups. Pelletier a réussi à agripper une hache pour en frapper son assaillant. Le coup a été si efficace que Dillon s’est effondré pour ne plus jamais se relever. Il serait mort une trentaine de minutes plus tard.

Pelletier a été accusé d’homicide involontaire et son procès s’est tenu au cours de l’automne 1872. L’auteur Raymond Boyer a rapporté que les témoignages ont été plutôt contradictoires, obligeant le jury à rendre un verdict d’acquittement.

1873, 25 février – femme de 18 ans

Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – strangulation

Saint-Zéphirin-de-Courval – 1 SC

Joseph Benoît, son conjoint de 28 ans, verdict de folie.

Joseph Benoît et sa jeune épouse de 18 ans étaient depuis seulement quatre mois. Benoît, un homme à l’aise financièrement, a développé une soudaine jalousie en voyant sa femme échanger quelques mots avec l’un de ses anciens cavaliers à la sortie de l’église. Le 25 février 1873, le couple est revenu à la maison et, vers 19h00, Benoît s’est rendu chez un voisin nommé Marcotte. Lorsque ce dernier lui a demandé pourquoi sa femme n’était pas avec lui, Benoît a répliqué qu’elle était morte, en plus d’ajouter que « je viens de l’étouffer! » À la maison, on a retrouvé la malheureuse étendue près d’un banc. Les journaux ont rapporté que le tueur habitait dans le même rang que Modeste Provencher, cet homme pendu en 1867 pour le meurtre du mari de sa maîtresse (1866, 31 décembre – François-Xavier Jutras).

Au moment de sa comparution, en mai 1873, Benoit a été décrit comme un prisonnier gras et bien portant. « Durant l’audition l’attention du prisonnier a semblé attirée par le tricorne de l’Hon. Président de la Cour, et le fou rire s’empara de lui. Il semblait trouver original cette coiffure nouvelle pour lui. Puis quand l’Hon. Juge voulut plus tard se faire expliquer les divisions intérieures de la maison du prisonnier, celui-ci riait aux éclats. Il en fut ainsi presque [durant] toute l’enquête. »[158] Le jury a conclu que Benoît avait tué sa femme sous l’emprise de la folie.

1873, 12 mai – James Armstrong

Homicide conflictuel – fourgon de chemin de fer

Montréal – 1 SC

James Quigley, acquitté.

James Armstrong, mortellement blessé au cours d’une dispute qu’il a eue avec James Quigley, un autre employé du Grand Tronc, a eu le temps de faire cette déclaration ante mortem : « La querelle recommença le 10, et le 12, vers deux heures et demie de l’après-midi, le prisonnier essaya de m’enlever mon fourgon. Comme je m’y opposais, il le poussa contre moi, je fus renversé par le choc et les roues de la voiture me passèrent sur le corps, tandis que ma tête allait frapper contre un baril de sucre. […] D’après les mauvais rapports que j’avais avec Quigley, depuis le commencement de mai, il devient évident pour moi qu’il a poussé le fourgon contre moi avec malice, et avec l’intention de me blesser. […] »

Armstrong est décédé quelques heures après avoir enregistré cette déclaration. En octobre 1873, lors de son procès, Quigley a été acquitté. Il semble que le jury ait préféré croire la version de la défense, qui militait pour un accident.

1874, 7 février – Patrick O’Brien, 19 ans

Homicide argumentatif – arme à feu (revolver)

Québec, hôtel LaRoche, chemin Ste-Foy - 1 SC

George Schmidt, 16 ans, condamné à mort, sentence commuée en emprisonnement à vie.

Dans l’après-midi du 7 février 1874, George Schmidt, 16 ans, s’est rendu à l’hôtel LaRoche, sur le chemin Sainte-Foy, avec une jeune femme du nom de Susan Louisa Elson et d’un dénommé Monsieur St-Laurent de Rimouski. L’hôtel de bonne réputation était tenu par Raymond Drolet. Échauffé par l’alcool, le jeune Schmidt s’est vite montré belliqueux, et même enclin à montrer ses talents de boxeur. Patrick O’Brien, qui en plus d’être le beau-frère de Drolet était le commis de l’hôtel, est devenu la cible de l’adolescent. Devant cette menace, O’Brien s’est contenté de sourire, mais Schmidt a insisté pour se battre, allant jusqu’à accuser O’Brien d’avoir volé un manchon à Susan. Au moment où O’Brien a contourné le comptoir pour suggérer au jeune homme de s’asseoir et de se calmer, la colère de ce dernier a explosé. Schmidt a sorti un revolver de poche et a tiré sans hésiter, atteignant O’Brien dans l’œil droit. Le commis s’est effondré et les clients ont pris la fuite. Pendant ce temps, Schmidt et ses deux compagnons ont pris la direction de Québec, où ils ont été arrêtés.

La police de Québec a appris que Schmidt était originaire de New York et qu’il habitait avec sa mère sur la rue Craig, dans le quartier Saint-Roch. Celle-ci tenait apparemment un hôtel « d’une réputation bien médiocre. »[159] Quant à Susan Elson, elle habitait Québec depuis trois ans.

Pendant son procès, en mai 1874, on a dit que l’accusé « est âgé de 17 ans. Il est de petite taille. Sur sa figure respire un sentiment de candeur et de bienveillance qui contraste singulièrement avec son caractère emporté. »[160] Selon le témoignage de Raymond Drolet, l’accusé avait constamment répété « je veux me battre » alors que personne ne lui prêtait attention.[161] L’accusé a été déclaré coupable et condamné à être pendu le 26 juin 1874. Toutefois, sa sentence a été commuée en emprisonnement à vie.

1874, 31 juillet – Alfred Baignet, policier

Homicide situationnel – objet contondant (pelle)

Montréal, marché Ste-Anne – 1 SC

Cornelius Deery, condamné à mort, sentence commuée en emprisonnement à vie.

            Dans l’après-midi du 31 juillet 1874, le constable Baignet a été appelé au marché Sainte-Anne afin de procéder à l’arrestation d’un ivrogne qui perturbait l’ordre publique en face du bureau de la douane. Au moment où il s’apprêtait à immobiliser le délinquant, le policier a été entouré par plusieurs personnes qui tentaient de nuire à son travail. Malgré cette résistance, Baignet a réussi à conduire le trouble-fête vers une voiture. Toutefois, avant qu’il puisse l’amener, le policier a été frappé d’un violent coup de pelle à la tête.[162]

Deux autres policiers ont accouru sur les lieux pour procéder aux arrestations de Patrick Deery, John Murray et James Joyce, tandis que le Dr Picault prodiguait les premiers soins au constable Alfred Baignet. Par ailleurs, la police s’est mis aux trousses du frère de Patrick Deery, celui qui était soupçonné d’être le véritable meurtrier. Une imposante chasse à l’homme s’est alors organisée. On a déployé des équipes de recherche à la gare Bonaventure et sur les bateaux à vapeur qui s’apprêtaient à partir pour Québec. « Trois détectives sont partis pour Québec et les ports intermédiaires afin d’arrêter Deery, dans le cas où il aurait pu se cacher à bord de l’un des vapeurs, comme on le suppose du reste, et il est à espérer qu’il n’échappera pas à la justice. »[163]

Pendant que Baignet succombait à sa blessure, Cornelius Deery était appréhendé à Dickinson’s Landing, comté de Stormont, en Ontario. C’est un détective du nom de Cullen qui s’est chargé de le ramener à Montréal. Le procès de Deery s’est ouvert à Montréal le 27 avril 1875 devant le juge Samuel Cornwallis Monk. Reconnu coupable, son exécution a été fixée au 26 juin 1875 avant que sa peine soit finalement commuée en emprisonnement à vie.

1875, 5 août – Daniel « Dan » Narbonne

Fratricide/Filicide –arme à feu et objet contondant (crosse de l’arme) – mise en scène

Township d’Arundel, comté d’Argenteuil – 2 SC

Jean-Baptiste Narbonne, son frère, François Narbonne, son père, et Geneviève Lafleur condamnés à mort, sentence commuée.

            François Narbonne, sous l’insistance de sa deuxième épouse, Geneviève Lafleur, a fini par chasser tous ses enfants de la maison, sauf le jeune Jean-Baptiste. La petite famille s’est alors installée dans le township d’Arundel, comté d’Argenteuil. En juillet 1875, Dan est revenu voir son père, lui confiant au cours d’une conversation avoir 300$ dans ses poches. Lorsque Jean-Baptiste lui a volé cet argent à l’instigation de ses parents, Dan Narbonne a injurié son père et sa belle-mère, en plus de critiquer leur mode de vie et de menacer de les dénoncer aux autorités. Furieuse, Geneviève a juré de se venger. Pendant que Dan travaillait sur sa terre, elle a persuadé son mari et son beau-fils que Dan souhaitait mourir et qu’on lui rendrait service en le tuant. Pour en rajouter, elle a affirmé que le jeune homme avait voulu l’agresser sexuellement.

            Geneviève a d’abord envisagé de l’empoisonner en plaçant une tasse sur le poêle, mais Dan l’a refusée. Menacé par ses parents, c’est finalement Jean-Baptiste qui a emprunté le fusil d’un voisin, prétextant devoir chasser l’ours, pour éliminer son frère. Dans la nuit du 5 août 1875, Jean-Baptiste s’est approché de Dan, qui dormait sur le plancher et a tiré sur son frère à bout portant. Atteint mortellement, Dan Narbonne a trouvé la force de se relever, contraignant son frère à l’achever à coups de crosse. François s’est ensuite jeté sur le corps de son fils pour lui faire les poches. On l’a ensuite enterré derrière la maison, espérant probablement que personne ne le trouverait.

            Dévoré par les remords, c’est finalement Jean-Baptiste Narbonne qui a raconté toute l’histoire. En 1881, tous les trois ont été condamnés à mort. Leur sentence a cependant été commuée en emprisonnement à vie.

1875, 13 août – George Clarke, policier

Homicide situationnel – battu à mort

Québec, Hôtel St-Louis – 1 SC

Robert Murphy, emprisonnement à vie pour homicide involontaire.

C’est au cours d’une intervention survenue à l’intérieur de l’Hôtel Saint-Louis, à Québec, que le policier George Clarke a été tué. Selon le commis François Régis Blais, un dénommé Murphy est parvenu à se dégager de l’emprise de Clarke. Quelqu’un se serait proposé de reconduire Murphy chez lui, mais « Clarke refusa en disant qu’il lui avait donné toutes les chances de s’en aller. Alors il vit Murphy saisir Clarke à la gorge, en disant qu’il l’étoufferait, le renverser par terre et lui frapper la tête contre le trottoir. Un homme de police survint et fit Murphy prisonnier. Quand on transporta Clarke dans l’hôtel, le témoin le vit respirer deux fois. Un instant après, un médecin vint et dit qu’il était mort. Il avait le derrière de la tête brisée et le sang coulait en abondance. »[164]

            Selon un autre témoin, Murphy était ivre et, au moment d’être arrêté par le constable Marcoux, il a offert une certaine résistance. Finalement, le coroner a conclu que le policier a succombé à des blessures à la tête qui lui ont été infligées par Robert Murphy. « Après le verdict Murphy a montré la même indifférence que pendant l’enquête. Il a été conduit à la prison enchainé. Flanagan a été mis en liberté, après avoir donné des assurances qu’il comparaitrait comme témoin quand il sera appelé à le faire. »

Le procès de Murphy, qui s’est ouvert le 15 novembre 1875, a été suspendu quelques jours plus tard en raison de la maladie qui a frappé l’un des avocats de la défense. L’accusé a finalement été reconnu coupable d’homicide involontaire, ce qui lui a mérité une sentence d’emprisonnement à vie.

1876, avril – Mary McBriarty

Homicide sans discernement commis lors d’un vol – arme à feu (revolver) – mise en scène

Saint-Edouard de Frampton (Frampton), Chaudière-Appalaches – 1 SC

Non élucidé. Virginie Lehouillier, acquittée.

Mary McBriarty, veuve de James Murphy, vivait seule à Saint-Edouard de Frampton. Elle avait la réputation d’être riche et de conserver son argent à la maison. En arrivant chez la veuve, en avril 1876, Virginie Lehouillier lui a demandé une bouteille de gin. Alors que Mary descendait à la cave, Virginie a tiré un coup de revolver dans sa direction. La balle a effleuré son cuir chevelu. Blessée, Mary est remonté pour se retrouver devant Virginie qui tenait toujours l’arme pointée sur elle. Une lutte s’est alors engagée entre les deux femmes. Trois autres coups de feu ont retenti et la veuve s’est écroulée sur le plancher, touchée à la poitrine. Virginie l’a alors traîné par les jambes pour la jeter dans la cave, avant de refermer la trappe. Mme Murphy, toujours consciente, a entendu Mme Lehouillier fouiller sa maison durant une quinzaine de minutes. Finalement, Virginie est sorti avant de verrouiller la porte derrière elle.

Retrouvée vivante, Mme Murphy a enregistré son témoignage devant un juge de paix[165] avant de succomber à sa blessure.[166] Virginie Lehouillier a dû subir un procès pour meurtre. Le 28 juin 1876, elle a été acquittée. « La preuve semblait cependant accablante contre la détenue. M. Linière Taschereau l’avocat de la défense, a fait un plaidoyer très éloquent et a causé une grande impression dans l’esprit des jurés. »[167]

1876, 12 juin – Cyprien St-Pierre

Homicide à motif indéterminé

Québec. Quai Finley - ? SC

Charles Talbot et François Lafrance, …?

Au cours de la soirée du 12 juin 1876, Cyprien St-Pierre et deux amis se sont rendus dans « une maison malfamée du faubourg St. Jean » à Québec pour y rencontrer « le prisonnier Lafrance. » Peu après, ils ont pris la direction d’une autre auberge pour y prendre quelques consommations d’alcool. À leur sortie, ils sont retournés vers la Basse-Ville. « Depuis lors, on ne sait ce qu’il est devenu, excepté que le gardien de nuit du Saguenay a dit à l’enquête que Ouellette était revenu à bord à 11 heures en disant que St. Pierre et Talbot le suivaient. Il paraîtrait, d’après le témoignage d’un nommé Pâquet, qu’il aurait vu Talbot à 4 heures du matin dans la rue St. Joseph, que Lafrance et le défunt n’auraient pas été revus depuis minuit. C’est là tout ce que l’on sait. Il faut avouer que le mystère est encore profond et les deux inculpés par le jury pourraient bien avoir été incriminés à tort. »[168]

Le corps de St-Pierre a été retrouvé près du quai Finley. Le coroner a rendu un verdict de « meurtre volontaire » contre Charles Talbot et François Lafrance.[169] Leur procès a eu lieu en novembre 1876, mais on en ignore les résultats.

1877, 29 septembre – Lazare Doré, policier

Homicide à motif indéterminé – arme à feu

Beauce - ?

George Bartley, acquitté.

Lazare Doré, un agent de la Police provinciale, a été tué en poursuivant le criminel George Bartley, en Beauce. Une partie de la population avait demandé une intervention militaire pour capturer le gang de Bartley. Le 30 septembre, la maison de Bartley a été incendiée et sa femme est demeurée dans la grange avant de se réfugier chez John Armstrong, le beau-frère de son mari. Les autorités ont compris que le fugitif était bien protégé par ses amis puisque ses animaux de ferme lui ont été transférés aux États-Unis, où il se cachait. Le 2 octobre, un premier représentant de l’ordre a été envoyé au sud de la frontière, mais le Chronicle a publié des informations qui ont embrouillé l’enquête et permis au fugitif de poursuivre sa cavale.

Le 15 octobre, deux constables spéciaux ont croisé Bartley aux États-Unis, mais ils n’avaient pas juridiction pour procéder à son arrestation. Ils lui ont donc demandé de se rendre mais Bartley s’est contenté de disparaître. Finalement, le commissaire Amyot a communiqué avec l’agence nationale des détectives Pinkerton. Bartley a été arrêté un mois plus tard.[170] En octobre 1878, il a été traduit en justice pour le meurtre du policier Doré et acquitté.

1878, 24 juillet – Mathew Mathevon, 50 ans

Profit personnel – Objet contondant

Rouse’s Point, Lac Champlain, près de Lacolle - ?

Cyprien Costafrolaz (alias De Mirabel), 41 ans, pendu.

            Mathew Mathevon, un marchand de soie originaire de Lyons, en France[171], a été tué dans la région de Lacolle le 24 juillet 1878. Mathevon a fait la rencontre de Cyprien Costafrolaz trois mois plus tôt, qui tenait une boutique d’horloger à Rouse’s Point. Il a convaincu Mathevon de le suivre jusque dans la région de Lacolle en lui faisant miroiter de bons contrats concernant la soie. Mathevon a donc quitté Montréal le 22 juillet pour se mettre en route vers Lacolle, emportant avec lui une malle remplie de rubans de soie et de velours pour une valeur estimée entre 800$ et 1 000$. Lorsqu’on a retrouvé la corps de Mathevon, il portait huit blessures distinctes à la tête, ainsi qu’aux mains. L’autopsie a permis de retrouver un éclat de bois dans l’une des plaies. L’enquête a conduit à l’arrestation de Cyprien Costafrolaz de Mirabel, un travailleur itinérant. Mathevon était en sa compagnie lorsqu’il a été vu pour la dernière fois.

Le procès de Costafrolaz s’est déroulé à Saint-Jean les 14 et 15 octobre 1878. Il a été reconnu coupable et condamné à être pendu le 13 décembre 1878. En apprenant qu’on lui refusait toute commutation de peine, se serait écrié « je ne suis pas coupable du meurtre de Mathevon. » Quelques heures plus tard, sur l’échafaud, il a déclaré à la foule : « Messieurs, je pense que vous vous attendez à ce que je fasse un discours et une confession; mais je n’ai aucune confession à faire. Je vais subir l’extrême pénalité de la loi pour un crime dont je suis entièrement innocent. »[172]

1878, 25 août – Francis « Frank » Conway

Homicide conflictuel – arme à feu (carabine) – fait partie d’une série

Sainte-Catherine, région de Québec – 1 SC

Michael Farrell, son voisin, pendu.

            En 1862, Michael Farrel avait été acquitté pour le meurtre de David Meagher. En 1875, sa relation d’amitié avec son voisin Francis « Frank » Conway a commencé à se dégrader, en particulier lorsque ce dernier aurait abusé de son droit de passage. En fait, de plus en plus de passants, incluant du bétail, empruntaient un chemin qui abîmait les récoltes de Farrell.  Pour contrer le problème, il a érigé une clôture mais pour Conway et son frère, cet obstacle a été interprété comme une provocation. La dispute a connu un point culminant lors d’une rencontre publique concernant le financement d’une école. Au matin du 25 août 1878, les frères Conway, accompagnés de deux de leurs enfants, sont allés visiter leur père. Alors qu’ils franchissaient la voie ferrée du chemin tant controversé, ils se sont retrouvés en face de Farrell. Lorsque ce dernier leur a demandé ce qu’ils faisaient là, Conway a répliqué qu’il passait, tout simplement. Sur ce, Farrell a tourné les talons et s’est éloigné. Au retour des frères Conway, Farrell les a de nouveau croisés, mais cette fois il était armé d’une carabine. Lorsque Conway a refusé d’écouter son dernier avertissement, Farrell a épaulé son arme et lui a tiré dans la tête. Le frère de Conway a tenté de le désarmer, mais Farrell l’a violemment frappé avec le canon de son arme.

            Farrell s’est livré aux autorités. Quelques corbeaux[173] auraient envoyés des lettres aux journaux afin de partager des commentaires haineux à l’endroit de Farrell. L’avocat de ce dernier s’est servi de cette menace pour demander un changement de venue, de sorte que le procès a eu lieu au palais de justice de Québec le 2 novembre 1878. Il a été reconnu coupable et pendu.

1879, 31 mai – Alphonse Quenneville

Homicide à motif indéterminé – Arme blanche (deux coups de couteau) – mise en scène

Montréal, rue Lagauchetière - ?

Non élucidé.

Vers 2h00, dans la nuit du 31 mai 1879, un feu s’est déclaré dans une écurie située sur la rue Lagauchetière, près de l’intersection de Bleury, à Montréal. Les pompiers sont rapidement arrivés sur les lieux pour découvrir que la fumée sortait des remises de J. Moray et Cie. Ils ont pu sauver 70 chevaux, mais une vingtaine de carrosses ont été détruits par les flammes. Lorsque l’incendie a été maîtrisé, les autorités ont découvert le gardien Alphonse Quenneville, qui dormait dans un bureau. Le plancher était maculé de sang. Il avait reçu deux coups de couteau mais il était encore vivant. Il a cependant rendu l’âme peu après, sans jamais reprendre conscience.[174]

En juin 1879, une récompense de 1 000$ a été offerte publiquement dans le but d’élucider le crime, mais en vain.

1879, 27 juin – Mary Gallagher

Homicide à motif indéterminé - Arme blanche (14 coups de hache) – démembrement - surpuissance

Montréal, rue William – 1 SC

Suzan Kennedy, condamnée à mort, sentence commuée.

            Le 27 juin 1879, un peu après midi, Helen Burke[175], qui résidait au 212 rue William à Montréal, a entendu un bruit étrange en provenance de l’appartement situé au-dessus. Plus tard, elle a comparé ce vacarme à celui d’un corps heurtant le sol. Le choc a été si violent que des morceaux de plâtre se sont détachés de son plafond. D’autres chocs, selon elle, ressemblaient à des coups de hache contre le plancher. Vers 14h00, Suzan Kennedy, la locataire du mystérieux logement, a crié par la fenêtre « je voulais me venger et j’ai réussi enfin. »

Vers 21h00, Mme Hartford, une amie, a rendu visite à Mme Burke et c’est à ce moment que la décision a été prise de contacter les autorités. Dès leur entrée dans le logement, les policiers McKinnon, Riley et Angers ont trouvé le corps d’une femme étendu sur le plancher. On lui avait tranché une main et la tête, celle-ci gisait dans une cuvette. Le corps a été identifié comme étant celui de Mary Gallagher.[176]

Pour sa part, Susan Kennedy était étendue sur son lit et feignait de dormir. « Qui a tué cette femme? », lui a demandé McKinnon. Kennedy lui a répondu que cette femme était venue chez elle au cours de la matinée en compagnie d’un homme et que c’était ce dernier qui l’avait finalement assassinée. Elle prétendait ne pas avoir eu connaissance du crime puisqu’elle dormait. Toutefois, elle a admis avoir vu l’homme nettoyer le sang sur ses mains et qu’elle n’avait pas immédiatement contacté la police pour donner une chance au tueur de prendre la fuite. Au poste de police, Suzan a fourni une autre version des faits. Cette fois, il était question de deux hommes. Durant l’interrogatoire, McKinnon a toutefois constaté la présence de taches de sang sur le rebord du jupon de la prévenue.

Selon le Dr James Guérin, qui a pratiqué l’autopsie, l’arme du crime était effectivement une hache. C’est le détective Cullen qui en avait fait la découverte à l’intérieur du logement.  Finalement, l’autopsie a révélé que la victime avait reçu 14 coups, visant principalement la tête et le visage. L’enquête du coroner s’est échelonnée du 28 juin au 7 juillet pour en arriver à la conclusion que Susan Kennedy, Jacob Mears et Michael Flanagan étaient criminellement responsables de la mort de Gallagher.

            Lors du procès, qui s’est ouvert le 30 septembre 1879, les jurés ont appris que James Connelly avait épousé Mary Gallagher 6 ans plus tôt pour ensuite la quitter, environ 4 ans plus tard. Celui-ci a raconté sous serment : « ma femme menait une vie déréglée et c’est pour cette raison que j’ai quitté. » Helen Burke a expliqué la peur qu’elle entretenait envers l’accusée, en grande partie en raison de son comportement étrange. La défense a plaidé l’aliénation mentale, mais le jury l’a déclaré coupable. Suzan Kennedy a été condamnée à être pendue le 5 décembre 1879, mais sa sentence a ensuite été commuée en emprisonnement à vie.

1879, 15 août – Pierre Giroux, 40 ans; son frère David Giroux, 36 ans; et Joseph Bouchette

Homicide cautionné par un groupe/extrémiste politique – arme à feu

Québec, port – 1 SC

Non élucidé.

            Le 15 août 1879, un affrontement a eu lieu entre des débardeurs irlandais et d’autres débardeurs canadiens-français au port de Québec. Les Irlandais du quartier Champlain s’étaient même cachés dans les maisons et dans le Cap Diamant. Au passage de l’attroupement des Canadiens-français, ceux-ci ont vainement tenté de leur prendre leur drapeau en tête de procession. « Arrivé au détour du Cul-de-Sac, à une centaine de verges du bureau de la marine et des pêcheries, les irlandais cachés dans le Cap tombèrent sur l’Union Canadienne et se mirent à lui lancer des pierres, à tirer des coups de revolver et de carabine. Les femmes se mirent à jeter à la tête des gens des pierres, des morceaux de fer, des plaques de poêle, des quartiers de bois. Tout était préparé depuis la veille; on avait empli les fenêtres de pierres. Le jeu a commencé dans une maison de brique blanche, près du marché neuf. L’eau bouillante a aussi joué un rôle dans l’affaire. Il y avait des Irlandais perchés jusqu’aux bords de la Citadelle et qui lançaient toutes sortes de projectiles. Devant pareille attaque, les Canadiens-français durent rebrousser route. Malheureusement les troubles ont été sanglants. »[177]

            Un premier compte rendu a parlé qu’un dénommé Giroux du quartier Saint-Roch avait été tué après avoir reçu un projectile d’arme à feu dans la tête. Il semble qu’il s’agisse de Pierre Giroux, 40 ans, et père de huit enfants. Un autre du nom de Fleury, de Pointe-Lévis, a eu un poumon perforé. D’après un article publié le 25 août, il semble que Fleury était en bonne voie de guérison.[178] David Giroux, frère du premier, a aussi été blessé gravement. Il a reçu une balle dans la gorge. Il a succombé quelques jours plus tard. Lors de l’enquête du coroner, on a appris que David aurait confié à un ami avant de mourir que celui qui avait tiré sur lui avait souvent travaillé en sa compagnie dans le port. Ce détail a été insuffisant pour permettre d’identifier le tireur. Pour sa part, le coroner Belleau a recueilli et remis 13$ à la famille de l’un des Giroux.

Le conflit à l’origine de cette sanglante confrontation a obligé les employeurs à embaucher un nombre égal d’Irlandais et de Canadiens-français pour tout chargement ou déchargement d’un vaisseau dans le port de Québec.

1879, 21 décembre – Thomas Mulligan

Homicide commis lors d’un vol – Par incendie – mise en scène

Scottstown, région de Sherbrooke – 1 SC

William Gray, pendu. Helen Connors, acquittée.

            Le 21 décembre 1879, le corps de Thomas Mulligan, un homme que l’on disait apprécié de tous, a été retrouvé calciné dans les cendres de sa demeure située à Scottstown, dans la région de Sherbrooke. L’enquête a conduit à l’arrestation de William Gray, trouvé en possession d’objets appartenant à la victime, dont des vêtements. Sa femme, Helen Connors, a aussi été arrêtée. On les a accusés d’avoir tué Mulligan avant de mettre le feu à sa maison.[179]

Le procès de Gray s’est déroulé le 6 octobre 1880 à Sherbrooke devant le juge Marcus Doherty. Helen a eu plus de chance que son mari puisqu’elle a été acquittée. Reconnu coupable, l’exécution de Gray a été fixée au 10 décembre 1880. On a tenté à plusieurs reprises de commuer sa peine, mais en vain. « Depuis sa condamnation, le prisonnier a toujours soutenu qu’il était innocent. »[180] Sur l’échafaud, vers 8h00, il a seulement admis avoir volé certains effets à la victime. « Le prisonnier conseilla alors aux jeunes gens de s’abstenir de prendre des liqueurs alcooliques et de fréquenter les femmes de mauvaises réputations. Ce sont ces deux vices, a-t-il ajouté, qui ont été la cause de ma perte. »[181]

Il était 8h10 lorsque le bourreau a ouvert la trappe.

1880, 29 mars – Odélide Désilets

Homicide sexuel désorganisé – arme blanche (couteau) – mutilation

Saint-Valère-de-Bulstrode, comté de Nicolet – 2 SC

Cléophas Lachance, son voisin de 22 ans, pendu.

            C’est à Saint-Valère-de-Bulstrode, un village du comté de Nicolet, qu’Odélide Désilets s’est rendue, en compagnie de son père, chez les Lachance, qui habitaient eux aussi le 10e rang.  Le 29 mars 1880, Désilets est retourné chez lui en laissant sa fille en compagnie des femmes de la famille Lachance. Pendant ce temps, le père Lachance s’est absenté pour assister à un encan, mais son fils de 22 ans, Cléophas, se trouvait à la maison. Ce soir-là, Odélide n’est pas rentrée. Son père a d’abord cru qu’elle avait accepté une invitation à dormir chez les voisins. Toutefois, au retour de Lachance, celui-ci a découvert que son fils Cléophas était blessé aux mains. Ce dernier a affirmé être tombé contre le tranchant d’une hache. Cléophas était un jeune homme de 21 ans « de petite taille et avec une tête un peu trop large pour sa stature. C’est un garçon plutôt renfermé, certains vont même jusqu’à dire qu’il n’est pas très intelligent. »[182]

            Le lendemain, c’est dans un puits situé sur la propriété Babineau qu’on a retrouvé le corps d’Odélide. Des traces de sang autour du puits ont attiré l’attention. La victime y a été plongée tête première. Selon Le Journal des Trois-Rivières, son cadavre portait de nombreuses blessures au cou et sous le menton faites par un objet tranchant. On lui avait également coupé une main. L’enquête du coroner a désigné Cléophas Lachance comme criminellement responsable.[183] C’est le grand connétable de Montréal, Adolphe Bissonnette, qui s’est chargé de l’enquête puisque les autres représentants de l’ordre de la région ne parlaient pas un mot français. Chez les Lachance, il a trouvé des couteaux et des mocassins correspondant parfaitement aux empreintes de pas laissés autour du puits. Le 9 avril, le prisonnier est passé aux aveux, révélant entre autres avoir suivi Odélide pour l’aborder sur la propriété de Babineau, qui était abandonnée. Il a aussi admis son intention de la traîner dans la grange pour la violer.  « Je lui ai demandé pour l’embrasser, elle m’a refusé; elle m’a repoussé et je suis tombé, je me suis relevé et étant fâché, j’ai sauté sur elle en la frappant avec mes poings, et là, je l’ai jeté à terre en la tenant par le cou. »[184]

Ensuite, il a sorti un couteau mais Odélide a réussi à le désarmer. Il a cependant repris l’arme pour achever sa victime. Lors de son procès, en novembre 1880, la défense a plaidé la folie mais les jurés ont préféré croire la version de la Couronne, qui a souligné que le crime avait été planifié. Cléophas a été reconnu coupable et condamné à être pendu. Tandis qu’il attendait son exécution, sa famille s’est relocalisée aux États-Unis. Il a été pendu peu de temps après. Sa dépouille a été inhumée dans la cour de la prison. Un journaliste qui l’a rencontré une heure avant l’exécution, a écrit que Cléophas lui paraissait « être une espèce d’idiot et son terrible sort semblait l’affecter très peu. »[185]

1881, 30 juin – Thomas Salter

Meurtre par vengeance – Arme blanche (couteau)

Pénitencier Saint-Vincent-de-Paul – 1 SC

Hugh Hayvern, codétenu de 28 ans, pendu.

            En juin 1881, c’est à l’intérieur même des murs du pénitencier Saint-Vincent-de-Paul, près de Montréal, que le meurtre de Thomas Salter est survenu. Le suspect tout désigné dans cette affaire était un codétenu de 28 ans répondant au nom de Hugh Hayvern. Selon l’auteure Cinq-Mars, Salter était en train de monter un escalier lorsque Hayvern lui est tombé dessus pour lui planter un couteau en pleine poitrine.[186]

Selon Ted McCoy, auteur de Hard Time : reforming the penitentiary in ninetheenth century in Canada, Salter était fils d’une famille respectable qui aurait eu le malheur de fréquenter des gens peu recommandables, ce qui l’avait entraîné dans la voie du crime. Salter avait reçu une sentence de 2 ans et peu après son arrivée au pénitencier il aurait été impliqué dans une spectaculaire tentative d’évasion. Toutefois, leur plan a été découvert par la direction. Les autres membres du groupe, évidemment déçus par l’avortement du projet, ont orienté leurs soupçons vers Salter, qu’ils ont blâmé d’avoir tout révélé aux officiels de la prison.  Ainsi donc, que ces hommes aient eu raisons ou non de l’accuser de traîtrise, c’est dans la soirée du 30 juin[187] que Hugh Hayvern l’a poignardé à la poitrine afin de se faire justice. Mortellement blessé, Salter se serait exprimé « Oh, mon Dieu! » avant de se traîner jusqu’à la porte de l’infirmerie. Il est mort une dizaine de minutes plus tard.

La meilleure description de Hayvern revient probablement à Cinq-Mars : « Hayvern a le teint sombre, est plutôt costaud et plus grand que la moyenne. À 28 ans, c’est un récidiviste. Dès l’âge de 16 ans, il a commencé à boire, malgré les efforts de sa famille pour le tempérer. Début vingtaine, il se tient avec une bande de voyous de son âge. On l’a arrêté plusieurs fois pour s’en être pris aux policiers, notamment en tentant de s’interposer dans l’arrestation d’un de ses comparses. Son casier judiciaire est impressionnant : de 1872 à 1879, il a été arrêté 22 fois […]. En attendant de passer devant le juge Monk, il a tenté de s’échapper de la prison de Montréal au moyen d’une corde à linge. Son complice a réussi à atteindre le sol et s’enfuir, mais la corde céda sous le poids d’Hayvern qui tomba à mi-chemin, d’une hauteur de 15 mètres, et fut repris aussitôt. »[188]

Au cours de son procès, en octobre 1881, c’est sans succès que la défense a plaidé l’aliénation mentale. Le meurtrier de Salter a été pendu le 9 décembre suivant.

1881, 19 juillet – Joseph Jackson

Profit personnel – objet contondant (pierre)

Abercorn, Estrie – 1 SC

William Richards, son ami, condamné à mort, se suicide avant son exécution.

            Selon Cinq-Mars, William Richards serait né vers 1831 à Hearborne, près de Birmingham, en Angleterre. Après une courte carrière dans la police, il a sombré dans le crime. Après avoir purgé 5 ans de prison, il a écopé d’une autre peine de 8 ans pour avoir volé et battu un homme. Libéré le 14 février 1881, il a tenté de rejoindre sa femme aux États-Unis, partie sur le nouveau continent dans l’espoir de faire fortune. Mais Richards s’est plutôt embarqué pour le Canada sur le SS Sarmatian, sur lequel il a fait la rencontre de Joseph Jackson. Les nouveaux amis sont descendus à Québec le 10 juillet 1881. Peu après, on les retrouvait au bureau de l’immigration à Montréal, où on leur a parlé de la possibilité de trouver de l’emploi en Estrie, plus précisément à Abercorn.[189] L’agent d’immigration leur a écrit le nom d’un employeur potentiel sur un bout de papier et les deux compagnons se sont mis en route.

            Le 19 juillet, Jackson et Richards atteignaient la ferme de Charles R. Ingalls, qui pouvait leur offrir un mois de travail pour un seul homme.[190] Durant l’entretien, Ingalls a constaté que Jackson portait des souliers à guêtres. Après avoir tenté leur chance ailleurs, les deux travailleurs ont compris que la région n’avait rien à leur offrir. Richards a alors demandé le raccourci pour la gare et les deux itinérants sont partis à travers champ. Vers 23h00, Richards est apparu seul à la gare, où il a acheté un billet pour Hartford, aux États-Unis.

Le 13 avril 1882, « Le corps décomposé d’un homme a été découvert par hasard dans un profond ravin, à Sutton, P. Q., la tête écrasée, apparemment avec des pierres. D’après les papiers trouvés sur lui et certains indices recueillis à Sutton, il y a lieu de croire que l’homme assassiné était de Brighton, nommé Jackson, qu’il était porteur d’une somme d’argent importante, et que c’est pour l’en dépouiller qu’on l’a tué, l’automne dernier, dans un hôtel de Sweetsburg, province de Québec. »[191] Il a été identifié grâce à ses chaussures.

Le 5 mai 1882, Richards était arrêté aux États-Unis. Il a été condamné à mort. Quelques heures avant son exécution, en novembre 1882, il s’est suicidé en se tranchant la gorge.[192] Selon une source, le couteau ayant servi à son suicide lui aurait été transmis par des mains complaisantes qui souhaitaient éviter la tenue d’une pendaison publique dans la région.[193]

1881, 2 août – William Orris

Homicide à motif indéterminé – par noyade – objet contondant

Standbridge, près de Cowansville – 1 SC

François Marcille, son ami, condamné à mort, sentence commuée.

            William Orris a été tué par noyade le 2 août 1881, à Standbridge, dans la région de Cowansville. En fait, on a retrouvé son corps accroché à une ligne traînée par le canot conduit par Marcille, qui était complètement ivre. On a écrit « que Orris et Marcille étaient deux grands amis, et qu’ils étaient tous deux ivres morts quand ils laissèrent leur compagnon sur le rivage et partirent pour la pêche. Que l’on se soit chamaillé dans le canot; que Orris ait reçu un coup de rame et qu’il soit tombé dans la rivière, tout cela est possible. Cela ne constitue pas un meurtre de la part de Marcille. Il y a tout au plus homicide et homicide involontaire. Sur la preuve d’une vieille femme, à vue courte, disant qu’elle a cru voir Marcille tenir une rame levée sur lui on condamne celui-ci à mort! Quand le juge lui-même a dit aux jurés qu’il serait heureux d’un verdict d’homicide! Le Dr Hart a mis un tel fanatisme dans son témoignage que l’on ne devait pas du tout y faire attention, quand surtout le Dr Chevalier le contredisait. Si M. Marcille eût commis un meurtre et s’il eut eu sa connaissance aurait il traîné sa victime attachée à son canot? La stupidité de six jurés français jointe au fanatisme des six jurés anglais, voilà la cause de la condamnation à mort d’une pauvre victime qui, le 28 de ce mois, aura à monter sur l’échafaud si le gouvernement ne commue pas sa peine. Hélas où le procès par jury nous conduit-il? »[194]

Effectivement, François Marcille devait être pendu le 28 avril 1882[195] mais sa peine a été commuée en une sentence de 10 ans d’emprisonnement.[196]

1881, 16 septembre – Démerise Roy dit Lauzon, 56 ans

Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – objet contondant – mise en scène

Saint-Anaclet, près de Rimouski – 2 SC

François Moreau, son mari de 38 ans, pendu.

            Au cours de l’été 1881, François Moreau, 38 ans, habitait avec sa femme Démerise Roy dit Lauzon, 56 ans, à Saint-Anaclet, près de Sainte-Luce, à 11,2 km de Rimouski. Démerise avait connu un premier mariage avec François St-Laurent, avec qui elle avait eu quelques enfants, dont Emma. Dans un document laissé par un auteur anonyme et qui semble avoir été écrit à l’époque des faits, on découvre Moreau comme un homme « à la figure repoussante, le front bas, les cheveux en désordre. » Malgré sa petite taille, on le disait animé d’une force impressionnante. En 1879, François et Démerise se sont séparés avant de reprendre la vie commune deux ans plus tard. Démerise avait alors insisté pour qu’Emma, alors âgée de 13 ans, vienne habiter avec eux.

            Au matin du 16 septembre 1881, le couple a quitté la maison pour s’enfoncer dans les bois. Démerise avait l’intention de cueillir des noisettes, mais Moreau la suivait en transportant une faux sur l’épaule et une hache à la main. Emma, que son beau-père avait forcé à rester à la maison, les a regardé s’éloigner. Vers 17h00, Moreau est revenu seul. Il a interrogé Emma et les voisins pour savoir si on avait vu Démerise. Rapidement, on a remarqué que les efforts de Moreau pour retrouver sa femme se sont amenuisés rapidement.

Le corps de Démerise a été retrouvé le lendemain matin. Il semble qu’on l’ait traîné sur une certaine distance puisque les noisettes accumulées dans ses poches s’étaient répandues au sol. Son assassin avait également utilisé des morceaux de tourbe pour recouvrir des traces de sang. À la découverte du cadavre, Moreau se serait brièvement réfugié dans les bois pour « pleurer » sa peine en solitaire. Lorsqu’on a procédé à son arrestation, il a déclaré : « je n’ai donc plus d’amis! »

Au moment du procès, en octobre 1881, Emma a raconté que l’accusé ne faisait pas bon ménage avec sa mère.[197] Selon le témoin qui avait découvert la victime, celle-ci avait « la tête et le bras droit de la défunte étaient passés entre deux arbres. Elle avait la figure en l’air, la joue gauche couverte de sang, les yeux fermés, noirs et remplis de sang. Ses habits n’étaient pas brisés. La tête se trouvait dans une petite baisseur [dénivellation]. » En voyant le corps, Moreau aurait lancé « qui peut lui avoir fait ça » avant de s’effondrer en larmes. Un instant plus tard, il ajoutait : « mon Dieu, qu’est-ce qu’ils vont faire de moi? »

Reconnu coupable, Moreau a été pendu le 13 janvier 1882 à la prison de Rimouski.

1881, 12 novembre – Henry Sweet, 7 ans

Filicide par un père maltraitant – Battu à mort

Potton, Bedford - ?

Edward Peters, son père adoptif, condamné à mort, commutation de peine; Clara Elliott, sa mère adoptive, condamnée à 10 ans pour homicide involontaire.

            Henry Sweet, un garçon de 5 ans, devait être pris en charge par la municipalité de Potton (district de Bedford) en 1879 mais Edward Peters s’est offert de l’adopter pour la somme de 25$.[198] Pour l’enfant, c’était le début d’un long calvaire de maltraitance. Peters lui confiait des travaux lourds, en plus de le faire travailler pieds nus dans la neige et de le rouer de coups. La femme de Peters, Clara Elliott, s’en mêlait en battant Henry à la moindre occasion.[199] Le 12 novembre 1881, quelques jours après la visite d’un secrétaire municipal, l’enfant de 7 ans a été retrouvé mort. L’examen du corps a révélé de nombreuses plaies, dont certaines étaient encore ouvertes. Le grand connétable Horace D. Pickel a débarqué à Sweetsburg pour mener l’enquête. Selon l’historienne Cinq-Mars, Peters a pris la clé des champs, tandis que sa femme, alors enceinte, a été arrêtée immédiatement. Pickel a alors fait croire qu’il manquait de preuve contre Peters, ce qui a convaincu ce dernier de sortir de sa cachette. C’est à ce moment-là qu’il a été arrêté.

            Des témoins qui avaient peur du couple ont accepté de parler pendant le procès, qui s’est tenu les 27 et 28 mars 1882 à Sweetsburg. Pour Clara, la défense a plaidé que le fait d’avoir été enceinte au moment des faits reprochés pouvait expliquer ses humeurs; une stratégie semblable à celle qui serait utilisée quatre décennies plus tard lors du procès de Marie-Anne Houde (1920, 14 février – Aurore Gagnon). Peters a été condamné à mort pour meurtre, alors que sa femme a été reconnue coupable d’homicide involontaire. Elle a écopé de 10 ans au pénitencier de Kingston.[200] On croit qu’elle aurait été libérée en 1892 avant de s’éteindre en 1934. La sentence de Peters a finalement été commuée en emprisonnement à vie. En 1886, il a été impliqué dans une émeute à l’intérieur des murs du pénitencier Saint-Vincent-de-Paul. On perd ensuite sa trace.[201]

1882 – Nouveau-né non identifié

Néonaticide

Région de Québec - ? SC

Léa Vaillancourt, sa mère, six semaines de prison.

            En octobre 1882, Léa Vaillancourt a plaidé coupable pour avoir caché la naissance de son enfant et on a alors abandonné l’accusation d’infanticide, comme on le disait à l’époque. Elle s’est donc mérité six semaines de prison.

1882, 15 septembre – Maxime Fortin

Homicide par négligence criminelle – arme à feu

Québec, Saint-Sauveur – 1 SC

Édouard Jacques, son neveu de 14 ans, coupable de meurtre involontaire.

            Maxime Fortin a été tué soudainement alors qu’il travaillait dans son hangar. Il a été tué d’un coup de feu tiré par son neveu Édouard Jacques, 14 ans, qui s’amusait alors avec un fusil qui lui servait d’amusement avec ses camarades. L’arme était chargée de quelques cailloux et d’une balle.

1882, 27 décembre – Zéphirin Ayotte

Homicide conflictuel – Arme blanche (couteau) et battu à mort

Victoriaville (Arthabaska) – 1 SC

Romain Chabot, son voisin, condamné à mort, sentence commuée en emprisonnement à vie; Joseph Chabot, 10 ans de prison; Napoléon Blanchet et James Orr, blanchis.

            À Victoriaville, Zéphirin Ayotte était en train de discuter avec quelques personnes au magasin de Paul Tourigny lorsque Romain Chabot est passé avec sa femme. À cet instant, Ayotte a lancé des injures à l’endroit de celle-ci.[202] Chabot a menacé de se venger et il est immédiatement parti en direction de chez lui, où il est a réussi à convaincre son fils de participer à son projet de vengeance. Accompagné de trois acolytes, Chabot s’est dirigé vers la résidence d’Ayotte. La porte a été violemment défoncée avant qu’Ayotte soit battu et poignardé à mort.

Le procès de Romain Chabot, Joseph Chabot, Napoléon Blanchet et James Orr s’est instruit du 1er au 3 mars 1883 à la Cour du Banc de la Reine à Arthabaska devant le juge Marc-Eurèle Plamondon. Chabot a été condamné à mort, tandis que son fils, Joseph Chabot, a écopé d’une sentence de 10 ans. Un peu plus tard, la sentence du père a cependant été commuée en emprisonnement à vie.

1883, 19 janvier – William Nesbitt

Meurtre par vengeance – revolver et objet contondant (pelle)

Montréal, Longue-Pointe – 3 SC

Timothy Milloy alias Dooley, son employé, pendu.

            Le 19 janvier 1883, Zéphirin Gauthier, employé sur la ferme de William Nesbitt, s’est rendu à la grange entre 5h00 et 6h00 pour y découvrir Timothy Milloy qui se tenait dans l’allée. Pendant que Nesbitt se mettait à traire les vaches et que Gauthier sortait avec une charge de fumier, Nesbitt lui a lancé une pelle sans toutefois l’atteindre. Il semble qu’un jeu malsain d’intimidation aurait duré une heure. Plus tard, Mme Nesbitt a averti Gauthier que son mari avait été frappé. Lorsque Gauthier l’a retrouvé, son patron gisait sur le plancher de la cuisine, un filet de sang sortant de sa bouche. Nesbitt avait vraisemblablement été atteint d’un coup de fusil dans le cou.

            Selon son témoignage rendu lors du procès, Mme Nesbitt se trouvait avec son mari lorsqu’elle s’est enfermée dans la cuisine pour éviter les foudres de Milloy. Elle l’aurait même menacé de lui fendre le crâne avec le tisonnier s’il osait entrer. Après le crime, elle l’a vu prendre la fuite sur le cheval de son mari. Lorsque Milloy avait reçu son salaire, la veille du meurtre, il était apparu satisfait, selon Mme Nesbitt. Dans sa fuite, le tueur avait menacé de son arme un laitier pour qu’il le prenne avec lui dans son véhicule, mais sans succès. Il avait ensuite dissimulé son revolver dans la neige. Au moment de son arrestation, on a trouvé dans ses poches une pipe, un couteau, un crayon et 17 cartouches. Avant de mourir, Nesbitt l’a désigné comme son agresseur dans une déclaration enregistrée légalement le 20 janvier. Il racontait avoir congédié Milloy le 18 janvier. Le lendemain matin, l’employé hargneux lui avait demandé de le reprendre, mais Nesbitt lui avait expliqué qu’il faudrait diminuer son salaire. C’est ce qui a provoqué sa colère. Il avait d’abord frappé Nesbitt avec une pelle avant de l’achever d’un coup de fusil.

Au procès, le Dr George Roddick, chirurgien pratiquant depuis 1868, attaché à l’Hôpital Général et professeur à l’Université McGill, a expliqué que la blessure au cou avait été causée par un projectile d’arme à feu tiré à une distance d’environ 60 cm. Nesbitt avait rendu l’âme quelques jours plus tard. Reconnu coupable, Milloy a été pendu le 16 avril 1883 à la prison commune de Montréal.

1883, 10 juillet – Célina Guay

Homicide à motif indéterminé – Empoisonnement (arsenic)

Charlevoix – 1 SC

Eusébie Boutet (Tremblay), sa voisine, condamnée à mort, sentence commuée.

Le 10 juillet 1883, Eusébie Boutet a invité sa voisine Célina Guay à venir chez elle, insistant pour que celle-ci laisse ses enfants à la maison. Plus tard, Célina a confié à des proches que le verre de vin que lui a servi sa voisine était drôlement sucré. Peu après, elle est tombée gravement malade. Le même soir, Eusébie s’est de nouveau présentée chez elle pour lui prodiguer des soins, mais Célina l’accusait déjà de l’avoir empoisonné. Finalement, Célina Guay s’est éteinte peu de temps après.

Le 4 août 1883, entre 23h00 et minuit, le sergent Édouard Harpe de la Police provinciale a retrouvé la présumée meurtrière alors qu’elle se cachait chez son frère. Le procès de « la Boutet », comme les journaux l’ont surnommé, s’est déroulé du 13 au 18 octobre 1884 au palais de justice de Québec. Les témoignages ont été contradictoires quant aux relations qui existaient entre les deux femmes. Juste avant sa mort, la victime a lancé : « mon Dieu, c’est Eusébie qui m’a empoisonné, je vais mourir. » Selon un expert, la victime aurait ingurgité de l’arsenic.[203] Les jurés ont délibéré durant plusieurs heures avant d’annoncer leur mésentente. Dans son édition du 20 octobre, Le Canadien a souligné que le juge « ne peut comprendre qu’après avoir passé de si longues heures à délibérer les jurés ne soient point en mesure de faire connaître leur décision, c’est réellement une moquerie de la justice. La preuve est tellement claire, évidente qu’il faut être aveugle pour ne point rendre immédiatement un verdict. »

Les jurés sont donc retournés faire leur devoir avant de revenir, cette fois, avec un verdict unanime de culpabilité. On a cependant senti le manque d’objectivité de la part du Canadien, qui s’est permit d’écrire que « le verdict qui vient d’être rendu fait honneur au jury. Un verdict contraire aurait été une honte pour l’administration de la justice, une violation du serment que le jury prête, de proclamer l’innocence de l’accusé, ou la culpabilité du criminel. »

L’exécution de la condamnée a d’abord été fixée au 28 novembre 1884 avant que sa peine soit commuée en emprisonnement à vie.

1884, 7 janvier – Nouveau-né non identifié

Néonaticide

Montréal - ? SC

Non élucidé.

            Un dénommé Jacques Libouron a trouvé dans une ruelle communiquant avec le chemin de la Côte-des-Neiges le cadavre d’un enfant nouveau-né. Le petit cadavre était renfermé dans une petite boîte de bois.[204]

1884, 11 mai – Nouveau-né non identifié

Néonaticide

Québec - ? SC

Non élucidé.

            Le 11 mai 1884, un paquet a été découvert derrière l’Hôtel-Dieu de Québec à un endroit difficile d’accès. Huit jours plus tard, le paquet était encore là et on a finalement mis les efforts nécessaires pour aller voir ce qu’il contenait. En le développant, on a vu que le paquet contenant le corps d’un enfant en état de décomposition avancé.

1884, 18 mai – Nouveau-né non identifié

Néonaticide

Québec - ? SC

Non élucidé.

            Au cours de la soirée du 18 mai 1884, deux femmes qui marchaient à l’angle des rues des Fossés et Saint-Roch, à Québec, ont croisé une autre femme qui tenait un paquet sous le bras et qui a immédiatement attiré leur attention. Un peu plus tard, elles ont croisé la même femme, cette fois sur la rue Saint-Dominique. La suspecte leur a avoué que le paquet qu’elle tenait un peu plus tôt contenait un enfant qu’elle venait tout juste de noyer en le jetant dans une bouche d’égout. Sur ces mots, la femme s’est enfuie.

Le journal L’Événement ne confirme pas que le cadavre ait été retrouvé ou non.

1884, 11 août – Nouveau-né non identifié

Néonaticide

Québec - ? SC

Non élucidé.

            Le corps d’un nouveau-né a été trouvé à l’intérieur de la palissade ou du mur de l’enceinte du cimetière Sainte-Brigitte, ancien cimetière du choléra, situé sur la rue De Salaberry, à Québec. L’Événement a aussi écrit le lendemain : « Les infanticides deviennent de plus en plus fréquents à Québec, où cependant ce genre de crime était si rare autrefois. »[205]

1885, 15 mars – bébé de sexe féminin non identifiée

Infanticide – Asphyxie par strangulation

Nazareth, Rimouski, près de l’asile - ? SC

Non élucidé.

Le 15 mars 1885, le décès d’un bébé de sexe féminin a été constaté. Le coroner A.-G. Belleau est arrivé à la conclusion que l’enfant a trouvé la mort suite à une « asphyxie par strangulation au moyen d’une ligature placée et serrée autour du cou de la défunte. » Le genre utilisé dans cette phrase laisse entendre que la victime était de sexe féminin et le titre de l’article souligne qu’il s’agissait d’un infanticide. L’enfant a été retrouvé près de l’asile à Nazareth, et on sait aussi que quatre témoins ont été entendus par le coroner Belleau : Joseph Labrie, le sergent Samuel Murray, Jules Linteau et le Philppe Wells, ce dernier étant médecin de Québec. Les jurés du coroner ont rendu un verdict à l’effet que la fillette avait été tuée par une ou plusieurs personnes inconnues.

1885, juillet – John Malone, policier

Homicide situationnel – Objet contondant (brique)

Montréal, rue Murray – 1 SC

Non élucidé. Charles Considine, acquitté.

John Malone, un policier de Montréal, a été tué au cours d’une intervention qui s’est produite au cœur d’une émeute survenue sur la rue Murray. Selon un bref résumé des témoignages rapporté par La Presse, un certain Charles Considine a été désarmé de son bâton par le sergent Campridge. Il s’est ensuite emparé d’une brique qu’il a lancé à la tête du constable Malone.[206] Ce dernier a succombé à sa blessure.

En novembre 1885, durant le procès de Charles Considine, un témoin a raconté avoir vu l’accusé prendre la fuite après avoir frappé Campridge, laissant entendre qu’il ne pouvait pas être responsable de la mort du policier Malone. Par ailleurs, il se rappelait avoir vu un autre homme, qui n’a apparemment jamais été identifié, frapper Malone à la tête avec une brique. Un autre témoin a décrit le véritable fautif comme un homme portant une épaisse moustache. Après quelques minutes de délibérations, le jury a prononcé un verdict d’acquittement. Toutefois, Considine a été arrêté sur-le-champ avant même de pouvoir rentrer chez lui puisqu’il devait maintenant faire face à une accusation d’assaut contre le constable Campridge[207].

1885, août – John Beatty, policier

Homicide situationnel – Objet contondant (matraque)

Montréal, Griffintown – 1 SC

Non élucidé. Gustavus Roach et Michael Karmon, acquittés.

            Moins d’un mois après que le policier Malone ait été tué en service, un deuxième constable de Montréal a perdu la vie lorsqu’il est intervenu, lui aussi, dans un secteur chaud de la ville. John Beatty a été appelé à repousser deux vagabonds qui avaient l’habitude de traîner devant la fenêtre d’une résidence. Abordé par Beatty, l’un d’eux a refusé de partir avant de finalement accepter de s’éloigner pour entrer dans un magasin, prétextant vouloir acheter quelque chose. Peu après, il est revenu s’installer devant la même fenêtre. L’un des policiers a alors tenté de procéder à son arrestation et une lutte a éclaté. Le bâton du policier s’est retrouvé dans la main du vagabond, qui a alors violemment frappé le constable Beatty à la tête. Beatty et l’un de ses collègues ont ensuite été sévèrement battus par la foule rassemblée autour de l’incident. L’un des assaillants, un nommé Mason, a été conduit au poste No 9.

La mort de Beatty, jumelée à la perte récente de Malone, a soulevé l’indignation des autres représentants de l’ordre de la ville, qui demandaient à être armés de revolvers.[208] Avant sa mort, Beatty a eu le temps d’enregistrer une déclaration ante mortem.[209] C’est plusieurs jours après l’incident que Gustavus Roach s’est livré aux autorités. Il « a déclaré que depuis le soir de la bagarre il avait voyagé sur les lacs et qu’il ignorait qu’un mandat avait été émis contre lui pour avoir donné des coups à Beatty, mais qu’en revenant ici sa mère le lui apprit et il se rendit lui-même à la justice. »[210] Roach, ainsi qu’un certain Michael Karmon, ont été acquittés en novembre 1885.[211]

1885, 5 décembre – Ephrem Longpré, 26 ans

Profit personnel? –

Entre Saint-Henri-de-Mascouche et Montréal - ? SC

Non élucidé. Joseph « Petit Français » Montreuil, 40 ans, soupçonné.

Le 10 décembre 1885, Le Journal des campagnes annonçait la disparition de Ephrem Longpré, 26 ans, veuf depuis quelques semaines et père de deux enfants. Il avait quitté sa ferme de Saint-Henri de Mascouche pour se rendre vers Montréal vendre les produits de sa terre. Le jeune cultivateur a été vu sur la place Jacques-Cartier tôt le samedi matin. Le même soir, vers 18h00, il a vendu la totalité de sa marchandise, alors il a repris la route pour retourner chez lui. Il avait accumulé une vingtaine de dollars dans ses poches. Mais Longpré n’est jamais rentré chez lui. Le lundi, on a retrouvé sa voiture et son cheval dans une station à Sault-au-Récollet.

Le mercredi 9 décembre, on a retrouvé un corps à quelques arpents de la voie publique. La victime portait des marques de violence à la tête et était enfouie sous un monceau de perches. Il semble qu’on n’ait jamais pu identifier clairement ce cadavre. Malgré tout, la disparition de Longpré a été considérée comme un homicide et on a vite soupçonné une bande de brigands qui hantait alors les alentours de Montréal et qui agissait sous le leadership d’un dénommé Joseph Montreuil.

En novembre 1886, les journaux ont annoncé l’arrestation de Montreuil, que l’on a clairement identifié comme le chef d’un gang. Il a été arrêté à Joliette le 3 novembre 1886. Un journal l’a décrit ainsi : « Montreuil est un homme d’environ 40 ans; il a toutes les allures d’un brigand déterminé; rarement il vous regarde en face jamais il ne le fait autrement que d’un regard fugitif. On dit qu’il est originaire de Québec; il s’est donné tant de noms, dans sa vie, qu’il est un peu difficile de retracer son histoire. »[212]

On espérait que l’arrestation de Montreuil et de ses complices puissent éclaircir l’étrange disparition de Longpré, mais il semble qu’il n’y ait jamais eu de poursuite judiciaire dans cette affaire, faute de preuve.

1886, 5 août – Michael Keenan

Homicide conflictuel – arme blanche (faux)

St-Sylvestre – 1 SC

John Nappert Sr., son voisin, acquitté.

Le 5 août 1886, John Nappert Jr s’est absenté de la ferme familiale en compagnie de Fortier, un homme à gages. Pendant ce temps, le père Nappert est demeuré seul, et a profité de ce temps libre pour faucher du foin. C’est à ce moment qu’est apparu Michael Keenan, un voisin avec lequel il connaissait une ésentente à propos d’une terre. Keenan lui a montré un papier judiciaire qui, d’après lui, le déclarait propriétaire de la terre en litige. Une querelle est alors survenue entre les deux hommes. Nappert Sr a mis un terme à la discussion en donnant un grand coup de faux dans le ventre de Keenan, ce qui a causé sa mort.

Le procès pour meurtre, qui s’est déroulé en avril 1887, a aussi permis de conclure que la terre concernée appartenait bien aux Nappert. Par ailleurs, l’accusé a toujours juré que Keenan était armé d’un revolver lorsqu’il s’était présenté chez lui le 5 août, mais le témoignage du curé a démontré le contraire. Finalement, les charges ont été abandonnées contre John Nappert Sr., alors que le fils Nappert a plaidé coupable à une accusation d’assaut sur Julia Keenan, ce qui lui a valu une sentence de 48 heures de prison.

1887, août – Dennis O’Connor, 65 ans

Homicide conflictuel – arme blanche (couteau)

Montréal, marché Ste-Anne – 1 SC

James Carroll, 82 ans, deux ans de prison.

Depuis des années, Dennis O’Connor et James Carroll étaient deux bouchers qui occupaient des kiosques voisins au marché Sainte-Anne. « Depuis assez longtemps ils se voyaient d’un mauvais œil. O’Connor, paraît-il, se plaisait à provoquer la mauvaise humeur de son compagnon. Jeudi soir, après sa journée faite, Carroll s’empara d’un couteau et alla frapper son adversaire à la gorge, l’étendant mourant sur le pavé, on appela en toute hâte l’ambulance de l’hôpital général et lorsqu’elle arriva, O’Connor était mort. Le meurtrier est un vieillard de 82 ans et avait joui jusqu’alors d’une assez bonne réputation. On pense qu’il était un peu sous l’influence de la boisson le soir du meurtre. »

Le procès, qui s’est ouvert en septembre, a attiré de nombreuses personnes. Carrol a été reconnu coupable et condamné à deux ans de prison à purger au pénitencier Saint-Vincent-de-Paul.

1888, 22 juin – Lucius Warren

Homicide situationnel – arme à feu

Lac Mégantic – 1 SC

Donald Morrison, condamné à 18 ans de travaux forcés.

À son retour des États-Unis, où il avait travaillé comme cow-boy, Donald Morrison a découvert que son père avait été évincé de sa propre ferme par un officier militaire du nom de MacAulay. L’officier aurait même abusé du manque d’instruction du vieil homme pour l’arnaquer. Morrison a alors mis la pression sur les nouveaux propriétaires, jusqu’à ce que les autorités se mettent à ses trousses. Jack Warren a été embauché comme constable spécial pour l’arrêter. « Warren avait affirmé que, s’il y était forcé, il n’hésiterait pas à tuer Morrison et, pour donner du poids à ses vantardises, il s’exerçait au tir à la cible derrière l’hôtel où il logeait, sous les regards craintifs et admirateurs des enfants et des badauds, et il exhibait avec une ostentation proche du cabotinage la commission de constable spécial et le mandat d’arrestation signés par le juge de paix Joseph Morin qui attestaient du caractère exceptionnel de la mission qu’il n’aurait pas la chance de mener à bien. Il est autour de 14h quand Lucius Warren apprend que Morrison approche du pas débonnaire de l’homme en paix avec lui-même et ses voisins. Il est en train de siroter un verre de bière, son cinquième depuis le dîner, dans la taverne de l’hôtel. Il n’est à Lac-Mégantic que depuis quelques semaines mais il passe déjà pour un buveur solide. On chuchote, sans preuve, qu’il a été contrebandier d’alcool à l’époque de la construction de la voie ferrée qui relie Lac-Mégantic à Portland. Sans être ivre, il n’est plus tout à fait à jeun. D’un pas incertain, il sort de l’hôtel et va à la rencontre de Morrison et de son destin. Les deux hommes ne sont qu’à quelques pieds l’un de l’autre quand ils s’immobilisent et se toisent du regard. Warren somme Morrison de ne pas bouger. Morrison le somme de le laisser passer. Warren baisse lentement sa main droite vers l’étui dont dépasse la crosse du revolver qui ne le quitte plus depuis qu’il est à Lac-Mégantic. Ses doigts empoignent la crosse. Au moment où le canon de l’arme sort de l’étui, un coup de feu claque. Warren s’écroule comme un pantin désarticulé. Mort. La balle que Morrison a tirée à travers la poche de son veston lui a sectionné la carotide et la moëlle épinière. Hébêté, Morrison regarde le corps sans vie qui gît à ses pieds dans une mare de sang qui s’élargit de seconde en seconde, puis il s’éloigne d’un pas lent, indifférent à la foule silencieuse qui commence déjà à s’agglutiner autour du cadavre. »[213]

Au cours des mois qui ont suivis, Morrison a été pourchassé dans la région de Lac Mégantic et de Scottstown. Il est finalement arrêté et condamné à 18 ans de travaux forcés pour homicide involontaire. Il a été libéré en juin 1894 après avoir contracté la tuberculose en prison, mais il meurt quelques heures plus tard. Sa dépouille repose dans le cimetière Gisla, à Milan, au Québec.

1888, 25 juin – Thomas Donnaly

Profit personnel – Arme à feu

Montréal, Griffintown, angle des rues Ottawa et Young – 2 SC

John Kehoe, condamné à mort, sentence commuée.

            Le 25 juin 1888, à Griffintown, des témoins ont entendu un coup de feu à l’angle des rues Ottawa et Young. Parmi eux se trouvait le sergent Watson, en service au poste no. 7. En arrivant sur les lieux, Watson est entré dans la demeure de Thomas Donnaly, le trouvant assis sur le bord de son lit. Donnaly, mortellement atteint, lui a demandé un médecin et un prêtre. Lorsque le policier a cherché à savoir qui avait tiré sur lui, le jeune homme a répondu : « Jack Kehoe. » Immédiatement, Watson s’est rendu chez Kehoe pour procéder à son arrestation, mais celui-ci avait disparu.  « Les sergent Watson et Haynes firent des recherches et, quelque temps après, le découvrirent dans un grenier à foin en arrière de la maison. Lors de son arrestation le prisonnier déclara ignorer tout ce qui s’était passé et défia la police de pouvoir produire aucune preuve contre lui.  Il prétendait n’avoir pas vu Donnely depuis six semaines. Le père dit que son fils n’a pus [sic] jouir de toutes ses facultés mentales depuis quelque temps. Lorsque M. Donnely fut blessé, le sergent Watson envoya chercher les docteurs Hingston et Guérin, qui virent que la balle l’avait frappé dans l’abdomen. Il est mort environ une heure après d’hémorragie interne. »[214]

            Une trentaine d’années plus tôt, les pères de Kehoe et de Donnaly avaient été des associés commerciaux. À la mort du père Donnaly, à la fin des années 1870, le père Kehoe avait pris sa retraite mais non sans connaître quelques problèmes avec son fils. On racontait que John Kehoe avait été arrêté pour avoir volé son père. Ce dernier avait retiré sa plainte, mais pour le remercier son fils l’avait menacé avec un rasoir. Le mobile du crime pourrait bien se situer au niveau de l’argent, puisque le jeune homme aurait eu vent de l’importante somme découlant de la vente du commerce. Selon La Revue Légale, volume 18, Kehoe était le fils de Lawrence Kehoe alors que sa mère était décédée sans testament, ce qui le rendait copropriétaire avec son père d’un immeuble situé à Montréal. Son procès eut lieu en novembre 1888. Reconnu coupable, son exécution a d’abord été fixée au 14 décembre 1888.

Son père n’a fait aucun acte d’héritier et l’épouse de Thomas Donnelly, Margaret Dunphy, aurait institué une action en dommages et intérêts contre Lawrence Kehoe, le considérant comme l’héritier légal de son fils, qui était maintenant mort civilement avec cette sentence. Pour sa défense, Lawrence Kehoe a allégué qu’il n’était pas l’héritier de son fils. Finalement, après un débat juridique reposant sur plusieurs points, la requête de la veuve a été rejetée. Toutefois, avant la fin de ces procédures civiles, la peine de Kehoe avait été commuée en emprisonnement à vie.

1888, 18 juillet – Napoléon Michel

Meurtre par passion – revolver et arme blanche – Mise en scène

Saint-Ferdinand, Estrie – 1 SC

Rémi Lamontagne, son beau-frère, pendu; et Léda Lamontagne, acquittée.

            Le 18 juillet 1888, vers 23h00, Rémi Lamontagne est venu frapper chez son beau-frère, Napoléon Michel. Ce dernier avait épousé sa sœur Léda, le 13 février. Le couple habitait une modeste demeure située dans le rang de Wolfstown, près de Saint-Ferdinand, dans la région de Sherbrooke. Après avoir bu quelques verres, Lamontagne est retourné chez lui pour ensuite revenir chez Napoléon. Cette fois, il a été accueilli par un revolver que Lamontagne lui pointait dans le visage. Partiellement atteint à la tête, Napoléon Michel s’est effondré. Lorsqu’il a repris conscience, il avait la gorge tranchée et sa maison était en flammes. Malgré tout, il a trouvé la force de se traîner chez un voisin.

Le 13 août, Michel a enregistré une déposition devant le juge Rioux, en présence de sa femme Léda. Il accusait clairement le frère de celle-ci de l’avoir attaqué. Trois jours plus tard, Michel succombait à ses blessures. Léda a été accusée du meurtre, tout comme son frère, qui avait cependant pris la fuite. Le 24 octobre, une récompense de 1 000$ a été offerte dans La Presse pour sa capture. Le 27 octobre, James Grimard, un autre beau-frère de Lamontagne, le livrait aux autorités.

            Le procès s’est ouvert le 2 octobre 1890 au palais de justice de Sherbrooke. Léda Lamontagne, qui avait elle aussi connue sa période de cavale aux États-Unis, s’est avérée être un témoin récalcitrant. Il semble que l’inceste pourrait expliquer le mobile du meurtre. Le jour même du mariage de Léda, selon des témoins, celle-ci se serait retrouvée toute seule dans une chambre isolée avec son frère. D’autres avaient constaté l’étrange complicité qui existait entre le frère et la sœur. Sans doute parce qu’il avait découvert quelque chose, Napoléon Michel avait commencé à dormir avec une hache près de son lit. Le 11 octobre, Rémi Lamontagne a été reconnu coupable. Quand on lui a demandé s’il avait quelque chose à dire, il a lancé : « simplement que je suis innocent »[215].

            Une lettre en provenance des États-Unis écrite par le soi-disant véritable auteur du meurtre a vainement tenté de disculper le condamné.[216] La veille de l’exécution, Léda a affirmé qu’elle connaissait l’identité du véritable meurtrier. Le juge Jonathan Wurtele est donc revenu à Sherbrooke pour l’interroger. Vraisemblablement, l’information n’était pas crédible puisqu’il n’y eut aucune suite. Le 19 décembre 1890, une heure avant la pendaison[217] ou seulement une dizaine de minutes[218] le shérif Webb est mort subitement. Cet autre drame n’a pas changé grand-chose pour le supplicié, qui a été pendu peu de temps après.

1889, 24 août – Nouveau-né

Néonaticide – par étouffement

Montréal, coin des rues Saint-Mathieu et Saint-Marc – 2 SC

Non élucidé.

Le 24 août 1889, c’est jouant que des enfants ont découvert le corps d’un nouveau-né sur un terrain vacant situé au coin des rues Saint-Mathieu et Saint-Marc, à Montréal. Le poupon était enveloppé dans un morceau d’étoffe de coton blanc. Le coroner a constaté que le petit corps ne portait aucune trace de violence. L’enfant serait mort par étouffement au moment de venir au monde, ce qui a poussé un journal à écrire que c’est « ainsi qu’il arrive souvent à des enfants nouveau-nés, lorsqu’un médecin n’est pas là pour leur donner les soins nécessaires pour faciliter le fonctionnement de la respiration. »[219] L’Événement laissait donc entendre qu’il pouvait s’agir d’une mort accidentelle, mais cet étouffement pourrait tout aussi bien être de nature criminelle. Sinon, pourquoi avoir abandonner l’enfant sur un terrain vacant?

1889 – Nouveau-né non identifié

Néonaticide -

Aylmer - ? SC

Non élucidé. Louise Lavert accusée d’infanticide, …?

Le 11 décembre 1889, le journal L’Événement a fait mention qu’une certaine Louise Lavert était sur le point de comparaître pour infanticide. Le crime se serait produit dans la région d’Aylmer. Malheureusement, nous n’avons trouvé aucun autre détail permettant de mieux décrire les circonstances de l’affaire.

1889, 18 novembre – Charles Andrew Calkins

Homicide argumentatif – Arme à feu

Rock Island, Estrie – 1 SC

William Wallace Blanchard, son ami,

Charles Andrew Calkins, un forgeron de Stanstead, a été abattu par arme à feu à Rock Island, en Estrie. Un Américain répondant au nom de William Wallace Blanchard a été accusé du meurtre. En fait, Blanchard a tiré à trois reprises sur lui. Selon Le progrès de l’Est, la relation qu’il y avait entre Calkins et sa femme n’était pas au beau fixe, le journal a même ajouté qu’il « a été tué au cours d’une discussion à propos de canots, durant une orgie qu’il faisait avec son ami Blanchard. Les deux sont des réfugiés américains des États-Unis. »[220]

Le procès de Blanchard s’est ouvert le 14 octobre 1890 à Sherbrooke devant le juge Edward T. Brooks. Suite à un compte rendu publié en 1979, les deux hommes auraient bu ensemble dans la maison de Calkins, lorsque Blanchard a sorti un revolver pour s’amuser à quelques jongleries. Une dispute aurait ensuite éclaté. C’est au moment de rentrer chez elle que Mme Calkins a trouvé le corps de son mari.

Suite au verdict de culpabilité, le magistrat a fixé la pendaison au 12 décembre 1890. « Arrivé à l’échafaud le prisonnier s’est tourné vers la foule et a dit d’une voix claire : « Je vous remercie tous de votre bonté, puisse Dieu avoir pitié de vos âmes et puis-je vous rencontrer de l’autre côté. Je vous salue tous, adieu ». »[221] La trappe s’est ouverte à 9h04 et sa mort a été constatée à 9h28. Une semaine plus tard, Rémi Lamontagne (1888, 18 juillet – Napoléon Michel) était exécuté au même endroit.[222]

1890, septembre - Femme de Joseph Houle

Homicide - Arme à feu

Pointe-du-Lac – 1 SC

Sévère Houle, 17 ans, acquitté.

Il serait le responsable. Selon le témoignage du veuf, il aurait eu des vues sur la victime, il était toujours au-devant d’elle pour lui rendre service.

Sévère Houle était le fils adoptif de Joseph Houle dit Gervais. Selon ce dernier, il a souper avec sa femme, seule avec elle dans la maison, et ensuite ils se sont assis ensemble pour parler. Vers 19h20, un coup de feu a été entendu. Et sa femme est tombée par terre. Selon l’autopsie, la victime a eu la tête fracassée. “La victime a eu la tête fracassée. L'autopsie a été faite par M. Le Dr Normand. Voici ce qu’elle a révélé. Le fusil qui a été tiré était chargé avec du plomb et des petites balles appelées postes. Une de ces balles a frappé la mâchoire droite, l’a brisée, a traversé la langue et a brisé la mâchoire gauche. Une autre a frappé la pommette de la joue, a suivi l’os de la face et est aller casser l’os du nez. Deux autres ont frappé et fracturé le crâne, près de la tempe. Trois autres balles sont allées se loger dans la cloison. La mort a été instantanée.” (Le Trifluvien, 24 septembre 1890)

En décembre 1890, au terme de son procès, Sévère Houle a été acquitté. “À la Pointe-du-Lac, il a été reçu par un grand nombre de ses co-paroissiens. Plusieurs des maisons du village étaient pavoisées de drapeaux. Tout le monde paraissait joyeux du triomphe de l’innocence.” (le Trifluvien, 10 décembre 1890)

Le groupe s’est ensuite rendu célébrer avec le maire de Yamachiche, Georges Héroux, où habitait la mère de Sévère Houle.

1890, 11-14 janvier – Fabien Roy

Homicide argumentatif – Battu à mort

Saint-Pierre-de-Montmagny - ? SC

Jean-Baptiste Herménégilde Morin, son associé, condamné à mort, sentence commuée en emprisonnement à vie.

            Dans L’Électeur, on décrivait Morin comme le fils d’un cultivateur riche et respecté. « Il y a environ deux ans, il épousait la femme de son choix; il vivait chez son père de la paisible vie de famille. […] Mais voilà que tout à coup il se laisse dominer par une colère fatale, qu’un prétexte futile a allumée. Un nuage de sang passe devant ses yeux, l’aveugle, le rend furieux; son adversaire tombe sous ses coups, mais lui, ivre de rage, frappe, et frappe encore, jusqu’à ce que le coup de mort soit porté. […] La victime, Fabien Roy, était célibataire et demeurait à St-Pierre-de-Montmagny. Il s’occupait ordinairement de commerce, quelquefois en société avec le condamné Morin. »

Le samedi 11 janvier, les deux associés sont venus à Saint-Thomas faire leur marché comme à l’habitude mais à leur retour à Saint-Pierre, une dispute a éclaté à propos d’argent. Des mots ils en sont venus aux mains. Morin a eu le dessus sur Roy et l’a laissé pour mort dans sa demeure. En sortant de chez Roy, Morin a fait la rencontre de Proulx et il dit à ce dernier : « Viens voir dans quel état j’ai mis ce pauvre Bédon » (sobriquet donné à Roy). Roy était dans son lit. En entrant, Morin lui dit : « Roy, donne-nous un coup. » Ce dernier lui a demandé ce qu’il revenait faire encore chez lui. Morin a donc répliqué : « Je ne serai content, mon maudit croche, que lorsque je t’aurai tué comme un chien. » Là-dessus, Morin a saisi Roy, l’a traîné hors de son lit avant de le frapper des pieds et des mains. Il a même piétiné sa poitrine et son abdomen jusqu’à ce que des passants, attirés par les cris lamentables de la victime, arrache Roy de l’emprise de son agresseur. Cette intervention n’a cependant pas empêché Morin de saisir un vase de nuit rempli de glace pour le briser sur le crâne de Roy.

Roy a succombé à ses blessures au cours de la matinée du 14 janvier.[223] Morin a été condamné à mort pour ce crime, mais sa sentence a ensuite été commuée en emprisonnement à vie.

1890, 23 février – Zéphise Thibault, 24 ans; Olympe Tessier, 67 ans; Joseph Dubois, 4 ans; et Georges Dubois, 3 mois

Familicide – arme blanche (hache)

Saint-Alban, Portneuf – 1 SC

Nathaniel Randolph Fritz Dubois, époux et père, pendu.

Le 23 février 1890, à Saint-Alban, comté de Portneuf, Nathaniel R. F. Dubois, un Américain d’origine, a utilisé une hache pour tuer sa femme Zéphise Thibault, 24 ans, leurs deux enfants – Joseph, 4 ans et Georges, un bébé de 3 mois – ainsi que sa belle-mère, Olympe Tessier, 67 ans. Selon Le Canadien, Dubois était athée, travaillait peu et demeurait chez ses beaux-parents.[224] Les disputes étaient fréquentes au sein du ménage.

Joseph Thibault, le patriarche, assistait à la messe lorsque le drame s’est produit dans sa maison. Vers 11h00, c’est une voisine qui a découvert la scène de crime. Dans la cave, on a retrouvé les corps mutilés des quatre victimes. Le petit Georges respirait encore à l’arrivée des premiers témoins, mais il est mort peu de temps après. Il se trouvait encore dans les bras crispés de sa mère.

Après avoir jeté les cadavres de ses victimes dans le sous-sol, il semble que Dubois ait tenté de balayer le sang vers la trappe. Plus tard, un témoin a affirmé l’avoir vu vers 10h00; Dubois courait dans le chemin tout en regardant par-dessus son épaule. Au moment de son arrestation, à Portneuf, Dubois a avoué avoir « fait un mauvais coup mais qu’il est bien content. »[225] De plus, c’est sans émotion qu’il a raconté les détails de son massacre.

Lors du procès, qui s’est tenu en avril 1890 à Québec, la défense a plaidé la folie. Le Dr Albert Marois a témoigné à l’effet que l’accusé avait une prédisposition à la « monomanie homicide. » Toutefois, les témoignages des docteurs Lavoie, Catellier et Vallée ont appuyé le fait que Dubois était sain d’esprit. Lorsque le jury l’a déclaré coupable, Dubois continuait de mâcher son tabac. « Au banc des prévenus, ferme, les yeux fixés tantôt sur les jurés, tantôt sur le président du tribunal, impassible, froid comme une statue, le malheureux Dubois a reçu sa sentence de mort sans broncher, sans perdre une seconde l’attitude insouciante qu’il a conservée tout le temps du procès. »

Dubois a été pendu à la prison de Québec le 20 juin 1890. Quelques jours auparavant, il avait confié à un journaliste qu’il regrettait son crime mais qu’il n’en gardait pratiquement aucun souvenir.[226] Par ailleurs, il a aussi confié ceci à propos de son passé : « à l’âge de 8 ans je me suis sauvé de la maison et je me suis engagé à bord d’une barge de canal. Je laissai cet emploi quelque temps après et je devins vagabond. J’errai dans tous les États-Unis, mangeant ce que je pouvais attraper et dormant la nuit dans les bois. Jeune encore je fis partie du circle [cirque] Stonewall et je soignais les chevaux. Je quittai cette troupe et j’entrai au service du circle Forepaugh, où je faisais la même besogne. Je fis aussi partie du circle Barnum, mais la plus grande partie de ma vie s’est passée en aventures. Pendant ce temps, je commis toutes sortes de crimes, excepté le meurtre. J’appartenais à une bande d’hommes dépravés. Nous étions six en tout. D’abord j’errai seul et je n’hésitai jamais à voler quand j’en avais la chance. »

Dubois aurait aussi erré à l’ouest de Chicago pour y voler des chevaux et piller des magasins. « Nous étions armés de pistolets, de poignards, et nous étions déguisés, portant de faux favoris et une fausse chevelure. Nous vivions dans les bois et nous menions une vie remplie d’émotions et de dangers. » Après cette vie de hors-la-loi à l’américaine, il était venu s’établir au Canada avant de se marier à Saint-Alban. « Quand j’étais dans les cirques, je fumais de l’opium et j’étais débauché, mais à St-Alban j’étais sobre et rangé. »[227]

1891, ?-24 avril – Nouveau-né de sexe féminin

Filicide/Infanticide? –

Chambly - ? SC

Non élucidé.

            En avril 1891, une enquête de coroner a été tenue sur le corps d’un enfant âgé d’environ deux mois et retrouvé près de l’île Meunier, à environ 2 milles du village de Chambly. Selon le journal La Justice, l’enfant était bien vêtue, portait une longue robe de flanelle blanche et un jupon. « Par ses habits on est porté à croire qu’il devait appartenir à des parents assez riches. » Le coroner s’est convaincu qu’il s’agissait d’un meurtre et croyait que l’enfant avait été jeté à l’eau au cours de l’hiver.

1891, 13 juin – Nouveau-né non identifié

Néonaticide – strangulation

Montréal, Gare de Windsor – 2 SC

Ellen Enright, sa mère de 19 ans, 6 mois de prison.

Le samedi 13 juin 1891, des employés de la cour de train de Windsor ont découvert une valise contenant le cadavre d’un bébé. On a appris que la valise avait été expédiée par une jeune fille qui venait de prendre place dans un wagon de seconde classe. Lorsqu’elle a été interpellée, la jeune femme a dit s’appeler Ellen Enright. Elle a aussi expliqué à la police qu’elle n’était pas mariée, que cet enfant était le sien mais qu’il était déjà mort à la naissance. Un médecin qui a examiné le corps a déclaré que l’enfant est né viable et qu’il a plutôt été étranglé. Ellen Enright a été reconnue coupable d’avoir caché la naissance de son enfant avant d’écoper de six mois de prison.

1892, 18 juillet – Nouveau-né non identifié

Néonaticide – défenestration

Montréal, 223 rue Saint-Georges – 1 SC

Gertrude Mimee, sa mère, acquittée.

            Mary Ann Cook, lors du procès, a expliqué qu’elle vivait dans la même maison que Gertrude et qu’un moment donné elle s’est rendu compte que Gertrude était enceinte. Au cours de la nuit du 28 juillet 1892, elle a été réveillée par un bruit en provenance de la rue. Mary et son mari se sont précipité sur les lieux pour découvrir que c’était un nouveau-né. Le couple s’est empressé de conduite le bébé dans un poste de police. Quand elle a ouvert la chambre de Gertrude, elle l’a vu assise dans son lit et « paraissait folle ». Le médecin qui a réalisé l’autopsie a conclu que le nouveau-né est mort d’une fracture du crâne, blessure qui lui a sans doute été infligée lorsqu’on l’a lancé du haut du troisième étage.

1893, 3 novembre – A. Schwartz

Homicide par négligence criminelle –

Montréal, 2 ruelle Bronsdon – 1 SC

Non élucidé. Thomas Trafford, 16 ans, acquitté.

Schwartz demeurait au numéro 2 de la ruelle Bronsdon, à Montréal. Il a succombé à une congestion du cerveau suite à une agression dont il a été victime. La police a arrêté Thomas Trafford, 16 ans, qui demeurait avec sa tante R. S. Harman, au 20 rue Notre-Dame de Lourdes. Les policiers l’ont trouvé dans une étable où Thomas Orthan, 24 ans, l’avait aidé à se cacher. Orthan, qui a aussi été arrêté, a affirmé ne pas avoir frappé Schwartz mais a tout de même admis avoir lancé des pois dans la porte de sa résidence. Irrité, Schwartz est sorti avec un autre homme pour frapper l’un des jeunes joueurs de tour. Trafford a alors voulu intervenir mais il se serait plutôt enfui. Il a cependant eu le temps de voir Schwartz étendu sur le trottoir. Le lendemain matin, la femme de Schwartz l’a accusé de meurtre, ce qui l’a poussé à aller se cacher.

En mars 1894, Trafford a été acquitté, entre autres parce qu’aucun témoin ne l’a vu frapper directement Schwartz.

1893, décembre – Enfant non identifié

Néonaticide/Infanticide? – Strangulation

Montréal, ruelle Saint-Hubert - ? SC

Non élucidé.

Le corps d’un « jeune enfant » a été retrouvé dans la ruelle Saint-Hubert avec « un cordon de soulier enroulé autour du cou. Étrangement, le jeune homme qui a découvert le corps a donné une fausse identité et des renseignements douteux à la police. « On croit qu’il en connait beaucoup plus long qu’il ne le laisse voir. La police est à sa recherche. »[228]

1894, 29 avril – Adrien Rivet, 5 ans

Homicide par négligence criminelle – tramway (vitesse)

Montréal –  1 SC

Horace Lamontagne, acquitté.

Horace Lamontagne, mécanicien de la compagnie des chars urbains, conduisait un tramway qui a causé la mort d’Adrien Rivet au coin des rues Bleury et Lagauchetière, le 29 avril 18894. En juin, Lamontagne a été acquitté mais le juge Wurtele s’est tout de même permis de faire remarquer que la compagnie de tramway avait pour habitude de faire conduire ses véhicules à des vitesses trop élevées.

1894, 1er juin – nouveau-né

Néonaticide – strangulation

Sherbrooke - ? SC

Exilia Tremblay, sa mère de 20 ans, originaire du Lac St-Jean, …?

Un médecin a été appelé au chevet d’une jeune femme qu’il se disait malade et qui venait d’accoucher dans Sherbrooke-Est. Dès son arrivée, il a demandé à voir l’enfant, mais celui-ci était mort. La mère a affirmé qu’il était déjà mort à la naissance, mais le médecin a vu que le nouveau-né avait de l’air dans les poumons. Par conséquent, il était vivant au moment de sa naissance. De plus, il portait des marques de strangulation.

La mère n’a pas été nommé dans les premiers compte rendu, mais il semble qu’il s’agissait d’Exilia Tremblay, 20 ans, qui pensionnait chez une certaine Mme Pierre Fournier. Celle-ci a aussi été accusée de négligence criminelle. Après l’enquête du coroner, Mlle Tremblay a été conduite dans un hôpital. Dans La Presse du 11 juin 1894, on jugeait son état critique. Un mois plus tard, on a souligné qu’Exilia avait été transféré de l’hôpital à la prison. On ignore la suite du dossier.

1894, 12 août – nouveau-né de sexe féminin

Néonaticide

Montréal, rue Rachel - ?

Non élucidé.

Le 12 août 1894, vers 7h30, un citoyen du nom de Pierre Robert a trouvé le cadavre d’un bébé de sexe féminin dans un champ vague de la rue Rachel, à Montréal. Le petit corps était enveloppé dans une pièce de toile et placé dans un panier.

1894, 15 août – Auguste Vanasse Côté

Homicide par négligence criminelle

Montréal, rue William – 1 SC

Thomas Gray, aucun autre développement connu.

Le 15 août 1894, Auguste Côté était occupé à mettre en place une poulie de fer avec d’autres employés lorsque cette poulie est soudainement tombée. La chaîne qui la retenait a rompue. Sur le coup, la main de Côté a été mutilée. On l’a donc conduit à l’hôpital mais il est décédé le 2 septembre des suites de la gangrène. L’enquête du coroner a démontré que Thomas Gray, le contremaître, n’avait pas pris les précautions nécessaires pour éviter ce drame. Le jury du coroner l’a condamné pour homicide involontaire, mais on ne retrouve aucune trace de poursuite judiciaire après cette date.

1894, 22 octobre – nouveau-né non identifié

Néonaticide -

Montréal, Côte Saint-Paul - ? SC

Non élucidé.

Le 22 octobre 1894, le cadavre d’un nouveau-né a été découvert dans la briqueterie de Monsieur Desrosiers de la Côte Saint-Paul, à Montréal. L’autopsie a démontré que le bébé était vivant au moment de sa naissance et qu’il a probablement été tué. Cependant, l’enquête de coroner n’a pas été en mesure d’identifier aucun coupable. La Presse, quant à elle, a écrit que « le coupable est inconnu », mais d’après ce qu’on connaît du néonaticide il fallait plutôt rechercher une femme.

1895 – Nouveau-né non identifié

Néonaticide

? - ? SC

Zélia Tremblay, sa mère, acquittée.

Selon un article de journal, Zélia Tremblay a été acquittée d’un autre infanticide. En 1895, on l’accusait d’avoir, « par sa négligence à se procurer les soins d’un médecin, causé la mort de son enfant, lors de la naissance de ce dernier. Ce procès s’instruit encore au moment où nous allons sous presse. »[229] Le texte laisse entendre qu’elle aurait commis un néonaticide sur son enfant.

Zélia a été acquittée. Deux mois plus tard, Zélia et son père, Joseph Tremblay, entamaient une poursuite en dommages de 2 000$ contre Charles Bresse, l’un des principaux témoins de la Couronne. L’affaire aurait traînée jusqu’en 1902. Il semble que Bresse avait affirmé que Zélia s’était adonnée à l’inceste.

1895, 1er mars – John Loy; et Maxime Leboeuf

Meurtre d’autorité – arme à feu

Valleyfield – 1 SC

Valentine Francis Cuthbert Shortis, ancien collègue de travail, condamné à mort, sentence commuée en emprisonnement à vie.

Valentine Francis Cuthbert Shortis est né le jour de la Saint-Valentin en 1875 à Waterford, en Irlande. Fils unique d’une famille riche, son père, baron dans l’industrie du bétail, voulait le façonner à son image en se montrant exigeant envers lui. Au contraire, sa mère lui était dévouée, un peu trop selon certains. Sans doute pour contrer cette maternisation, le père a décidé d’envoyer son fils au Canada afin d’en faire un homme. En septembre 1893, à 18 ans, Valentine Shortis s’embarquait sur le S.S. Laurentian dans le port de Liverpool. Sa mère l’aurait accompagné jusqu’au quai et le jeune homme aurait pleuré abondamment avant de sombrer dans la dépression au cours de la traversée.

En 1894, sa mère est venue l’aider à s’installer avant de retourner en Irlande. Peu après, Louis Simpson, directeur de la Montreal Cotton Company basée à Valleyfield, a embauché Shortis pour une période d’essai de deux mois.  Le jeune homme était si mauvais employé que Simpson l’a renvoyé avant même la fin de la période de probation. Toutefois, il a accepté que Shortis continue de fréquenter l’usine pour lui permettre d’apprendre les rouages du métier. Ce privilège, Shortis l’a perdu en décembre 1894. En fait, Simpson n’a pas accepté qu’il entretienne une relation avec la jeune Millie Anderson, au point de lui demander de briser cette relation. Millie était la fille d’un important industriel et ancien maire de Valleyfield, sans compter que sa mère n’était pas en bons termes avec Simpson. Shortis a refusé de mettre fin à cette relation. Au soir du vendredi 1er mars 1895, c’est d’ailleurs chez elle qu’il a passé quelques heures avant de la quitter vers 22h00 pour se mettre en route vers l’usine de coton.

Chaque vendredi, la compagnie recevait un magot de 12 000$ servant à payer les employés le lundi suivant. Les quatre hommes chargés de déposer les billets de banque ont accompli leur tâche sous les yeux de Shortis. Ils le savaient incompétent mais comme ils le connaissaient tous ils n’ont vu aucun inconvénient à tolérer sa présence.  Shortis mangeait une pomme tout en les observant. À un certain moment, le jeune irlandais a demandé à voir le revolver appartenant à la compagnie et qu’on gardait dans un bureau. John Lowe a d’abord refusé mais Shortis a insisté en prétextant vouloir vérifier le numéro de série. Lowe a accepté de lui tendre l’arme mais seulement après en avoir retiré les cartouches. Pendant que les autres s’affairaient à leur ouvrage, Shortis a nettoyé le revolver puis l’a remis à Lowe, qui a replacé les cartouches dans le barillet. Les hommes ont continué de discuter et de compter l’argent.

Au moment où les employés s’apprêtaient à mettre l’argent dans le coffre, Shortis a saisi le revolver pour tirer sur Hugh Wilson à bout portant. John Loy s’est alors précipité précipita vers le téléphone pour appeler un docteur, mais Shortis a tiré dans sa direction. Un projectile a pénétré dans le cerveau de Loy, ce qui l’a tué sur le coup.  Quant à lui, Lowe a pris l’argent et, avec un autre employé nommé Arthur Leboeuf, s’est enfermé dans la voûte. Shortis leur a crié de sortir, en disant que Wilson était en train de mourir. Lowe a eu la présence d’esprit de lui répondre d’actionner le bouton de la combinaison pour leur permettre de sortir, ce qu’a fait le dangereux tireur. Toutefois, l’action a plutôt eu l’effet inverse. Cette fois, la voûte était verrouillée, mettant Lowe et Leboeuf à l’abri.

Pendant ce temps, Wilson avait eu le temps de se traîner mais Shortis s’est mis à gratter des allumettes afin de le pourchasser dans le noir. Lorsqu’il l’a retrouvé, à l’autre bout de l’usine, il lui a mis une balle dans la tête. Ensuite, il est revenu vers la voûte, où il a allumé un feu pour tenter de forcer Lowe et Leboeuf à sortir de leur cachette. Vers minuit, le gardien Maxime Leboeuf, le frère d’Arthur, a effectué sa ronde de sécurité habituelle. Ne se doutant de rien, il est tombé dans l’embuscade de Shortis. Ce dernier l’a froidement abattu. Leboeuf est mort sur le coup.

Toujours vivant, Wilson s’est traîné sur une certaine distance, ce qui lui a permis de déclencher l’alarme. Un médecin est arrivé pour lui donner les premiers soins. Ensuite, armé d’une barre de fer et d’un autre employé, il a confronté Shortis, qui a finalement accepté de se rendre.  On l’a attaché avant de contacter la police. En le fouillant, un constable a découvert qu’il portait une autre arme de poing, celle-là de calibre .22.

À l’époque, trois hypothèses étaient envisagées pour expliquer les motivations du tueur. Il y avait bien sûr celle du vol. En effet, Shortis avait choisi de se présenter à l’usine durant le seul moment de la semaine où on recevait l’argent pour les salaires. D’autres se sont demandé s’il n’avait pas voulu se venger indirectement de l’interdiction que Simpson lui avait imposée envers Millie Anderson. Finalement, le mobile de la folie semble avoir retenu toute l’attention par la suite. Toutefois, nous pourrions également retenir celle du meurtre d’autorité, à savoir que Shortis semblait en vouloir à tout le monde, ou à tout le moins à tous ceux qui avaient un lien avec l’usine. D’ailleurs, il aurait vraisemblablement fait d’autres victimes si on ne l’avait pas arrêté. De plus, il n’avait prévu aucun plan de sortie.[230]

L’enquête du coroner a déterminé que deux armes de calibres différents ont été utilisées pour commettre ce double meurtre.

Pour l’époque, le procès de Shortis a été le plus imposant instruit depuis le début de la colonie. Une commission rogatoire qui s’est déplacée jusqu’en Irlande a permis d’entendre 60 témoins en cinq jours. Le procès lui-même, qui a débuté le 1er octobre 1895, s’est étendu sur une période de 29 jours. Au total, 133 témoins ont été entendus. La défense a plaidé l’aliénation mentale, mais le jury a tout de même déclaré l’accusé coupable. Condamné à mort, la sentence de Shortis a été commuée à la toute dernière minute, en partie grâce aux efforts de sa mère qui a plaidé sa cause auprès des personnes les plus influentes à Ottawa.

 Shortis a retrouvé sa liberté le 3 avril 1937. Le 30 avril 1941, il est entré dans une pharmacie de Bloor Street, à Toronto, pour se plaindre de douleurs. Le pharmacien lui a donné un médicament pour le soulager mais Shortis est mort dans l’heure qui a suivie. L’enquête du coroner a déterminé qu’il s’agissait d’une attaque cardiaque.[231]

1895, 24 mai – Sarah Jones, 24 ans

Meurtre par vengeance -

Baskatong, nord de Gatineau – 1 SC

Non élucidé. Émilie Laframboise, acquittée.

C’est à Baskatong, une communauté forestière peu développée située au nord de Gatineau, que Sarah Jones, 24 ans, a été retrouvée morte au matin du 24 mai 1895. La veille, lors d’une beuverie, certaines informations échangées auraient laissé croire à Émilie Robillard que son mari, Jean Laframboise, avait l’intention de suivre un ami chez la jeune Sarah Jones, qui habitait seule avec son frère. D’après une description[232], Sarah était vraisemblablement une prostituée en région isolée.

Alors que son mari cuvait son whiskey, Émilie se serait rendue chez Sarah Jones pour récupérer une paire de ciseaux. C’est à ce moment qu’elle aurait découvert le corps ensanglanté de cette dernière. Puisque Émilie avait déjà proféré des menaces à l’endroit de la victime, cette version du drame a pris du plomb dans l’aile. L’enquête du coroner a débuté le 27 mai. Peu de temps après, on a procédé à l’arrestation d’Émilie Robillard. Conduite à Hull, on lui a permis de transporter son bébé de 10 mois qu’elle nourrissait au sein. L’accusée portait quelques blessures au visage mais clamait son innocence.

En octobre 1895, alors qu’elle vivait en prison depuis son arrestation, Émilie accouchait d’un autre enfant. Le procès a donc été retardé de quelques jours. Certains témoins ont prétendu qu’elle buvait beaucoup et qu’elle entretenait une haine incalculable envers la victime. Émilie a témoigné pour sa propre défense. Il semble qu’elle a marqué des points intéressants puisque le 25 octobre 1895, après avoir délibéré durant une vingtaine de minutes, le jury l’a acquitté.

1895, 13 juin – Mélanie Massé, 28 ans

Homicide domestique? – arme blanche

Montréal, Saint-Henri, 3726 Notre-Dame Ouest - ? SC

Non élucidé. Napoléon Demers, acquitté.

En 1895, Mélanie Massé, 28 ans, habitait avec son mari Napoléon Demers au 3726 Notre-Dame Ouest dans le quartier Saint-Henri, à Montréal. Hélène-Andrée Bizier, auteure de La petite histoire du crime au Québec (1981), a décrit Mélanie comme gentille mais peu souriante et qui « ne fréquente que ses proches et consacre tout son temps à ses deux enfants, une fille de 5 ans et un bébé de 3 mois. Lorsqu’un homme lui sourit, Mélanie Massé-Demers craint qu’il ne veuille la séduire. Elle s’enferme donc à double tour dès que son mari quitte leur appartement. »[233]

Selon le journal La Patrie : « Dans la nuit de mercredi à jeudi, Mme Demers qui était reconnue comme une personne distinguée par son éducation et ses bonnes manières, avait pris soin de son bébé malade. Hier matin, son mari, un ouvrier à l’emploi de M. Latimer, manufacturier de voitures, voyant que sa femme était fatiguée de cette longue veille, lui dit qu’il n’irait pas travailler afin de permettre à Mme Demers de prendre quelques heures de repos. » Mélanie lui a répondu qu’il pouvait aller travailler l’esprit tranquille, ce qu’il a fait.

Ce matin-là, les voisins Deguise ont constaté que Demers était anormalement matinal pour aller fendre du bois dans la cour. Avant 6h00, il a déposé le pot de lait à la porte pour permettre au laitier de le remplir, puis il a quitté pour son travail. Vers midi, des témoins ont vu Mélanie descendre dans la cour arrière de la résidence pour ramener une brassée de bois de chauffage. Vers 13h00, Rose-Alma Sauvé s’est heurtée à une porte verrouillée chez les Demers. C’est en jetant un coup d’œil par la porte arrière qu’elle a distingué le corps de Mélanie. Celle-ci gisait sur le plancher dans une mare de sang.

Selon Bizier, le crime aurait été suivi d’un enchaînement d’incompétences de la part des enquêteurs, entre autres parce que la scène de crime n’a jamais été protégée.[234] À son retour du travail, Napoléon Demers s’est montré si bouleversé qu’il s’est effondré. Bizier ajoute : « une paire de ciseaux découverte dans la chambre a peut-être été l’arme du crime …  Trop tard. Lorsque l’on voudra en faire l’analyse ils auront été nettoyés et utilisés pour … ouvrir un poisson. »

Lors de l’enquête du coroner, les soupçons se sont d’abord tournés vers Charles Deguise, un voisin de 72 ans qui sera finalement écarté. Des lettres anonymes ont tenté, apparemment sans succès, de faire mauvaise réputation à la victime. Puis, le 31 août, le bébé Demers est mort alors qu’il était confié à des membres de la parenté à Saint-Charles-sur-le-Richelieu.

À en croire Bizier, un débat sur les circonstances du meurtre s’est joué autour de la rigidité cadavérique et des odeurs reliées à la décomposition. On a fini par accuser Napoléon du meurtre de sa femme. Son procès a débuté le 9 septembre au palais de justice de Montréal. Puisque le jury a été incapable de s’entendre sur un verdict unanime, un deuxième procès s’est instruit le 9 décembre et au cours duquel on a entendu 78 témoins. Le 30 décembre, après cinq minutes de délibérations, Demers a été acquitté.

Selon la lettre ouverte d’un médecin publiée le 3 décembre dans La Patrie, il aurait fallu s’attarder davantage à la thèse du suicide.

1896, 4 février – Mme Comtois

Homicide par négligence criminelle – en causant un stress intense

D’Israeli, Sherbrooke – 2 SC

Pierre Mercier, acquitté.

Pierre Mercier et F. X. Comtois étaient en conflit à propos d’une propriété. Le 4 février 1896, Comtois a vu que Mercier avait un couteau de poche ouvert dans le creux de sa main. Il a aussitôt demandé à sa femme de venir se cacher avec lui dans l’étable, convaincu que Mercier venait pour régler ses comptes. Mercier les a suivis jusqu’à l’étable pour leur proférer des menaces. Il aurait même dit : « il faut que l’un de nous deux meurt ».

Toutefois, Mercier est reparti de lui-même. Le couple Comtois a fini par regagner sa maison. Huit jours plus tard, Mme Comtois mettait au monde des jumelles, dont l’une est morte à la naissance. Trois quarts d’heure après, la mère décédait à son tour. Comtois a fait arrêter Mercier pour la mort de sa femme en raison du stress qu’il avait causé dans son affront mais celui-ci a été acquitté.

1896, 10 mars – Patrick McCaffrey, 20 ans

Homicide par négligence criminelle – arme à feu

Montréal, rue des Jurés – 1 SC

Thomas Kearns, son employeur, aucune accusation déposée.

Thomas Kearns, un épicier réputé pour être bon tireur, avait aménagé un stand de tir à l’intérieur de son commerce. Selon un article paru dans Le Courrier de St-Hyacinthe, il a placé une boîte à savon qui lui permettait d’accrocher des pipes, lesquelles il tentait ensuite d’atteindre avec son arme de poing. Le 10 mars 1896, son assistant, Patrick McCaffrey, s’est avancé vers les cibles pour placer d’autres pipes. En passant devant la bouche du canon, un coup est parti. McCaffrey a été atteint au cœur. En s’affaissant sur une chaise, il a eu le temps de dire qu’il allait perdre connaissance, puis un filet de sang est remonté dans sa bouche. Kearns a couru dans la rue pour téléphoner à un prêtre et une ambulance, mais le jeune homme était déjà mort. On a procédé à l’arrestation de Kearns et d’Annie Brennan, témoin de l’incident.

McCaffrey était arrivé au Canada depuis un an seulement et il avait l’intention de s’installer définitivement. Le jury du coroner a rendu un verdict d’homicide excusable. Aucune accusation criminelle n’a été déposée contre Kearns.

1896, 1er avril – Phileas Plante

Homicide argumentatif – arme à feu

Roxton Pond – 1 SC

Cyrille Blanchet (ou Blanchette), acquitté.

Le 1er avril 1896, Phileas Plante, qui était en état d’ivresse, s’est mis à harceler Cyrille Blanchet. Celui-ci a averti Plante de le laisser tranquille ou alors il tirerait sur lui. Plante a continué de le taquiner, alors Blanchet l’a tué d’un coup de revolver dans le ventre. Il semble que Plante a fait une déclaration ante mortem dans laquelle il avouait que Blanchet avait agis en légitime défense. Puisqu’il avait agi à son corps défendant, toute accusation a été abandonnée contre Blanchet.

1896, 15 septembre – Frank Sabouth

Homicide par négligence criminelle – mesures de sécurité défaillantes

Montréal, Power House, de la compagnie Royale Électrique, rue Queen – 1 SC

M. H. Brown, son gérant, arrêté, aucun développement connu.

Le 15 septembre 1896, c’est en voulant ramasser un morceau de bois que Frank Sabouth a reculé vers une roue motrice à l’intérieur d’une usine. Il est tombé à la renverse en plus d’être frappé violemment par une poulie. Il a eu le crâne défoncé et il est mort sur le coup. « Le cadavre a été projeté sous les machines, laissant une longue traînée de sang. »[235]

Le jury du coroner a déterminé que la machine aurait dû être protégée. On a donc ordonné l’arrestation du gérant de la compagnie, M. H. Brown.

1896, 15 septembre – Nouveau-né

Néonaticide – Mise en scène

Montréal – 2 SC

Non élucidé.

Le 15 septembre 1896, des éboueurs ont découvert le corps d’un bébé nouveau-né parmi les déchets. Le petit cadavre était déjà en état de décomposition, en plus d’avoir été mis dans un baril et couvert d’ordures.

1897, été – Louis Robert

Homicide argumentatif – arme blanche (couteau)

Montréal, rue Sainte-Catherine – 1 SC

Non élucidé. Charles Bonami, acquitté.

L’incident s’est produit dans l’établissement d’une femme qui se faisait appeler French Mary, à Montréal. Robert aurait reçu au moins un coup de couteau durant une bagarre. On ignore ce qui a provoqué l’incident, mais un dénommé Charles Bonami a dû subir son procès pour meurtre en avril 1898. Au cours des procédures, Wilfrid Corbeil a été le seul témoin entendu. Il a affirmé qu’au milieu de la bagarre il a vu un homme frapper Louis Robert mais il sera incapable de l’identifier. Par conséquent, Bonami a été acquitté.

1897, 24 juillet – Edwards Fennell

Homicide à motif indéterminé – empoisonnement (vitriol ou lessive)

Montréal, carré Victoria – 1 SC

Graham, acquitté; Johnson, 3 ans de pénitencier; et Edward Daly, 22 ans, 3 ans de pénitencier pour assaut.

Le 24 juillet 1897, Edwards Fennell a été retrouvé dans un passage de cour, étendu par terre et inconscient. À l’hôpital, on a constaté que son corps portait des brûlures en plusieurs endroits. Il est décédé le 26 juillet.

Edward Daly a été arrêté en janvier 1898 et accusé de meurtre pour avoir versé sur Fennell du vitriol ou de la lessive. Le jeune homme avait déjà été arrêté pour vagabondage. En avril 1898, Daly a été reconnu coupable d’assaut, et non d’homicide.

1897, 30 octobre – Jean-Baptiste Laplante, 42 ans

Profit personnel – battu à mort

Saint-Liboire, rang Saint-Georges – 1 SC

Jean-Baptiste Guillemain, son neveu de 17 ans, condamné à mort, sentence commuée.

            Le 30 octobre 1897, vers 19h15, alors que la noirceur s’était installée sur la région de Saint-Liboire, Hormidas Lapierre, un voiturier de 29 ans, découvrait le corps ensanglanté de Jean-Baptiste Laplante dans le rang Saint-Georges. Selon Mathilda[236], la femme de Laplante, celui-ci s’était absenté à Sainte-Rosalie afin d’emprunter de l’argent pour acheter du foin. Selon les premières constatations, Laplante a été sauvagement battu, au point où son crâne a été défoncé et un œil était sorti de son orbite. On lui a également fait les poches.[237]

Ce commerçant de foin de 42 ans travaillait avec son frère Isaïe, et il était le père de sept enfants. On le disait joyeux mais vantard. On présume qu’il n’aurait pas eu le temps de pousser un seul cri lorsqu’on l’a agressé, d’autant plus qu’il était presque arrivé chez lui.

            Une première hypothèse voulait que trois individus aperçus à l’Hôtel Quintal le jour même du meurtre soient les auteurs du crime. Devant le coroner Blanchard, la veuve a expliqué que son mari avait quitté la maison la veille pour prendre le train de Saint-Hyacinthe. Il avait l’intention d’emprunter 200$ à son frère[238] et 1 274$ à un certain Siméon Touchette de Saint-Liboire. Au moment où Lapierre est venu frapper à sa porte, elle se souvenait avoir dit à ses enfants « c’est peut-être votre père qui est mort. » Si elle ne lui connaissait aucun ennemi, elle a cependant précisé que « vendredi dernier, il a reçu une lettre d’avocat. Je ne sais pas s’il a fait un règlement. Il devait voir hier soir la personne qui lui a fait écrire la lettre d’avocat. » Interrogée sur la relation qu’elle entretenait avec son mari, Mathilde n’a eu que de bons mots.

Jean-Baptiste Guillemain, 17 ans, le neveu de Laplante, s’était installé récemment aux États-Unis avec ses parents afin de trouver de meilleures conditions de travail. Depuis trois semaines, il était revenu au Québec afin de travailler pour son oncle. Selon lui, le couple Laplante était en très bon terme.  Le soir du meurtre, « lorsque monsieur Lapierre est venu et a demandé si monsieur Laplante était ici, ma tante a répondu non. Monsieur Lapierre est reparti de suite pour aller avertir monsieur Nadeau, le voisin. Je n’ai pas reconnu le corps qui était dans le chemin. Ce sont les petits garçons qui ont établi l’identité de leur père. »

Deux semaines après l’enquête du coroner, la police a annoncé l’arrestation de Jean-Baptiste Guillemain.[239] Entre temps, le jeune homme était retourné au sud de la frontière pour effectuer de folles dépenses, ce qui avait aussitôt mis la puce à l’oreille des policiers. Le grand connétable Lambert de Montréal et le procureur général Me Blanchet s’étaient même déplacés jusque dans le Maine pour superviser l’arrestation. Guillemain a ensuite livré une autre version selon laquelle il se disait amoureux de sa tante et qu’il avait agis sous les ordres de celle-ci. Finalement, il a présenté une troisième version dans laquelle il avouait avoir agis seul.

            Le procès de Guillemain s’est ouvert le 20 juin 1898[240]. L’accusé a témoigné pour sa défense, mais le jury l’a tout de même reconnu coupable. Le juge a fixé son exécution au 30 septembre. Une semaine avant que Guillemain ne monte sur l’échafaud, sa peine a été commuée en emprisonnement à vie. Il aurait été libéré de prison le 25 juillet 1911[241]

1897, 4 novembre – Patrick; Elisabeth; Anne; et Helen Nulty

Fratricide – arme blanche (hache)

Rawdon – 1 SC

Thomas Nulty, leur frère de 20 ans, pendu.

Le 4 novembre 1897, Thomas Nulty[242], 20 ans, a utilisé une hache pour tuer ses trois sœurs et un de ses frères : Patrick, Elisabeth, Anne et Helen Nulty. À la découverte du drame, les soupçons se sont tournés vers un individu du nom de Murphy qui rôdait dans les environs depuis un certain temps, mais les autorités ont fini par cibler Tom Nulty.

Au procès, qui s’est ouvert le 17 janvier 1898 à Joliette, la preuve a démontré que Nulty s’était enfui dans les bois après s’être lavé les mains. Par la suite, il était retourné auprès de sa petite amie, Rose Lespérance. Il semble que l’accusé souhaitait se marier mais que sa mère lui avait fait comprendre qu’il n’y avait pas de place pour Rose dans sa maison. Dans son livre Tom Nulty, le drame de Rawdon (1995) l’auteur Simon Riopel met en contexte l’extrême pauvreté de la famille, ce qui pourrait expliquer la réponse de la mère. Les Nulty ne souhaitaient certainement pas hériter d’une bouche supplémentaire à nourrir. Tom aurait alors répondu qu’il réaliserait tout de même son projet, convaincu qu’une certaine Mme Poudrier accepterait de l’héberger. Devant cet autre refus, Tom aurait alors envisagé de se débarrasser de ses sœurs et d’un frère afin de « faire de la place » pour accueillir sa future épouse.

Tom Nulty a été pendu le 20 mai 1898 à la prison de Joliette.

1897, 21 novembre – Isidore Poirier

Meurtre par passion – arme blanche (couteau) – mise en scène

Saint-Canut – 1 SC

Cordélia Viau, son épouse, et Samuel Parslow, son ami, pendus.

            Depuis septembre 1895, des rumeurs circulaient à l’effet que Cordélia Viau, épouse d’Isidore Poirier, vivait une relation intime avec le jeune Samuel Parslow. En apprenant l’existence de cette liaison, Poirier a envoyé une lettre à sa femme le 1er septembre 1897 et dans laquelle il entretenait des pensées suicidaires : « il ne me reste plus qu’à demander à Dieu de venir me chercher au plus vite.  […] Je suis complètement découragé et démonté. »[243]

            Le 21 novembre 1897, des témoins ont aperçu, vers 1h00 de la nuit, de la lumière chez les Poirier. Au matin du 22 novembre, après une nuit passée chez son père, comme elle l’a affirmé plus tard, Cordélia ait passé voir Sam qui se trouvait chez son frère malade. Ce dernier a dit à sa maîtresse que tout était fini avec Isidore. Cordélia s’est alors dirigé chez elle pour se buter à des portes verrouillées et des toiles baissées. N’obtenant aucune réponse de son mari, elle s’est rendue chez les voisins Bouvrette avant d’aller à l’église pour s’occuper de la musique jouée en l’honneur d’un mariage. À son retour, elle s’est encore heurtée à une maison verrouillée et sans vie. Cette fois, Bouvrette l’a aidé à forcer une fenêtre. Il s’est infiltré à l’intérieur pour ensuite ouvrir la porte à Cordélia. Ensemble, ils ont découvert le corps sanglant d’Isidore Poirier dans la chambre à coucher, gisant en travers du lit. Il avait la gorge profondément tranchée.

            Alors que tout le monde dans le village croyait au suicide de Poirier, le Dr Mignault a examiné attentivement la scène de crime. Dans la chambre, il a trouvé la victime sur le lit, un couteau posé à sa gauche sur un oreiller (Poirier était droitier). Devant le coroner Mignault, la veuve a nié sa liaison avec Parslow. Le coroner n’en crut pas un mot et il a reconnu Cordélia et Sam criminellement responsables de la mort de Poirier.

Le 24 novembre, les détectives Kenneth P. McCaskill, le patron de l’agence privée Canadian Secret Service, et Ludger Georges Crevier, ont trouvé dans un grenier un revolver de calibre .32 que Parslow avait acheté dans l’espoir de tuer Poirier.

Le procès de Cordélia Viau s’est ouvert le 17 janvier 1898 à Sainte-Scholastique. Le couteau retrouvé à la gauche de la victime et la profondeur de la plaie à la gorge ont éloigné la thèse du suicide. On avait également retrouvé une empreinte de pied de femme dans le sang de la victime. De plus, la preuve a démontré que l’accusée avait pris des polices d’assurance lui permettant de bénéficier d’une somme de 2 000$ à la mort de son mari. Le 21 janvier, les jurés ont visité la scène de crime. Quant à Sam Parslow, appelé comme témoin, il a refusé de répondre aux questions. « En refusant de témoigner, il empêche la Couronne de l’interroger notamment sur les lettres qu’il a reçues de Cordélia et celles qu’il lui a envoyées. »[244]

Le 2 février, Cordélia  a été reconnue coupable. Ses avocats ont porté la cause en appel, et le 17 juin 1898 on a ordonné la tenue d’un deuxième procès. Celui-ci s’est déroulé du 5 au 15 décembre 1898, mais le verdict s’est avéré être le même. Selon l’avis de Me Clément Fortin, cela a été une répétition du premier procès. Pour sa part, le procès de Parslow s’est déroulé au même endroit, du 19 au 26 décembre 1898. Il a également été condamné à mourir sur l’échafaud. Les amants ont été pendus dos à dos le 10 mars 1899 à la prison de Sainte-Scholastique.[245]

1897, 8 décembre – Aleccio Greco, 45 ans

Homicide argumentatif – Battu à mort

Saint-Ignace du Côteau du Lac, magasin de M. Omer S. Bissonnette – 1 SC

Joseph Lalonde et Gédéon Deguire, reconnus coupables.

Le 8 décembre 1897, une bagarre difficile à décrire a eu lieu dans une magasin et avait pour origine la haine raciale qu’il pouvait y avoir entre Québécois et Italiens. Selon le témoignage de Omer Bissonnette, le propriétaire du magasin, Joseph Lalonde a frappé l’Italien Aleccio Greco, un homme qui travaillait à creuser le canal Soulanges, pour ensuite le traîner en bas de l’escalier. Après sa mort, le coroner McMahon et des journalistes ont tous pu observer de près le cadavre de la victime. Celui-ci portait des plaies ensanglantées au visage, une fracture du crâne. Ils ont aussi appris que Greco était marié et père de deux enfants, l’un âgé de 12 ans et l’autre de 7 ans.

Selon les témoins entendus, plusieurs hommes étaient ivres au moment de la bagarre. L’un d’eux a même vu Lalonde frapper Greco, alors que Deguire terrassait les deux autres Italiens, Georges Ferrari et Pascuale Camparonni. On a aussi compris que les trois Italiens s’étaient présenté dans le magasin pour venir chercher leur courrier et c’est quelques minutes plus tard que Lalonde et Deguire étaient arrivés. C’est au moment de sortir du magasin que Greco a reçu un premier coup de poing. Devant le coroner, Lalonde a refusé de répondre aux questions.

En mars 1898, Lalonde et Deguire ont été condamnés pour homicide involontaire.

1898, 9 avril – Dennis Clifford, 70 ans

Homicide argumentatif – Objet contondant (cruche de pierre)

Montréal, rue Aylmer - 1 SC

Michael Hubbard, et Joseph O’Meara, acquités.

            Le 9 avril 1898, Joseph O’Meara, Sydney Elliott et Joseph Holt se sont présentés chez la fille de Dennis Clifford, rue Aylmer à Montréal, parce que celle-ci ne payait plus son logement. Les trois hommes avaient donc pour mission de saisir des biens ou de trouver un arrangement. Or, le père de la locataire, Dennis Clifford, 70 ans, s’est interposé afin de protéger sa fille. Une bagarre a éclaté, au terme de laquelle Clifford s’est effondré, mort.

            O’Meara, Elliott et Holt ont été arrêtés. Sur la scène de crime, on a retrouvé une cruche de pierre tachée de sang. O’Meara était un joueur de crosse connu. Lui et Micheal Hubbard ont été accusés de meurtre. Lors du procès de O’Meara, en juin 1898, Sydney Elliott a avoué être ivre le soir de l’incident. Finalement, O’Meara et Hubbard ont été acquittés.

1898, 2 mai – Arthur Gignac, environ 20 ans

Homicide conflictuel – battu à mort (un seul coup de poing)

Magog, Estrie – 1 SC

Non élucidé. Georges Daignault, acquitté.

Arthur Gignac était un jeune homme de bonne famille. En 1898, il s’attendait à être invité à des noces chez la famille Roy, où on promettait la présence de plusieurs jolies filles. Toutefois, Georges Daigneault s’est arrangé avec les Roy pour que son rival ne soit pas invité. Alors que la soirée était commencée, Gignac a commencé par se consoler avec un ami du nom de Ducharme. Ensemble, ils sont allés boire au Fairview House. Ils ont vite dépassé les bornes, si bien qu’on les a expulsés de l’établissement. Qu’à cela ne tienne, car les deux amis se sont alors rendus chez les Roy pour s’inviter à la noce.

En voyant les problèmes arriver, Daignault est allé à leur rencontre, épaulé par son ami Thompson. La querelle a aussitôt éclaté. Gignac s’en est pris à Thompson, qui a été renversé. Daignault a alors volé au secours de son ami en frappant Gignac d’un solide coup de poing. Ce dernier s’est effondré pour ne plus jamais se relever. Paniqué par cette mort soudaine, Daignault et Thompson ont pris la fuite mais ils ont été arrêtés au cours de la soirée. Lors du procès de Daignault, en octobre 1898, la description de la bagarre par les témoins était confuse et pouvait même laisser croire que Thompson avait donné le coup fatal. Daignault a été acquitté. La théorie de la défense, celle qui a été retenue par le jury, était à l’effet que Daignault était intervenu pour calmer le jeu.

1898, 7 juin – Ovila Lepage

Homicide argumentatif – Objet cntondant

Saint-Hyacinthe - ? SC

Victor Claing, acquitté.

Ovila Lepage avait la réputation de boire beaucoup, au point d’y dépenser la totalité de sa paye. Le 7 juin 1898, pour une raison quelconque, il a tenté d’entrer de force et avec violence dans la résidence de Victor Claing. Ce dernier est donc intervenu, causant ainsi la mort de Lepage avec un objet contondant. Les jurés du coroner ont tenu Claing criminellement responsable de cette mort, mais ils ont aussi blâmé les amis de Lepage pour leur conduite honteuse.

Lors du procès, la qualité de l’autopsie a été fortement remise en doute. Un expert appelé par la défense a déclaré que l’examen du corps a été incomplet. Il semble que Lepage et ses amis, dont plusieurs étaient en état d’ivresse, menaçaient d’entrer dans la résidence de Claing. La défense a même présenté la théorie selon laquelle la victime aurait succombé à l’apoplexie des méninges. Le jury a finalement adhérer à la version de la légitime défense et Claing a été acquitté.

1898, 11 juin – Malvina Desmarais

Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – arme à feu

Montréal, rue Poupart – 1 SC

Elzéar Mann, son gendre, condamné à mort, sentence commuée en emprisonnement à vie, libéré en 1909.

            Le 11 juin 1898, Elzéar Mann a utilisé un revolver afin de régler ses comptes avec l’amant de sa femme. Plutôt que d’éliminer la source de ses malheurs, son intervention a causé la mort de sa belle-mère, Malvina Desmarais. À l’arrivée des policiers, la victime était étendue sur le plancher. Le drame s’est produit chez Malvina, qui possédait un restaurant avec sa fille Sophie Desjardins sur la rue Poupart, près de la rue Ontario.

            Elzéar Mann et Sophie Desjardins s’étaient séparé. À son retour à Montréal, il avait découvert qu’elle vivait avec un autre homme. Au bout de trois jours, elle avait tout de même accepté de reprendre la vie commune avec lui, mais leur relation est devenue infernale. Lors de son procès, il dira : « J’avais averti ma femme de ne plus recevoir d’amants, et samedi, je vis entrer un individu chez moi. Exaspéré, je monte au logis bien décidé d’en finir. Je veux ouvrir la porte de la chambre de ma femme, afin d’en chasser le misérable, ma belle-mère s’y oppose, alors vous comprenez, j’ai vu rouge et j’ai tiré. Ma belle-mère est tombée. Je ne me rappelle plus rien de ce qui s’est passé après ce moment-là. »

Mann a été accusé du meurtre de sa belle-mère et de tentative de meurtre à l’endroit de sa femme. Le procès a permis d’apprendre que Mann avait récupéré son revolver, qu’il avait mis en gage, vers 16h00 au cours de la journée du 11 juin. Devant témoin, il l’avait chargé de six cartouches. Sophie Desjardins, son épouse, a juré ne jamais avoir entretenu de relation sexuelle avec son oncle Magloire Poirier, mais elle aurait dit le contraire devant le coroner. Depuis son crime, Mann avait perdu beaucoup de poids et ses traits s’étaient transformés. En témoignant pour sa défense, il a raconté être né à Pointe-Gatineau et que pendant 6 ans il avait travaillé comme conducteur de malles avant de se marier et de devenir père de famille. Le soir du drame, c’est en voyant un homme couché avec sa femme qu’il a ouvert le feu. Puisque sa belle-mère s’est interposée entre lui et le mystérieux inconnu, c’est elle qui devait encaisser le projectile fatal. Elle a été atteinte à la tête.

Le 4 novembre, l’accusé a été reconnu coupable et condamné à être pendu le 16 décembre. Sa peine a toutefois été commuée en emprisonnement à vie. Le 21 juin 1909, La Presse annonçait la libération de Mann après 11 ans de pénitencier. « Ce matin, Mtre Tancrède Pagnuelo recevait d’Ottawa un avis l’avertissant que son client était libre, en vertu de la loi du « Ticket-of-leave ». » Mann aurait été un détenu exemplaire.

1898, août – Léonce Boyer

Homicide argumentatif – battu à mort et objet contondant

Hull, chemin d’Eardley - ? SC

André Riopel, son employé, condamné à 4 ans de pénitencier.

En août 1898, Léonce Boyer a été tué sur le chemin d’Eardley, dans la région de Hull. Boyer a été jeté en bas d’une voiture et lorsqu’il a voulu y remonter, André Riopel l’a battu à coups de bâton dans le dos. Au moment de découvrir la scène de crime, il y avait du sang partout dans la charrette. Peu inquiet des conséquences de son geste, Riopel est allé se coucher après le crime. Quand on est venu lui apprendre que son ami était mort, il a préféré se recoucher plutôt que d’aller voir la scène. La justice l’a reconnu coupable et l’a condamné à 4 ans de pénitencier.

1898, août-septembre – Paul Bergeron, 22 ans

Homicide argumentatif – battu à mort

Saint-Hugues – 1 SC

Honoré Dalbec, accusé d’homicide involontaire, condamné à 25$ d’amende et 4 heures de prison.

Injurié par Paul Bergeron, le cultivateur Honoré Dalbec, de Saint-Louis de Bonsecours, près de Saint-Hyacinthe, a laissé libre cours à sa colère en sautant sur Bergeron. Il l’a violemment battu au point de causer sa mort.

En octobre 1898, Dalbec a été reconnu coupable d’homicide involontaire. On l’a condamné à 25$ d’amende et 4 heures de prison.

1898, 17 novembre – Aldéric Blanchet

Homicide à motif indéterminé – arme à feu (piège)

Nicolet – 1 SC

Non élucidé.

Aldéric Blanchet était un chasseur. Il marchait en forêt au moment où il a été tué par la décharge d’un fusil qu’on avait installé de manière à se déclencher au passage d’un animal ou d’une personne. De plus, l’arme était camouflée par des branches. Blanchet a reçu la décharge au niveau des bras, ce qui lui a sectionné les poignets et les artères radiales. On devine qu’il est mort au bout de son sang. Le Journal des campagnes, dans son édition du 26 novembre 1898, semblait très optimiste quant à l’éventuelle condamnation du responsable de ce piège mortel, mais on ne retrouve aucune trace qui puisse nous renseigner sur la suite des choses.

1899 – Pepin

Homicide à motif indéterminé –

Québec - ? SC

John Dickson, reconnu coupable d’homicide involontaire, 14 ans de prison.

En avril 1899, John Dickson a été condamné à Québec pour homicide involontaire. Il a hérité d’une sentence de 14 ans de prison, incluant des travaux forcés. Il a quitté par bateau pour se rendre jusqu’au pénitencier de Saint-Vincent-de-Paul, et 300 curieux se sont massés au port de Québec pour voir le départ des prisonniers. Au cours du procès, la déclaration ante mortem de Pépin a été accepté en preuve. Le jury a cependant recommandé la clémence de la Cour en raison du jeune âge de Dickson. Toutefois, les journaux n’ont pas précisé son âge. On raconte que plusieurs personnes s’attendaient à l’acquittement.

1899, 25 juin – bébé non identifié

Néonaticide –

Montréal - ? SC

Mélina Toupîn, sa mère, reconnue coupable d’avoir caché son enfant, sentence inconnue.

En septembre 1900, Mélina Toupin devait comparaître pour infanticide. En mars 1901, elle a été reconnue coupable d’avoir caché la naissance de son enfant. On ignore cependant la sentence qu’on lui a attribué.

1899, 11 août – Robert McLean; et William Burg (ou Berg)

Homicide par négligence criminelle

Sur fleuve, en face de Cap-Diamant – 1 SC

Capitaine Neil McCallum et le pilote Joseph Chandonnet[246], accusation d’homicide involontaire abandonnée suite à l’enquête préliminaire.

Le vapeur Ella Sayer était ancré devant Cap-Diamand, à Québec, lorsque le Philadelphian, en provenance de Montréal, est entré en collision avec lui. Les marins Robert McLean et William Bogs, qui se trouvaient à bord du premier navire, ont perdu la vie alors qu’ils dormaient sur leur couchette. Un troisième matelot, William Cole, a été grièvement blessé. Le coroner a conclu que le capitaine McCallum et le pilote Chandonnet devaient être accusés d’homicide involontaire. On a dû attendre que le Philadelphian accoste en Angleterre pour procéder à l’arrestation de McCullum et le ramener au Québec pour sa comparution. Lors de leur enquête préliminaire, cependant, un juge a abandonné toutes les accusations. Les deux hommes ont été libérés.

1899, 27 octobre – Thomas Adams Mooney

Meurtre par passion – Arme blanche (hache)

Lac Beauport - ? SC

David Dubé, 19 ans, pendu.

            Le 27 octobre 1899, Thomas Adams Mooney a été tué à coups de hache au Lac Beauport. David Dubé, 19 ans, a été accusé du meurtre. Selon l’enquête du coroner, l’épouse de la victime, Margaret Ann Charters, était la complice de Dubé. Toutefois, cette hypothèse n’a pas été retenue par la suite malgré le fait que Margaret a été arrêtée et pointée du doigt par l’opinion publique. Dubé aurait même tenté de faire diversion en accusant un citoyen de Rivière-Jaune du nom de Jos Mercier.

Margaret s’est parjurée puisque le 6 novembre elle a fourni une nouvelle version de l’affaire. Selon elle, Dubé se serait vanté de posséder un couteau ayant appartenu à un oncle et qui avait déjà servi à tuer deux hommes. Il avait même affirmé qu’il s’en servirait pour le passer « à travers le corps de Mooney. »[247] Si Margaret n’avait pas parlé plus tôt, c’est parce que Dubé lui avait demandé de garder le silence.

À la suite de son procès, qui s’est tenu à Québec du 23 avril au 14 mai 1900, Dubé a été reconnu coupable et condamné à être pendu le 6 juillet 1900 à la prison commune de Québec. Le 4 juillet 1900, le premier ministre Sir Wilfrid Laurier a refusé de commuer sa sentence.

C’est au moment de couvrir la nouvelle de son exécution que La Presse a révélé quelques détails à propos de l’enfance du tueur. Cinquième enfant d’une famille de huit, il avait récemment perdu sa mère. Depuis, la maison était mal entretenue. Son père était un pauvre cultivateur. Depuis qu’il est en âge de travailler, David a toujours préféré s’engager ailleurs plutôt que d’aider son père, pour lequel il n’avait aucun respect. Sans éducation, David s’était entiché de Mme Mooney. C’est lui qui la conduisait le dimanche. Il avait un caractère violent et excessif. Il mesurait 5 pieds 9 ¼ pouces de haut pour un poids de 145 livres.

1899, avril – Lévina (Lavina) St-Onge, 14 ans

Filicide par un père maltraitant – Objet contondant

Maniwaki – 1 SC

Non élucidé. Jacques Boileau, son père adoptif, acquitté.

Levina St-Onge, 14 ans, était la fille adoptive de M. et Mme Jacques Boileau. Le corps de la jeune fille a été trouvé dans la maison de ses parents et n’a été déplacé que le lendemain pour être transporté jusqu’à Maniwaki, où s’est tenu l’enquête du coroner. Quoique Le Courrier du Canada parlait avec évidence d’un meurtre, l’autopsie a révélé que Levina aurait succombée à une « congestion de cerveau, causée par une blessure faite avec un instrument contondant. […] Les habitants de Boisfranc et des environs soupçonnent M. et Mme Boileau d’avoir commis le meurtre, mais ces derniers prétendent que la jeune fille était en excellente santé quand ils l’ont laissée le matin. […] La fille St-Onge est la deuxième de sa famille qui a été assassinée. Il y a quelques années une des sœurs de Lévina fut assassinée, et le père fut accusé du crime, mais il ne fut jamais condamné. La famille Boileau adopta Levina à l’âge de 2 ans, parce qu’elle voulait une fille et principalement parce que l’enfant était maltraitée par des parents cruels. »[248]

            D’après certaines preuves déposées devant le coroner, Boileau aurait lui aussi eu un comportement violent envers sa fille adoptive. On souligne d’ailleurs que « Mme Boileau était jalouse d’elle [Lévina]. » Par le passé, le couple Boileau avait vécu avec Lévina et Sam, un fils que Mme Boileau avait eu d’un premier mariage, dans une petite maison située à environ 13 milles de Maniwaki. « La maison ne contenait qu’une seule chambre dans laquelle tous quatre habitaient. Il y a quelques semaines, Boileau chassa de sa maison, avec une carabine, le fils de sa femme qui voulait, paraît-il, détourner la jeune fille de la maison de son père. »

            Selon des témoins, le couple Boileau se disputait fréquemment et ne se mêlait pas au voisinage. D’après l’autopsie pratiquée par le Dr Mulligan, la jeune fille portait une blessure à la bouche, des égratignures aux mains et ce qui lui semblait être des marques d’ongle aux coudes.

Le procès de Jacques Boileau s’est tenu à Hull en mars 1900 devant le juge Lavergne. Selon le témoignage du révérend père Desjardins, Boileau entretenait une relation avec sa victime. Toutefois, Me Champagne, l’avocat de l’accusé, a gagné son point en faisant rayer la déposition du prêtre. De plus, la défense a mis en lumière qu’au moment de la mort de Lévina le prêtre n’avait pas vu l’accusé depuis au moins 17 mois. « L’auditoire, fort nombreux, donna des signes de satisfaction, non pas, bien entendu parce que c’était un prêtre, mais à cause du succès remporté par M. Champagne et de la sympathie populaire pour Boileau. Ce dernier, debout, l’avant-bras appuyé sur la barre, et penché en avant pour mieux entendre, ne perd pas un mot de ce que disent les témoins. »[249]

La Couronne soutenait que personne n’était allé chez les Boileau durant leur absence, le 13 avril 1899, alors que la défense ait passé à deux doigts de prouver qu’un bûcheron, qui travaillait à proximité, s’y était rendu dans l’espoir de trouver une hache pour remplacer celle dont il avait brisé le manche. De plus, Me Champagne a réussi à démontrer la partialité de plusieurs témoins de la Couronne en raison de leur haine envers les Boileau. Quant au l’huissier, il aurait constaté la présence de pistes de raquette autour de la maison lors de son arrivée, peu de temps après le signalement du crime.

            Le 15 mars, Boileau était acquitté. « La foule a fait une véritable ovation au prisonnier dès que le verdict fut rendu. »[250] Boileau a même remercié La Presse « qui seule a pris sa défense pour le sauver. » En fait, selon le reporter du quotidien montréalais, Boileau était en larmes à sa sortie du palais de justice. « Boileau est sorti de prison aussitôt. Il n’a pas été lent à faire sa toilette. Il est traversé chez son avocat où trois cents personnes bloquaient la rue, lui faisant une ovation. Boileau fut acclamé. Le bureau de l’avocat fut bientôt rempli. […] Il a déclaré qu’il retournerait rester à Bois-Franc et qu’il serait sur ses gardes pour éviter quelque coup de traître. Il commencera à travailler et à se construire un domaine en attendant le retour de sa femme. »[251]

En attendant son procès, Mme Boileau a été remise en liberté moyennant une caution de 2 000$.[252] Il semble que les accusations ont finalement été abandonnées contre elle.

Dans La Presse du 27 avril 1899, on raconte que 10 ans plus tôt une sœur de Levina avait aussi été assassinée, et que, 5 ans auparavant (1894?) c’était au tour d’une jeune fille du nom de Jones.



[4] Cette classification a été choisie parce que, semble-t-il, et bien que les détails du crime manquent, Brébeuf a été tué spécifiquement à cause du symbolisme religieux qu’il représentait. Ce meurtre était non seulement cautionné par un groupe mais aussi à caractère religieux.

[5] Aussi appelés Tionontati, les Pétuns étaient un peuple autochtone de langue iroquoise proche des Hurons-Wendats. Ils cultivaient le tabac.

[6] « Généalogie et histoire familiale | BAnQ », Bibliothèque et Archives nationales du Québec, consulté le 8 décembre 2018, http://www.banq.qc.ca/archives/genealogie_histoire_familiale/ressources/bd/index_gen_avance.html?id=CORONER_20170816.

[8] « 1. Québec (province). Meurtres, homicides et autres méfaits : 1608-1979. - La Mémoire du Québec », consulté le 26 octobre 2019, http://www.memoireduquebec.com/wiki/index.php?title=1._Qu%C3%A9bec_%28province%29._Meurtres%2C_homicides_et_autres_m%C3%A9faits_:_1608-1979._.

[9] Thomas Grassmann, « Biographie – AGARIATA – Volume I (1000-1700) – Dictionnaire biographique du Canada », consulté le 26 octobre 2019, http://www.biographi.ca/fr/bio/agariata_1E.html.

[10] Nation iroquoise provenant du sud-est de l’actuelle province d’Ontario.

[11] « Un Brin d’histoire - Journal La Revue », consulté le 6 mars 2020, https://www.larevue.qc.ca/un-brin-dhistoire-176/.

[12] « Un Brin d’histoire - Journal La Revue ».

[13] « Justice en Nouvelle-France en 1669 « Histoire du Québec », consulté le 27 octobre 2019, http://histoire-du-quebec.ca/justice_nouvelle-france-1669.

[16] BAnQ, Arrêt pour l’exécution de la sentence du Conseil rendue le 7 septembre 1671 contre Françoise Duverger, femme de Jean Boutin dit Léveillé

[18] Raymond Boyer, Les crimes et les châtiments au Canada français, 1966.

[19] Exécution factice pratiquée en l’absence du condamné. Raymond Boyer a ajouté à ce sujet : « L’exécution d’une peine en effigie est un concept primitif de la justice par lequel on se venge sur le coupable malgré son absence et son incapacité de souffrir. » Par ailleurs, rien n’indique que Duverger ait ensuite été repris par les autorités.

[20] On ne précise pas si c’était pour une quelconque complicité en lien avec l’évasion.

[22] L’épée aurait lacéré l’un des bras du bébé.

[23] « Procès pour meurtre en Nouvelle-France « Histoire du Québec », consulté le 27 octobre 2019, http://histoire-du-quebec.ca/proces-pour-meurtre/.

[24] « Procès pour meurtre en Nouvelle-France « Histoire du Québec ».

[25] Selon d’autres sources, la femme de Talua s’appelait Anne Major et elle avait plutôt 47 ans.

[26] Selon Raymond Boyer, il s’agit de la première cause où le Conseil Souverain a acquitté un accusé. On ne connaît évidemment pas tous les détails qui ont conduit à cet acquittement, mais on pourrait se questionner sur la validité des condamnations précédentes. Puisque ces dossiers judiciaires ne sont pas aussi détaillés – par exemple, la transcription sténographique était inexistante à cette époque – il nous est aujourd’hui impossible de le reconstituer de manière à pouvoir les analyser convenablement.

[27] Il faut probablement voir le mot « malice » comme « intention criminelle » ou « préméditation ».

[28] Ce chiffre est une estimation. Le bilan précis de ce massacre est inconnu. Selon les sources, le bilan varie de 24 à 200 victimes.

[29] Selon certaines sources, les Iroquois étaient au nombre de 1 500.

[30] https://www.ledevoir.com/societe/415182/il-y-a-325-ans-le-massacre-de-lachine : « Le masacre de Lachine, longtemps souligné dans les manuels d’histoire des écoles, est à peu près oublié aujourd’hui. Pourtant, il s’agit bien d’un moment charnière qui met notamment en lumière les relations entretenues avec les Premières Nations au cours des terribles guerres franco-iroquoises. »

[31] Quoi qu’il en soit, ce crime nous aide à comprendre que les meurtres cautionnés par un groupe peuvent se révéler dévastateurs et d’une violence inouïe. L’effet d’entraînement peut transformer des hommes et des femmes à commettre des crimes qu’ils n’auraient jamais fait d’eux-mêmes.

[32] Raymond Boyer.

[33] Selon Boyer, il s’agit de « la première condamnation à mort imposée par une justice seigneuriale autre que celle des Sulpiciens. »

[34] Au moment de rechercher des cas dans les journaux québécois, et en particulier pour la période couvrant tout le 19e siècle et la première moitié du 20e siècle, il a été possible de retrouver une grande quantité de néonaticide en utilisant le mot clé « infanticide ».

[35] Raymond Boyer, 1966.

[36] En l’absence de l’accusé.

[37] André Lachance, Délinquants, juges et bourreaux en Nouvelle-France, Libre Expression, 2011.

[38] Une autre source a parlé de rondi.

[39] Raymond Boyer, 1966.

[40] La Patrie, 8 mai 1926.

[41] André Lachance.

[42] Roland Plante, « La Dynastie des Hus », Dictionnaire biographique du Canada (blog), 2002.

[43] Selon l’historien André Lachance, le couple avait une dizaine d’enfants.

[44] Boyer écrivait ce commentaire en 1966.

[45] Il s’agit de l’un des rares familicides qui n’ait pas été commis par un membre de la famille. Toutefois, Paul habitait avec eux, ce qui faisait de lui, en quelque sorte, un membre de la famille. Nous ignorons toutefois quelle était la dynamique psychologique à l’intérieur de ce foyer.

[46] En admettant que Boyer dise vrai quant au démembrement, on pourrait en conclure que le tueur a fait preuve de surpuissance.

[47] Selon La Mémoire du Québec.

[48] Selon Raymond Boyer, ce crime a été à l’origine d’une légende nommé Fricot sinistre. « On raconte qu’un dénommé Valiquette du même rang Saint Elzéar, un jour qu’il faisait ses invitations pour un festin à l’occasion de la naissance d’un de ses enfants, en passant au-dessous du pendu encagé, l’aurait invité à venir à son fricot. La légende veut que le pendu y soit allé avec sa cage et qu’il ait prié Valiquette d’aller le trouver à son tour, l’un des soirs suivants, à minuit, au pied de son arbre. Après avoir consulté son curé, Valiquette se serait rendu au rendez-vous macabre, mais en tenant dans ses bras son nouveau-né, afin de se protéger contre la vengeance du pendu. »

[49] Officiellement, il s’agit d’un homicide domestique par conjointe. Toutefois, si c’est le père de Marie-Josepthe qui aurait tué Louis-Étienne Dodier il faudrait alors envisager qu’il s’agissait d’un homicide conflictuel.

[50] Pour ceux et celles qui seraient tentés de voir un empressement à se remarier, les auteurs Catherine Ferland et Dave Corriveau soulignent : « À cette époque, le veuvage est un phénomène qui touche davantage les femmes : par exemple, la ville de Québec au XVIIIe siècle compte trois fois plus de veuves que de veufs. La durée moyenne du veuvage des femmes qui se remarient s’établit à environ 20 ans 10 mois, alors qu’elle est de moins de 2 ans pour les veufs. Par ailleurs, 43% des hommes et 16% des femmes se remarient après une seule année de veuvage. En contexte de guerre, ce que l’on appelle le « délai de viduité » tend à raccourcir, sans doute parce qu’il fait reconstruire au plus vite le tissu social pour assurer la survie des familles et des communautés. Dans une récente étude, les historiens Sophie Imbeault et Jacques Mathieu ont documenté 72 remariages de veuves provenant d’un peu partout dans la vallée du Saint-Laurent après les événements de 1759 : dans ce corpus, 25 veuves ayant des enfants de moins de 10 ans se sont remariées dans l’année suivant la mort de leur époux. Marie-Josepthe Corriveau ne se trouve donc pas dans une situation exceptionnelle lorsque, quinze mois après la mort de Charles Bouchard, elle convole en secondes noces avec Louis-Étienne Dodier […] »

[51] Ferland et Corriveau.

[52] « Généalogie et histoire familiale | BAnQ ».

[53] 22 août 1765.

[54] La gazette de Québec, 22 août 1765.

[55] L’enquête du coroner souligne que Marie-Louise était originaire de Beauport.

[56] Malheureusement, son nom de famille est illisible sur le document de l’enquête du coroner.

[57] La Gazette de Québec, 13 août 1767.

[58] Enquête de coroner introuvable.

[59] Malheureusement, le nom de famille est illisible sur le rapport du coroner.

[60] Le motif aurait pu être celui d’un homicide situationnel, mais puisqu’il semble y avoir eu un temps d’attente entre l’acceptation de la reddition et le coup de feu, comme si Campbell avait voulu leur tendre un piège, on pourrait tout aussi bien parler d’un meurtre prémédité. Dans le doute, et surtout face à un manque flagrant de détails, le DHQ a préféré s’en tenir à un homicide à motif indéterminé.

[61] The Quebec Mercury, 17 août 1807.

[62] 8 septembre 1808.

[63] La Gazette de Québec, 28 novembre 1822.

[64] La Gazette de Québec, 28 novembre 1822.

[65] Canadian Spectator, 13 novembre 1822.

[66] La Gazette de Québec, 15 septembre 1823.

[68] Dans The Quebec Mercury du 16 septembre 1826, on retrouve la victime d’une attaque qui avait aussi pour nom Denison. Les circonstances du crime sont cependant différentes. Selon cette source, Thomas Denison, qui revenait chez lui, s’est arrêté pour caresser un petit chien appartenant à un vieil homme. Ce dernier, apparemment sans raison, a poignardé Denison dans le côté droit. Pendant qu’on transportait Denison chez lui, l’agresseur prenait la fuite sans être identifié. Au moment de la parution de l’article du 16 septembre 1826, la victime de l’agression n’était pas encore décédée. À la même date, Le Spectateur canadien publiait aussi la nouvelle, ajoutant que l’agression s’était produite le 9 septembre 1826 et que Denison était forgeron de métier. Il retournait chez lui dans le faubourg Sainte-Anne lorsqu’il a été attaqué. On ajoutait que l’agresseur était aliéné ou feignait de l’être, et qu’il avait pour habitude de mendier dans les rues.

[69] Ou manslaughter.

[70] Le DHQ fait la distinction entre voiture, c’est-à-dire un véhicule tracté par une force animale (généralement des chevaux), et une automobile, qui fait partie de la catégorie des véhicules motorisés. Ceux-ci arriveront plus tard dans la chronologie.

[71] Contrairement à la plupart des enquêtes de coroner tenues depuis la Conquête, celle-ci a été écrite en français.

[72] La Minerve, 31 août 1829.

[73] https://tolkien2008.wordpress.com/2010/02/20/histoire-judiciaire-le-docteur-lindienne-un-meurtrier-en-serie-st-jean-port-joli-1829/

[74] La Minerve, 28 juillet 1831.

[75] Il pourrait s’agir de la première exhumation dans le cadre d’une enquête de coroner.

[76] La Minerve, 28 juillet 1831.

[77] Il est intéressant de constater les déductions faites par le coroner Panet. Ainsi, il a laissé ce qui nous semble être une première trace de stratégie en matière d’enquête criminelle, avant même qu’il y ait au Québec des forces policières organisées. Ces détails, quoique imprécis, dénotent tout de même un désir de vouloir boucler l’enquête puisqu’il espérait qu’on remarque leur présence ailleurs au Québec. Aujourd’hui, on pourrait ajouter que le manque de talent des deux meurtriers en matière de navigation a peut-être fini par causer leur perte et leur mort par noyade pourrait tout aussi bien expliquer pourquoi on ne les a jamais retracés.

[78] Selon BAnQ-Québec, qui a répondu à l’une de mes demandes en octobre 2021, l’enquête de coroner concernant le double meurtre des Griffith est absente de leurs archives.

[79] Selon d’autres sources, il faudrait aussi ajouter deux autres victimes : Cousineau et Creed.

[80] Aujourd’hui entre l’Hôtel-de-Ville et l’ancien Palais de Justice.

[81] Le Canadien, 6 décembre 1833.

[82] Le Canadien, 2 avril 1834.

[83] L’Écho du pays, 10 avril 1834.

[84] Monnaie d’or française utilisée jusqu’en 1792.

[85] La Minerve, 6 mars 1834.

[86] « Les événements de 1837 aux Trois-Rivières », L’Action Catholique, 16 mai 1937, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec; « Sans titre », Le Canadien, 12 novembre 1834, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

[87] La Minerve, 31 mars 1836.

[88] https://www.morrin.org/publications-de-la-lhsq/prisonniers-eleves-et-penseurs/prisonnieres-eleves-et-penseurs-charles-chambers/

[89] The Vindicator and Canadian advertiser, 28 octobre 1836.

[90] Dans ces conflits qui opposent les Patriotes aux forces britanniques, le bilan des victimes varient beaucoup, allant de 3 jusqu’à 150 hommes. Selon l’historien Jacques Lacoursière, on a procédé à l’inhumation des corps le 25 novembre. Il est délicat et même ambigue de classer ces événements dans le DHQ puisque ces personnes ont perdu la vie dans un contexte de conflit armé, donc en pleine connaissance de cause. On ne pourrait comparer l’événement, par exemple, au massacre de Lachine, où des habitants ont été assassinés sans provocation directe et sans non plus avoir la chance de se défendre. De plus, il n’y avait aucun contexte politique dans l’affaire du massacre de Lachine.

[91] Gérard Filteau, Histoire des Patriotes (Septentrion, 2003).

[92] Yves Hébert, « Le drame de Kamouraska dépasse nos frontières? », Le Placoteux, 10 janvier 2018, no 2 édition, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

[93] The Quebec Mercury, 10 mars 1840; L’Aurore des Canadas, 13 mars 1840.

[94] « Crime », L’Ami du peuple, de l’ordre et des lois, 18 avril 1840, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

[95] Le Castor, 25 juillet 1844.

[96] Dans Le Journal de Québec du 31 mars 1846 on peut lire : « Je ne vous ai pas parlé l’autre jour du nouveau meurtre que Montréal a eu à ajouter à ses annales sanglantes, parce que je pensais que la presse de cette ville vous en instruirait suffisamment. On ne peut certainement pas dire que la politique a eu part à cette boucherie; mais la conduite du Coroner est des plus étranges, dans cette circonstance. L’enquête sur le mort donne pour résultat que le sabre d’un dragon, soldat de Sa Majesté, a été rompu. Cet officier public ne pousse pas plus loin sa perquisition, il ne prend pas la peine de s’informer, des officiers du corps des dragons, s’il ne se trouve pas quelqu’un de leurs soldats dont le sabre se trouve rompu. Un personage important me disait: « Celui qui a été tué est un misérable canadien; et le meurtrier est un soldat de Sa Majesté. »

[97] La Minerve, 24 août 1846.

[98] L’Avenir, 25 octobre 1848.

[99] « To the editor of the Quebec Mercury », The Quebec Mercury, 30 novembre 1852.

[100] La Minerve, 2 mars 1852.

[101] Il y a quelques années, j’ai fait des démarches pour tenter d’obtenir le dossier psychiatrique de Thomas Therrien, mais on m’a expliqué qu’étant donné la nature confidentielle des dossiers médicaux même la loi du 100 ans ne s’appliquait pas. Ces dossiers, en admettant qu’ils aient été conservés, ne seront jamais rendu publics.

[102] La Patrie, 15 mars 1905.  Pour affirmer que Therrien était décédé à l’asile de Beauport (maintenant devenu l’Institut universitaire en santé mentale de Québec après avoir été le centre Robert Giffard), le journal montréalais, alors présent dans la région de Trois-Rivières concernant l’affaire du meurtre de Sclater, se disait informé par le directeur de la prison William Ginnis, qui occupait ce poste depuis 1865.

[103] Gazette de Sorel, 19 décembre 1874.

[104] Le Journal de Québec, 17 novembre 1853.

[105] Les journaux ont décrit Brainard comme un homme de 30 ans, mesurant 5 pieds et 10 pouces, les cheveux bruns et d’épais et longs favoris.

[106] L’Ère nouvelle, 30 janvier 1860.

[107] « Exécution du Patricide Brainerd », La Minerve, 27 octobre 1860, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

[108] On parle aussi d’un certain McGinnis, mais son nom disparaît ensuite des journaux. En fait, c’est un certain Charles Leclerc qui sera aussi soupçonné de complicité

[109] « Exécution de Théberge », Le Canadien, 6 novembre 1854, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec; « Execution - Théberge », The Montreal Witness, 8 novembre 1854, sect. The News, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

[110] On ignore son âge exact, mais Le Journal de Québec l’a décrit comme un vieillard.

[111] « Homicide by The Giant », The Quebec Mercury, 19 septembre 1854, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

[112] Le premier, John Brady, mort deux ans polus tôt, a été victime d’un accident.

[113] Dans ce cas précis, c’est probablement une peur exagérée qui a causé l’utilisation négligente d’une arme à feu.

[114] Selon le registre des écrous, préservé à BAnQ-Trois-Rivières, Mary aurait plutôt été libéré de prison le 22 juin.

[115] L’Ère Nouvelle, 28 juin 1855.

[116] Le Journal de Québec, 5 février 1857.

[117] Le Pays, 11 février 1857.

[118] « Anaïs Toussaint, la fin du drame », Le Pays, 29 juillet 1857, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

[119] « Il y a dix-sept ans », La Gazette de Sorel, 23 juin 1874, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

[120] Il n’a pas été possible d’obtenir une confirmation de sa pendaison.

[121] Le DHQ emprunte le bilan présenté par l’auteur Denis Robitaille. Le Journal de Québec, dans sa parution du 30 juin 1857, publiait les noms de certaines victimes : James McLaren, géôlier de la prison de Québec; Ebenezer Farrar; Stephen Farrar; Josette Blanchette; Joseph Plamondon; Mme Bilodeau; Christina Alexandria; une fillette de 4 ans avec chapeau de paille, robe de drap brun mais jamais identifiée; un garçon de 6 ans; une femme de 30 ans; Stephen Clarendon Philipps, 55 ans, de Trois-Rivières; Denis Ledyard; Flora McEwen, 11 ans; James Barr; Margaret Ewen, 3 ans; Isabella Curry, 12 ans; Mary Ondella McIntosh, 24 ans; et plusieurs autres.

[122] La Minerve, 23 juillet 1857.

[123] Robitaille, D. (2007). Il y a 150 ans : la tragédie du Montréal.

[124] Selon Boyer, elle avait plutôt 50 ans.

[125] « Execution of the St. Jerome murderers, Marie Ann Crispin and Jean Baptiste Desforges », The Montreal Herald, 26 juin 1858, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

[126] Selon Raymond Boyer, il y a eu un troisième accusé, Antoine Desforges, dans l’affaire du meurtre de Catherine Prévost. Il a cependant été acquitté. Toutefois, il aurait aussi été accusé dans l’affaire du possible meurtre de Bélisle.

[127] À l’époque du procès, en 1861, on fait référence à des dates différentes. Par exemple, on laisse entendre que les corps auraient été retrouvé le 26 avril.

[128] Gazette de Sorel, 29 mai 1860.

[129] Le Franco-canadien, 26 juillet 1861.

[130] Bernard Epps, « The crimes of Alexander Burns, the Beast of East Bolton », The Record, 4 novembre 1988, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

[131] « Exécution de Alex Burns », L’Ordre, 9 septembre 1861, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

[132] Lors d’un tir à bout portant, la poudre noire sortant du canon d’une arme à feu pouvait mettre le feu aux vêtements de la victime. Plusieurs cas du genre ont été répertoriés aux États-Unis.

[133] Le Franco-canadien, 1er avril 1862.

[134] L’Ère Nouvelle, 10 mars 1864.

[135] À l’époque des faits, les détails du procès ont été publiés sous forme de livre.

[136] Mathieu Bélanger, « 141 ans plus tard, L’affaire Babin enfin résolue », Le Droit, 17 novembre 2007.

[137] En 2007, l’historien Raymond Ouimet a affirmé avoir retrouvé la trace de Moïse Ledoux et avoir élucidé l’affaire. Rappelons seulement que sans le verdict d’un procès légal un homicide ne peut être officiellement résolu.

[138] Procès Provencher-Boisclair, op. cit., p. 311.

[139] Ibid., p. 315.

[140] Ibid., p. 316.

[141] La Gazette de Sorel, 12 février 1868. Cette commutation de peine lui aurait surtout été attribuée en raison du fait qu’au moment du verdict elle a annoncé qu’elle était enceinte. Sa grossesse a effectivement été confirmée, mais on ignore ce qu’il est advenu de l’enfant.

[142] Il serait né en septembre 1823.

[143] Ibid., p. 37.

[144] Selon Gadoury et Lechasseur on parlerait du 11 février, alors que selon un rapport du procès il s’agirait plutôt du 12 février.

[145] Selon le BMS 2000, elle portait plutôt le prénom d’Aurélie. C’est du moins sous ce nom qu’elle apparaît au baptême de sa fille Dorothée Boulet, née le 12 janvier 1866 et dont le père était Toussaint Boulet.

[146] Selon Le Franco-canadien du 6 octobre 1868, l’une des enfants était âgée de 9 mois et l’autre de 23 mois.

[147] Aujourd’hui Victoriaville.

[148] Report of the proceedings and evidence at the trial of Elzear Guillemette for murder, Ottawa, 1870, imprimé par I. B. Taylor, Rideau Street (auteur inconnu). Voir Archive.org.

[149] Le DHQ a choisi de conserver cette rubrique parce qu’à cette époque on a considéré l’affaire comme étant criminelle, d’autant plus qu’on s’est rendu jusqu’à une condamnation à mort. Toutefois, le verdict d’acquittement vient tout changer. En effet, si Guillemette n’était pas coupable d’avoir tué sa femme et ses deux enfants, alors c’est qu’il s’agissait d’un accident, et que par conséquent il n’y a pas eu d’homicide. Ce triple meurtre restera donc à jamais synonyme de mystère.

[150] Le Courrier de St-Hyacinthe, 6 mars 1869.

[151] Marcelle Cinq-Mars, Gibiers de potence, 2016, p. 65, son nom serait plutôt Adéline Dumas DeVilliers.  Cette dernière aurait eu un lien de parenté avec Marie McGaugh car le parrain de celle-ci était le père d’Adéline.

[152] Plutôt 12 ans, selon Cinq-Mars, p. 65.

[153] Pierre-Georges Roy, Les avocats de la région de Québec, 1933, p. 78.  Il pourrait s’agir de Sir Louis-Napoléon Casault (1822-1908).  Selon Roy : « Né à Saint-Thomas de Montmagny le 10 juillet 1822, du mariage de Louis Casault et de Françoise Blais.  Admis au barreau le 18 février 1847, M. Casault forma à Québec la société Casault, Langlois et Angers, qui a joui, en son temps, d’une haute réputation et d’une nombreuse clientèle.  De 1854 à 1857, M. Casault fut député de Montmagny à la Chambre d’Assemblée, et, de 1867 à 1870, député de Bellechasse à la Chambre des Communes.  Nommé juge de la Cour Supérieure pour le district de Québec le 1er septembre 1873, et élevé à la présidence de cette cour le 3 octobre 1894.  Il avait été créé chevalier le 25 juin 1894.  Sir Napoléon Casault prit sa retraite le 29 septembre 1904 et décéda à Québec le 18 mai 1908. » 

[154] Le Courrier du Canada, 25 octobre 1871.

[155] Clément Fortin, Mesrine le tueur de Percé : une fraude judiciaire, 2012, p. 143.

[156] « Suicide et parricide ».

[157] « Suicide et parricide », Le Courrier de St-Hyacinthe, 23 janvier 1902.

[158] L’Union des Cantons de l’Est, 15 mai 1873.

[159] L’Opinion Publique, 19 février 1874.

[160] Le Canadien, 6 mai 1874.

[161] Ibid.

[162] L’Opinion Publique, 6 août 1874.

[163] Ibid.

[164] « Le meurtre de la rue Saint-Louis », « Le meurtre de la rue Saint-Louis », Le Journal de Québec, 14 août 1875, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.,

[165] La Gazette de Joliette, 12 mai 1876.

[166] C’est probablement de cette déclaration que proviennent les informations transmises dans le journal sur les circonstances de l’aletercation survenue dans la maison de la victime.

[167] Le Journal des Trois-Rivières, 6 juillet 1876.

[168] « Le mystère du quai Finley », Gazette de Sorel, 6 juillet 1876.

[169] Le Journal des Trois-Rivières, 6 juillet 1876.

[170] Le Journal des Trois-Rivières, 17 décembre 1877.

[171] Selon un article publié le 8 aoput 1878 dans L’Opinion Publique, Mathevon « était de Saint-Étienne, département de la Loire, France, où il avait été autrefois surintendant d’une manufacture. Il émigra en Canada en 1872, en compagnie de la famille Coste, qui avait travaillé sous ses ordres. Il était marié, mais sa femme l’avait laissé. En arrivant au Canada, il avait un capital de 1Porfi5,000 francs et trois caisses de velours de soie. Il importait des soieries qu’il vendait aux marchands des rues Notre-Dame et Sainte-Marie, Montréal. Ses premières opérations furent assez heureuses, mais comme la plupart des marchands en gros, il essuya des pertes considérables en faisant de mauvais crédits. Il était actif, sobre et industrieux. On dit qu’il avait un dépôt de 6,000$ à banque du Peuple. »

[172] Ibid.

[173] Commère ou auteur anonyme qui se plaît à se manifester par écrit au sujet d’un crime.

[174] Le Journal de Québec, 2 juin 1879.

[175] Veuve de John Troy.

[176] Selon le répertoire de Gadoury et Lechasseur, le mari de Gallagher était James Connelly.

[177] Le Constitutionnel, 18 août 1879.

[178] La Patrie, 25 août 1879.

[179] « Meurtre horrible », La Gazette de Joliette, 20 janvier 1880.

[180] Le Canadien, 10 décembre 1880.

[181] Ibid.

[182] Cinq-Mars, op. cit., p. 75.

[183] Comme l’indique Cinq-Mars, p.75, on désignait à cette époque la détention préventive sous l’expression de « sûreté de personne ».

[184] Cinq-Mars, op. cit., p. 81.

[185] Cité par Cinq-Mars, op. cit., p. 83.

[186] Cinq-Mars, op. cit., p. 90.

[187] Selon Gadoury et Lechasseur, le crime est survenu le 29 juin, alors que McCoy parle plutôt de la soirée du 30 juin.

[188] Cinq-Mars, op. cit., p. 89.

[189] À une dizaine de kilomètres au sud de Sutton, en Estrie.  Selon la Commission de toponymie, est issue de Sutton, de laquelle elle aurait été séparée vers le milieu du 18e siècle.  On la surnomme principalement Shepard’s Mills et ne fut incorporé en municipalité qu’au début du 20e siècle.

[190] Cinq-Mars, op. cit., p. 119-120.

[191] L’Opinion Publique, 27 avril 1882.

[192] L’Opinion Publique, 30 novembre 1882.

[193] La Patrie, 24 novembre 1882.

[194] La Tribune, 15 avril 1882.

[195] The Daily Witness, 23 mars 1882.

[196] Il a été envoyé à Saint-Vincent-de-Paul.

[197] Hélène-Andrée Bizier, La petite histoire du crime au Québec, p. 113.

[198] Selon Cliche il se prénommait Harry, mais selon Gadoury et Lechasseur, ainsi que Cinq-Mars, il se prénommait plutôt Henry.

[199] Cinq-Mars est la plus précise sur les nombreux sévices qu’a subis l’enfant dans le chapitre qu’elle consacre à cette affaire, op. cit., p. 99 à 114.

[200] Cinq-Mars, op. cit., p. 112.

[201] Ibid., p. 113.

[202] L’Électeur, 20 mars 1883.

[203] Le Canadien, 18 octobre 1884.

[204] La Patrie, 9 janvier 1884.

[205] L’Événement, 12 août 1884.

[206] La Presse, 10 novembre 1885.

[207] On écrit aussi McCambridge.

[208] The Daily Witness, 3 août 1886.

[209] Selon le journal L’Étendard, c’est plutôt en essayant de procéder à l’arrestation d’un ivrogne que Beatty aurait provoqué la bataille qui lui a coûté la vie.

[210] La Presse, 30 septembre 1885.

[211] L’Étendard, 19 novembre 1885.

[212] Journal des campagnes, 4 novembre 1886.

[213] Gilles Dallaire, « La ferme paternelle échappe à Morrison dans des circonstances qui le laissent vraiment amer », La Tribune, 21 juillet 1989.

[214] La Patrie, 26 juin 1888.

[215] Bizier, op. cit., p. 123.

[216] Ibid., p. 123.

[217] Selon Bizier.

[218] Selon La Patrie.

[219] L’Événement, 24 août 1889.

[220] Le progrès de l’Est, 26 novembre 1889.

[221] La Patrie, 12 décembre 1890.

[222] The Record, 6 décembre 1979.

[223] L’Électeur, 26 avril 1890.

[224] Son beau-père, Joseph Thibault, fut épargné par le drame.

[225] Le Canadien, 20 juin 1890.

[226] Le Canadien, 21 juin 1890.

[227] Selon ces mêmes confidences, Dubois affirmait être né en 1854 à Staten Island, New York. Son père était apparemment d’origine française et sa mère espagnole. Il était installé à St-Alban depuis environ 9 ans au moment de commettre son crime.

[228] La Patrie, 18 décembre 1893.

[229] Le Progrès de l’Est, 8 octobre 1895.

[230] Caractéristique importante attribuée aux tueurs de masse, dont plusieurs entrent dans la catégorie du meurtre d’autorité. La plupart d’entre eux agissent comme s’ils commettaient un suicide élargi. Le fait d’emporter plus d’une arme à feu sur le lieu de leur crime est aussi une autre caractéristique prouvant que le meurtre d'autorité doit être sérieusement envisagé dans le cas de Shortis.

[231] Martin L. Friedland, The case of Valentine Shortis, a True Story of Crime and Politics in Canada, 1986 (2001).

[232] Hélène-Andrée Bizier, La petite histoire du crime au Québec (Montréal: Stanké, 1981).

[233] Hélène-Andrée Bizier, La petite histoire du crime au Québec (Montréal: Stanké, 1981).

[234] La prudence est de mise en ce qui concerne le fait de juger les anciennes techniques d’enquête avec nos connaissances modernes. Vingt-cinq ans après le meurtre non résolu de Mélanie Massé, celui de Blanche Garneau, survenu à Québec en 25 ans, présente lui aussi des éléments qui nous paraissent troublants. Il a fallu attendre plusieurs décennies encore avant que les techniques d’enquête deviennent plus uniformes; encore faut-il préciser que celles-ci sont en constante évolution.

[235] La Presse, 16 septembre 1896.

[236] Selon La Patrie, Mathilde Berthiaume était âgée de 39 ans, mais d’autres sources la décrivent à 42 ans.

[237] La Patrie mentionna une somme de 1 274$ mais il semble que Laplante ait remboursé cette somme à quelqu’un peu de temps avant sa mort et ne pouvait donc l’avoir en sa possession au moment d’être tué.

[238] Selon Daniel Proulx, Les grands procès du Québec, 1996, p. 43-49, c’est plutôt auprès de son père que Laplante aurait fait cet emprunt.

[239] Étrangement, c’est sous le nom de « Jean-Baptiste Quintel » que La Patrie désigna le neveu à l’époque de l’enquête du coroner et de l’arrestation.

[240] Proulx, op. cit., le procès aurait plutôt débuté le 27 juin 1898.

[241] Proulx, op. cit., p. 49.

[242] Selon Simon Riopel, Tom Nulty, le drame de Rawdon (1995), Nulty est né le 24 décembre 1876.

[243] Clément Fortin, L’affaire Cordélia Viau, la vraie histoire, 2013, p. 46.

[244] Clément Fortin, L’affaire Cordélia Viau la vraie histoire, 2013, p. 192.

[245] Pauline Cadieux a écrit deux livres sur cette affaire, un premier en 1979 sous le titre La lampe dans la fenêtre et en 1990 sous celui de Justice pour une femme et dans lesquels elle clame l’innocence de Cordélia Viau. En 1980, Jean Beaudin réalisait le film Cordélia avec Louise Portal dans le rôle principal. Dès la sortie du film, le juge Jules Deschênes en dénonça les erreurs en plus de rendre publique la lettre que Cordélia Viau a écrite le 13 février 1899 à lady Minto, épouse du Gouverneur général du Canada, moins d’un mois avant son exécution. Malgré toutes ces preuves incriminantes, les auteurs du téléfilm Les grands procès du Québec diffusé au milieu des années 1990 allaient eux aussi dans le sens de la soi-disant innocence de Cordélia Viau. Dans son ouvrage L’affaire Cordélia Viau la vraie histoire (2013), Me Clément Fortin fait mentir la plupart des affirmations de Cadieux, Beaudeau et al., en plus de démontrer que ni l’un ni l’autre n’avait pu avoir accès aux transcriptions sténographiques de l’un ou l’autre de ces trois procès, qui ne furent déposées aux archives nationales (BAnQ) qu’en 1993.

[246] Chandonnet était de Lévis, selon La Presse.

[247] La Presse, 9 novembre 1899.

[248] « Le meurtre de Boisfranc », Le Courrier du Canada, 18 avril 1899, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

[249] « Le procès de Boileau », La Presse, 12 mars 1900.

[250] « Boileau acquitté », La Presse, 15 mars 1900.

[251] « Boileau est libre », La Presse, 15 mars 1900.

[252] « Madame Boileau », Le Courrier du Canada, 20 mars 1900.

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